Lui, elle et l’amant

Sur scène, une commode à miroir, une armoire, une grande glace et un lit avec une rose blanche dessus. A coté de la commode une trousse de maquillage. Elle est en train de se maquiller ; lui, les cheveux longs attachés en queue de cheval, est derrière elle et lui masse les épaules et le haut du dos.

Lui

J’ai mis les draps en soie et parfumé le lit à l’essence de ylang-ylang ; j’y ai posé une rose blanche avec laquelle je te fouetterai des caresses ; j’ai fait brûler de l’huile et atténué la lumière, comme tu aimes.

Elle sourit, il se penche et descend les mains vers la taille et les fait remonter le long du ventre.

Je veux te faire jouir.

Elle arrête ses mains avant qu’elles n’atteignent la poitrine.

Elle

Pas maintenant.

Elle fini de se maquiller et fait une retouche à ses cheveux.

Lui

J’ai du champagne au frais, préparé l’huile parfumé pour te masser, et j’ai aussi une grande plume pour te chatouiller.

Elle se lève, il se penche pour l’embrasser sur la bouche, elle lui tend la joue. Ils se font la bise.

Elle

Je te rends les clefs de la voiture demain. Promis.

Elle sort.

Lui

« Pas maintenant », « pas maintenant ». Elle se moque de moi ou je rêve ?

Lui mime qu’il cueille une fleur.

La jolie margueritte. (mime qu’il sent la fleur puis qu’il commence à arracher les pétales) Elle se moque de moi un peu, elle se moque de moi beaucoup, elle se moque de moi énormément, elle se moque de moi un peu, elle se moque …

Mime qu’il arrache une nouvelle pétale à la marguerite et qu’il balance celle-ci par dessus l’épaule.

De moi.

Lui sort, il revient en peignoir et une autre trousse de maquillage à la main, et s’installe devant la glace.

Quelle humiliation que de toujours s’abaisser à demander, à mendier, à supplier pour avoir le droit de les toucher. A croire qu’elles nous rendent service ! A croire que c’est pour être gentilles qu’elles nous donnent le droit de les envoyer en l’air !

L’homme se détache les cheveux et les peigne leur donnant une forme féminine.

Pourquoi les femmes n’aiment-elles pas faire l’amour ? (pause) C’est fait pour que ça fasse du bien, non ? A les entendre, elles s’en passeraient toute leur vie qu’elles ne se porteraient pas plus mal.

Il remet ses cheveux en arrière en les tenant avec une pince. Il pose la trousse de maquillage sur la commode et l’ouvre. Il commence à s’appliquer du flush sur les joues, se regarde avec des yeux coquins, applique à nouveau le flush. Il est satisfait.

L’autre jour … qu’est-ce qu’elle m’a dit ? « Vous, les hommes, vous ne pouvez pas comprendre. On attache moins d’importance à ces choses. » Mon cul ! Il avait fait comment, pour la draguer, son ex ?

Lui se retourne vers le public.

Je vais vous dire, le lendemain de leur rencontre, il l’a emmenée en Grèce.

Ile se retourne vers la glace de la commode, commence à se maquiller les paupières.

Dans l’hôtel cinq étoiles à Athènes, elle lui a sûrement fait le numéro du « ah vous, les hommes, vous ne pouvez pas comprendre. » Le truc c’est d’avoir les moyens d’emmener la nana qu’on drague en Grèce. Ou ailleurs. Peu importe où, du moment que c’est exotique. En fait, il ne devait pas avoir tant de moyens que ça, le mec, pour l’emmener pas plus loin qu’en Grèce.

Il dessine le contour des yeux au crayon. Se regarde. Commence à s’appliquer du mascara. Ensuite, il se lève et va vers l’armoire et l’ouvre. On découvre une penderie et des étagères.

Voyons voir, qu’est-ce qu’on va mettre ce soir ?

Il sort trois robes et les montre au public.

Laquelle préférez-vous ? Je trouve que noir ça fait sensuel mais trop classique, bleu ça fait trop sage. Rouge, ça fait trop provoquant.

Il en choisi une et la pose sur le lit, et accroche les deux autres dans la penderie. Des étagères il sort des petites culottes, des bas, des porte-jarretelles. Il choisi des noirs, remet les autres à leur place et pose ses choix sur le lit, sauf la petite culotte. Il tourne le dos au public et la met. Musique. Il met le porte-jarretelles et s’assied sur le tabouret, le dos tourné à la commode et, ostensiblement, pour que le public le voie bien, il met les bas, puis les escarpins. Toujours le peignoir sur lui, mais grand ouvert, il fait quelques allers-retour le long de la scène pour essayer son déhanchement. Cela ne doit pas être caricatural ; dans l’idéal, lorsqu’il a fini de s’habiller, on doit pouvoir le confondre avec une femme. Il enlève le peignoir, met la robe et retourne à la commode. Il met des boucles d’oreille. Il se peint les lèvres, directement avec le bâton de rouge à lèvres. Détache à nouveau les cheveux, se coiffe et refait des aller-retours. On frappe, fin de musique ; l’amant entre. Lui trottine jusqu’à lui et se jette à son cou, l’amant l’embrasse longuement sur la bouche.

L’amant

Que tu es jolie, ce soir ! Une vraie poupée.

Il se libère des bras de l’amant et commence à marcher de manière provocante, en le regardant du coin de l’œil. L’amant va vers lui et l’attrape par les hanches, il se libère.

Ah non, tu ne vas pas recommencer !

Il lui court derrière, lui se laisse rattraper rapidement. Se libère à nouveau et prend une pose de celle qui veut danser, musique. L’amant le prend dans les bras et ils dansent un temps. L’amant lui met la main aux fesses, lui se sépare et s’éloigne en faisant l’offusquée. L’amant prend la rose sur le lit et lui met dans la bouche. L’amant le prend dans les bras et ils dansent. Lui prend la rose dans la main. L’amant commence à le tripoter. Lui savoure et se laisse faire un instant, avant de se séparer et s’éloigner à nouveau. Fin de musique.

Commence pas à dire que tu n’es pas une fille comme ça.

L’amant avance vers lui, lui recule, l’amant le rattrape.

Tu es une fille comme ça. Et c’est parce que tu es une fille comme ça que je t’aime.

Il se libère encore et se fait rattraper tout de suite. L’amant le traîne jusqu’au lit et le fait tomber sur le dos. Lui fait un geste de la main.

Encore ? Tu es une fille comme ça et c’est comme ça que je t’aime.

L’amant s’allonge sur lui et va l’embrasser, il se défend. L’amant lui prend le visage.

Tu es une fille comme ça et c’est comme ça que je t’aime.

L’amant l’embrasse. Lui fait mine de résister, puis passe ses bras autour du cou de l’amant.

Rideau.