Malgré plus de dix ans d'efforts, le Maroc ne parvient pas à moderniser son économie.

La croissance economique n'a pas suivi la remise en ordre des finances publiques. Elle reste erratique et, en moyenne, faible (2,4 % par an entre 1988 et1998) (...)
Le bilan de la décennie écoulée prend une tournure plus inquiétante si l'on intègre la croissance démographique (près de 2 % l'an). Entre 1988 et 1998, le produit intérieur brut par habitant a augmenté de moins de 1 % par an, et, depuis,il stagne. Si l'on s'en tient aux statistiques officielles, les Marocains ne vivent guère mieux aujourd'hui qu'il y a dix ans. Et ce n'est pas la sécheresse sévère qui sévit en ce printemps 2000 qui va modifier les chiffres: le Maroc, dépourvu de ressources, à l'inverse de son voisin algérien, s'achemine vers une nouvelle année de récession.
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Quelques chiffres donnent la mesure des problèmes de fond du royaume. Comme le faisait observer récemment un groupe d"économistes marocains, entre 1991 et 1999, le nombre de pauvres a fait un «fantastique bond en avant» passant de 3,5 à 5,3 millions d'individus alors qu'il avait fortement baissé les années précédentes. Aujourd'hui, les 10% de Marocains les plus riches consomment quatorze fois plus que les 10 % les plus pauvres. Plus de la moitié de la population est analphabète et un enfant sur deux en âge d'être scolarisé ne fréquente pas l'école. La mortalité maternelle est la plus élevée du monde arabe. Dans les campagnes, moins de un ménage sur cmq a accès à l'eau potable. Pour l'électricité, le ratio est à peine plus élevé.
Le chômage est un autre révélateur des difficultés économiques. En 1982, il atteignait 10 % de la population active. Il est actuellement de 16 %, et bien davantage (de l'ordre de 25 %) en milieu urbain. Principale population affectée: les femmes et les jeunes, qu'ils soient diplômés ou non.

Jean-Pierre Tuquoi. Le Monde 23 mars 2000


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