Le conflit des politiques économiques du XX° siècle.
Voir le site web cepa- newschool , Rappels
sur Keynes sur la
Révolution Keynésienne, le
monétarisme.
La coordination des politiques économiques est institutionnalisée avec les accords de Bretton Woods. Le pouvoir de ces institutions a été grandissant à la faveur des difficultés et des crises du Tiers Monde, notamment lors du dernier tiers du XX° siècle. Après un début de keynésianisme, le FMI, surtout, théorise et pratique le monétarisme en économie ouverte. De nombreux gouvernements, même « progressistes », pratiqueront cette politique dans les économies développées à la fin du XX° siècle. La Banque Centrale Européenne est réputée plus monétariste et friedmanienne que le FED aux USA.
Tout oppose ces deux courants : la méthode,
les théories et surtout les politiques économiques. Ce qui n’empêche
pas certaines synthèses entre monétarisme et post keynésianismes
au sein du FMI.
- I- Le cadre général
keynésien.
John Meynard Keynes(1883-1936), fils de professeur
d'Université‚ est à la fois :
-un méthodologue, il écrit, dans la tradition
inductive des économistes, un "Traité de probabilités",
en 1921.
-un homme d'action s'intéressant aux
réparations allemandes, à la question indienne,
aux accords de Bretton Woods. Dans ce dernier cadre, il avait proposé
un plan de clearing des créances
et des dettes internationales, abandonné au profit
du plan White(US). Des économistes du tiers monde ( S.Fernandez au Brésil
notamment) estiment que ce plan aurait sauvé‚ le Tiers
Monde de sa misère actuelle.
-un philosophe de société (Cf. le Chapitre.24 de
la théorie générale). Keynes avait une vision prophétique
d'un capitalisme oisif, risquant de devenir une économie de spéculation
avec l'organisation des marchés financiers. Ceci explique son obstination
à dénoncer l'abstinence des milieux aisés, à évoquer
l'euthanasie du rentier, à proposer la "juste épargne"
et enfin à vouloir étendre les prérogatives de l'Etat.
-Un théoricien de l'économie; travaillant
initialement sur la monnaie avec deux écrits réputés:
* la réforme monétaire en 1923.
* le Traité de la monnaie en 1930.
Il y souligne contre la tradition dichotomique classique, les effets des problèmes monétaires sur les flux réels.
La liaison avec les problèmes du chômage
sera faite dans son œuvre majeure "la théorie
générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie"
(1936)
11 La philosophie keynésienne
Keynes dans ses notes finales dénonce le sous- emploi et l’iniquité. Une meilleure équité , favorisée par la taxation des successions, permettra d’accroître la propension à consommer et incitera à l’investissement. L’abstinence des milieux aisés et donc les grandes inégalités de fortune ne sont pas nécessaires. L’efficacité économique dans le domaine de l’emploi dépend donc d’une politique de redistribution. L’Etat est l’ agent principal de redistribution et doit utiliser certaines variables, principalement le taux d’intérêt. Celui ci est trop élevé et il doit être abaissé afin de favoriser l’activité économique et ainsi mieux canaliser la violence :
«Il vaut mieux que l’homme exerce son despotisme sur son compte en banque que sur ses concitoyens»
Mais n’est-ce pas favoriser la violence de l’Etat sous le prétexte de l’euthanasie du rentier ? La théorie de Keynes est « assez conservatrice » et propose une justice indirecte par de plus grands contrôles centraux qui « impliquent, bien entendu, une large extension des fonctions traditionnelles de l’Etat ». Mais sans détruire l’individualisme qui a, selon Keynes, trois avantages certains : amélioration du rendement, sauvegarde de l’intérêt personnel, variété de l’existence. L’Etat ne doit pas pour autant s’approprier les moyens de production, il doit favoriser « la socialisation des moyens de production » et non le socialisme d’Etat.
L'inégalité sociale doit être au service de la justice sociale . De ce point de vue, la théorie de la Justice de John Rawls (1971) approfondit les incidences philosophiques de la théorie de Keynes : l'inégalité dans la répartition de la richesse rend possible l'accumulation rapide du capital et l'amélioration plus ou moins durable du niveau de vie pour tous.
Cette justice est composite: elle repose sur l'égalité des chances et sur un principe de différence sociale. Rawls ( 1971 p. 341) montre comment cette compatibilité peut être établie:
- Une inégalité des chances doit améliorer les chances de ceux qui en ont le moins.
- Un taux d'épargne particulièrement
élevé doit, au total, alléger la charge de ceux qui ont
à le supporter.
12 La méthode keynésienne
- Keynes utilise une méthode macro économique étudiant des grandeurs globales sans s'interroger sur le passage des choix individuels aux choix collectifs avec des hypothèses de comportement généralisé‚ dont témoigne la "loi psychologique fondamentale", les multiples "propensions" et "illusions".
Elle privilégie les comportements des groupes, les hypothèses de comportement généralisé. La macrothéorie considère les groupes et le plus souvent les quantités représentatives de ces groupes. Elle repose sur des hypothèses de comportement généralisé ( ex. pour l'ensemble des consommateurs, des épargnants, des investisseurs).
