CHAPITRE  XVIII


L’INTERMEDE  CONTINUE


1971



Un Sacré Imbroglio

 

    Dans mon souvenir l’année 1971 se confond avec la précédente année par sa tranquillité. Et pourtant

non. Car elle fut une sans doute une année d’orientation sinon de décision.

 

 

    Des raisons personnelles autant que familiales nous poussaient maintenant à rechercher un appartement.

Pour un meilleur équilibre moral de mon Père, il fallait qu’il ne soit plus confronté périodiquement aux  déménagements.
Les noms des rues de Prony, Cognacq-Jay et Saint Dominique revinrent souvent dans

nos conversations tripartites. Nous heurtions immanquablement à l’exiguïté supposée des pièces au regard

de la taille dont nous rêvions car elle nous semblait impérative. De plus tout dépendait de la vente de la ferme

et du prix que nous en tirerions.

 

   Monsieur Soulas, éventuel locataire n’était plus intéressé par cet achat, Monsieur d’Augé s’était retiré pour les

raisons que nous avons dites. Le champ restait donc libre pour toute les initiatives. Le nom de Monsieur Bédossa

et de tout ce qu’il représentait, commença à hanter nos repas, bien que mon Père ait eut un court raidissement à

laisser de la Terre  française à nos voisins de l’Est.

1971, fut donc consacré à la recherche : et à la campagne et à la ville. Aux rues que j’ai citées, il faut ajouter

Neuilly, où quelqu’un emmena ma Mère visiter quelque chose dans les parages du Boulevard Richard Wallace.     

 

     Au milieu de ce maquis de questions non-résolues, de chiffres et de métrages, il ne faut pas oublier de donner

place au Père Christian Marie de Chergé. Postulant chez les Bénédictins après avoir quitter récemment le Clergé

Séculier de Paris, il était en partance pour le monastère d’Aiguebelle, où il ferait mieux connaissance avec la Règle
et les préceptes de Saint Benoît.

   Il devait partir deux ans plus tard pour l’Algérie, Pays dont il rêvais. Et où il a prié de 1974, à 1996, pour le

rapprochement de nos deux Religions.

 

Il vint dire devant sa Mère et devant nous la Messe de la Sainte Famille ; ce fut un geste d ‘adieu bien réfléchi

à sa famille terrestre avant une séparation que chacun, supposait  longue….

Tante Monique sa Mère, s’étant éclipsée après la Messe, nous restons quatre à deviser. Apprenant que La

Glazière est si proche de Fontainebleau, Christian nous recommande les Ahrenchiagues, que nous devrions

Contacter avant de prendre une décision quelconque. Ceux-ci deviendront, grâce à Christian, un des piliers

de notre refuge Seine et Marnais.     

 

 

    Après cet intermède ecclésiastique et familial, il nous faut revenir au quotidien. Investigations et visites nous

avaient conduits aux portes de l’été. Un poste de Télévision nouveau attendait sur le banc d’essai de Monsieur

d’Ayguevive. Acheté cette fois-ci. Ce fut ainsi que l’industrie belge entra sous notre toit. Ce fut le début d’une

aventure « Barco » sur laquelle nous reviendrons.

 

 

   Nous adressâmes un dernier adieu aux salons de l’hôtel de l’avenue de Messine. Nous quittions un

Paris des affaires qui s’assoupissait dans la chaleur annuelle de juillet. Nous le quittions après un hiver

somme toute assez terne. L’attente dont je parlais était due à la prudence maternelle, qui avent de

poursuivre toute négociation, voulait observer les premiers pas de l’administration d’un Pompidou

maintenant privé de la couverture tutélaire du Disparu. Cet attentisme était bien dans le caractère

de ma Mère.

 

  L’été fut donc consacré à nous désintoxiquer de nos préoccupation. Il se construisit autour du

Mah-Jong et du Scrabble,-plaisir sédentaire et pacificateur qui était sensé nous détourner des

éternelles questions cent fois évoquées…

 

   Histoires des Chasses.

 

    Cette histoire est à faire. Pourquoi ne pas s’y intéresser maintenant pendant que notre actualité est en sommeil ?

    Si je l’entreprends, c’est que ce divertissement propre à La Glazière aura son importance dans la suite,-

notamment pour la conclusion par le truchement du locataire du moment. On se rappelle que ma Mère avait

pris des engagements à l’égard notre fidèle garde-chasse Tuhault. C’était un des éléments de notre vie

professionnelle de châtelain,- et dans son avenir dans la solution de notre nouvelle situation.

