par Raoul Marc Jennar, chercheur au service du mouvement social 14 juin 2005 Que les dirigeants du PS et des Verts et les média aient été incapables de percevoir ce qui se passait dans le peuple de gauche tout au long des mois qui ont précédé le 29 mai en dit long sur l'abîme qui sépare aujourd'hui les élites politico-médiatiques du pays réel. Depuis, les mêmes confirment leur surdité et leur arrogance. Pourtant, ce qui s'est passé relève du plus démocratique des élans. Des femmes et des hommes, sans affiliation associative, syndicale ou particratique se sont emparés du texte soumis à leur jugement, pour le décoder, pour solliciter des interprétations, pour ensuite constituer avec d'autres ou rejoindre les collectifs qui, après l'Appel des 200 lancé le 19 octobre, sont nés, quasi comme par génération spontanée, dans toute la France. J'ai été souvent invité par ces collectifs où se cotoyaient des militants du Parti Communiste, de la LCR, des Alternatifs, des socialistes et des écologistes en dissidence, des militants de la CGT, de la FSU, de Solidaires, des membres d'Attac ou d'associations locales et de simples citoyens. Tous ensemble, ils avaient travaillé durement pour assurer le succès de la réunion, souvent précédée de rencontres dans les quartiers ou les villages, au plus près des gens. Ils avaient passé des heures à distribuer des tracts, à placer des affiches, à convaincre. Ils avaient échangé leur savoir-faire, leurs imaginations, leur dynamisme, leur détermination. Et, après mon passage, ils allaient continuer de plus belle. Tous ensemble. Ces deux mots tout simples résument quelque chose qui émeut au plus profond : la dignité qui relève la tête, la renaissance de l'engagement, la fraternité qui rassemble dans l'action. Tous ensemble, ils ont découvert la richesse apportée par chacun : le formidable savoir faire des militants communistes, l'ingéniosité de ceux de la Ligue, le sens de l'organisation des syndicalistes, la bonne volonté des associatifs ; des qualités d'ailleurs très largement partagées par tous. Tous ensemble, aujourd'hui, ils attendent un lendemain, une suite, un prolongement cohérents. Ils ont résisté. Ils ont gagné cette bataille. Ils ne veulent pas être désarmés. Tous ensemble, ils attendent un signal fort. Celui qui tout à la fois rassure et dynamise. Car certains doivent être rassurés. C'est vrai, reconnaissons-le calmement, ceux qui n'appartiennent pas à un parti politique craignent que ce formidable élan collectif soit récupéré par l'un ou l'autre appareil tenté par l'idée de contrôler l'outil créé ensemble. D'autres, dans le mouvement associatif, n'apprécient pas que certains au sommet, qui ne furent pas des premiers engagements, s'approprient le mérite d'une victoire qui est l'oeuvre de tous. Il ne faut pas cacher ces réalités. Il faut au contraire les rencontrer pour les surmonter. Par des actes concrets qui doivent venir de chaque côté. Et qui renouent la confiance. Et tous attendent un nouvel élan pour poursuivre. Car ils redoutent les logiques toujours à l'oeuvre dès qu'il s'agit de faire passer le parti ou le mouvement avant la cause. Tous ensemble, nous avons fait un choix de société. Ce choix nous définit et nous distingue. Comment pourrait-on ignorer ce que fut la position des dirigeants et cadres du PS et des Verts ? Pourrions-nous oublier les arguments qu'ils ont utilisés, les moyens qu'ils ont mis en Ïuvre, leur mépris et leurs insultes ? Pourrions-nous envisager, une fois de plus, d'accepter que ceux qui nous ont combattus deviennent demain ceux à qui il nous faudrait faire confiance ? Tous ensemble, nous avons prouvé qu'unis et déterminés, nous pouvons vaincre. Sans eux et malgré eux. Restons unis et soyons, plus que jamais, déterminés. Tous ensemble. |
||
retour à la page du nan, mais nan ! |