Danièle Mayer et Jean-François Chassaing :
Relaxe des poursuites pour aide à l'immigration clandestine de la concubine qui héberge un étranger en situation irrégulière et subvient à ses besoins.- Note sous TGI Toulouse, 30 oct 1995.
Recueil Dalloz Sirey 1996 n° 7 Jurisprudence p. 101

Remarque : Depuis la publication ce jugement a été infirmé par la Cour d'Appel de Toulouse.

L'amour, nouvelle cause de justification pénale : c'est le rêve auquel pourrait faire songer une première lecture du jugement ci-dessus rapporté, rendu par le Tribunal de grande instance de Toulouse le 30 Octobre 1995.
Le tribunal était saisi d'une poursuite pour aide à l'immigration clandestine fondée sur l'article 21 de l' ordonnance du 2 novembre 1945 étendue par la loi du 31 décembre 1991. La modification du texte opérée par la loi du 27 décembre 1994 est sans influence en l'espèce. Cet article dispose dans son premier alinéa &laqno; toute personne qui, alors qu'elle se trouvait en France, aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d'un étranger en France sera puni d'un emprisonnement de 5 ans et d'une amende de 200 000 francs ». Le tribunal a décidé que ce texte &laqno; ne peut viser ni les comportements humanitaires ni les attitudes inspirées uniquement par l'amour et l'affection des intéressés ». C'est pourquoi il a relaxé la prévenue à laquelle il était reproché d'avoir fourni un logement et les moyens nécessaires à son entretien à son concubin (devenu &laqno; pendant le cours du délibéré son mari... ») dont elle connaissait la situation irrégulière.
Au delà d'une telle appréciation aussi généreuse qu'irréaliste, le jugement résout une question méthodologique essentielle : celle de l'attitude à adopter par les tribunaux face à une incrimination large, comme celle de l'article 21 de l'ordonnance de 1945 (modifiée par les lois de 1991 et1994). Le tribunal a énoncé que &laqno; face à une imprécision de la loi pénale, il convient de l'interpréter à la lueur des principes généraux du droit et des débats parlementaires ». Cet attendu est particulièrement intéressant en ce qu'il vise les principes généraux du droit; car le tribunal préconise ainsi une méthode d'interprétation fondée sur la recherche d'une combinaison entre le texte d'incrimination et les principes supra-légaux ; (1°) or une telle méthode d'interprétation a une portée quasi-révolutionnaire (2°).

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© Dalloz 1996


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