Aton apparaît dès l’Ancien Empire dans les Textes des Pyramides et désignait le disque solaire. Dans un hymne à Rê du Livre des Morts, il est dit « seigneur des rayons ». Il est d’ailleurs représenté sous la forme d’un disque solaire d’où tombent des rayons : c’est le seul dieu qui conservât un caractère abstrait. Il ne se représente pas sous la forme d’un animal mais sous celle de la lumière, de cette énergie fondamentale dont l’incarnation est le soleil.

La grande nouveauté du culte atonien est l’identification du Pharaon à son dieu. Amenophis IV devenu Akhenaton (Celui-qui-est-agréable-à-Aton) fait du Disque le pharaon céleste en inscrivant son nom dans un cartouche, comme le sien propre. Le Disque est donc une forme du créateur comme le roi qui est son équivalent terrestre. Il fournit ainsi une image facile à appréhender et évite le détour par un clergé spécialisé, seul capable de servir d’intermédiaire entre les hommes et un dieu impénétrable. Aton permet la perception immédiate du divin, par opposition à Amon, le dieu caché.

Aménophis IV ou Akhénaton

  Né en 1353 et mort en 1337 avant J.-C., fils d'Aménophis III, il imposa le culte du disque solaire Aton et prit dans la foulée le nom d'Akhénaton, "le profitable au Disque". Il quitta Thèbes et fit aménager une nouvelle cité en Moyenne Egypte qu'il baptisa Akhetaton, "l'horizon d'Aton", aujourd'hui appelée Tell el-Amarna.

Akhenaton, avant d’être connu sous ce nom, régna sous celui d’Amenophis IV. Fils d’Amenophis III, il descendait de la grande lignée des pharaons de la XVIIIe dynastie. 

Vers 1370 avant JC, à l’âge de 15 ans, il devient pharaon pour un court règne de 19 ans. Il est le seul fils d’Aménophis III et de Tiy. Il se fait couronner sous le nom d’Aménophis IV " Celui qui satisfait Amon "

Jusqu’en l’An 4 de son règne, le nouveau pharaon, tout en promouvant le culte d’Aton (le disque solaire), continuait à honorer les autres dieux. Peut être lassé de la suprématie du clergé d’Amon qui était tout puissant, il impose Aton comme seul dieu, fait détruire, en les martelant, les noms et les images d’Amon. Il quitte Thèbes, capitale de l’Empire et siège du Temple d’Amon : Karnak.

Il donne l’essor à un nouvel art " armanien ", moins rigide, et surtout non conventionnel que par le passé. Les formes sont plus réalistes, pouvant aller jusqu’à la caricature. Les crânes s’allongent anormalement vers l’arrière, la poitrine se rétrécit, le ventre ballonne au-dessus du pagne.

La famille royale est omniprésente dans les représentations : Néfertiti " La belle est venue " la grande épouse royale et les six princesses nées de son union avec le roi. Chose nouvelle, l'art officiel représente dès le début la famille royale dans des scènes jugées jusque là trop intimes. La reine Tiy s'installe à la cour d'Armana en l'an 12 ce qui permet à certains d'affirmer qu'Akhenaton n'a régné seul qu'à partir de cette date. L'une des six filles du couple royal, Mékétaton, meurt la même année. Nefertiti semble jouer un rôle réduit à partir de cet instant et se serait peut-être éloignée. L'une de ses filles, Méritaton, la remplace dans les cérémonies auprès du roi. Les trois dernières années du règne sont troublées par les persécutions contre les défenseurs du culte d'Amon.



 Les principes du monothéisme existaient à l'état latent dans la religion égyptienne et étaient à la base de l'enseignement secret des temples depuis des siècles. La réforme d'Akhenaton n'est, en réalité, qu'une divulgation des mystères de l'ancien enseignement et une profanation de ce qu'il contenait de plus sacré. Les initiés qui partageaient le secret considéraient l'initiative comme un sacrilège. Pacifiste avant l'heure, le roi refuse de faire la guerre pour défendre les frontières de l'Egypte. Les incursions ennemies se succèdent provoquant la colère des égyptiens. Ce mécontentement sera exploité par les prêtres d'Amon qui mirent sur pied une conjuration pour éliminer le roi.

