Pour ou contre le traité constitutionnel :
les arguments au sein du Parti socialiste


Pour les uns, il confère à l'Europe des "mécanismes de décision plus clairs";
pour les autres, il ne permettra pas "une réelle efficacité des décisions"


Partisans du "oui" et partisans du "non" à la Constitution européenne au sein du Parti socialiste ont largement développé leur argumentaire tout au long des deux mois de campagne interne préalable au référendum.
Pour les premiers, le traité constitutionnel ne marque "aucun recul" et le ratifier reviendrait à doter l'Europe "de mécanismes de décision plus clairs et plus simples".
Pour les seconds, s'il comporte "certains aspects positifs", le texte constitutionnel "ne permettra ni une réelle efficacité des décisions, ni une Europe puissance, ni une Europe solidaire". Résumé des positions.

POUR LE " OUI"

UN RENFORCEMENT INSTITUTIONNEL

L'Europe sera renforcée par un président du Conseil européen élu pour deux ans et demi, par une Commission européenne qui procédera du vote du Parlement européen - donc des citoyens - et par la nomination d'un ministre des affaires étrangères qui pourra donner un visage à l'Europe dans le monde et exprimer une parole commune. Le Parlement européen disposera de pouvoirs élargis, notamment pour l'élaboration du budget de l'Union. Il sera en mesure de prendre en compte les pétitions que pourront lui adresser les citoyens européens.

LA CRÉATION D'UNE BASE SOCIALE

La Constitution confère à l'Europe des objectifs nouveaux en matière d'économie sociale de marché, de lutte contre l'exclusion, de cohésion territoriale, de diversité culturelle, de développement durable... Pour la première fois, le plein-emploi est un objectif clair et affiché. La Constitution crée un gouvernement économique, contrepoids face à la Banque centrale européenne (BCE). Pour la première fois également est reconnue une base juridique pour les services publics. Syndicats et salariés disposeront d'instruments pour faire avancer le social (sommet annuel pour l'emploi, par exemple).

LA PROTECTIONDES DROITS ET DES LIBERTÉS

Le traité intègre la charte européenne des droits fondamentaux, qui donne la meilleure protection au monde des droits et libertés. Le traité reconnaît le caractère laïque de l'Europe et autorise chaque Etat à appliquer ses propres lois.

DES RÉVISIONS POSSIBLES

Rien n'est figé. La règle de l'unanimité entre Etats, requise pour faire évoluer les textes, s'est toujours appliquée. Cela n'a jamais empêché l'Europe de progresser. Le traité introduit plus de souplesse pour décider des révisions partielles, sans tout rediscuter. Le Parlement européen disposera également d'un droit d'initiative.

UNE LIBERTÉ DE MANOEUVRE

Une Constitution ne fixe aucune politique au plan national. L'Europe n'a par exemple pas empêché le gouvernement de Lionel Jospin de voter les 35  heures, les emplois-jeunes ou la couverture maladie universelle.

POUR LE "NON"

DES POLITIQUES NATIONALES CADENASSÉES

La partie  3 du texte, qui définit les politiques de l'Union (monnaie, agriculture, transports...), n'a pas sa place dans une Constitution. Dans aucun texte constitutionnel au monde les politiques ne sont ainsi cadenassées.

DES COOPÉRATIONSENTRE ÉTATS ENTRAVÉES

Il est important de permettre à quelques Etats qui veulent aller plus loin dans certains domaines de pouvoir le faire. Or ces "coopérations renforcées" devront concerner au minimum un tiers des Etats membres pour être autorisées par le Conseil européen. Ce seuil est plus contraignant que celui qui prévaut aujourd'hui.

UN MOINS-DISANT SOCIAL

Le texte consacre une vision anglo-saxonne d'une Europe zone de libre-échange et non d'une Europe puissance de solidarité. Il confirme que l'objectif principal de la Banque centrale européenne est la stabilité des prix, l'emploi et la croissance n'apparaissant que comme des objectifs secondaires.

Le traité installe plus de concurrence fiscale et aucune harmonisation fiscale. On légalise le dumping fiscal et on encourage les délocalisations. La charte des droits fondamentaux ne crée aucune compétence nouvelle pour l'Union et ne prévaut pas sur les dispositions nationales plus restrictives.

La notion de service économique d'intérêt général est reconnue, mais les services publics restent soumis à la concurrence, ce qui les menace à terme. L'harmonisation des politiques sociales est exclue. Elle sera bloquée par la règle d'un vote à l'unanimité. Les écarts entre les régimes de protection sociale des 25 Etats membres sont en effet telles qu'elles rendent toute unanimité illusoire.

UNE DÉRIVE ATLANTISTE

La défense européenne sera placée sous tutelle de l'OTAN. Ce qui repousse la perspective d'une défense européenne autonome, indépendante des Etats-Unis.

UN TEXTE IRRÉVERSIBLE

Le texte proposé sera quasiment impossible à réviser. Il a vocation à prévaloir durant des années. L'unanimité sera en effet requise pour l'adoption de toute modification en matière économique, fiscale et sociale. Or, à 25 et bientôt 30, ce sera difficile. C'est un recul par rapport au traité de Nice, qui prévoyait la règle de la majorité.

D'après Le Monde 2 décembre 2004

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le projet de traité constitutionnel a été refusé par près de 55 % des suffrages exprimés.
voir la carte des résultats


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