LA DOUBLE INVESTITURE SOUS LA IVème RÉPUBLIQUE

je suis très mécontent. J' apprends que Ramadier va accepter cet après-midi la discussion des interpellations concernant la composition de son gouvernement. « Mais, lui dis-je au téléphone, c'est contraire à l'esprit de la Constitution... Tu as la confiance de l'Assemblée pour l'exécution d'un programme et l'orientation d'une politique. C'est toi, et toi seul, qui as la responsabilité des actes de tes collaborateurs, donc de leur choix. Explique cela à l'Assemblée en refusant tout débat et tout vote...

- Mais, me répond-il... l'Assemblée est souveraine, et c'est un principe de tout temps ; je ne peux méconnaître cette souveraineté.

-je ne l'ignore pas. Rappelle-lui seulement que, dans une démocratie, la souveraineté est définie et limitée par la Constitution. Demande le renvoi des interpellations... »

Peine perdue !... Le doigt du mécanicien est dans l'engrenage...

V Auriol, Journal du septennat 1947-1954, t. I (1947), Colin, 1970.


LA DÉSIGNATION DU PRÉSIDENT DU CONSEIL SOUS LA IVème RÉPUBLIQUE

Cette procédure est géniale en complications. Aussi après quatre jours de négoclations, M. Ramadier, consulté par le président, a fait connaître finalement qu'il acceptait la mission dont il prendrait éventuellement la charge. Le président désigné va donc se présenter devant l'Assemblée et si celle-ci, à la majorité absolue, lui accorde sa confiance, alors de nouveau, les négociations recommenceront et seront plus difficiles puisqu'il s'agira de l'attribution des portefeuilles, etc.

Article de M. Martinaud-Deplat (dirigeant du Parti radical), 1947.