LE NIL

 



Le Nil (An-Nil en arabe), avec ses 6.671 km, est le plus long fleuve du monde. Il est issu de la rencontre du Nil-Blanc et du Nil-Bleu. Le Nil-Blanc (Bahr-el-Abiad) prend sa source au Lac Victoria (Ouganda), le Nil-Bleu (Bahr-el-Azrak) est issu du Lac Tana (Ethiopie). Ils s'unissent à Khartoum, capitale du Soudan actuel et se jette en Égypte dans la Méditerranée . Il traverse le Rwanda, le Burundi, la République démocratique du Congo, la Tanzanie, le Kenya, l'Ouganda, l'Éthiopie, l'Érythrée, le Soudan et l'Égypte.

 

Le Nil sera la voie principale empruntée par les Égyptiens pour se déplacer. Ses crues fertiliseront la terre et garantiront l'abondance. Le fleuve jouera un rôle important dans l'Égypte antique, du point de vue économique, social (c'était autour de lui que se trouvaient les plus grandes villes), agricole (grâce au précieux limon des crues) et religieux. Il ne sera pourtant jamais divinisé.

 

La crue du Nil, qui intervenait chaque été et charriait le limon noir, restera longtemps un phénomène inexpliqué. C'est de ce limon noir que vient le nom antique de l'Égypte, Kemet, qui veut dire "la terre noire". C'est une région marécageuse qui depuis l'antiquité a toujours été riche en faune et flore. Le papyrus égyptien vient en grande partie de cette région.

En Égypte, le Nil se transforme en un immense lac artificiel, le lac Nasser, long de plus de 500 km de long (350 km en Égypte). Conséquence de la construction du barrage d'Assouan, le lac a permis l’irrigation de quelque 650 000 ha de terres, mais a également entraîné la submersion de monuments antiques ainsi que le déplacement des temples d'Abou Simbel. Après Assouan, le Nil coule dans une vallée étroite (moins de 30 km de large) et fertile, très densément peuplée, site de nombreux monuments, notamment à Louxor et Thèbes. Le Nil atteint enfin Le Caire pour se jeter 150 km plus loin dans la Méditerranée par un delta de 24 000 km2 limité à l’ouest par Rosette et le port d'Alexandrie, et à l’est par Damiette et Port-Saïd.

 

Au temps des pharaons, dit la légende, les égyptiens calmaient les dieux qui alimentaient la source du Nil, par des offrandes qui remontaient le fleuve en direction du royaume d’Ethiopie. Ces marques de gratitude avaient leur raison d’être: aujourd’hui encore, près de 86 % des eaux qui irriguent le sol aride de l’Egypte proviennent du Nil Bleu, né en Ethiopie.
Il va sans dire que cet échange à sens unique entre l’Egypte et l’Ethiopie – l’un manquant d’eau et l’autre la fournissant gratuitement – n’a pas toujours suscité des relations harmonieuses. En 1979, le Nil devint même un enjeu prioritaire de sécurité nationale.


On ne peut pas ignorer le caractère explosif du problème. Près de 95 % de la population égyptienne s’entassent sur la bande fertile qui borde le Nil et son delta, seule ressource en eau du pays. Pauvre et sous-développée, l’Ethiopie subit, depuis les années 1970, des sécheresses régulières qui ont causé des millions de morts. Actuellement, le pays ne consomme que 2 % de ses ressources en eau. Le Nil Bleu, dont la source principale est le lac Tana, est considéré depuis longtemps comme une richesse exploitable pour l’irrigation, la production hydroélectrique et la croissance d’un pays dont la population a toutes les chances d’augmenter.