Né le 26 août 1914, Georges a baigné dès l'enfance dans la potion
magique des lettres et des arts : la grande imprimerie Charaire, qui
attira longtemps dans la ville de Sceaux les graveurs - collaborateurs
alors indispensables de la photogravure -, les auteurs venus surveiller
leurs tirages, et toute une galaxie de créateurs et d'amis qui gravitaient
autour. |
|
Fasciné par son père, peintre "barbizonnant"
reconnu, et ses amis Baldo, Adrien Marie et Renouard, Georges brosse dès 15 ans
des pochades dans le style à la mode, avec une nonchalance qui ne
l'abandonnera jamais. Il apprend aussi à graver, c'est ce qu'il préfère
: sa main délicate et patiente maîtrise bientôt toutes les
techniques, du bois à l'eau-forte, du burin à la manière noire - et il
en inventera plus tard plusieurs autres avec les matières modernes. |
|
|
Uni très jeune à Geneviève Cardon par un amour
tissé de poésie, ils habitent la combien rêveuse allée des
Brouillards.
Ils ont bientôt une fille, Claude, et plus tard un fils, Gilles. Mais bientôt c'est la guerre, à Montmartre comme ailleurs. On s'y serre
les coudes, avec les peintres Creixams et Gen Paul, Marcel Aymé, et toute la famille
Casadesus qui joue de concert dans la cave pendant les bombardements. |
|
Mais c'est en suivant les conférences de
Paul
Valéry au Collège de France que lui sera révélée sa propre nature profonde de
poète et de philosophe. Du coup, son dilettantisme fera place à une
minutie d'orfèvre pour ciseler un poème qu'il osera présenter au
maître - audace inouïe qui lui vaudra de devenir son disciple, puis son
ami, ainsi que de toute sa famille. |
|
|
Georges est bien sûr visiteur quotidien chez
tous les graveurs de la Butte, Daragnès, Robert Naly, Valentine Hugo, qui
illustrent ses premières plaquettes de vers, pour la délectation des
bibliophiles. Mais la poésie, même avec de tels parrains, n'a jamais nourri
une famille. Geneviève, elle, ne s'y laisse pas aller - elle ne publiera ses
propres vers que cinquante ans plus tard - elle devient pharmacienne. Georges
l'aide, et pour tout Montmartre il devient ainsi le
"pharmacien-poète". |
|
En 1950, l'un des derniers moulins de
Montmartre, le Radet, est promis aux démolisseurs. Georges se joint à
Pierre Sonnier pour courir les
mécènes et les amis, le faire racheter, et créer le Théâtre du
Tertre, et en faire pour quelques années un des principaux
théâtres d'essai de Paris. Georges y donnera notamment sa chance, avant
sa miraculeuse carrière à la Huchette, à Eugène Ionesco, qui demeurera
son ami intime. |
|
|
|
Il prend aussi un atelier à
Montparnasse, celui que Gauguin occupa quelques mois rue de la Grande
Chaumière. Il l'équipe aussitôt d'une presse et d'un petit labo, pour s'y
adonner à sa passion, la recherche, entremêlant toutes les techniques
picturales, avec de nombreuses innovations: aérographies, antimoines fondus,
et toutes les formes de gravure, qu'il y enseignera jusqu'à sa mort en 2001,
à de très nombreux élèves venus du monde entier - en particulier des
Coréens très friands de ses trouvailles techniques, et à qui il a rendu
visite chez eux. |
|
L'été, quand la verrière de la
Grande Chaumière la transforme en four, il va dans le midi, à Saint-Jeannet.
Touche-à-tout impénitent, il se met à restaurer des ruines, dont une petite
tour de façon très originale - avec un atelier bien sûr, où il continue
d'enseigner la gravure.
Quand ce nid d'aigle lui est devenu inaccessible, il s'installe sur les remparts
d'Antibes, à côté de ce qui fut l'atelier de Nicolas de Staël -
mais il devra s'y contenter d'un sous-sol pour ses recherches.... |
|