Ces hypothèses de comportement généralisé jouent un rôle particulier dans la théorie de Keynes, notamment dans le temps.
L'anticipation: ex. l'EAMC, la demande sont des concepts anticipés par les entrepreneurs.
Les lois psychologiques fondamentales : épargne/revenu.
Les retards d'adaptation ( lags), un groupe peut s'adapter avec retard au changement des variables; il est souvent question d'hystérésis, de retard dans l'adaptation du comportement.
En macrothéorie, l'ajustement par
les quantités est beaucoup plus important
que celui par les prix; par exemple , le sous emploi dans le domaine du
travail et du capital fera écho à la sous-consommation sur le
marché des services. Le rationnement sur les marchés y joue donc
un rôle fondamental et induit des déséquilibres. Une des
idées clefs de la théorie keynésienne
est que , contrairement aux principes de Walras et Marshall, les
marchés ne sont pas équilibrés de façon continue.
Cette interruption dans le "clearing" des marchés provoque
un ajustement incomplet de l'offre à la
demande, des prix tronqués, des contraintes et des rationnements. De
ce point de vue, on peut parler de "révolution
keynésienne". Or on peut montrer que les "déséquilibres
keynésiens" ne sont qu'un cas particulier d'un système
walrasien. Dès lors ce replacement de Keynes, comme cas particulier
de la théorie classique apparaît comme une "Contre Révolution
" .
La macrothéorie fait intervenir un agent social exceptionnel, l'Etat dont la politique économique est un élément fondamental de la dynamique. L'Etat fait intervenir au nom du service public, un certain nombre de détournements et de distorsions. Il ponctionne (impôts) et subventionne, joue sur le budget et la monnaie; il fait pression sur les différents marchés par ses politiques sectorielles interventions directes ( Etat/entrepreneur) et indirectes ( réglementation). Keynes intègre l’intervention de l'Etat en insistant sur la centralisation. Cette analyse, fondée sur le rôle premier de la monnaie, marque la fin d'une analyse en termes réels et l'abandon d'une problématique de la valeur.
Une analyse séquentielle de l'interaction
des marchés : Emploi<----Demande
effective<-------Monnaie.
Cette séquence implique un rejet de la
dichotomie néo- classique et rapproche Keynes du monétarisme dans
la reconnaissance des effets réels d'une politique monétaire.
Mais cette séquence s'inscrit dans le court terme (dans
le long terme nous serons tous morts) dite de « statique comparative
». Cette dimensiont temporelle de l'oeuvre de Keynes la rend inadéquate
à la dimension de long terme du développement. Au
total Keynes justifie le pouvoir étendu de l'Etat et une centralisation
accrue du pouvoir économique au risque de favoriser les experts et planificateurs
.
II - Le monétarisme comme pensée
du développement.
La pensée monétariste est une pensée historique, bien adaptée à l’horizon temporel du développement . La demande d'actifs est assimilable à une demande de développement si l'on considère par exemple le capital humain et le capital social parmi les actifs. Cette pensée théorique trouve son application dans l' approche monétaire de la balance des paiements. Le modèle correspondant est rustique, associant des identités comptables ( la seule hypothèse de comportement , monétariste, a trait à la constance de la vitesse de la circulation de la monnaie). Il a donc inspiré pendant 40 ans la politique du Fonds Monétaire International. De ce fait, il a pu connaître des extensions théoriques, quelquefois très éclectiques, et a été largement utilisé, afin de tester les politiques conditionnelles du FMI dans le Tiers Monde.
Si les fondements théoriques de l' ajustement structurel sont facilement repérables malgré leur éclectisme, tel n'est pas le cas du monétarisme en économie ouverte qui sous- tend la réflexion du Fonds Monétaire International. Sans doute parce que l'on confond ajustement structurel et stabilisation monétaire du développement; à commencer par les institutions concernées elles mêmes. La "stabilisation" du développement a cependant un sens bien précis dans le cadre initial ( Friedman ) du monétarisme; l'une des théories "historiques" les mieux adaptées aux problèmes du développement.
Malgré quelques scories keynésiennes ( en particulier l'Absorption), ce cadre est adapté par les théoriciens du Fonds aux problèmes de la petite économie dépendante. Les résultats obtenus par les identités comptables, ont le mérite de converger vers ceux obtenus par l'analyse géométrique dans la cadre du modèle canonique de la Banque ( Salter/ Swan, 1957/1958). L'Etat est le fauteur du "développement du sous- développement" soit par gonflement de la contrepartie crédit de la masse monétaire ( modèle AMBDP) soit par soit excès de consommation de non tradable (modèle PED). La longévité des ces modèles canoniques est à la mesure de leur rusticité. De tels modèles -outils peuvent s'adapter à des situations très différentes ( quitte à ce que leurs conclusions deviennent divergentes) et être complétés par des modèles complémentaires.