Le pharaon Aménophis IV instaure une véritable réforme religieuse qu'avait initié son père. Désormais il n'y a place que pour le seul et unique Aton associé au dieu solaire Rê. Les temples dédiés aux autres dieux sont fermés dans tous le pays, Amon vénéré à Thèbes est l'objet d'une persécution fanatique. Aménophis rebaptisé Akhenaton crée sa capitale à Tell el Amarna. Emporté par une exaltation mystique sans frein sa destinée sera tragique. Ses successeurs à la tête de l'Egypte redoubleront d'effort pour faire disparaître de l'histoire toute trace de son règne, en vain. Les fouilles mettront à jour l'existence du pharaon hérétique. Akhenaton apporte aussi une véritable révolution dans l'art, loin des modèles idéalisés traditionnels, il se fait représenter, lui et sa famille, dans un style expressioniste ponctués de détails pittoresques.

Il fut aussi en quelque sorte, le précurseur de la non-violence, refusant de faire la guerre, même pour défendre les frontières de l’Egypte. Ce qui causa en partie sa fin, car de jours en jours, les pays voisins, toujours prêts à profiter d’une faiblesse, envahissaient de plus en plus le territoire égyptien. Le peuple est mécontent, car appauvri par les luttes intestines. Les alliés aux prêtres d’Amon fomentèrent une rébellion qui mit fin à son règne.

On ignore totalement comment il est mort, bien qu’on suppose qu’il ait été assassiné. Sa tombe ainsi que celle de Néfertiti n’ont jamais été découvertes. Celles qui avaient été bâties pour eux à Amarna étaient vides. Très probablement, quelques fidèles ont caché leurs dépouilles dans un lieu tellement secret, qu’il reste inconnu à ce jour.Lorsque mourut Akhenaton, vers 1354 avant JC, Smenkhkarê monte sur le trône d’Egypte pour un très court règne. On ne sait que peu de choses sur ce pharaon, mais Akhenaton semble avoir eu pour lui une préférence marquée et qu’il l’ait associé au trône, à la fin de sa vie.

 

 

Akhenaton, qui se présentait comme l’incarnation d’Aton, a sans doute composé le  grand hymne à Aton. Ce chant d’amour était probablement récité lors de l’office du matin, au lever du soleil.

 
« Splendide est ton lever à l’horizon du ciel,
Ô vivant Aton, créateur de toute vie !
Quand tu t’es levé dans le ciel d’orient
tu emplis toute terre de ta beauté.
Tu es beau, tu es grand, tu rayonnes, haut au-dessus de la terre ;
tes rayons embrassent toutes les contrées,
autant que tu en as créé.
Tu es Rê, tu atteins leurs limites,
tu les lies pour ton fils bien-aimé.
Bien que tu sois lointain, tes rayons sont sur la terre,
On te voit mais ta route est invisible.

» Quand tu disparais à l’occident du ciel,
le monde est dans l’obscurité comme dans la mort.
On dort dans les chambres, la tête couverte,
le regard ne peut rien apercevoir.
Si bien que si l’on dérobait des biens placés sous la tête,
on ne le remarquerait même pas.
Chaque lion quitte sa tanière,
chaque serpent mord,
règne l’obscurité, la terre est dans le silence,
car celui qui l’a faite repose dans son horizon.

» La terre s’illumine quand tu te lèves sur l’horizon ;
quand tu brilles comme Aton dans le jour,
tu chasses l’obscurité ;
lorsque tu lances tes rayons
les Deux-Terres sont en fête.

» Tu as fait la terre selon ton désir, toi seul,
et les hommes, le bétail, petit et grand,
tout ce qui sur la terre marche avec les jambes,
tout ce qui est en haut,
qui vole avec des ailes,
le pays de Kharou (Syrie) et le Koush (Nubie),
la terre d’Egypte.
Tu as mis chaque homme à sa place,
tu pourvoies à ses besoins ;
chacun a ses biens, son temps de vie.

» Tes rayons nourrissent tous les champs,
quand tu brilles, ils vivent et croissent par toi.
Tu as créé les saisons afin de parfaire tout ce que tu as fait,
l’hiver qui apporte la fraîcheur, et la chaleur que tu dispenses.
Tu as fait le ciel au loin afin d’y briller,
et de voir ta création.
Car tu es seul, brillant sous l’aspect de l’Aton vivant.

» Depuis que tu as créé la terre,
tu te lèves pour ton fils qui est né de ton corps,
le Roi qui vit par Maât, Seigneur des Deux-Terres,
Néferkheperourê Waenrê,
le fils de Rê qui vit par Maât, le Seigneur des Couronnes,
Akhenaton, grand dans son temps de vie,
et la Grande épouse royale qu’il aime, la Maîtresse des Deux-Terres,
Néfernefrou-Aton Néfertiti vivante pour l’Eternité. »