Fils
de Séthi 1er et troisième pharaon de la XIXème dynastie,
son nom de couronnement est Ousermaâtrê-Setepenrê. De part
la longueur exceptionnelle de son règne, on possède
beaucoup de documentation sur lui. Il construisit beaucoup
de monuments, mais il est clair aujourd’hui qu’il «
usurpa » de nombreuses constructions édifiées par ces prédécesseurs
pour les réactiver magiquement.
Ramsès
était grand, comme Seth son dieu protecteur, qui n’avait
pas à son époque les connotations maléfiques qu’on lui
connut plus tard. Sa mère était la reine Touy, épouse de Séthi
Ier et sa disparition au début de son règne l’affecta
fortement.
Séthi
1er, son père, l’associe très tôt au trône et il sera
couronné corégent bien avant la mort de celui-ci pour éviter
toute crise de succession. Dès cette époque il commencera
son entreprise de construction à Abydos et à Beit el-Ouali .
Dès le début de son règne il s’attache à remettre en
route l’exploitation des mines d’or de Nubie, région ou
il avait conduit sa première expédition militaire en tant
que corégent. Il s’attaque aussi à l’édification des
sa nouvelle capitale Pi-Ramsès, construite dans une région
plus proche de la scène asiatique à proximité de
l’ancienne capitale Hyksos, Avaris.

Comme
son père Séthi 1er, il s’attache à faire disparaître
toutes traces de l’époque Amarnienne tout en intégrant une
partie de l’héritage solaire d’Aton. Tout au long de sa
vie, il s’ingéniera à travers ses nombreuses
constructions, à diviniser sa personne royale ; en se faisant
par exemple représenter aux cotés des dieux Ptah, Amon et Rê
dans le naos du grand temple d’Abou Simbel.
A
Karnak il décore la partie sud de la salle hypostyle que son
père n’avait pu achever. C’est aussi dans la région thébaine
qu’il fera élever son temple de million d’années, le
Ramesseum.
Toutes
les décorations qui lui sont attribuées sont exécutées
avec la technique dite « relief dans le creux ». La majorité
de ces représentations tournent autour de la royauté, du
couronnement et des fêtes jubilaires. A Karnak toujours, il
fait construire le temple de l’Est autour de l’obélisque
unique de Thoutmosis III faisant disparaître du même coup
le temple dédié à Aton érigé par Akhenaton. Il complètera
aussi le temple du Ka d’Aménophis III à Louqsor par une
cour monumentale, nouvel accès au temple, que l’on peut
considérer comme un autre temple de millions d’années.
A
Abydos il achève le temple votif entamé par Séthi 1er sans
que l’on puisse définir s’il se contente d’achever les
travaux en suivant le plan initial ou s’il s’ingénie à
faire tourner toute l’iconographie du monument autour de sa
royale personne.
Les
vestiges de son propre temple à Abydos sont malheureusement
trop abîmés pour que l’on puisse y discerner le programme
iconographique que Ramsès a voulu lui donner.

L’étude
des papyrus révèle aussi des constructions à Memphis et à
Héliopolis, mais il n’en reste rien sur le terrain qui
puisse permettre de connaître leur importance dans le
dispositif magique que Ramsès à mis en place tout au long de
la vallée du Nil.
La
politique intérieure de Ramsès II est dans la continuité de
celle de son père. Ils ont par exemple partagé le même
vizir Paser. La situation aux limites sud de l’empire est
calme. Le pays de Kouch étant géré par un vice-roi tout dévoué
à Pharaon. Le réseau de forteresse construit à l’ouest du
pays permet de contenir les hordes de bédouins Chassou et les
Libyens. La flotte égyptienne s’oppose au débarquement des
pirates Chardannes depuis ses bases dans le delta.
Mais
le fait le plus marquant du règne, et le plus représenté,
est sans nul doute la bataille de Qadesh et la lutte
d’influence entre l’Egypte et les Hittites au
Moyen-Orient.

Les
Hittites dont l’empire va de l’Anatolie à l’actuelle
Syrie dispute à l’Egypte le leadership de la région. En
l’an IV de son règne, Ramsès emmène son armée jusqu’en
Phénicie ou il noue une alliance avec les rois du pays d’Amourou
mais dès l’an V c’est l’état de guerre ouverte entre
l’Egypte et la Hatti qui aboutit à la bataille de Qadesh.
Malgré les inscriptions victorieuses que Ramsès fit graver
sur les murs de nombreux temples, cette confrontation renvoie
les deux empires dos à dos et débouche sur le premier traité
de paix connu de l’histoire. Cet accord sera suivi du
mariage de Ramsès avec deux princesses hittites et d’une
importante correspondance entre les membres des deux familles
royales.

Pendant
les vingt premières années de son règne, Ramsès est
presque toujours représenté avec son épouse Nefertari (ou Nofretari pour certains auteurs), manifestation terrestre de
la part féminine des divinités, incarnation vivante d’Hathor
et d’Isis. En cela il suit le mouvement initié par Aménophis
III et la reine Tiyi ou Akhenaton et Néfertiti . Néfertari
apparaît ainsi sous les traits d’un hippopotame femelle
gravé sur une stèle du Gebel Silsileh dédié à
l’inondation et au Nil.
Ramsès
a aussi dédié entièrement le petit temple d’Abou Simbel
à son épouse. Elle y apparaît sous les traits d’Hathor
donnant naissance à Pharaon divinisé. Il semble qu’elle
ait été divinisée de son vivant à l’instar de la reine
Tiyi. Après sa disparition, dont on ne connaît pas les détails,
c’est sa fille Meritamon qui prend sa place de grande épouse
royale. Mais Ramsès eut aussi nombres d’épouses
secondaires et de concubines. Les enfants royaux ce compte par
centaine sans que l’on sache avec précision s’il s’agit
de paternité réelle ou honorifique. On a d’ailleurs découvert
récemment une tombe commune d’enfant mort en bas âge dans
la vallée des rois.

A
cause de sa longévité inaccoutumée, Ramsès survécut à
plusieurs de ses héritiers légitimes. Ainsi l’Horus dans
le nid Amonherkhepeshef fut le prince héritier attitré
pendant toute la première partie du règne de Ramsès. A sa
mort c’est Khaemouset, fils de l’épouse secondaire
Isisnofret qui devint le successeur désigné. Il mena une
carrière très active en tant que grand prêtre de Ptah à
Memphis. Mais ce fut finalement Merenptah, treizième fils de
pharaon, qui lui succéda à la tête du Double Pays. Ramsès
s’éteignit dans sa quatre-vingt-dixième année souffrant
d’arthrite et des dents comme le révélera l’étude de sa
momie.
Il
fut inhumé dans une tombe de la vallée des rois, une des
plus grandes et des plus richement décoré. Elle fut
malheureusement entièrement pillée sous les dynasties
suivantes et on ne peut qu’imaginer l’ampleur de son trésor
funéraire à l’aune de celui d’un pharaon mineur comme
Toutankhamon. Sa momie fut déménagée dans la cachette de
Deir el-Medineh , sans doute à l’instigation du Prêtre-Pharaon
Hérihor, elle y fut retrouvée dans un sarcophage appartenant
sans doute à Horemheb. Après avoir été restauré à Paris
dans les années soixante, elle se trouve maintenant au musée
du Caire.
Le
long règne de Ramsès et les crises de succession qui le
suivirent marque la fin de l’âge d’or de l’Egypte. Plus
jamais cette civilisation millénaire ne retrouvera son lustre
d’antan.

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