Après avoir rappelé le cadre général du monétarisme, puis la version FMI du monétarisme en économie ouverte, en particulier l'approche monétaire de la balance des paiements; l'éclectisme de cette application sera encore renforcé avec Rudiger Dornbusch qui y intégre autant le déséquilibre que les anticipations rationnelles ( principale critique du monétarisme).
Le monétarisme est apparu à la fin des années 1940, impulsé par Milton Friedman (Essais d'économie positive, 1953; Inflation et systèmes monétaires, 1968), de l'Université de Chicago, comme une réaction contre l'influence de Keynes et la préférence keynésienne pour la politique budgétaire au détriment de la politique monétaire. L'école monétariste, représentée par Milton Friedman est soucieuse de limiter au minimum l'intervention de l'État et rejette les politiques fiscale et budgétaire keynésiennes en prônant l'usage de la politique monétaire. D'autres auteurs représentent ce courant : Philip Cagan, 1927- , Edmund S. Phelps, 1933- , Karl Brunner, 1916- , Allan H. Meltzer, 1928- , David E.W. Laidler, 1938- .
Le cadre de l'économie positive
"L'économie positive est, par principe, indépendante de toute position éthique ou de tout jugement normatif. Comme Keynes l'a dit, elle concerne " ce qui est ", et non " ce qui doit être ". Sa tâche est de fournir un système de généralisations utilisable pour prévoir de manière adéquate et pertinente les conséquences de tout changement de circonstances. Ses performances peuvent être jugées sur la base de la précision, de l'acuité et de la conformité à l'expérience des prévisions qu'elle permet. En somme, l'économie positive est, ou peut être, une science " objective " du même ordre que la science physique. Le fait que l'économie traite des interrelations humaines, et que le chercheur y fasse plus nettement partie de la matière étudiée que dans les sciences physiques, tout en procurant à ce dernier des données dont le physicien ne peut disposer, rend bien sûr plus difficile pour lui l'atteinte de l'objectivité. Mais ces caractéristiques ne créent pas, à mes yeux, de différence fondamentale entre les deux groupes de sciences." L'objectivisme de Friedman et sa croyance optimiste en une politique monétaire s'opposent au subjectivisme de l'école autrichienne.
Fractures du monétarisme.....
Le courant monétariste lui même
connait des fractures
avec une révolte célèbre de Harry Johnson (qui traitera
Friedman d'escroc) et de Don Patinkin (Money Interest and Prices: An Integration
of Monetary and Value Theory,1956) contre le maître; l'accusant de ne
pas être rigoureux théoriquement avec sa méthode positive.
Patinkin (1972) montre ainsi la non neutralité de la monnaie dans le
court terme. La dispute porte sur les effets peu démontrés de
la politique monétaire sur la production ( dans le court terme) et les
prix (dans le long terme).Cette querelle s'amplifie avec le courant des anticipations
rationnelles. Cette forme de pensée naît en 1951 avec
Muth comme une radicalisation de la pensée de Friedman en soulignant
l'inefficacité de la politique monétaire et de toute politique
économique sur la base des anticipations des agents économiques
rationnels. De ce point de vue ce courant radicalise le débat introduit
par H. Simon sur la rationalité limitée (imparfaite) en suggérant
au contraire une information parfaite des agents économiques. Un tel
débat ne s'est pas produit sur la principale application du monétarisme
en économie ouverte, l' approche monétaire de la Balance des Paiements.
Cette approche fonde les politiques de stabilisation du Fonds Monétaire
International depuis le début des années 1970.
Les propositions du monétarisme
La théorie monétariste est à première vue une théorie quantitative de la demande de monnaie. Mais, la monnaie est un actif ou bien de capital.
- La monnaie est un type d'actif, une façon de détenir de la richesse pour les individus et pour les entreprises, en tant que bien capital une source de services productifs. Ainsi la théorie de la monnaie est un cas particulier de la théorie du capital.
La controverse porte surtout sur la demande de monnaie, "éclatée" chez Keynes (L1,L2,L3) et que Friedman tente de réunifier en montrant le lien entre demande de moyens de paiement en biens réels et la thésaurisation et la spéculation. Le monétarisme apparaît alors comme une pensée originale intégrant (contre les canons classiques) le réel et le monétaire, affirmant la stabilité et l'unité de la demande de monnaie, endogénéisant l'offre de monnaie.
- La demande de monnaie peut être analysée avec les outils de l'analyse néo- classique de la demande; elle est plus spécifiquement déterminée par trois ensembles de facteurs: la richesse totale, le prix et le rendement de cette forme de richesse et des formes alternatives, les goûts et les préférences des unités possédant la richesse.
Le détenteur ultime de la richesse
la répartit entre différentes formes afin de maximiser son utilité:
monnaie, obligations, actions, biens physiques, capital humain. La demande de
monnaie dépend d'une fonction d'utilité dans laquelle se trouvent
les différents arguments de placement, les goûts et les préférences.
