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Le mouvement

Philosophes

Zénon d’Élée, Diogène.

De la difficulté de saisir le mouvement

« Retrouvons Antisthène, il est en train d'assister à une superbe démonstration verbale : à l'aide de raisonnements qui ont toute apparence de sérieux et de rigueur – la logique est au rendez vous –, un homme montre l'impossibilité du mouvement. Qu'on songe aux paradoxes de Zénon, aux flèches qui sont immobiles dans l'espace, aux tortues qui distancent Achille et autres billevesées si bien enveloppées dans du papier trompeur. Le logicien avait donc enseigné l'impossibilité fondamentale du mouvement, l'un de ses jeunes assistants en rajoutait – c'est à ce prix qu'on obtient ses promotions... – et complétait l'argumentation avec une série bien ordonnée de remarques en cinq points. La réponse d'Antisthène ne se place pas sur le même registre : il aurait pu trouver les mots pour contredire – à l'inverse de ce qu'affirme Élien, l'auteur du fragment qui rapporte l'anecdote –, mais il ne croyait pas à la vertu de cette opération par le verbe. Alors, "il se leva et se mit à marcher ; convaincu qu'une démonstration par les faits était bien plus puissante que toute autre contrepartie verbale (Elias, In cat. 22. B. 40)". Fidèle à son maître, Diogène aurait repris à son compte la réponse pertinente pour s'opposer au même discours (Diogène Laërce, VI, 39 et Sextus Empiricus, Hypotyposes pyrrhoniennes III. 66.)... » [Michel Onfray – Cynismes, Éd. Grasset, p. 79]

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