Saint-Aignan

Extraits du roman de Grigori TOMSKI, Les amis d’Attila, Editions du JIPTO, 2005, 360 p.
ISBN : 2–35175–003–9

Aignan, a-t-il deviné ces pensées d’Aetius ou a-t-il senti que les forces des défenseurs s’épuisaient et que la résistance ultérieure provoquerait la fureur des Huns et la mort certaine de tous les citadins et les soldats, mais il décide de commencer les négociations avec Attila. C’était une décision difficile. L’exemple de Paris l’encourageait. Mais Orléans résiste aux Huns pendant quatre semaines. C’est vrai que les Huns n’ont pas encore attaqué la ville, ils étaient encore dans la phase de destruction des murs et des portes avec l’aide des béliers et des catapultes. Bien sûr, ils ont subi des pertes, mais pas encore assez pour provoquer l’acharnement des guerriers. D’ailleurs, au nord de la Gaule, des villes étaient détruites pour une moindre résistance. D’autre part Aignan doute beaucoup qu’Aetius soit capable de vaincre Attila sous les murs d’Orléans et de libérer la ville. En effet, Attila a détruit plusieurs grandes armées romaines pendant la guerre avec l’Empire romain d’Orient et l’Empire romain d’Occident cédait à deux reprises sans bataille aux armées hunes, relativement petites, venues en aide à Aetius. Aignan n’a aucune certitude sur les intentions véritables d’Aetius. Dans de telles conditions il est ridicule de penser à une défense héroïque et au sacrifice de la garnison et des habitants. La conscience d’Aignan est tranquille. En effet, il a prévenu Aetius qu’Orléans ne peut pas résister longtemps. Non, il ne doit penser qu’au sauvetage de la ville et ne pas continuer une résistance absurde et inutile.
Attila rencontre Aignan assez froidement :

- Au début du siège, vous étiez prévenu de toutes les conséquences de la résistance. Vous savez parfaitement que je suis venu en Gaule sur l’invitation de votre princesse Honoria injustement privée de son titre d’Augusta. Vous savez aussi que le général Marcien à Constantinople est devenu empereur seulement grâce à son mariage avec Augusta Pulchérie. J’ai aussi l’intention de devenir votre empereur légal et de gouverner ensemble avec Honoria au lieu de cet incapable Valentinien que vous avez critiqué si courageusement pendant votre visite à Ravenne. C’est pourquoi vous deviez au moins rester neutre, et ne pas résister avec autant d’acharnement. Le siège dure depuis quatre semaines, nos guerriers commencent à s’énerver. Votre ville sera bientôt prise et rasée de la surface de la terre.

- Ayant détruit notre ville vous resterez dans les mémoires pour les siècles suivants comme un conquérant cruel et impitoyable. Nous sommes prêts à cesser la résistance et à vous ouvrir les portes. Je vous demande seulement de ne pas tuer les habitants et les soldats, de ne pas détruire et incendier la ville. Si nous faisons comme ça, nous garderons les vies de milliers de vos et nos soldats. Alors la mémoire de votre acte noble sera transmise de génération en génération !

Attila réfléchit :

- C’est vrai, vous avez raison !

Ensuite il sourit :

- Je veux qu’on commence à me percevoir comme un futur co-dirigeant de l’Empire romain et le garant de l’ordre de et de la paix. Les destructions des villes au nord n’étaient effectuées que par suite de considérations stratégiques et de la résistance des habitants.

Aignan se réjouit de l’amélioration de l’humeur de l’empereur hun. Attila prend l’air sérieux :

- J’accepte vos conditions. Demain matin vous ouvrirez les portes et nos troupes, choisies pour cette opération, entreront dans la ville. Toutes vos armes doivent être déjà chargées sur les chariots. Nos guerriers expérimentés, ayant servi plusieurs années en Gaule et connaissant bien les coutumes et la vie romaines, visiteront toutes les maisons et confisqueront bijoux et autres objets de valeur. Vous comprenez certainement que c’est une petite punition pour vous être laissé imprudemment entraîné dans un conflit armé par une partie incapable de vous protéger.

Prudent, Aignan préfère garder le silence.

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