La demande de monnaie est stable
Elle repose sur l'idée d'un lien entre offre de monnaie et développement: idée néo- quantitativiste que la stabilisation de l'accroissement de l'Offre de monnaie à un bas niveau est une condition indispensable de la stabilité économique. Cette proposition, la plus populaire de Friedman, s'appuie sur des recherches empiriques en longue période (1867-1960) sur le cycle des affaires aux USA montrant que ce dernier résulte pour une large part des fluctuations de l'Offre de monnaie.
Cette observation, développée par de nombreuses publications, donne lieu à une interprétation théorique. Pour conforter le résultat historique, il est important de comprendre ce qui se passe du côté de la demande de monnaie. Contrairement à Keynes et d'une façon identique à Maurice Allais (1966), Milton Friedman en 1970 montre que la fonction de demande de monnaie est stable; elle est un actif rentrant dans le patrimoine et dépend d'un nombre limité de variables (par ex. les taux de rentabilité des titres, les plus values anticipées) contrairement à la consommation.
Pour les keynésiens, la relation la plus stable est la fonction de consommation d'où dérive le multiplicateur d'investissement, le concept central étant la propension marginale à consommer (et la loi psychologique fondamentale). Pour les monétaristes, la fonction macroéconomique la plus stable est la demande de monnaie; le concept le plus important , la vitesse de circulation de la monnaie. En d'autres termes, il existe une stabilité dans le comportement vis à vis des encaisses, 1/v et v sont constants.
La vitesse de circulation de la monnaie est v
= pY/M ; la stabilité de v équivaut à la stabilité
de la demande de monnaie, et surtout de M / pY ( égal à 1/v),
le rapport des encaisses réelles au revenu. On assiste de 1880 à
1945 à une augmentation de ce rapport ( la masse monétaire de
2 mois et demi de revenu est passée à 7 mois de revenu). Ce qui
voudrait dire que la monnaie est liée au niveau de vie et qu'elle est
un bien de luxe.
- Les keynésiens mettaient l'accent sur les achats de titres financiers et donc des variations de taux d'intérêt .Pour les monétaristes, les agents économiques achètent en plus des titres réels et privilégient l'effet de richesse. En cas de variation du taux d'intérêt, cet effet déplace directement la fonction de consommation. Pour les keynésiens, le taux d'intérêt agit sur l'investissement, compte tenu d'une élasticité donnée.
- L'instabilité de court terme s'oppose à la stabilité de long terme. On se souvient que cet effet de richesse ou de patrimoine s'inscrit dans une théorie du revenu permanent. Si dans le court terme, une forte expansion se produit, le rapport M/pY baisse car le revenu courant Y s'accroît plus vite que le revenu permanent. A l'inverse, en cas de récession et de baisse du revenu, on constate une hausse du rapport de M / pY .
Compte tenu de l'incorporation du revenu permanent
dans la fonction de demande de monnaie, Friedman conclut à la stabilité
de la demande de monnaie; laquelle est vérifiée de 1960 à
1977 sur l'OCDE. Ceci ne semble plus vérifié par la suite. D'où
la critique de Kaldor dans le "fléau du monétarisme".
Dans le cadre d'une analyse de long terme, Friedman
analyse une demande de monnaie qui est en fait une demande d'actifs, ou encore
une demande de richesse. Cette demande de développement est inévitablement
stable, sauf effort de l'Etat pour l'accélérer. L'offre de développement
ne doit donc pas excéder cette demande de développement. En d'autres
termes, nous nous trouvons dans le cadre d'un marché de développement
de long terme.
Quelle politique économique ?
Cette proposition théorique de Friedman et la politique associée évoluent jusqu'à l'idée correctrice que si l'efficacité de l'Offre de monnaie sur la conjoncture est prouvée à long terme, la politique des gouvernements a en général une perspective de court terme. Il est donc préférable d 'abandonner l'idée d'une politique monétaire anticyclique et de lui substituer une règle simple selon laquelle la masse monétaire doit croître à un taux constant, c'est à dire indépendamment de la conjoncture. Ceci signifie que l'offre de monnaie est exogène sinon qu'elle tombe " par hélicoptère " pour reprendre une expression de Friedman. Cette idée sera très critiquée car la masse monétaire répond au montant des transactions à opérer. On retrouve avec Denizet ( La grande inflation, 1977) l'idée que la monnaie correspond à des contreparties. Si l'une augmente ( devises par exemple, résultat d'un solde positif de la BDP, alors les autres ( crédits à l'économie, crédits au Trésor) s'ajustent.
Cette croyance en l'efficacité de la politique monétaire en économie fermée sera renforcée par les tenants du monétarisme en économie ouverte tel Dornbusch et les théoriciens du FMI (Polak, Khan, Knight). Ainsi le déficit de la balance des paiements des PVD viendrait d'un gonflement exagéré de la masse monétaire, lui même occasionné par une demande exagérée de l'Etat, financée sur déficit public.
- Quelle politique des taux d'intérêt ?
La baisse des taux d'intérêt est recommandée dans la théorie keynésienne, avec des rappels historiques sur la politique active de taux d'intérêt des mercantilistes. ( on notera que la référence à Petty est peu judicieuse de la part de Keynes, cet auteur du XVII° ayant toujours été opposé à une politique de ce type au nom des lois naturelles).
