Roi Ataulphe

Extraits du roman de Grigori TOMSKI, Les amis d’Attila, Editions du JIPTO, 2005, 360 p.
ISBN : 2–35175–003–9

Les Goths placèrent, d'une voix unanime, le brave Ataulphe sur le trône de son beau-frère Alaric. Le nouveau roi des Goths abandonne le projet de fonder un Etat en Afrique. Il discute souvent avec la princesse Galla Placidia. Pendant leur première discussion Ataulphe se montre très ambitieux :
- La valeur de mes soldats et nos victoires m'inspirent une grande confiance dans nos possibilités. Pourquoi alors quitter l'Italie ?
Il continue en regardant attentivement la princesse:
- Je préfère changer la face de l'univers, d'en effacer le nom des Romains, d'élever le royaume des Goths sur leurs ruines, et d'acquérir, comme Auguste, la gloire immortelle de fondateur d'un nouvel empire.
Placidia admire involontairement le jeune roi barbare habillé en romain et bien rasé. Ataulphe a la peau blanche comme le lait, mais, en regardant plus attentivement, la princesse voit avec satisfaction répandre sur son visage le rouge, couleur que provoque une émotion qui correspond mal à ses propos menaçants. Elle remarque que son nez est très joliment arqué, que ses lèvres sont minces, que ses dents sont bien rangées et éveillent la comparaison avec la blancheur de la neige. Rassurée, Placidia sourit :
- Mais pourquoi effacer le nom des Romains ? On peut, peut être, trouver des accords mutuellement avantageux ? Vous êtes chrétien comme nous et vous assistez chaque matin aux cérémonies tenues par les prêtres et témoignez au culte d'un grand empressement même si ces marques extérieures de dévotion peuvent être plus affaire d'habitude que de conviction. Je pense que vous n'êtes pas un arien fanatique qui déteste les catholiques car je vous vois chaque jour donner par vos actions les preuves d'une grande tolérance. Enfin, vous parlez bien latin et appréciez la civilisation romaine.
- Alaric, lui aussi, parlait bien latin et appréciait beaucoup la civilisation romaine. Vous savez qu'il a proposé plusieurs projets d'accords, très avantageux pour les Romains. Tous ces projets, bien réfléchis et discutés par nous, ont été rejeté par Honorius avec mépris. Je ne tolérerai jamais cet orgueil qui ne correspond pas au rapport des forces.
- Il faut des lois pour maintenir la construction d'un Etat puissant et, à mon avis, le caractère encore indocile et féroce des Goths n'est point susceptible de se soumettre à la contrainte salutaire d'un gouvernement civil.
Ataulphe s'étonne de cette remarque, malheureusement juste, de la belle princesse romaine. Il sent que Placidia commence, à estimer les Goths cependant si méprisés avant par elle.

***

Atilius, retenu dans le camp des Goths par la mort d'Alaric et ses funérailles, vient voir Galla Placidia avant de repartir pour Rome et Ravenne. Il la trouve de très bonne humeur en compagnie du jeune et beau roi des Goths. Elle lui demande :
- Je vais écrire une lettre pour mon frère, l'empereur Honorius, qui contiendra mes recommandations d'accepter les propositions du nouveau roi des Goths. L'empereur et ses ministres et généraux sont aujourd'hui dégagés de leur serment solennel par la mort d'Alaric
Placidia jette un coup d'œil sur Ataulphe et sourit :
- Car je suis maintenant convaincue que ces propositions sont sincères et leur réalisation sauvera l'Empire.
Le roi confirme cette déclaration :
- En fait, j'ai voulu effacer le nom des Romains, les remplacer par des Goths et fonder un nouvel empire. Mais maintenant je me suis fait un autre plan de gloire et d'ambition. Mon plus sincère désir est aujourd'hui de faire en sorte que la postérité reconnaissante loue le mérite d'un étranger qui employa la valeur des Goths non pas à renverser, mais à défendre l'Empire romain et à maintenir sa prospérité.
Puis il sourit :
- Transmets à l'empereur que cette décision est prise sous l'influence de son auguste sœur. Mais si Honorius rejette ma proposition je serais extrêmement déçu et changerai mon opinion. D'ailleurs je suis mécontent qu'il ait essayé de diriger contre moi l'usurpateur Constantin en lui faisant je ne sais quelles promesses.
En sortant de chez la princesse, Atilius voit Lucia, souriante et visiblement heureuse, entourée par les jeunes officiers goths. A-t-elle oublié sa peur que le roi des Goths puisse obliger Galla Placidia à l'épouser et revendiquer après le titre d'Auguste pour diriger avec Honorius l'Empire ? Comme les femmes changent facilement leur opinion ! Mais Atilius remarque que cette idée ne le trouble pas si fort qu'avant.

***

D'après ses vues pacifiques, le nouveau roi des Goths suspend les opérations de guerre, et négocie sérieusement un traité d'alliance avec la cour impériale. Les ministres d'Honorius ne peuvent plus continuer à nier l'importance des services que les Goths pourraient rendre à l'Empire. Ataulphe consent avec joie à aller avec son armée en Gaule et en Espagne et lutter contre les usurpateurs et les Barbares. Devenu général des Romains, il se dirige vers les provinces méridionales de la Gaule. Les troupes impériales sont obligées de respecter l'accord avec les Barbares pour ne pas mettre en danger la vie de Galla Placidia. L'empereur demande à plusieurs reprises le renvoi de Placidia comme une condition indispensable du traité de paix mais Ataulphe refuse de se priver d'une otage si précieuse. Les Goths ne tentent pas d'attaquer Ravenne afin d'éviter la complication des relations avec les Huns car Attila continue des études dans la capitale impériale.

***

Atilius remet la lettre de Galla Placidia à l'empereur. Honorius s'intéresse vivement des circonstances de la capture de sa sœur par les Barbares et ses conditions de vie. En sortant de l'empereur il rencontre Onégèse avec Edecon qui explique à Atilius stupéfié :
- Je suis engagé dans l'armée impériale avec une partie des anciens mercenaires huns d'Ataulphe. Le générale Constance se prépare à une intervention en Gaule contre l'usurpateur Constantin.
Onégèse ajoute :
- Attila va aussi participer à cette campagne avec un détachement de jeunes cavaliers sélectionnés parmi les Huns engagés par Gennerid. Puis il doit rentrer dans son pays. C'est pourquoi il veut maintenant visiter Rome avant de partir en Gaule.
Atilius s'exclame :
- Je veux rentrer à Lyon car mon père est tombé malade après avoir appris ma captivité chez les Goths. Mais avant je dois aller, moi aussi, à Rome pour revoir les relations de notre maison d'édition avec les partenaires dont la situation a changé.

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