ASTRONOMIE
EGYPTIENNE
En
Egypte,
les astres étaient des dieux. C'était le
dieu-soleil, Atoum, le dieu du monde, le père
des dieux créateurs de l'univers. C'était la
déesse Hathor, la belle étoile Sirius, la plus
brillante étoile du ciel. Dieux et déesses
constituaient ainsi les personnages des mythes
les plus ancestraux, telle cette cosmogonie de
la plus ancienne doctrine religieuse de
l'Égypte, celle d'Héliopolis.
Atoum, le
dieu-soleil, y apparaît comme le dieu
primordial. Son nom signifie " le tout,
l'univers ".
Atoum peut
donc être vu comme le Tout né du Non-Etre. Plus
précisément, les égyptiens l'imaginaient comme
le démiurge, le dieu qui avait organisé en
cosmos un milieu naturel initial, incréé et non
structuré, d'où il aurait spontanément surgi: le
Noun, les Eaux Primordiales.
De sa
semence, Atoum, le dieu géniteur, engendrera le
premier couple de dieux cosmiques: le dieu Chou,
l'air et la déesse Tefnout,
l'humidité.
Ceux-ci
donneront naissance au second couple de dieux
cosmiques: le dieu Geb, la Terre et la déesse
Nout, le ciel.
Enfin,
ceux-là enfanteront à leur tour Osiris et
Isis, Seth et Nephtys. En tout, neuf dieux, la
célèbre ennéade d'Héliopolis.
On notera
le caractère très anthropomorphique de cette
cosmogonie. Les dieux y vivent par couples,
comme les hommes, ont des enfants, comme les
hommes. On remarquera aussi la primauté accordée
aux éléments indispensables à la vie, l'air et
l'humidité, sur les éléments cosmiques
proprement dits, la Terre et le
ciel.
Cette
cosmogonie débouche sur un mythe
ancestral, le mythe osirien. On y trouvait
la réponse aux grandes questions morales ou
métaphysiques, sur le bien, le mal, la vie, la
mort, l'au-delà, la résurrection, qui touchaient
tout un chacun de beaucoup plus près que les
questions cosmologiques ou
cosmogoniques.
Dans ce
mythe, le dieu Seth jalouse son frère, lui tend
un piège et le tue. Osiris, ainsi ravi à la vie
terrestre par l'esprit du mal, sera ressuscité
par l'amour de son épouse, la déesse Isis, qui
lui insufflera le souffle de la vie éternelle,
cependant qu'elle concevra leur fils, le dieu
Horus, qui sera le vengeur de son père et
épousera la belle déesse Hathor.
Hathor
fut la déesse de la beauté, de l'amour, la
déesse de la musique, de la danse et des chants.
Les égyptiens l'appelleront l'Œil de Râ, l'Or
des Dieux, la Dame de Dendérah, Ta-n-nètrèt en
égyptien, la terre de la déesse. Le nom de son
étoile, Sirius, est Sopdet en égyptien, écrit
avec le hiéroglyphe du couteau de boucher.
Sopdet, c'était la tranchante, la pointue. Les
grecs ont vocalisé ce nom en Sothis, sur lequel
nous avons formé l'adjectif sothiaque, qui
qualifie tout ce qui se rapporte à
Sirius.
Profondément enracinées dans l'âme
égyptienne, toutes ces croyances présentaient
Osiris et Isis comme le couple divin de la
félicité céleste dans l'au-delà, Horus et
Hathor, comme celui de la joie de vivre en ce
monde. On s'explique ainsi la ferveur du peuple
égyptien pour ces divinités, la continuité de
leurs cultes et la pérennité de leurs temples,
pourtant maintes fois détruits durant la très
longue histoire de l'Égypte, mais toujours
reconstruits à l'identique, le temple d'Osiris
en Abydos, celui d'Isis à Philae, ceux d'Horus à
Edfou et d'Hathor à Dendérah.
Chez
ce peuple si profondément religieux, astronomie
et religion ne pouvaient exister qu'en étroite
symbiose. Aussi, l'astronomie n'était-elle
pratiquée que dans les temples, à des fins
essentiellement religieuses, datation des fêtes,
établissement des horaires des rituels diurnes
ou nocturnes, par des prêtres-astronomes
exclusivement. Mais ceux-ci observaient alors
avec une réelle méticulosité et une régularité
parfaites les mouvements, les passages, les
retours de ces astres-dieux, qui rythmaient le
temps des hommes de leur perfection
divine.