   

   Deux grossistes des Halles se présentèrent d’abord. Leur présence « cynégétique » dura un minimum

de temps. Ces journées de plein air se révèlent dangereuses pour le cœur d’un des deux chasseur.

 

  Ma Mère proposa donc à Yves Schelcher de prendre leur suites. Il vint chasser nos terres, avec ses

amis et ses relations. Le statue des chasses changea encore, - Tuhault voulant nous quitter, il nous

remit entre les mains d’un de ses jeunes amis, Daniel Hardieiller. Celui-ci jouera un grand rôle dans

la fin de ce récit puisqu’il assistera avec moi à la disparition de mes deux Parents.

 

  L’Histoire des chasses connut  donc deux périodes : celle d’Yves et celle de Hardieiller. Notre vieil ami

Ami Tuhault quitta définitivement ce monde le 18 Juin 1982. A  partir de 1980, il vint moins à La Glazière.

Sans doute des souvenirs lui étaient-ils trop présent ? Il laissa de plus en plus la place à son jeune « confrère ».1

 

    De nouveau l’actualité de 1971.   

         

        Nous avions pensé sortir de la ronde des Gérants d’affaires pour un temps, en nous réfugiant à la

campagne. Mais elle nous rattrapa las-bas à la fin de l’été.

   

    Avec une rude franchise qui tenait sans doute à sa qualité d’homme d’affaires autant qu’à ses origines

campagnardes – berrichonnes, je crois, Monsieur Cochelin vint un jour proposer à ma Mère de vendre le

 Pavillon – autrement dit notre maison – en même temps que la ferme ; mais à un acheteur différent. Il

avait d’ailleurs amené à cette fin la famille Richard pour qu’elle puisse visiter les lieux pendant qu’il

« emporterait le morceau ».  

 

   Ma Mère demanda à réfléchir, disant que l’état de santé de mon Père exigeait un grand calme et qu’il

était encore trop tôt pour décider quoi que ce soit. Elle méditait dans son for intérieur l’usage qu’on pourrait

faire de La Glazière pour notre propre compte, la ferme étant vendue.

Cochelin tenta un dernier baroud : il ne fallait pas songer à me laisser sur les bras une telle maison ; il fallait

profiter de l’occasion Richard, qui étaient substantiellement pourvus, avant qu’ils ne repassent la Méditerranée.

 

   Sur ces entrefaites, les Richard revinrent, moyennement satisfaits de ce qu’ils avaient vu déplorant la simplicité

presque la nudité des…W.C. Ceux-ci avaient pourtant été aménagés de façon plus bourgeoise par mes Grand-Parents. 
Ce jugement entraîna après leur départ, cette réaction sarcastique de mon Père :

-« Ils y passent donc leur vie ces gants-là, dans leur chiottes !»…

 

 

   Une Journée Chez « Oncle Louis ».

 

        Pour le mois de septembre,  Sonia de Belloy, sœur cadette de Chantal de Pange, s’était chargé de me

trouver un compagnon.   Elle se souvint d’un Kenyan, (Anill) qu’elle avait croisé sur les Chantiers d’Aide à Toutes

Détresses du Père Joseph Kowalski.

         Malheureusement nous ne pûmes que deviner la sympathie qu’il concevait à notre égard, car il ne parlait pas plus le français
que nous ne parlions anglais. Avant qu’il ne retourne chez ses « colonisateurs », il fallait trouver un terrain d’entente autre que notre désert.

 Sonia eut l’idée de nous emmener avec elle dans le parc de Versailles. Nous y passâmes tous les trois une

des dernières journées reposantes de septembre. Quant à la famille du Grand Roi, elle vint d’un cousin,
Dominique de Maindreville entré depuis dans les Ordres. Il prétendait que les Aristocrates sont le fruit des

« distractions » échappent à toutes chronologie de nos Souverains.    

 

Cette journée chez «  Oncle Louis » se termina par un dîner pris en camp-volant dans la garçonnière que

Sonia partageait à ce moment-là avec son frère Patrick, absent ce soir-là.

 

     

  Retour à Paris.

 

     Le moment du retour à Paris était venu. Ce fut une rentrée sans histoire faite en deux voitures.
Je noterai avec mélancolie que mon Père conduisait sur un assez long trajet la fameuse 2 CV,
et pouvait même se charger
d’aller en passant en retirer la vignete fiscale à la Cité Administrative de Melun.

