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La recherche d'armes fut le
souci constant des responsables de l'insurrection. Raymond Massiet, alias
commandant Dufresne, chef d'état-major du colonel de Marguerittes, alias Lizé,
en charge du département de la
Seine, ne peut inventorier que le pauvre matériel suivant : 29 mines, 4 mitrailleuses, 83 fusils mitrailleurs, 562 fusils, 825 revolvers et 192 grenades. Il faut trouver des armes ! |
Le sous-lieutenant Marceau (de
son vrai nom François Guirche) est plus particulièrement chargé de cette
mission dans le groupe franc du lieutenant Barat de Sars.
Au début du mois d'août 1944, il présente à son chef un homme qui prétend pouvoir livrer à la Résistance des centaines de mitraillettes. Lionel de Wiet se dit baron anglais membre de l'Intelligence Service. Le commandant Dufresne n'a pas confiance en "ce gros homme portant une énorme chevalière qu'il montre ostensiblement" ... il lui fixe un autre rendez-vous auquel il n'a pas du tout l'intention de se rendre. Bien lui en prend ! Il apprendra après la Libération que de Wiet travaillait pour la Gestapo française de la rue Lauriston. |
François Guirche a toute la confiance du commandant Dufresne. C'est dans l'un de ses appartements, 55 rue Pergolèse dans le 16ème arrondissement, que se réunit parfois l'état-major des FFI. En fait Guirche habite chez le prince et la princesse de Broglie. Est-il locataire... hébergé ? L'histoire ne le dit pas. En revanche ce que l'annuaire des Postes de l'époque révèle, c'est que l'industriel Yves Doornik habite le même immeuble ... Yves Doornik qui présente son frère Jan au lieutenant de vaisseau Honoré d'Estienne d'Orves en janvier 1941.... mais c'est une autre histoire (lire)
Guirche se remet en chasse ... Quelques jours plus tard il arrive avec le marquis Baruzzi, dit le Vénitien, "extraordinairement blond et volubile" et le "très élégant et joli garçon" comte de Voisin. Baruzzi se vante d'avoir "dérobé" aux maquis des centaines d'armes; il interceptait les messages annonçant les parachutages et se présentait sur les lieux avec son équipe. Sentant le vent tourner, il veut se rallier à la Résistance et offre, en gage, tout cet armement. |
Est-ce cette avalanche de noms à particule qui inquiète le commandant Dufresne ? Là aussi il ne fera pas affaire avec les vendeurs. Le lieutenant Barat de Sars confisquera les cinq mitraillettes que les deux hommes avaient apportées à l'appui de leur offre de service. |
Dufresne découvrira plus tard que le comte de Voisin s'appelait en fait Lavernière, qu'il était l'époux de l'actrice de cinéma Corinne Luchaire et donc le gendre de Jean Luchaire directeur du Journal collaborationniste Les Nouveaux Temps. Comme de Wiet, Lavernière travaille pour la Gestapo française. Dufresne conserve son entière confiance à Guirche mais note dans son livre "La préparation de l'insurrection et la bataille de Paris" que ces différents contacts sont peut-être à l'origine de l'attaque du PC clandestin de l'état-major des FFI de la Seine, rue Guénégaud dans le 6ème arrondissement, au soir du 19 août. Le lieutenant Marceau a-t-il été pris en filature ? |
Le 23 août 1944, Dufresne reçoit
le compte-rendu laconique suivant : Boulevard de la Chapelle, un groupe de FFI a été attaqué par des soldats allemands. Une patrouille du groupe franc, s'est portée à leur secours. Marceau a été tué, ainsi qu'un officier et un soldat allemands. |
Je me rends sur place et découvre qu'à l'angle de la rue de Chartres et du boulevard de la Chapelle il y a deux plaques commémoratives; j'en trouve une troisième sur le pilier du métro aérien, à peine une centaine de mètres plus loin. |
une grille posée contre le pilier masque un peu l'inscription "Ici est tombé le gardien de la paix Warrier Charles, le 22 août 1944 dans les combats de la Libération" |
Un compte-rendu de l'OCM
(Organisation civile et militaire) indique que René Barateau, né le 25
février 1883 à Tours a été tué alors que son groupe se rendait à la
Caserne Babylone pour y récupérer des armes. Dans le dossier d'Adrien Legrand, né le 3 mars 1915 à Bérigny, on peut lire qu'il a trouvé la mort lors d'une mission de récupération d'armes. Le groupe franc du 18ème arrondissement, auquel il appartenait, s'est heurté à une patrouille allemande, boulevard de la Chapelle, alors qu'il roulait vers la Caserne Babylone. Celui de Charles Warrier, né le 25 décembre 1899 à Monchy la Gache, membre du groupe franc du commissariat du 18ème arrondissement, explique qu'il a été mortellement atteint d'une rafale de mitraillette en se portant au secours de FFI sévèrement accrochés par une patrouille allemande boulevard de la Chapelle. Enfin aux Archives départementales de la Seine je lis que Marius Gineston, âgé de 44 ans, marié et père d'un enfant, a été tué le 22 août à la hauteur du n° 14 de la rue de Chartres. Mais je ne trouve pas de plaque à cet endroit. Pas plus que j'en trouverai au nom de François Guirche ou lieutenant Marceau. |
Même si la date
diffère pour René Barateau (mais j'ai rencontré plusieurs fois ce genre
d'erreur), il s'agit manifestement de la même affaire.
Le lieutenant Marceau est parti le 22 août 1944, avec son groupe franc, d'un garage de la rue Marcadet qui lui tient lieu de PC pour aller récupérer des armes à la Caserne Babylone. Vers 12h30 sur le boulevard de la Chapelle, à la hauteur de la rue de Chartres, ils se heurtent à une patrouille allemande qui ouvre le feu sur les voitures. Marceau, Legrand et Gineston sont tués. Le groupe franc du commissariat du 18ème arrondissement arrive en renfort de la Place de la Chapelle. Charles Warrier est abattu d'une rafale de mitraillette au cours de la fusillade. J'ai bien trouvé dans l'annuaire des Médaillés de la Résistance un Guirche né le 26 juin 1901 (décret du 24 avril 1946), mais son prénom n'est pas indiqué; il n'est donc pas sûr qu'il s'agisse du lieutenant Marceau. Si vous avez des renseignements complémentaires, n'hésitez pas à me contacter. |
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