Ravenne. L’an 426. Le palais impérial. Salvien, un jeune officier, est invité chez Galla Placidia, la nouvelle régente de l’Empire romain d’Occident.

- Laissez-nous !

Les courtisans de la régente, qui l’entourent, quittent la salle. Elle sourit :

- Vous avez été un des officiers le plus courageux et fidèle de Constance, mon mari défunt.

L’officier répond calmement :

- Mes ancêtres ont toujours courageusement et fidèlement servi l’Empire.

La régente dit avec amertume :

- Maintenant, les temps ont changé. Nous dépendons trop de nos mercenaires barbares!

- Malheureusement, c’est vrai.

Placidia se tait, puis se lève :

- Je sais que vous êtes un parent de Constance, par conséquent, vous êtes en parenté avec l’empereur Valentinien, mon fils.

- Mes parents ont péri pendant l’invasion des goths en Italie mais Constance me l’a dit lui-même.

- Vos amis sont au courant ?

- Non.

- Très bien. Ne le dites à personne. J’ai besoin de quelqu’un en qui j’aurai la même confiance qu’en moi-même. Je vous ai invité pour une conversation sincère. Que pensez-vous du général Aetius, commandant de notre armée en Gaule ?

Salvien répond sans réfléchir :

- On pense qu’il a obtenu ce poste en échange du renvoi de l’armée des cavaliers huns et de son serment de fidélité à vous et à Valentinien. Il sait se faire respecter par les soldats et beaucoup de monde espère qu’il sera un bon défenseur de la Gaule contre les barbares.

La régente fronce les sourcils :

- En soutenant Jean pendant la guerre civile, il espérait certainement devenir commandant en chef des armées romaines. Il est très rusé et je crains qu’il ne mène un double jeu.

- On dit qu’il est en amitié depuis plusieurs années avec Attila, le prince hun.

- Attila a une éducation romaine soignée, possède des capacités brillantes et sait attirer les gens. Je l’ai remarqué moi-même pendant mes discussions avec lui dans ce palais quand il n’avait que quatorze ans. Maintenant, il voyage beaucoup. Il sera un souverain fort et dangereux.

L’officier dit avec espoir :

- Jusqu’à présent les Huns n’ont pas manifesté une grande hostilité pour l’Empire. Aetius dit à tout le monde qu’il est un garant de la sécurité de l’Empire grâce à ses relations amicales avec eux.

La régente l’interrompe brusquement :

- Il le dit trop souvent, ça ressemble à du chantage.

Puis elle continue avec autorité :

- Dans tous les cas, il est important pour moi d’en savoir davantage sur les relations et les plans véritables d’Attila et Aetius. Vous partirez bientôt pour la Hunnie avec notre ambassadeur Oreste en qualité d’officier de la garde.

Placidia change de ton et parle amicalement :

- Essayez de vous renseigner davantage sur les relations d’Aetius et d'Attila, ainsi que sur les plans d’Attila relatifs à Aetius. Menez une véritable enquête sur cette affaire. Je vous donne toute liberté d’action.

L’officier prend l’air très sérieux :

- Est-ce que l’ambassadeur sera au courant ?

- Non, je vous inviterai moi-même après votre retour pour un rapport détaillé.

La régente s’approche de la fenêtre et se retourne avec un sourire vers l’officier :

- Regardez ce garçon près de la fontaine.

Salvien jette un coup d’oeil et s’exclame :

- Mais c’est l’empereur Valentinien, votre fils !

Placidia entend avec satisfaction une joie sincère dans la voix de l’officier.

- Il n’a que six ans. Je prie Dieu pour que le ciel au dessus de notre Empire soit moins nuageux!