L'astronomie égyptienne prit à ces
pratiques un caractère essentiellement
chronologique. On n'y trouve aucune tentative
cosmologique véritable, aucune description
quelque peu détaillée, même des plus naïves, de
l'univers. Tout au plus, la représentation
conventionnelle de la déesse du ciel, Nout,
pieds et mains au sol, le corps horizontal,
suggérant l'idée d'un ciel plat surmontant une
Terre plate et soutenu par quatre piliers
cardinaux, à l'image d'ailleurs du déterminatif
hiéroglyphique de son nom. Mais, même là, l'idée
temporelle du mouvement était sous-jacente: la
déesse dévorait chaque soir le Soleil et
accouchait chaque matin d'un nouveau
Soleil.
Les cycles
temporels des astres occupèrent donc la plus
grande partie de l'astronomie égyptienne, au
premier rang desquels figure évidemment le cycle
diurne du soleil, fixant la durée du
jour.
Le
dieu-soleil avait trois hypostases, trois formes
qu'il revêtait successivement chaque
jour.
Il était
Hèpri le matin, " Celui qui apparaît ", du verbe
Hèpèr, apparaître mais aussi devenir, écrit à
l'aide du hiéroglyphe du scarabée. Qui n'avait
vu en effet, en Égypte, le scarabée surgir,
apparaître brusquement du sable où il se terrait
et ses soudaines apparitions ne surprenaient pas
moins le marcheur du désert que les multiples
"devenirs" de l'insecte, au cours de ses
métamorphoses.
Au milieu
du jour, le Soleil était le dieu Râ, dans la
toute-puissance de son éblouissante
splendeur.
Il était
enfin Atoum le soir, le Soleil accompli, qui va
mourir et s'éteindre à l'ouest, dans le monde
des ténèbres, mais pour renaître le lendemain
matin en un nouveau Hèpri, un nouveau devenir du
Soleil.
Le destin
de l'homme pouvait être à l'image de ce cycle
divin du Soleil, avec la naissance, la vie, la
mort et la résurrection. Le cycle diurne du
Soleil mesurait le temps des hommes en nombres
entiers de jours.
L'autre
cycle temporel important était celui du retour
annuel de la déesse Hathor dans le ciel
d'Égypte. Demeurée invisible pendant de
nombreuses semaines (70 jours), l'étoile Sirius
réapparaissait un beau matin, dans les premières
lueurs de l'aube, un peu avant le lever du
Soleil, en fait près de 40 minutes avant.
C'était là ce que nous appelons le lever
héliaque de l'étoile. Un phénomène difficile à
saisir, fugitif, car l'aube devient rapidement
trop brillante pour que l'étoile continue à y
être visible. Un phénomène, qui exige d'autre
part, pour son observation, une parfaite
transparence atmosphérique à l'horizon,
condition presque toujours réalisée sous le beau
ciel de l'Égypte antique, en été, époque du
lever héliaque de Sirius.
La veille
encore, l'étoile était angulairement trop proche
du Soleil pour être visible dans l'aube matinale
et le lendemain, ce ne serait plus du jeu !
Ainsi, le lever héliaque de Sirius
correspondait-il à un jour très précis de
l'année, le jour de l'an égyptien, qui était
l'occasion d'une très grande fête, religieuse et
profane, la fête de " l'Union au Disque ", les
noces mystiques de la déesse Hathor et du
dieu-soleil, Atoum, qui revenait en ce jour
l'inonder de ses rayons, lui insufflant ainsi sa
puissance divine pour l'année à
venir.
Cet
évènement astronomique, de très grande
importance dans les croyances religieuses
égyptiennes, se reproduisait d'année en année,
avec une période très voisine de l'année
tropique astronomique de 365,2422 jours, mais
qui ne lui est pas égale et qui n'est pas, non
plus, constante et cela, à cause de deux
phénomènes astronomiques, bien connus de nos
jours, mais évidemment ignorés des égyptiens: la
précession des équinoxes et le mouvement propre
de l'étoile. Sirius est une étoile brillante,
proche, à grand mouvement propre.