Les monétaristes sont totalement opposés à une telle idée. Les taux nominaux sont trop vagues et doivent être mis en relation avec le mouvement des prix. D'où l'importance de la distinction entre taux d'intérêt réel et taux d'intérêt nominal. Si les mouvements des prix sont liés à l'accroissement de la masse monétaire, les taux d'intérêt ne sont qu'une conséquence de ce mouvement. Fisher (The theory of interests, 1930) montre ainsi que le taux d'intérêt varie en retard par rapport au changement dans le niveau général des prix. Ainsi, il tend à être élevé quand le niveau des prix s'élève, faible quand le niveau des prix est en baisse. Non seulement, il y a retard dans l'ajustement, mais le taux d'intérêt réel est indépendant du taux d'inflation anticipé.
Comment faire vis à vis de l'inflation ?
Le taux d'inflation anticipé s'ajuste progressivement à celui de la croissance monétaire. Le taux d'inflation courant ne dépend que très peu du degré d'utilisation des capacités productives et beaucoup du rationnement de l'économie. Un rationnement se produit surtout pour le secteur privé du fait d'un effet d'éviction indirect résultant d'une tendance de l' Etat à augmenter sa consommation avec emprunt et à augmenter sa demande globale en provoquant ainsi une hausse des taux d'intérêt. Une politique de lutte contre l'inflation consiste ainsi à réagir à une expansion monétaire trop rapide ( Mo > Md, avec une offre réelle relativement rigide). Il faut donc pour diminuer l'augmentation des prix freiner l'expansion monétaire.
- III - L'importance du monétarisme en économie ouverte ( version FMI).
La remise en cause des " Chicago Boys", dans la gestion du Chili, après 1973, a mis en lumière l'influence des théories du monétarisme de Friedman, non seulement auprès des gouvernements (cf. plus tard Reagan, Thatcher), mais aussi sur les Organisations Internationales de Bretton Woods. En fait, le monétarisme sera remanié pour être adapté à des économies ouvertes.
- 31 - Monétarisme en économie ouverte.
Cette approche joue un rôle pratique important à la mesure des pouvoirs du Fonds Monétaire International, notamment sur les économies en voie de développement. Elle est apparue essentiellement dans la Revue de Recherche de cette institution, les "Staff papers" au cours de la période 1957- 1973. Une recension des articles fondateurs a été effectuée dans l' ouvrage de Frenkel et Johnson (1977), " The monetary approach to the Balance of Payments".
Les principaux auteurs sont Polak (1957), Khan et Knight (1981), et Dornbusch ( 1980). Ce dernier utilisant en plus les outils de l'école des anticipations rationnelles, en particulier le diagramme de phases. Une approche monétaire, plus académique, de la balance des paiements a été développée par H.G. Johnson en 1972 et un survey a été réalisé dans le JEL de Décembre 1976 (vol 14 ) par G. Haberler.
Il s'agit ,toujours ,de mettre en relation les agrégats monétaires avec les agrégats réels. Dans une économie ouverte, on privilégiera à titre d' agrégats réels, les paiements extérieurs, ce qui posera le rôle du taux de change, des taux d'intérêt et enfin des prix relatifs. Dans cette approche, on endogénéise l'offre de monnaie en l'influençant par les surplus et déficits de la Balance des Paiements, contrairement à ce qui se passe en économie fermée.
Suivant Friedman, on distingue le court terme du long terme, notamment dans les politiques de réhabilitation des économies en voie de développement; ainsi la déflation inévitable dans le court terme sera suivie des effets bénéfiques des mesures structurelles (au niveau des trois déficits fondamentaux , de l'allocation des facteurs, de la compétitivité, du taux de change etc..) dans le long terme.
Le plus souvent, on appliquera ce cadre théorique
à une "petite économie ouverte", c'est à dire "price taker":
le niveau relatif des prix intérieurs est déterminé par
des prix extérieurs à travers la parité des pouvoirs d'achat
des monnaies, de même le taux d'intérêt est le même
que celui utilisé dans le pays étranger .
p* = Pe/t.r = re
Ce cadre est utilisé dans les relations
avec les PVD; si ces derniers ont adopté un système de changes
fixes ( cas de la zone franc), la politique du FMI est alors limitée
à des mesures budgétaires quitte à ce que celles ci aboutissent
à des changements fictifs de taux de change ( par ex. par des surtaxes
aux importations ou des subventions aux exportation).
L'approche monétariste au FMI fait suite
à un épisode keynésien où le concept central était
celui de l'absorption avec Alexander ( 1952)
Soit CA , le compte courant de la Balance des
paiements ,Y, la valeur du PIB, A( Absorption) , la demande globale au sens
de Keynes, composée de la consommation privée, de l'investissement
privé et de la dépense gouvernementale.