 

           En entrent dans Capitale, nous fûmes dépasser par deux ambulances d’un bleu sombre ;militaire, mon

Père m’indiqua que ces véhicules appartenait au service Médical de l’Elysée. C’était peut-être un premier avertissement,
(visuel, concret), des bruits que l’on commançient à entendre sur l’état de santé du président
Pompidou.1

 

  Pour ce qui nous regarde, la pièce dans on me mit en attendant je ne sais quel complément d’installation

me parut pleine d’interrogations. De toute évidence, les deux prochaine saisons, un printemps et un automne

seraient celles d’un déménagement qui serait particulièrement arrachant. Aucun choix n’avait été encore fait

entre les diverses adresses ; -sinon qu’on avait éliminé la rue Cognac-Jay à cause de la proximité de la

Télévision voisine ; on croyait son voisinage trop bruyant.

 

  Cette rentrée eut lieu le 18, où le 20 novembre.

               

 

   Le Professeur Menkès remplace le Professeur Coste.

 

    Les fêtes de fin d’année furent à l’image de tristesses et de préoccupations. Après un long répit de deux

ans environ, ma Mère commençait nouvelle série de crise de polyarthrite.

 

 Ayant téléphoné au professeur Coste qui suivait ma Mère depuis 1968, nous  nous  entendîmes répondre

qu’il avait l’âge de la retraite, et qu’il quitterait ses fonctions le 31 décembre- 1971-.En conséquence il n’y

avait qu’à s’adresser au professeur Charles-Joël Menkès, son élève qui le remplacerait comme Chef du

Service de Rhumatologie de Cochin.     

  Il suivra effectivement ma Mère durant les 16 prochaines années prêtera aussi un très grand intérêt

aux états de santé des hommes de notre trio.

 

  Lequel de ces deux praticiens ordonna des Radios faites à domicile, dont ma mémoire me restitue le

souvenir ? Toujours est-il que l’opération me parut délicate. Le matériel introduit avenue de Messine me

parut archaïque. Je vis pour la seule fois de ma vie la chambre maternelle transformée en Salle de

Radiologie, sans que rien n’ait été prévu pour cela. N’assistant pas à la séance, je ne sus comment

le Radiologue s’y prit pour obtenir l’environnement souhaitable dans tout les Cabinet de Radiologie

coventionnel

 

   J’étais dans une autre pièce à m’entretenir avec un visiteur qui attendait de pouvoir passer chez

ma Mère. Or nous fumes interrompu par l’apparition d’une mouche ! Le fait me parut bizarre et

amusant : un insecte banal en été, égaré dans un appartement du 8ème arrondissement et à quelques

jours de Noël ! Cette mouche s’était-elle endormie ? et combien de temps ? Etait-ce dans les plis

du papier d’emballage du matériel utilisé dans la pièce voisine ? Cela me laissa rêveur, quant à la

jeunesse du-dit matériel.

 

   Le dernier déjeuner de Noël Parisien.

 

          Nous arrivons aux derniers instants de 1971. un 1971, qui fut assez stérile. Afin de maintenir la

tradition, et bien qu’en transit avenue de Messine, le ménage Jean offrit son repas de Noël traditionnel.

Déjeuner que je trouvais particulièrement émouvant dans un cadre condamné. N’était-il pas voué à une

prochaine et nécessaire disparition ? En outre, mais je ne le réaliserai que plus tard, ce devait être mon

dernier Noël, avec la famille réunie, avant de longues années. Il n’y manquait que ma Mère retenue par

la fatigue à notre étage, et Madame Bernard Mennesson.

  

Anne raconta son voyage au Mexique. Elle n’en était revenue que quelque heures auparavant..

 

    Ainsi s’achevait 1971.

Et dans « La Prison de Feuillage » qui va suivre, voici venir « le temps de l’épouvante ».

 

                                                          

                                                          FIN de la DEUXIEME PARTIE   

 

Vous suivez ?                                                                                                                 

 


1 En effet Daniel Hardieiller était le fils d’un Garde-Chasse dont l’étendue du terrain de chasse était voisin de La Glazière.

1 Effectivement, nous devions apprendre plus tard par la Presse qu’en ce même jour de novembre débutaient les examens concernant la mystérieuse fatigue dont se plaignait – combien discrètement – le Président Pompidou.