Nous
pouvons calculer aujourd'hui la période du lever
héliaque de Sirius pour les derniers millénaires
écoulés. Elle fut d'abord décroissante, puis
stable, puis croissante, comme elle l'est encore
aujourd'hui. Cependant, par la plus curieuse des
coïncidences, son époque de stabilité coïncida
juste avec les quelque 3000 ans de l'histoire de
l'Égypte antique, de ses premières dynasties
jusqu'à l'époque gréco-romaine et la période
annuelle de ce lever héliaque y demeura
pratiquement constante et égale, avec une bonne
précision, à 365,25 jours.
Cette
heureuse conjoncture permit aux
prêtres-astronomes égyptiens de découvrir, très
tôt dans leur Histoire et en tout cas bien avant
les autres civilisations du bassin
méditerranéen, que la durée de l'année en nombre
entier de jours était de 365 jours et que, dans
un calendrier de 365 jours, le lever héliaque de
la déesse avancerait d'un jour tous les quatre
ans.
Les
égyptiens édifièrent donc un calendrier de 365
jours, fait d'une année "ronde" de 360 jours
(ronde, parce qu'il y a 360° sur le cercle) et
d'une période sacrée de 5 jours supplémentaires,
que les grecs appelleront "épagomènes" et qui
étaient consacrés aux 5 dieux cosmiques. Cette
année ronde était divisée en 12 mois de 30 jours
et les mois, chacun en 3 décades de 10 jours.
Les mois étaient regroupés par 4 en 3
saisons.
Mais un
calendrier de 365 jours, trop court par rapport
à l'année astronomique de 365,2422 jours, se
décalait par rapport aux saisons. Les prêtres le
savaient bien, comme ils auraient su d'ailleurs
immobiliser ce calendrier, en lui ajoutant, par
exemple, un 6è jour épagomène tous les quatre
ans. Mais ils se refusaient délibérément à le
faire. On dit même que Pharaon, au moment de son
intronisation devait prêter serment de ne jamais
ajouter ou retrancher un jour ou un mois au
calendrier, maintenant ainsi une succession
jamais interrompue d'années consécutives de 365
jours.
C'était là
la croyance en l'existence d'une double
temporalité: un temps des hommes, mesuré en
années entières de 365 jours et un temps des
dieux, mesuré en années de la déesse de 365
jours 1/4. Ces deux temps s'écartaient donc l'un
de l'autre, mais la mise en route initiale du
calendrier avait évidemment fait coïncider le
ler jour de ce calendrier avec un lever héliaque
de Sirius. Une telle coïncidence, désignée par
le terme grec quelque peu pédant
d'apokatastasis, devait se reproduire
d'elle-même, mais, à raison d'un jour tous les 4
ans, au bout d'une période de 365 fois 4 ans,
soit 1460 ans de 365 jours. Cette très longue
période est appelée période
sothiaque.
Ainsi,
certes, le temps des hommes s'écartait bien en
général du temps des dieux, mais pour finalement
venir s'y ressourcer tous les 1460 ans
égyptiens.
L'Égypte
était si traditionaliste que ce ne fut qu'à
l'époque hellénistique qu'un Pharaon, Ptolémée
III Evergète, se risqua à vouloir immobiliser le
calendrier, mais encore seulement en sa
position, sans oser aller jusqu'à le remettre
"au jour", en accord avec les saisons. Mais le
décret qu'il édicta alors, en 238 avant J.C.,
connu sous le nom de décret de Canope, demeura
lettre morte.
Par contre,
lorsque Jules César, en 45 avant J.C., un an
avant sa mort, fit venir d'Alexandrie
l'astronome Sosigène, pour remettre en ordre le
calendrier romain, celui-ci ne fit que
transposer le calendrier égyptien à la mode
romaine, avec des mois de 30 et 31 jours et le
jour de l'an au ler mars. Il n'hésita pas alors,
pour Rome, à utiliser l'artifice du jour
bissexte pour immobiliser ce calendrier, qui fut
appelé calendrier julien en l'honneur de Jules
César et donc, par son intermédiaire, le
calendrier égyptien apparaît comme l'ancêtre du
nôtre, à la retouche près de la réforme
calendérique du Pape Grégoire Xlll, en 1582. On
notera aussi que le calendrier républicain de la
Révolution Française était la réplique exacte et
intentionnelle d'ailleurs du calendrier
égyptien, avec sa même structure, mais avec un
jour bissexte tous les 4 ans.