CA = Y - A
Trois équilibres macroéconomiques fondamentaux:
Balance Des Paiements : X - IM
Financement: S - I
Absorption: Y - A avec A = Consommation intérieure et Investissement
En fait, on retrouve le plus souvent, trois déficits.... ce que développe le modèle de Bacha (1990) ( voir résumé dans Agénor et Montiel, 12-2).
X - IM = S - I = Y - A = "solde financier".Ce solde financier correspond au réserves en devises du système bancaire (R) moins l'endettement extérieur net des résidents ( FI).
X - IM = D R - D FI
Soit X - IM = CA
CA + D FI = D M - D D avec D pour le crédit domestique
- 32- Approche monétaire de la Balance des paiements.
Le déséquilibre et donc la régulation monétaires sont toujours les phénomènes essentiels, mais le lieu (la BDP) et les moyens utilisés (principalement les changes flexibles) se modifient.
Le lieu du déséquilibre
La balance des paiements est le lieu d'équilibre ( ou de déséquilibre) entre offre et demande de monnaie. Il s'agit essentiellement du monétarisme en économie ouverte. Dans ce cadre, le solde extérieur est considéré comme un phénomène essentiellement monétaire, comme le lieu d'équilibre entre l'offre et la demande de monnaie.
Rappel sur l' équilibre monétaire
Mo = Md
Mo = somme de ses contreparties:
- Contreparties externes: Avoirs extérieurs nets (AEN) du système bancaire ou positions monétaires extérieures (réserves de change) du système bancaire ( officiel et privé) = PME
- Contreparties internes: crédits bancaires
à l'économie ( au secteur privé et public)= CBC
Ainsi Mo = R + D ( composantes extérieure et domestique) et D Mo = D R + D D
Principe: si Mo et Md ne correspondent
pas, alors D R = D Md
- D D
On peut assimiler le solde (en tant que flux) de la balance des paiements (B) à cette variation de la contrepartie externe du système bancaire.
CA = D R = D Md - D D
Ainsi B est bien un phénomène monétaire
ca r:
- si excédent extérieur, il y a
excédent de la demande interne de monnaie par rapport aux sources internes
de création monétaire ce qui veut dire que l'offre de monnaie
est insuffisante et qu'il y aura entrée nette de capitaux extérieurs
Md - Mo > 0 <---> B > 0
- un déficit extérieur est la conséquence d'un excédent de l'offre interne de monnaie par rapport à la demande désirée des agents économiques; ces derniers cherchent alors à se débarrasser des encaisses monétaires superflues et provoquent des sorties nettes de capitaux.
Mo - Md > 0 <---> B < 0
Le lien entre facteurs réels et facteurs monétaires (cf. la divergence sur ce point avec les classiques) est conservé. Par exemple, le revenu influe sur le solde extérieur On le voit mieux dans les mécanismes de réajustement.
B ) Les mécanismes de réajustement .
- indirect par les variations de prix relatif. Une hypothèse est nécessaire: les actifs réels et financiers, nationaux et étrangers sont mobiles et substituables.
Tout excès d'offre de monnaie par
rapport aux quantités désirées entraîne une augmentation
de la demande de tous les actifs; ce qui augmente les prix ( car économie
de plein emploi). Le déficit extérieur apparaît et ( sans
intervention contraire de la Banque centrale) la masse monétaire se contracte,
ramenant les encaisses réelles au niveau désiré.
- direct par la variation de la masse monétaire. Hypothèse nécessaire : la petite économie ouverte de plein emploi; ce qui implique fixité du revenu, des prix et du taux d'intérêt fixées au niveau mondial.
Tout excès d'offre de monnaie ne
peut se résoudre qu'en achetant des actifs réels ou financiers
à l'extérieur; il en résulte un déficit extérieur
qui réduit l'offre de monnaie, si les autorités ne s'y opposent
pas, jusqu'à ce que les encaisses réelles retrouvent le niveau
désiré.
On voit ainsi le rôle des effets d'encaisse
réelle (M/p) et donc la possibilité de jouer soit sur les variations
de M, soit sur les variations de p.
Ainsi l'AMBDP repose sur la double structure
de la Balance des paiements et celle de la relation entre la monnaie
et ses contreparties. La BDP courante indique par son solde (CA) le changement
survenu dans la richesse extérieure nette d'un pays. Un surplus du compte
courant se traduit par une accumulation nette d'actifs étrangers égale
à un investissement extérieur net. Un déficit du compte
courant est équivalent à une désaccumulation nette d'actifs
étrangers et une endettement extérieur net.
- Toute l'idée de l'AMBDP repose sur la structure de la Balance des paiements: il existe une relation d'équilibre entre le compte courant et le compte capital. Tout déficit du compte courant doit être compensé par un surplus équivalent du comte capital et réciproquement.
- De même la monnaie est partagée entre une demande de monnaie ( fonction du revenu) et une offre de monnaie sous la forme de contreparties en réserves extérieures et crédit intérieur.
