Voici des extraits de l'allocution de Jacques Chirac devant l'assemblée
plénière du sommet de Johannesburg.
"Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée,
surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons
de l'admettre. L'humanité souffre. Elle souffre de mal-développement,
au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La Terre et l'humanité
sont en péril et nous en sommes tous responsables.
Il est temps d'ouvrir les yeux. Sur tous les continents, les signaux d'alerte
s'allument. L'Europe est frappée par des catastrophes naturelles
et des crises sanitaires. L'économie américaine, souvent boulimique
en ressources naturelles, paraît atteinte d'une crise de confiance
dans ses modes de régulation.
L'Amérique latine est à nouveau secouée par la crise
financière et donc sociale. En Asie, la multiplication des pollutions,
dont témoigne le nuage brun, s'étend et menace d'empoisonnement
un continent entier. L'Afrique est accablée par les conflits, le
sida, la désertification, la famine. Certains pays insulaires sont
menacés de disparition par le réchauffement climatique.
Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ! Prenons garde que
le XXIe siècle ne devienne pas, pour les générations
futures, celui d'un crime de l'humanité contre la vie.
Notre responsabilité collective est engagée. Responsabilité
première des pays développés : première
par l'histoire, première par la puissance, première par le
niveau de leur consommation. Si l'humanité entière se comportait
comme les pays du Nord, il faudrait deux planètes supplémentaires
pour faire face aux besoins. Responsabilité des pays en développement
aussi : nier les contraintes à long terme au nom de l'urgence
n'a pas de sens. Ces pays doivent admettre qu'il n'est d'autre solution
pour eux que d'inventer un mode de croissance moins polluant.
Dix ans après Rio, nous n'avons pas de quoi pavoiser. La mise en
oeuvre de l'Agenda 21 est laborieuse. La conscience de notre défaillance
doit nous conduire, ici, à Johannesburg, à conclure l'alliance
mondiale pour le développement durable. Une alliance par laquelle
les pays développés engageront la révolution écologique,
la révolution de leurs modes de production et de consommation. Une
alliance par laquelle ils consentiront l'effort de solidarité nécessaire
en direction des pays pauvres. Une alliance à laquelle la France
et l'Union européenne sont prêtes. Une alliance par laquelle
le monde en développement s'engagera sur la voie de la bonne gouvernance
et du développement propre."
·
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 03.09.02
et à la fin de 2005 la "maison brûle" toujours...
(ndlr)