Sans
l'avoir voulu, en immobilisant le calendrier
romain, Sosigène avait amorcé un effet de
boomrang. Quinze ans plus tard en effet, Auguste
allait imposer à l'Égypte, devenue province
impériale romaine, le calendrier julien en usage
à Rome. Mais encore une fois, I'application de
cette mesure s'étendit très difficilement
au-delà de la seule ville
d'Alexandrie.
Cette
pérennité du calendrier mobile égyptien, avec sa
suite ininterrompue d'années de 365 jours
consécutives, devait s'avérer une chance pour le
chronologiste, les événements de l'Histoire
égyptienne n'étant en effet datés que de l'année
du règne en cours. Or, il advint plusieurs fois
que des règnes fussent
concomitants.
Dès lors,
l'indication d'une date de lever héliaque de
Sirius permet sa datation absolue, sachant
qu'une coïncidence entre un lever héliaque et le
premier jour du calendrier avait eu lieu en 139
après J.C., ce qui fixe les deux précédentes en
1320 et 2779 avant J.C. La période sothiaque est
de 1460 années égyptiennes, soit 1459 années
juliennes ou grégoriennes.
Outre cette
astronomie calendérique, l'Égypte pratiqua aussi
une astronomie horaire, principalement pour
définir les heures des rituels
nocturnes.
Les
égyptiens divisaient arbitrairement le jour,
comme la nuit, en 12 "heures" et donc en heures
inégales au cours de l'année. Mais ces
inégalités n'étaient pas très grandes, dans un
pays déjà proche de l'équateur.
En un lieu
donné, la durée théorique du jour et de la nuit
se définit, de la façon la plus simple qui soit,
par les levers et couchers du Soleil. En Égypte,
le jour théorique le plus long est de 14 heures,
le plus court de 10 heures et il en va de même
pour la nuit théorique la plus longue et la plus
courte. Mais, pour les égyptiens, la durée du
jour était celle de la clarté du jour. Il
convient donc d'ajouter aux valeurs théoriques
ci-dessus la durée des crépuscules du matin et
du soir, d'environ I heure chacun. On trouve
alors 16 heures pour le jour le plus long (et
donc 8 heures pour la nuit la plus courte), 12
heures pour le jour le plus court (et donc 12
heures aussi pour la nuit la plus
longue).
Or un début
ou une fin de crépuscule sont des notions assez
floues et les Égyptiens semblent bien s'être
contentés de 3 types de nuit seulement: des
nuits de 8 h, 10 h et 12 h, en correspondance
avec les 3 saisons de 4 mois chacune de leur
calendrier.
On trouve,
dès le Nouvel Empire, des horloges à eau. En
forme de grands entonnoirs, elles se vidaient
par des tubes capillaires, dans la fabrication
desquels les égyptiens étaient passés maîtres.
Leur partie conique comprend 3 secteurs, chacun
divisé en 12 parties égales, mais d'inégale
hauteur et correspondant aux 3 types de nuit de
8, 10, 12 heures. Plus tard, d'autres clepsydres
comporteront 12 secteurs, définissant des durées
différentes de nuit pour chaque mois. Enfin,
encore plus tard, ces appareils introduiront
l'usage d'heures égales pour évaluer les durées
du jour et de la nuit, au cours de l'année. Sous
le règne d'AménophisIII, un ingénieur du nom
d'Amenemhat, assez en vue pour avoir mérité une
inscription sur les murs de Karnak, se glorifie
de leur invention.
Une série
de 36 étoiles de la zone équatoriale céleste,
espacées le plus régulièrement possible de 10°
en 10°, permirent, d'abord par leurs levers,
ultérieurement par leurs culminations, d'une
part, de déterminer de façon précise le début de
la nuit, de décade en décade, d'où le nom de
décans donné à ces étoiles; d'autre part, de
fixer, au cours d'une même nuit, le début des 11
autres heures de celles-ci.
L'observation de ces
culminations était une véritable mesure
méridienne: un jeune assistant est accroupi sur
la méridienne de l'observateur, dans la
direction du sud. Douze lignes de texte
indiquent les 12 décans à observer, ainsi que
leurs positions de transit par rapport aux
différentes parties du corps du jeune
homme.