Md = k .pY
k = fraction du revenu monétaire détenue par les agents sous forme liquide = 1 / v ; v étant la vitesse de circulation de la monnaie que l'on assume être constante. En d'autres termes, on assume que le comportement d'encaisses est stable. 1/v = Md / p.Y
Rappelons que Mo = Md
En effet le solde de la BDP est un flux qui correspond aux
variations des réserves de change
CA = Y - A (1)
D R = CA + FI (2)
R: foreign assets of non bank residents ( Réserves).
FI: Foreign indebtness of nonbank residents (endettement net vis à vis de l'extérieur)
D R = Y - A + FI (3)
D Mo = D R + D D (4)
D : net domestic assets for the banking system (crédit domestique)
D Md = f ( D Y , D p, ...) (5) d'autres variables peuvent intervenir: le taux d' intérêt sur dépôts et autres actifs financiers, la richesse , l'inflation anticipée.
D Md = k D Y (6) relation plus restrictive avec k = 1/v
D Md = D Mo (7)
D R = D Mo - D D = f ( D Y, D P,..) - D D (8)
Cette dernière expression montre bien
le lien entre réserves de change (R) et les variables réelles
( Y,t, Pe). On voit mieux ainsi le lien qui existe entre une stabilisation purement
monétaire et un ajustement structurel portant sur des variables réelles.
Ce lien peut encore être rétabli
avec l'absorption (A), compte tenu des premières expressions utilisées.
Ainsi, on pourra relier via l'Absorption, le comportement budgétaire
de l'Etat au déséquilibre monétaire...sinon faire de l'Etat
le responsable exogène de déficits endogénéisés
de la BDP et de la Masse monétaire.
CA = Y - A (9)
CA = D R - D FI (10) On voit ainsi que le solde courant est égal à la variation des réserves du système bancaire et à l'endettement net extérieur des résidents.
CA + D FI = D Mo - D D par (8) et (10) (11)
Y - A + D FI = D Mo - D D (12) Souligne le lien entre Absorption et variables monétaires.
A un excédent de l'absorption sur ( D
FI et le revenu) correspond un excédent du crédit domestique sur
l'offre de monnaie. Dans cette identité, les théoriciens du Fonds
accordent une valeur centrale à D D pour jouer
l'équilibre. Mais, la demande de monnaie ( fonction de quelques variables..réelles)
est indépendante du crédit domestique. Ainsi la prédiction
que l'on peut faire sur cette variable est difficile et cette prédiction
détermine la relation entre crédit domestique et le solde de la
balance des paiements.
On constatera que si les différentes composantes
du monétarisme ont été sévèrement critiquées,
notamment par la Nouvelle Ecole Classique (NEC) , il n'est est pas de même
pour les composantes du monétarisme en économie ouverte. Pourtant
on voit mal comment un monétarisme considéré comme inefficace
dans le cadre US, le serait plus dans l'ensemble hétéroclite des
pays du Tiers Monde. Sauf à penser que l'hyper rationalité de
la NEC ne serait pas répandue au Sud, mais ce serait un faux procès
car aussi bien les travaux de Ravallion (surréaction des marchés
céréaliers et famines) que ceux d' économistes spécialisés
dans l'analyse du Tiers Monde (Dornbusch, par ex.) montrent que les hypothèses
de la Nouvelle Ecole Classique et les outils conséquents y sont applicables.
Conclusion: de nouvelles synthèses dans le monétarisme appliqué au développement ?
Le monétarisme est une hétérodoxie
au sein de la science économique qui conteste la neutralité de
la monnaie que ce soient le monétarisme en économie fermée
depuis Don Patinkin, 1965 et Friedman, 1956, ou sa variante en économie
ouverte (Polak, Khan, Knight).. Ses propositions sont d’abord macroéconomiques
et ont trait, une fois admis les effets d’encaisse réelle, à la
stabilisation de l’offre de " monnaie " face à une demande constante
par nature dans le court terme. Cette stabilisation puise sa justification
dans l’histoire et donc dans le développement. Cet objectif de stabilisation
correspond à l’hypothèse de constance de la vitesse de circulation
de la monnaie, hypothèse centrale du modèle " quarantenaire "
du Fonds Monétaire International. Cette hypothèse " monétariste
" ne devrait pas concerner la seule monnaie, mais bien la structure de l’ensemble
des actifs. Mesurer cet ensemble hétéroclite (biens matériels
et immatériels, capital humain et social) posant des problèmes,
on choisit généralement l’optique purement monétaire afin
d’évaluer par exemple, en quoi une offre de monnaie excessive par rapport
à une demande stable, conduit à des déséquilibres
inflationnistes. En fait, dans une économie très pauvre et peu
monétarisée, le problème est celui du déséquilibre
potentiel entre offre et demande de développement. Dès lors les
conséquences sont à chercher au-delà de la monnaie, notamment
dans la migration et les conflits.
