Les trois soeurs de Théodose ont transformé le palais impérial de Constantinople et il est devenu semblable à un couvent. Au lieu d’un empereur inerte, l’état était gouverné en réalité par sa soeur Pulchérie. En 414, à seize ans, elle a obtenu le titre d’Augusta. A cette époque, Théodose avait quatorze ans, ne s’intéressait pas aux affaires d’Etat et se consacrait à sa formation. Il apprenait la grammaire, la rhétorique, la philosophie avec les meilleurs des professeurs en compagnie des enfants des plus nobles familles de l’Empire, faisait de l’équitation et du tir à l’arc. Théodose apprenait toutes les finesses du cérémonial de cour, tâchait de se comporter avec la grandeur convenant à un empereur romain.

Pulchérie et ses deux soeurs dédièrent à Dieu leur virginité. Ce voeu solennel fut inscrit sur des tablettes d’or ornées par des pierres précieuses dont elles firent offrande à la cathédrale de la capitale. Les soeurs passaient une grande partie de leur temps en prières, accompagnées de la foule des vierges de naissance distinguée. L’entrée au palais était interdite aux hommes, excepté les prêtres, les professeurs, les gardes et de rares employés. Cela n’a cependant pas empêché Pulchérie de se marier ensuite avec le général Marcien qui s’est engagé à ne se servir d’aucuns droits du mari. Cette décision ne peut être expliquée que par la soif du pouvoir.

Les mêmes motifs l’ont poussée à trouver pour son frère une fiancée en comptant sur la reconnaissance et l’obéissance de la jeune fille choisie. C’est pourquoi le récit du mariage de Théodose ressemble à un conte de fée.

Leontius, un philosophe athénien avait une fille, Athénaïs, douée d’une grande beauté et d’un vif esprit et élevée dans la religion traditionnelle grecque. Elle avait une chevelure dorée, de grands yeux, un teint éblouissant, des manières élégantes et avait reçu une belle formation. Son père léguait presque toute sa fortune à ses deux fils, en laissant seulement cent pièces d’or à sa fille. Il pensait qu’elle n’y perdrait pas avec sa beauté, son esprit et sa formation. Les frères ont refusé à Athénaïs leur soutien et la jeune fille fut obligée de se jeter aux pieds de l’Augusta dans l’espoir d’obtenir justice ou une faveur. Après quelques conversations avec cette jeune fille exceptionnelle, Pulchérie a décidé qu’elle méritait l’attention de Théodose, qui avait alors vingt ans.

A l’occasion du mariage impérial, on organisait de grandes fêtes et des fêtes populaires dans la capitale et les provinces. Athénaïs fut baptisée et reçut le nom d’Eudoxie. Au bout d’une année elle accoucha d’une fille, appelée elle aussi Eudoxie comme sa mère qui reçut à cette occasion le titre d’Augusta. La nouvelle impératrice soulignait sa ferveur religieuse et continuait à développer ses talent qui avaient contribué à son élévation. Elle créa les versions poétiques des huit premiers livres de l’Ancien Testament et d’autres oeuvres religieuses, écrit un panégyrique des victoires de Théodose sur les Perses. Le jeune empereur était ravi des oeuvres de sa femme. Il aimait, lui aussi, écrire et dessiner, recopier les vieux livres, était un bon calligraphe et travaillait souvent même pendant la nuit.

Les victoires des armées de Théodose dans la courte guerre contre les Perses étaient fortement exagérées. On racontait, par exemple, qu’une armée de cent mille guerriers, qui, frappée de terreur, se jeta dans les ondes de l’Euphrate. Bientôt, la paix de cent ans fut signée. Les Perses furent étonnés par la conduite de l’évêque de la ville d’Amida, qui déclarant que Dieu ne mange pas et ni boit, n’a donc pas besoin des vases d’or des églises. Il organisa la vente des biens d’église et racheta, avec le produit de cette vente, mille Persans captifs, leur fournit tout ce dont ils avaient besoin, et les renvoya dans leur pays natal avec des souhaits de paix.

Eudoxie pardonna à ses frères et les éleva au rang de consuls et de préfets. Pulchérie sentait qu’Eudoxie commençait à prendre trop de pouvoir. L’orage devait éclater tôt ou tard.