Pour les
nuits de 10 ou 12 heures, la méthode reste la
même, car 10 = 8 x 1,25 et 12 = 8 x 1,5 et il
était facile de juger, à l'œil, du passage de la
moitié ou du quart d'un intervalle entre 2
décans successifs, tous deux visibles en même
temps, sur le ciel.
Pour la
première heure de la nuit, la liste des 36
décans se devait d'être établie de telle manière
que la culmination du décan définisse le début
de cette première heure avec exactitude, au
milieu de la décade qui lui correspondait,
c'est-à-dire les 6, 16 et 26 des mois et cela, à
cause de son avance de transit de près de 4
minutes par jour, 40 minutes par
décade.
Les autres
jours, dans un intervalle de 5° (20 minutes) de
part et d'autre du méridien, l'astronome
égyptien estimait à vue la position que devait
avoir le décan, en avance ou en retard sur son
passage au méridien pour définir l'instant du
début de la première heure de la
nuit.
En fin de
décade, le décan se trouvait alors, en ce début
de la première heure de la nuit, à 5° à droite
du méridien, alors que le décan suivant se
trouvait 5° à gauche du méridien et prenait
ainsi la relève pour la décade suivante; et
ainsi de suite, pour les 36 décans, sur toute
l'année.
Mais en fin
d'année, le 36è et dernier décan de la liste
culminait le 26 du dernier mois de l'année ronde
de 360 jours. Le décan suivant était donc à
nouveau le décan N°l de la liste, mais à cause
des 5 jours épagomènes, il culminerait non pas
le 6, mais le 1er de la 1ère décade de la
nouvelle année. Ainsi la liste pourrait encore
servir cette année-là mais les ler, 11 et 21 de
chaque mois.
Mais parce
que la durée de l'année astronomique n'est pas
de 365 jours entiers et que le jour sidéral
n'est pas égal au jour solaire, les listes de
décans ne pouvaient guère servir plus de deux
ans. De plus, chaque temple avait les siennes et
cela explique la profusion de ces listes, parmi
lesquelles les éminents spécialistes de
l'astronomie égyptienne que sont O. Neugebauer
et R.A. Parker réussirent à mettre un peu
d'ordre, en les classant par
familles.
Il convient
de noter aussi le rôle de l'astronomie, en
Égypte, dans l'orientation des monuments
religieux, temples, pyramides, par exemple. On
crut longtemps que les architectes utilisaient à
cette fin l'observation d'une étoile
polaire.
Pendant la
brillante époque hellénistique, la ville
d'Alexandrie en Égypte, avec son célèbre phare
considéré comme l'une des sept merveilles du
monde, fut elle-même le phare culturel,
intellectuel et artistique de tout le bassin
méditerranéen. Mais doit-on parler encore de
civilisation égyptienne ou de civilisation
grecque ? Plus tard pareillement, quand l'Égypte
sera devenue province impériale romaine, peut-on
considérer l'œuvre astronomique monumentale d'un
Claude Ptolémée comme encore représentative de
l'état d'esprit de l'astronomie égyptienne
?
Toutefois,
bien que datant de cette époque romaine, on ne
saurait passer sous silence le célèbre zodiaque
de Dendérah, que l'on s'accorde aujourd'hui à
reconnaître comme le plus beau monument
astronomique égyptien, même s'il est le fruit
d'une de ces largesses dont les empereurs
romains gratifièrent les temples de
l'Égypte.
Celui de
Dendérah, notamment, connut de somptueux
embellissements. Deux chapelles d'Osiris furent
édifiées sur la terrasse du temple, attestant,
selon le mythe, que deux des fragments du corps
d'Osiris, dispersés par son frère Seth dans
toute l'Égypte, auraient été retrouvés sur le
site de Dendérah, par la déesse Isis, son
épouse, lors de sa longue et patiente
quête.
Ces deux
chapelles constituaient un véritable
observatoire: l'une d'elles, à ciel ouvert pour
l'observation directe du ciel, l'autre,
contiguë, avec son plafond orné du grand
zodiaque circulaire. C'était là
l'instrumentation astronomique de l'époque, à la
fois planisphère céleste, calendrier julien
perpétuel et instrument
écliptique.
|