Août de 476. Le camp
des Skires et des Hérules. Odoacre se tient sur une estrade
et essaye de calmer les soldats germaniques :
- Je vous appelle à la patience. On ne peut pas nier que
larmée ne reçoit pas un tiers du produit
fiscal. Mais cest provisoire. Avec les mercenaires huns,
qui seront bientôt engagés, nous allons vaincre
les Wisigoths et convaincre les Burdondes de payer à Rome
un tiers du produit des impôts de la Gaule. Oreste nous
promet après ces victoires daugmenter considérablement
votre solde
Les soldats linterrompent par des cris et des menaces
:
- Pas de belles promesses !
- Augmentation immédiate de solde !
- A bas les Huns !
- A bas Oreste !
- Aux armes !
Odoacre lève la main. Les soldats sarrêtent
de crier.
- Je vais transmettre à Oreste vos revendications. Restez
calmes. Je pense quil cédera.
Un officier monte sur lestrade :
- La guerre contre les Wisigoths sera très dure. Le roi
Eric se montre jusquà présent imbattable.
Nous risquons tous de mourir avant laugmentation de notre
solde promise par Oreste. Tandis que les cavaliers huns avec
leurs arcs puissants évitent les combats corps à
corps et ce sont eux qui auront tout car la guerre est une activité
qui nest pas très dangereuse pour eux.
Les cris dindignations sélèvent des
milliers des bouches :
- A bas Oreste !
- Aux armes !
Lofficier continue :
- Laissons Odoacre discuter avec Oreste. Mais pourquoi les empereurs
doivent-ils être toujours Romains ? Si Oreste refuse,
nous proclamerons Odoacre notre empereur.
Lair tremble des cris denthousiasme :
- Vive Odoacre !
- Vive lempereur germanique !
- Aux armes !
Odoacre rougit et fait un geste de protestation. Quand les cris
sarrêtent, il sadresse aux soldats :
- En aucun cas je ne serai lempereur romain. Dailleurs,
lEmpire nexiste plus. Nous ne contrôlons actuellement
que lItalie. Mais vous pouvez me donner plus de poids dans
les négociations avec Oreste si vous confirmez mes droits
légitimes dêtre roi des Skires et des Hérules
comme mon père Edecon.
Lofficier, qui se tient toujours à ses côté,
sexclame :- Vive Odoacre, le roi des Skires et des
Hérules, le roi des nations, le roi dItalie !
Les soldat poussent les cris :
- Vive le roi !
- Vive Odoacre !
Quatre guerriers montent sur lestrade et soulèvent
Odoacre sur un bouclier.
***
Le camp de Pavie. Oreste interrompt
Odoacre :
- Je ne peux pas céder aux revendications de tes soldats.
Er-Nak ma promis denvoyer rapidement les détachements
de la cavalerie. Laccord est déjà signé.
- Dans ce cas la guerre civile est inévitable. Les soldats
sont très irrités.
Le patrice regarde tristement son général :
- Comment as-tu pu trahir ma confiance ! Te faire proclamer
roi dItalie !
Odoacre commence à raconter les circonstances de la révolte
de ses soldats. Oreste fait un signe et les soldats de sa garde
tirent leur épée du fourreau et encerclent Odoacre
qui sécrie :
- Les soldats ont voulu me proclamer empereur. Pour les calmer
jai demandé de confirmer simplement mon titre légitime
de roi des Skires et des Hérules comme successeur de mon
père Edecon, votre ami.
« Je mappelle Oreste comme un noble héros
des légendes, je tenais haut mon nom et jétais
toujours fidèle à mes amis » pense le
patrice et sapproche dOdoacre :
- Oui, ton père Edecon était mon grand ami pendant
quarante ans. Je ne peux pas tuer son fils. Tu es libre.
Oreste ferme ses yeux et pense avec angoisse : « Vers
quelles fins me portera maintenant mon destin ! »
***
Les guerriers enragés
dOdoacre attaquent le camp de Pavie, brisent la résistance
des troupes dOreste. Le fils dEdecon, impliqué
malgré lui dans la révolte contre le meilleur ami
de son père, convainc difficilement ses officiers de le
laisser parler avec Oreste avant son exécution. En voyant
le patrice blessé et ses vêtements déchirés, son
cur se serre :
- Que Dieu me pardonne, je ne peux pas te libérer. Mais
je sauverai ton fils et ta femme.
Oreste sanime :
- Ma vie était longue et intéressante. Je nai
pas peur de mourir. Mais les soldats germaniques sont devenues
incontrôlables. Comment veux-tu dans ces conditions sauver
ma famille ?
- Je reprendrai le pouvoir en main avec laide de mon frère
Hunulf qui doit bientôt arriver en Italie avec ses guerriers.
Les Skires et les Hérules nous obéiront.
- Mais tu dois calmer tes guerriers maintenant.
- Je le sais. Il ne se calmeront quaprès ta mort.
Oreste se tait, Odoacre soutient son regard. On entend la bruit
des armes et la rumeur des voix menaçantes. Le patrice
dit lentement dune voix étonnamment calme :
- Tu es très troublé. Je le vois. Merci pour ta
promesse.
Odoacre parle avec les larmes aux yeux :
- Je jure au nom de notre Seigneur et par la mémoire de
mon père Edecon, que je suis prêt à sacrifier
ma vie pour défendre les vies de ton enfant et de sa mère ! |