Posons que la demande de développement
est très faible, sachant qu’elle manifeste une préférence
pour une modification de structure des activités et du patrimoine, avec
un revenu monétaire supplémentaire. Admettons une offre de développement
liée à un programme de développement, elle change la structure
des activités (formel/ informel) et la structure du patrimoine (K humain
/ K économique / K social) et des activités (formel / informel),
en apportant plus de monnaie (M). Il existe des rapports critiques entre les
niveaux relatifs du capital. Ainsi dans une société très
pauvre, avec peu de capital humain, il existe un seuil critique de capital
social. Trop de capital social peut conduire à surréagir aux
évènements sociaux, un déficit de ce même capital
interdira les pluriactivités de survie.
La synthèse de Dornbush
Le monétarisme de Friedman a été attaqué par des disciples de Chicago sous l’étiquette de la " nouvelle école classique " dont un des principaux outils est l’hypothèse d’anticipation rationnelle. La stabilisation doit-elle faire l’objet d’une politique ? L’idée est que les agents peuvent opérer l’ajustement eux mêmes, par leurs anticipations des prix , des taux de change, des taux d’intérêt. Ainsi les agents ne vont pas subir passivement ni la répression monétaire, ni les cycles de production. Dans sa synthèse, Dornbusch prend l’exemple d’une augmentation de la quantité nominale de monnaie qui implique une baisse du taux d'intérêt et ainsi une fuite de capitaux....elle même entraînant une dépréciation de la monnaie nationale (hausse du taux de change). Cependant, les agents économiques connaissent le taux de change à long terme: ils anticipent une appréciation de la monnaie ( baisse du taux de change). Cette appréciation signifie qu'à court terme, la monnaie se déprécie plus fortement que sa valeur à long terme puisque les agents anticipent une appréciation à long terme. Ils ne peuvent anticiper une appréciation progressive vers le niveau de long terme que si la dépréciation initiale est excessive: le taux de change se surajuste par rapport à sa valeur de long terme. Les réactions de surajustement ( overshooting) ont lieu , au delà du cas d’école des parités de taux d’intérêt non couvertes (PENC) sur les prix, la demande, le revenu, le change, le taux d’intérêt etc…L’hypothèse du monétarisme ( la stabilité de la demande de " monnaie ") peut être associée à celle des anticipations en leur accordant la capacité à rétablir l’équilibre. La politique monétaire discrétionnaire apparaîtrait ainsi comme inappropriée.
A ce stade le monétarisme subit les critiques de toute macroéconomie. S’il est macroéconomique, il peut être inefficace. D’autre part, il présuppose des variables individuelles tel le taux d’intérêt subjectif de Friedman qui permet à un agent économique d’arbitrer entre ses actifs, au sein de ses encaisses. Dès lors la stabilisation est bien le fait des agents et s’oppose à la politique économique discrétionnaire des institutions et des gouvernements, non seulement la politique monétaire, mais surtout la politique d’ajustement structurel.
La synthèse du "développement financier".
Le monétarisme implique dénonce la "répression financière" et de propose la libéralisation financière, notamment en laissant augmenter les taux d'intérêt au lieu de les maintenir à un niveau artificiellement bas. Mais cette libéralisation pose des problèmes dans le cadre du dualisme financier, formel/informel ,qui caractérise les économies en voie de développement. Cette segmentation du marché financier est sociale, le secteur informel attirant les agents plus pauvres, le secteur formel les plus riches avec les risques de défaillance et donc des coûts très importants. D'où l'idée d'un secteur formel spécifiquement rationné et "réprimé" ( Bencivenga et Smith, 1992).
Cet informel financier a fait l'objet des travaux des économistes structuralistes anglo- saxons , notamment Van Wijnbergen et L. Taylor, notamment pour reconnaître ( contrairement aux hétérodoxes européens) le caractère "économiquement idéal" de l'informel financier. En effet , non régulé par l'Etat, il obéit aux règles de la concurrence pure et parfaite.... sauf à le considérer comme segmenté. Il est plus "efficient" dans l'intermédiation financière que le secteur formel car il évite la réglementation bancaire étatique.
Dans le cadre de ce dualisme,Van Wijnbergen montre qu' une élévation du taux d'intérêt entraîne les dépôts vers les dépôts à terme du secteur formel plutôt que vers le secteur informel. Selon L. Taylor, une hausse du taux d'intérêt entraîne une baisse de la demande globale face à l'offre et donc une chute d'inflation avec hausse du salaire réel. Dès lors , le taux de profit, l'investissment et la croissance sont compromis.
Dès lors que l'on admet le dualisme financier, la politique de libéralisation monétaire doit être prudente, accepter un certain "gradualisme" et endogéniser l'informel dans le cadre du "développement financier". A ce stade, l'informel financier permet d'apprendre les mécanismes financiers. L'informel financier n' est plus une solution de refuge face à la répression financière de l'Etat, il est un mode volontaire de régulation monétaire.
L'ouvrage d'Agénor et Montiel (1996) montre
que cette littérature sur l'informel financier ( et les marchés
parallèles) peut être intégrée sans remettre en cause
fondamentalement les canons monétaristes , dans la mesure où la
libéralisation et les réformes structurelles feront disparaître
ces différences ( cf. leur conclusion)....et que l'on peut s'en autoriser
des politiques.
Références
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