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LE THEME :

Film documentaire : La genèse d'un vaisseau de ligne


"Genèse d’un vaisseau de ligne " premier opus d’une collection sur l’archéologie navale, retrace dans une première partie les balbutiements du projet de construction d’un vaisseau de ligne de 84 canons représentatif de la première marine de Louis XIV.

Des premiers contacts avec les municipalités, les sponsors, les ministères,  aux universitaires, afin de déterminer sur quels critères sera construit ce futur vaisseau, il s’est passé plus de dix ans avant que cela soit concrétisé par la taille de la quille sur le chantier de construction de Gravelines dans le Nord de la France.

Depuis les années 80, l’on assiste à une résurgence du patrimoine maritime réalisée avec plus ou moins de bonheur par les pouvoirs publics et de nombreuses associations.
Cette revalorisation s’effectue empiriquement par des reconstitutions de navires ayant existé ou bien par la restauration de bâtiments voués à des activités halieutiques, de commerce ou de loisirs.
Toutefois depuis quelques années apparaissent des projets de construction à caractère historique, prenant comme sujet soit des bâtiments ayant joué un rôle particulier dans l’histoire de la Marine soit des vaisseaux emblématiques d’une période glorieuse de l’histoire française. C’est dans cette dimension très particulière que s’inscrit la construction du Jean Bart : reproduire à l’échelle 1, les méthodes de construction des charpentiers du XVIIe siècle pour un navire de guerre de premier rang.

La marine française de la deuxième moitié du XVIIe siècle est à l’image de son Roi : majestueuses, grandiose…..royale ! Pourtant de cette grandeur inégalée, il ne reste quelques siècles plus tard que peu de traces. Tout semble avoir été fait pour oublier combien le royaume de France a su un court moment dans son histoire, redresser des forces navales moribondes pour en faire le fer de lance du siècle des lumières.
Les seuls vestiges qui nous parviennent de cette époque sont quelques maquettes dissimulées dans les réserves du Musée de la Marine de Paris et les rares plans de construction, dessinés sommairement, ne donnant aucun détail sur les techniques et les modes d’assemblages de ces vaisseaux.

Grâce à une extraordinaire découverte archéologique faite par Christian Cardin lors d’une campagne magnétométrique en 1985 sur les côtes normandes, la lumière se fait sur les spécificités de l’architecture navale française du XVIIe siècle qu’elle soit ponantaise ou méditerranéenne.

Cette mise au jour de ces géants de la mer suivie d’une fouille archéologique dirigée pendant plusieurs années par Michel L’Hour du Département d’Archéologie Subaquatiques et Sous-marines vont permettre de se lancer dans une aventure inouïe : la reconstruction à l’échelle 1 d’un bâtiment de la marine de Louis XIV.

L’association Tourville, forte de 2200 membres originaires de différents pays d’Europe, emportée par l’énergie de Christian Cardin, est responsable de ce projet de grande envergure : faire revivre un navire de guerre du 1er rang, sur les bases des données archéologiques des épaves de La Hougue, des différents traités de construction et del’album de Colbert, document unique en son genre sur la construction navale française du XVIIe siècle.

Pour mener à bien une telle entreprise, l’appel à des historiens, des architectes et des archéologues est fondamental. La problématique est importante, il est nécessaire de traduire les plans d’époque pour qu’ils soient compréhensibles  aux constructeurs du troisième millénaire. Les charpentiers du XVIIe siècle de formation empirique, restituent leurs connaissances encore d’essence  médiévale et abordent avec beaucoup de suspicion le dessin sur papier. Ce type de document est impossible à utiliser de nos jours  d’où le recours à des méthodes beaucoup plus modernes et plus fiables que sont les outils informatiques.
Malgré l’aide de l’informatique, la conception d’un vaisseau trois ponts de la fin du XVIIe siècle est d’une difficulté inouïe, ce qui passionnent l’historien, l’archéologue et l’architecte naval.

Afin de pouvoir approcher plus facilement cette construction navale du XVIIe siècle, il a paru primordial de montrer en images de synthèse comment s’emboîtent  les premières pièces de cette immense charpente. Ainsi l’on découvre le montage complexe de la quille et la taille de ses écarts, l’assemblage de l’étrave, de la contre-étrave, de la contre-quille etc….
C’est une vraie source documentaire pour les passionnés d’archéologie navale et du travail sur les charpentes en bois.
L’intérêt d’une telle collection est de montrer pas à pas la réalisation de ce vaisseau. Celui-ci est le vivant exemple de ce que peut-être l’archéologie expérimentale (habituellement réservée en France à des périodes beaucoup plus anciennes). Le travail est long et astreignant. Il n’est pas question d’utiliser par exemple le système de boulonnage plus facile, mais de comprendre les modes de chevillage, de clouage, d’assemblage de chaque pièce du futur vaisseau, tel que cela se pratiquait au XVIIe siècle.
Bien sur , le système de sciage utilisé est contemporain, toutefois il est fréquent que la qualité du bois, la complexité des pièces font appel à des outils beaucoup plus traditionnels comme l’herminette.

Enfin, il a paru important dans un troisième temps de présenter en un court chapitre le travail qui est effectué dans le choix des bois pour la construction d’un tel vaisseau. Il fera l’objet ultérieurement d’un DVD à part entière sur la gestion des forêts à l’époque de la marine en bois et les difficultés inhérentes à une telle exploitation. D’autres parts la question est d’autant plus primordiale, que les sections des bois nécessaires à un tel vaisseau sont très importantes, d’où une recherche intensive avec l’aide de l’ONF, dans les forêts françaises pour dénicher les chênes majestueux  utilisables dans ce type de construction.


Textes de M.D., "Genèse d'un vaisseau de ligne" (Style : documentaire, scientifique, (P) année 2004, durée 1h30, langue française, réalisateurs Marion Delhaye, Michel Deaffler & Philippe Labroue).


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