LE MONDE 11.02.03

Un front antiguerre se constitue contre les Etats-Unis

Les Etats-Unis apparaissent de plus en plus contestés dans leur volonté de déclencher rapidement une offensive militaire contre le régime de saddam hussein. Le 10  février, Paris, Berlin et Moscou ont signé une déclaration commune demandant le renforcement du régime des inspections de l'ONU en Irak. "La plupart des membres du Conseil de sécurité sont sur notre ligne", a estimé le président russe vladimir poutine lors d'une conférence de presse avec Jacques Chirac. Un document de travail a été aussitôt mis en discussion par les Français au sein du conseil de sécurité. Il reprend les propositions de M.  de Villepin, le 5  février. Cette contre-offensive diplomatique, comme le blocage à l'OTAN, exaspère Washington. george bushs'est déclaré "déçu" tandis que des commentateurs américains se déchaînent contre la France.

A quelques jours de la réunion cruciale du 14 février au Conseil de sécurité, où les inspecteurs en désarmement de l'ONU doivent présenter un nouveau rapport sur l'Irak, les camps en présence se rangent en ordre de bataille.

Face aux Etats-Unis, suivis par la Grande-Bretagne, qui annoncent l'imminence de leur entrée en guerre -"the game is over", la partie diplomatique est finie, selon George Bush -, le front du refus a marqué un point, lundi 10 février, avec une déclaration commune de la France, de l'Allemagne et de la Russie affirmant qu'"il y a encore une alternative à la guerre", que l'objectif du désarmement de l'Irak peut être atteint pacifiquement.
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Sur le plan tactique, le moment est en effet crucial. Les Britanniques préparent un projet de résolution, une mise en demeure enjoignant à Saddam Hussein de coopérer à 100 %, qu'ils auraient l'intention de présenter immédiatement après le rapport des inspecteurs.
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"Rien aujourd'hui ne justifie le recours à la guerre", a répété Jacques Chirac, en ajoutant que pour sa part il ne disposait "d'aucune preuve indiscutable" que l'Irak violerait la résolution 1441. Cette résolution, par conséquent, reste le cadre valide de l'action internationale, dont il n'est nullement nécessaire de sortir en mettant au vote un autre texte au Conseil de sécurité.
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S'ajoutant à l'obstruction de la France, de l'Allemagne et de la Belgique à l'OTAN, contre des préparatifs militaires qui à leurs yeux ne sont pas d'actualité, la déclaration des trois ne peut qu'accroître l'irritation des Américains. Jacques Chirac ne s'en émeut pas : "Nous sommes des amis des Américains, nous ne mettons en rien en cause la solidarité atlantique. Mais cela ne nous dispense pas, sur un problème particulier qui suppose une approche morale, d'avoir notre opinion et de la défendre."
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Claire Tréan

· ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 12.02.03

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