ISBN : 2351750039 |
|
|
|
Le prince Ellak invite son professeur Onégèse et les Romains à sasseoir autour de la grande table ronde dans une pièce du palais de Kere-ko. A treize ans, le prince, tout bronzé, a déjà lallure dun homme courageux et énergique. Oreste demande : - Nous somme étonnés dapprendre que tous les peuples de la Grande steppe du Danube à la Chine parlent des langues proches et ont presque le même mode de vie. Onégèse jette un coup doeil sur les Romains puis regarde Ellak : - Le prince Ellak aime les légendes et les récits historiques. Demandons-lui de répondre à votre question. Il comprend le latin assez bien mais ne parle pas encore couramment. Je laiderai à traduire. Les yeux dEllak se remplissent détincelles : - Excusez-moi, mais je préfère effectivement écouter les épopées héroïques et les légendes que détudier les oeuvres des auteur grecs et latins. Il regarde Onégèse en souriant : - Jaime la chasse et les longs voyages. Nos ancêtres disaient que la force des Huns vient de leur fidélité aux traditions. Oreste demande : - On connaît les légendes sur Romulus, fondateur de Rome. En avez-vous de pareilles sur vos ancêtres ? Ellak commence avec une certaine solennité dans la voix : - Je vais vous parler de Modoun, premier empereur des Huns. Il a vécu il y a six siècles. Cest un récit authentique, les Chinois et les Sogdiens aussi sen souviennent très bien. Leurs marchands visitent souvent notre pays. Onégèse commente brièvement : - Cétait lépoque des guerres puniques, au début de la puissance de Rome. A la même époque, loin à lest, les Huns, eux-aussi, ont jeté les bases de leur puissance. Ellak continue : - Modun était fils dun roi hun. Sa mère est morte quand il était petit. Son père épouse alors une femme qui lui donne encore un garçon. La belle-mère, qui désire que le futur roi des Huns soit son fils, décide de se débarrasser de Modun. Elle convainc le roi denvoyer Modun comme otage à un peuple voisin. Puis elle réussit à provoquer la guerre avec ce peuple condamnant ainsi le petit prince à mort. Mais cette combinaison sordide ne réussit pas. Le garçon montre un grand courage, réussit à senfuir et rentre chez les Huns. Son père lui donne alors une armée de dix mille cavaliers. Modun entreprend des réformes inconnues jusqualors dans la Grande steppe. Le jeune prince divise son armée en détachements de mille, cent et dix guerriers, introduit une discipline de fer. Les soldats, vêtus en uniformes, avaient le même nombre de flèches. Salvien remarque : - A cette époque, dabord Camille ensuite Marius ont introduit une discipline de fer dans larmée, grâce à quoi la petite Rome a conquis lItalie, puis tous les pays et peuples voisin. Caustique, Onégèse intervient : - Il reste très peu de cette discipline ! Maintenant les légionnaires naiment pas porter de cuirasse. Déjà, il y a trois siècles, ils ont commencé à trouver insupportable la lourdeur de leur armure, quils ont portée de moins en moins, puis ils ont obtenu lautorisation de ne plus porter casques et cuirasses. Le lourd armement de leurs ancêtres est devenu insupportable pour leurs faibles mains. Les Goths et les Alains, sans parler des Huns plus guerriers, sentent les avantages des cuirasses, ils battent facilement les soldats romains presque nus dont les têtes et les poitrines sont ouvertes. Oreste exprime son accord : - Malheureusement, cest vrai. Maintenant, la jeunesse italienne tremble au son de la trompette. Salvien le regarde avec désapprobation. Bien sûr, cest vrai, mais pourquoi en parler aux étrangers. Ellak continue après une pause : - Un jour, Modoun, pour vérifier la discipline de son armée, donne lordre de tirer sur sa femme aimée. Oreste sexclame terrifié : - Sur sa femme aimée ! Salvien, qui nest pas encore marié, reste plus calme et demande : - Quel âge avait alors Modoun ? - Environ seize ans. Le visage dEllak devient maintenant sévère, presque féroce : - Les guerriers tirent sur lordre, la jeune femme tombe, percée de flêches comme un hérisson. Les officiers inspectent le nombre de flêches de leurs guerriers bien rangés. Ceux, qui par pitié pour une femme, nont pas respecté leur devoir de soumission militaire inconditionnelle, sont retirés des rangs et décapités. Oreste fronce les sourcils et Salvien serre les dents. Ellak continue son récit : - Depuis, les armées hunes respectent une discipline de fer, sont divisées en divisions de dix mille guerriers, de régiments de mille guerriers et de détachements de cent et de dix guerriers. Bientôt Modun avec ses guerriers éloigne du pouvoir son père et élimine sa belle-mère. Les Huns le proclament leur roi. Il réorganise toute larmée hune, promulgue des lois strictes et justes, vainc tous les peuples voisins et lEmpire chinois qui reconnaît lEmpire des Huns comme une puissance égale et commence à lui payer un tribu. Onégèse confirme : - Les lois de Modun sont devenues des coutumes et sont toujours respectées. Les Huns pensent que Modoun khan est devenu la divinité de la destinée après sa mort. Oreste demande : - Cest étonnant ! Quelle personnalité exceptionnelle ! Mais pourquoi les Huns sont-ils venus sur les bords de la Volga ? Ellak explique comme un professeur dhistoire : - La soie et lor de la Chine corrompaient les Huns et diminuaient progressivement leurs forces. Il y a quatre siècles lEmpire hun sest divisé en lEmpire hun dOrient et lEmpire hun dOccident. Onégèse remarque : - Comme lEmpire romain divisé actuellement en lEmpire romain dOrient et lEmpire romain dOccident ! Surpris, Oreste et Salvien sexclament involontairement. Content de leffet de son récit, Ellak continue sa leçon dhistoire de la Grande steppe : - Puis lEmpire hun dOrient se disloque en lUnion du Nord et lUnion du Sud. Lanarchie sinstalle. Cest pourquoi, ces unions ne meritent pas le terme «états». Onégèse continue ses commentaires : - Nous verrons, ou nos enfants verront, lequel des deux empires romains se disloquera en Etat du Nord et Etat du Sud. Salvien ne retient plus son indignation : - Pourquoi dites-vous cela avec une telle satisfaction, nétiez vous pas vous-même un citoyen romain avant de venir chez les Huns ! Onégèse répond brutalement : - Jai été secrétaire mais pas citoyen romain, jétais un esclave ! Ici, je suis chancelier du khan Attila et professeur du prince. Oreste dit avec un ton conciliant : - Merci, prince, pour cette leçon si intéressante. Je ne savais pas quil existe de telles parallèles entre lhistoire des Romains et celle des Huns. Nous avons appris des chose si intéressantes en trois jours ! Nous devons digérer tout cela. Vous pouvez écrire lhistoire de votre peuple. - Peut-être, mais je préfère lépopée héroïque et les légendes, même si jai appris notre écriture runique. La ville métouffe, je veux toujours être parmi locéan des steppes. Après la Fête du Soleil, jirai à la rencontre de mon père qui revient dun long voyage. |
|
|