Burgondes

Extraits du roman de Grigori TOMSKI, Les amis d’Attila, Editions du JIPTO, 2005, 360 p.
ISBN : 2–35175–003–9

A la fin de 430, Salvien rencontre Sabir au nord-est de la Gaule, où les Huns maintenant retenaient les détachements des Burgondes qui voulaient se frayer un passage à travers la Gaule. Le dîner amical des deux officiers est cette fois accompagné de bière locale et de jambon avec du chou. Sabir demande à l’officier romain compétent en histoire militaire :

- Les Burgondes sont un peuple intéressant se distinguant des autres peuples germaniques. Ils ont plus de cavaleries et sont mieux organisés, similaires aux peuples des steppes. N’avaient-ils pas leur Argybaste qui gouvernait l’empire ?

-Arbogaste. corrige Salvien. - Les Burgondes sont apparus aux frontières de la Gaule récemment et sont devenus les alliés des Romains, puis ils se sont installés en Helvétie et aussi dans une vallée du Rhin toute proche, il y a seulement une vingtaine d’années à l’époque de l’empereur Honorius.

- Ils ont donc traité avec cet imbécile que nous protégions. sourit Sabir. - C’est pourquoi ils violent les conditions du contrat et que nous nous ennuyons dans ces montagnes boisées. Heureusement, après l’opération contre les Francs je me suis reposé plus d’une année sur les bords d’Irtych. Même pour moi, il est difficile de rester longtemps dans ces forêts, et les guerriers qui sont venus des steppes arides de la mer Aral, deviennent ici mélancoliques au bout de trois ou quatre mois. Il est bon qu’il y ait une rotation fréquente de nos mercenaires. Bientôt, je rentrerai de nouveau chez moi et j’irai chasser dans les monts d’Altaï avec mes amis. Pour nous, les exploits, les aventures, les voyages dans de nouveaux pays sont plus importants que le salaire. Peu de Huns aspirent à rester ici plus longtemps pour gagner davantage.

Salvien se souvient de ses conversations avec le docteur Eudoxe à Arles. Ensuite ses pensées reviennent vers les Burgondes :

- Les Burgondes avaient des malentendus sérieux avec l’empire il y a environ soixante ans. Leur armée était estimée alors à quatre-vingt mille guerriers. On dit qu’ils conduisent maintenant des négociations avec les Wisigoths pour des actions communes.

Sabir remarque :

- Si, on se rappelle du soi-disant empereur Attale, proclamé par le Sénat à la demande du roi Alaric, les Wisigoths avaient aussi un empereur romain fantoche. Ainsi parmi les grands alliés des Romains en Gaule, seulement les Burgondes n’ont encore mis personne sur le trône romain impérial.

Le Romain objecte :

-Mais la plupart des Romains, en 409, continuaient à reconnaître Honorius comme leur empereur et Attale a été destitué par Alaric au bout d’un an.

L’officier hun dit avec mépris :

- Honorius fut marié successivement aux deux filles de son mentor Stilicon, général d’origine vandale. Stilicon s’appuyant sur la cavalerie hune et alaine. C’était un général qui savait bien sur qui on pouvait compter. Sa garde personnelle était composée de Huns. Il pouvait renverser cet ingrat d’Honorius, qui organisa contre lui un complot, et mettre à sa place un empereur fantoche, mais il était homme d’honneur et resta fidèle à la mémoire de Théodose le Grand, qui lui avait confié son fils mineur. Il préféra donc périr.

Salvien est devenu triste au rappel de la force et de l’influence des barbares et de la faiblesse des empereurs romains. C’est absolument vrai et c’est seulement en opposant les Barbares les uns contre les autres que l’Empire romain d’Occident tient encore debout. Viendra-t-il le jour, où les Burgondes, eux-aussi, placeront sur le trône romain leur empereur fantoche !

Sabir commence à parler de l’art militaire des Burgondes :

- Les Burgondes et les Goths ont maintenant beaucoup de cavalerie lourde, mais leur tactique de bataille est très simple. Ils s’avancent avec des cris guerriers et en tenant à deux mains leurs longues lances en espérant produire la panique chez l’ennemi. Quand deux telles armées se heurtent, le choc est terrible, mais les combattants survivants continuent à galoper en avant, puis font demi-tour et répètent leur attaque. Cette fois, ils se réfugient derrière la ligne de l’infanterie armée d’arcs, de longues lances et protégée par un mur de grands boucliers. Après cela ils reprennent haleine, se mettent de nouveau en ordre d’attaque et répètent la manoeuvre.

Avant, quand Salvien faisait la guerre sous le commandement de Constance, les Wisigoths avaient plus d’infanterie que de cavalerie, c’est pourquoi il pose la question :

- Est-ce que les Goths ont aussi une tactique similaire ?

- Exactement la même. Une telle tactique très simple, d’après le choix du champ de bataille, ne demande pas de commandement spécial. Souvent les guerriers ne s’aperçoivent pas avant longtemps de la mort de leur commandant pendant la bataille.

- Comment expliquer que les Goths, surtout les Ostrogoths, n’ont pas emprunté les méthodes hunes de la guerre ?

Sabir sourit :

- Je pense que des siècles passeront avant que leurs chefs ne s’initient à des méthodes flexibles de commandement. Cela demande un très long entraînement des troupes, que les Huns acquéraient, pendant les grandes chasses et les razzias. Avancer, après la prière, tout droit sur l’ennemi avec une lance ne demande que très peu d’entraînement, tandis que pour tirer à l’arc en mouvement, avec une grande précision, et s’il le faut, continuer de tirer en arrière par-dessus son épaule, un cavalier doit s’entraîner toute sa vie, à partir de l’enfance.

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