Un double attentat-suicide a fait 23 morts et une centaine de blessés à Tel-Aviv

Un double attentat-suicide, revendiqué par trois mouvements radicaux palestiniens, a tué dimanche 5 janvier, selon un bilan provisoire, au moins vingt-trois personnes et en a blessé une centaine d'autres dans le quartier de Neve Shaanan près de l'ancienne gare routière de la ville. Le dernier attentat-suicide de ce type remonte au 21 novembre 2002, lorsqu'un kamikaze s'est fait exploser dans un bus à Kiryat Menahem, dans la banlieue de Jérusalem, faisant onze morts.

Avec un bilan humain particulièrement lourd, cette attaque est le deuxième attentat anti-israélien le plus meurtrier depuis le début de l'Intifada en septembre 2000. Une attaque suicide à Netanya avait fait, le 27 mars 2002, 29 morts, outre le kamikaze.

Les deux kamikazes ont fait exploser dimanche soir à 18 h 30 heure locale (16 h 30 GMT) les bombes de forte puissance (deux charges de 15 kg chacune) qu'ils portaient sur eux, dans deux rues parallèles du quartier de Neve Shaanan, près de l'ancienne gare routière de Tel-Aviv, peuplé par des ouvriers étrangers parmi lesquels on compte de nombreuses victimes.

Dix-sept corps ont été retrouvés sur place dont ceux, complètement déchiquetés des deux kamikazes, a précisé un porte-parole de la police israélienne.    Deux autres blessés ont succombé à leur arrivée à l'hôpital et un troisième est dans un état désespéré. La police et le ministère de la santé ont lancé des appels aux ouvriers étrangers blessés, dont beaucoup travaillent au noir, à se rendre aux hôpitaux leur promettant qu'ils ne seraient pas inquiétés s'ils ne sont pas en règle.

Quelques heures après cet attentat suicide à Tel-Aviv, des hélicoptères d'assaut israéliens ont tiré dimanche soir des roquettes sur des cibles palestiniennes dans la ville de Gaza, selon plusieurs témoins. Les hélicoptères ont lancé une dizaine de missiles contre des bâtiments dans le centre-ville, entraînant une coupure d'électricité. Des Palestiniens de Gaza ont dit avoir vu des hélicoptères survoler la ville avant de tirer des missiles sur des cibles qu'ils n'ont pu identifier dans l'immédiat. On ignore s'il y a eu des victimes. Des habitants ont également fait état d'une concentration de forces blindées et d'hélicoptères près du camp de réfugiés de Rafah, dans le sud de la Bande de Gaza. L'armée israélienne n'a fait aucun commentaire dans l'immédiat sur cette intervention.

(...)

Trois mouvements radicaux palestiniens ont revendiqué l'attentat de dimanche soir. Le Djihad islamique a revendiqué l'attaque dans un appel téléphonique à l'AFP, indiquant qu'elle a été perpétrée par deux kamikazes et que le mouvement publierait un communiqué ultérieurement. Mais un deuxième interlocuteur anonyme l'a également revendiqué au nom de la branche militaire du mouvement islamiste Hamas, les Brigades Ezzedine Al-Qassam. "Nous revendiquons l'attaque de Tel-Aviv et nous promettons à l'occupation israélienne de nouvelles attaques en janvier", a déclaré cet interlocuteur dans un coup de téléphone au bureau de l'AFP de Jérusalem.

Plus tard dans la soirée, les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, un mouvement lié au Fatah mais jouissant d'une grande autonomie, ont revendiqué à leur tour ce double attentat suicide. "Deux de nos porteurs de bombes ont réussi à traverser les barrages militaires israéliens et à frapper Tel-Aviv", déclare un communiqué émis à Gaza et signé par les Brigades Al-Aqsa. Le communiqué précise l'identité des deux kamikazes originaires de la ville autonome de Naplouse en Cisjordanie, occupée par l'armée israélienne. "Nous poursuivrons notre résistance. Nous avons fait notre devoir en vengeant les massacres des sionistes et les destructions de maisons de nos martyrs", ajoute le communiqué en référence aux maisons d'activistes palestiniens dynamitées par l'armée israélienne.

Toutefois, les représentants de ces différents mouvements islamiques ont approuvé l'attentat sans pour autant reconnaître la responsabilité de leurs organisations dans des déclarations officielles. Ainsi un dirigeant du Djihad islamique a affirmé : "Lorsqu'il n'y a aucune déclaration, nous ne pouvons pas dire que c'était le Djihad islamique". Il a néanmoins ajouté : "Il s'agit d'une résistance normale contre les crimes des incursions et des tueries quotidiennes israéliennes. Tant que l'occupation continue, toutes nos options sont ouvertes et la résistance se poursuivra partout où ce sera à notre portée".

Pour sa part, la direction palestinienne a affirmé dans un communiqué qu'elle "dénonce avec force l'opération condamnable qui a visé des civils israéliens", et "annonce sa détermination à poursuivre avec fermeté les commanditaires". En outre, elle a appelé le gouvernement israélien à ne pas se livrer à des actes de vengeance affirmant "rejeter avec force la logique de la vengeance que quelques-uns utilisent pour justifier de telles opérations".

Il s'agit du troisième attentat suicide dans ce quartier de Tel-Aviv en douze mois. Le 17 juillet, dans le même secteur, une attaque avait été perpétrée par deux kamikazes palestiniens, faisant cinq morts, outre ses deux auteurs. Le dernier attentat suicide de ce type en Israël remonte au 21 novembre, lorsqu'un kamikaze s'est fait exploser dans un bus à Kiryat Menahem, dans la banlieue de Jérusalem, tuant onze personnes.

"Le Monde" 6 janvier 2003 avec AFP et Reuters


réaction du ministre des affaires étrangères français, Dominique de Villepin.
Le ministre des affaires étrangères français a condamné sans réserve dimanche soir sur l'antenne de RFI cet attentat suicide, un "acte de terrorisme odieux". "C'est avec consternation que nous venons d'apprendre ce double attentat suicide perpétré ce soir dans un quartier très passant de Tel-Aviv, provoquant la mort de plus de vingt personnes. Nous condamnons sans réserve cet acte de terrorisme odieux qui ne vise, une fois de plus, qu'à décourager les efforts de paix de part et d'autre", a déclaré Dominique de Villepin. Selon le chef de la diplomatie française, cet attentat "montre une nouvelle fois à quel point il faut être en initivative sur un dossier comme celui du Proche-Orient". "Il faut constamment oeuvrer dans le sens de la paix car nous sommes à la merci du fanatisme et de l'intolérance. C'est en avançant dans le sens de la paix que l'on peut créer le mouvement, la direction qui permette d'unir les efforts des uns et des autres."

"Le Monde" 6 janvier 2003


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