HATSHEPSOUT
Hatshepsout est la fille aînée du roi Thoutmosis I et de la
reine Ahmès. Elle est née avant l'avènement au trône de son père.
Dans le récit de sa jeunesse qu'elle a fait graver sur son temple de Deir
el-Bahari, elle entend montrer que Thoutmosis I l'avait préparé très
jeune au pouvoir .
D'après les textes de la Chapelle Rouge, elle aurait accédé à l'autorité en un an 2, sans précision de règne. Cette date pourrait faire référence à Thoutmosis I ou Thoutmosis II. Si c'était le cas, il ne faudrait pas prendre le texte littéralement, ou il conviendrait de le considérer comme de la propagande a posteriori. Il est peut-être plus vraisemblable d'attribuer cet an 2 au règne de Thoutmosis III.En tous cas, elle prend tous les attributs de la royauté avant l'an 7, et est pourvue d'une titulature royale complète. Son nom de couronnement est Maâtkarê (« Maât est le ka de Rê »). Pour autant, elle n'usurpe pas le pouvoir du fils de Thoutmosis II, qui est mineur et continue à règner conjointement. Il s'agit donc d'une véritable corégence, même si Hatshepsout a clairement la prééminence politique. Cette corégence est une innovation. Hatshepsout aurait pu se contenter d'être simple « régente » comme les reines Aahotep II (régente lors de la minorité du roi Ahmosis), et Ahmès-Néfertary (auprès de son fils le roi Amenhotep I), au début de la dynastie. Elle se fonde probablement sur ces proches antécédents, mais franchit une étape supplémentaire en prenant tous les attributs de la royauté, faisant ainsi coincider la pratique et la théorie de l'exercice du pouvoir.
Sur les murs de son temple à Deir
el-Bahari, elle justifie a postériori sa prise de pouvoir par le mythe de
la théogamie : le dieu Amon se serait uni avec sa mère Ahmès pour
l'engendrer . Ses représentations la figurent souvent portant la barbe postiche et d'autres éléments typiques du costume masculin. Sur certains bas-reliefs, ses seins sont à peine visibles : il s'agit de montrer qu'elle est l'égale absolue des rois. Deux campagnes militaires sont connues : l'une en Nubie, l'autre en Syro-Palestine. En l'an 9, elle envoie le chef du Trésor Néhésy mener une expédition au pays de Pount. Les Egyptiens nouent des contacts pacifiques avec les Pountites, et rapportent de nombreux produits exotiques comme des arbres à encens (voir photo ci-dessous). Le succès de cette expédition lointaine est mis en image sur les murs du temple de Deir el-Bahari. C'est assurément l'un des évènements les plus marquants du règne. Son activité constructrice est particulièrement dynamique. Sur sa grande inscription du Spéos Artémidos, elle affirme même avoir restauré des bâtiments antérieurs laissés à l'abandon par les Hyksos . A Karnak, ses monuments sont nombreux : le VIIIe pylône et les sanctuaires de barque entre Karnak et Louqsor, le sanctuaire dit « chapelle rouge » (palais de Maât), le hall entre le IV et le Ve pylône (placement de deux obélisques, voir la scène ci-dessous provenant de la chapelle rouge), deux autres obélisques à Karnak est, etc (sur ses obélisques, voir la présentation de Shoji Okamoto). A Thèbes-Ouest, Deir el-Bahari, elle fait bâtir par son architecte Senmout, le chef du domaine d'Amon, un temple funéraire en terrasse à côté de celui de Montouhotep III. Elle construit également un petit temple d'Amon à Medinet Habou. Près de Béni Hassan, elle fait creuser dans le roc le Spéos Artémidos. Eléphantine (temple de Satis), Bouhen, Kouma (temple de Khnoum, Ermant (temple de Montou), Wadi Mourghara gardent également encore des traces de ses constructions. Hatshepsout apparaît dans les sources la dernière fois en l'an 20, l'année où Thoutmosis III est représenté comme son égal pour la première fois. Manéthon donne à Hatshepsout une durée de règne de 21 ans et de 9 mois. Elle est succédée par son corégent Thoutmosis III. Celui-ci, à partir de l'an 42, fait subir à Hatshepsout une "damnatio memoriae" : il fait effacer son nom des monuments, peut-être pour se venger d'avoir été tenu à l'écart du pouvoir aussi longtemps (mais, dans ce cas-là, pourquoi a t-il attendu 20 ans?).Les listes royales de la XIXe dynastie ne la mentionnent pas. Cependant, il est vraisemblable de penser, avec Joyce Tydesley, que cette omission est due au fait que les ramessides la considéraient comme une corégente, et non qu'ils entendaient la faire oublier. A la XXIe dynastie, son souvenir est encore vivace : la reine Henouttaouy et son mari le grand prêtre d'Amon Paynedjem I nomment leur fille Maâtkarê (le nom solaire d'Hatshepsout), et un de leur fils Menkheperrê (le nom solaire de Thoutmosis III). Cette Maâtkarê a un statut royal : elle est divine adoratrice d'Amon. C'est donc la preuve qu'Hatshepsout fascinait aussi les anciens égyptiens. Il semblerait qu'Hatshepsout n'ait eu qu'une fille, Néférourê, dont Senmout était le tuteur.
Hatshepsout fait construire
une première tombe quand elle n'était encore que grande épouse de
Thoutmosis II. Devenue reine, elle fait creuser une seconde tombe pour être
enterrée avec son père
Hatshepsout la pharaonne ressuscitéeHatshepsout est la seule femme à avoir régné sur l'Egypte antique au temps de sa splendeur. Et quel règne! Sa momie vient d'être identifiée 3 500 ans après sa mort.
Découverte en 1824, la tombe K20 fut identifiée
en 1903 comme celle d'Hatshepsout et de Thoutmosis Ier par l'archéologue
Howard Carter. Seul problème: elle était vide. Si, depuis, la momie du
pharaon a été retrouvée - Le Museum of Fine Arts de Boston (Etats-Unis)
l'a acquise - celle de la pharaonne s'était envolée. Elle vient d'être
retrouvée et authentifiée au Caire. Certes, il y eut Néfertiti et Cléopâtre... Mais, de toutes les figures féminines au pouvoir dans l'Egypte antique, Hatshepsout fut sans doute la plus brillante. La "première des premières", dont les reliques viennent d'être identifiées, fut la seule reine, pharaonne jusqu'au bout des ongles. Un personnage d'exception : en exerçant réellement le pouvoir il y a plus de trois mille cinq cents ans, alors que la civilisation égyptienne, à l'aube de la XVIIIe dynastie, se trouvait au faîte de sa grandeur, elle ne se cantonna pas à son rôle de grande épouse royale, comme Néfertiti. Ensuite, contrairement à Cléopâtre la Macédonienne, elle était du pays." Hatshepsout
descend en ligne directe de ce qui se fit de mieux en matière de
pharaons: son arrière-arrière-grand-père, Ahmosis, bouta les
envahisseurs hyksos hors du royaume; son père, Touthmosis Ier, fit de
même avec les remuants Koush, au sud. Mais cet illustre guerrier eut à
l'évidence plus de mal à assurer sa succession... Il eut trois fils: les
deux premiers disparurent en bas âge et, devant le peu d'envergure du
troisième, souvent présenté comme un demeuré, le pharaon décida
d'associer sa fille au pouvoir et de la marier avec... son falot
rejeton.
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