Avenue Chantemesse
1° partie

"Cette avenue, ouverte sur l'emplacement du bastion 56, a reçu, en 1932, le nom du médecin bactériologiste Chantemesse (1851 - 1919)" écrit Jacques Hillairet dans son Dictionnaire historique des rues de Paris au sujet de l'avenue Chantemesse, qui va du boulevard Lannes à l'avenue du Maréchal Fayolle, dans le XVI° arrondissement de Paris. Pour moi, c'est l'avenue la plus froide de Paris, car située à proximité des anciennes Glacières du Bois de Boulogne et hébergeant en son sein l'ambassade de Russie (qui fait penser à l'époque dite de la "guerre froide"), les Expéditions Polaires Françaises et une direction du Territoire des Terres Australes et Antarctiques Françaises. Nous en parlerons dans un prochain article, mais commençons par rappeler qui était le docteur Chantemesse.

André Chantemesse naît le 13 octobre 1851 à Puy dans la Haute-Loire où son père est dessinateur en dentelle. Après des études primaires et secondaires au lycée d'Aurillac, il se rend en 1871 à Paris pour travailler dans l'industrie de la dentelle. En 1876, à 25 ans, il découvre sa vocation, décide de faire des études de médecine et soutient en 1884 sa thèse de doctorat : "Etude sur la méningite tuberculeuse de l'adulte : les formes anormales en particulier".

En 1885, le ministre de l'Instruction publique lui confie une mission d'étude de la bactériologie au laboratoire de Robert Koch (1843-1910) à Berlin, spécialisé dans les maladies microbiennes, la vaccination et la sérothérapie. L'année suivante, Chantemesse, qui est l'un des médecins du service de la rage à l'Institut Pasteur, est chargé du cours pratique de bactériologie au Laboratoire d'anatomie pathologique de la faculté de médecine de Paris. Parallèlement, il débute des travaux sur la fièvre typhoïde et met en lumière d'une part que les épidémies de fièvre typhoïde coïncident avec les distributions d'eau de Seine à Paris et d'autre part que cette fièvre peut être transmise par des huîtres parquées dans des eaux contaminées. Chantemesse décide aussitôt de chercher un vaccin en collaboration avec le docteur Fernand Widal qui mettra au point le sérodiagnostic en 1896.

En 1893, Chantemesse est envoyé à Lille pour y combattre le typhus exanthématique, puis Louis Pasteur lui confie une mission auprès du sultan Abdul Hamid, à Constantinople, où sévit le choléra. A son retour, il démontre avec Widal, en 1896, que l'on peut vacciner préventivement contre la fièvre typhoïde. En plus de ces recherches, Chantemesse soigne Louis Pasteur pendant les dernières années de sa vie, supplée le docteur Germain Sée à la chaire de clinique médicale de l'Hôpital-Dieu en 1894, est nommé inspecteur général des services sanitaires ; en 1897, il est professeur de pathologie expérimentale et comparée à la faculté de médecine de Paris et entre à l'Académie de médecine en 1901.

André Chantemesse meurt le 25 février 1919 d'une syncope cardiaque consécutive à une attaque de grippe ; il est inhumé à Saint-Pourçain.

Si assurément André Chantemesse mérite d'être honoré par la ville de Paris, il est difficile de comprendre pourquoi cette voie de 105 mètres de long entre le boulevard Lannes et l'avenue du Maréchal Fayolle a été retenue. Comme c'est pour moi l'avenue la plus froide de Paris, j'aurais choisi le nom de Charles Tellier, l'inventeur des applications du froid artificiel, s'il n'avait déjà une rue à l'emplacement de son ancienne usine à Auteuil.

Il n'y a que deux bâtiments ayant une entrée sur l'avenue Chantemesse. Le premier est l'ambassade de Russie. D'après le permis de construire déposé le 23 mai 1973, les architectes sont MM. Poknosky, Klimotchkine, Jougleux et Lissitchkine. Ce bâtiment de sept étages sur rez-de-chaussée est à usage d'habitation (138 logements), d'ambassade (3.744 m²) et de bureaux (5.335 m²) ; quant au sous-sol il comprend 126 places de parking.

L'autre bâtiment a une histoire si passionnante qu'il fera l'objet du prochain article.

© Hubert DEMORY

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