ART DE VIVRE EGYPTIEN

  

Les pharaons étaient amateurs de chasse, ils allaient quelquefois en terre rouge, au désert, pour chasser des antilopes, des gazelles, des hyènes. Ils aimaient beaucoup la pêche. On disait que les riverains du lac Fayoum, dans le Delta, étaient d’excellents pêcheurs. Ils avaient le talent de dénicher des poissons délicieux, tel que le mormyre, le cyprin, et le tilapia.

Déguster le poisson séché est une vieille tradition chez les égyptiens, ils raffolent de ce poisson mi salé, mi décomposé, appelé de nos jours le Fessikhe, pris à l’occasion de la fête Cheme-enissime (aspiration du zéphyr), célébrant le printemps. Les pharaons savourent pleinement les allées et venues des barques, à l’ombre des papyrus, des sycomores, deux arbres sacrés, ou des tamaris, des doums, des acacias, des jujubiers et des caroubiers.

 

L’abondance et l’opulence qui semblent marquer l’Egypte à travers ses âges, sont le fruit
d’une miraculeuse agriculture qu’arrosent les eaux du Nil, mais aussi d’expéditions et de
commerce extérieur, introduisant de plus en plus d’animaux et de végétaux utiles. Les banquets et les cérémonies d’offrandes dévoilent la diversité et la richesse de l’alimentation dans l’Egypte pharaonique. A Saqqara-nord l’archéologue anglais Emery, a découvert un mastaba de la IIème dynastie, renfermant un ensemble de plats funéraires en pierre, en terre et en céramique. Au menu ; du poisson, des cailles, du pigeon, du boeuf, du pain, des gâteaux, des fruits, ainqi que des jarres de bière, boisson favorite et nationale des égyptiens. Deux aliments partagés par les dignitaires et le peuple, sont le pain et la bière. On a recencé dans des menus funéraires 14 procédés pour préparer le pain, alors qu’un papyrus médical dénombre 17 sortes de bières. L’un d’entre elles, la Bouza, réservée aux plus démunis, est encore consommée dans certaines gargotes des quartiers pauvres. Il est étonnant de constater que dans la langue ancienne on appelait maison de bière tout lieu de débauche.

 

 

Les céréales, premier produit du sol égyptien, est la base de la nourriture durant toutes les périodes pharaoniques, l’orge "eiôt", et le blé amidonnier, "bôte", ont été nécessaires notamment pour la fabrication du pain et de la bière. A notre époque les céréales restent encore appréciées par les égyptiens, tout comme les légumineuses ; fèves, pois chiches, lentilles et petits pois, dont les traces furent trouvées à plusieurs reprises dans des tombes anciennes. La laitue par exemple, était arrosée avec une grande délicatesse, car elle était la plante du dieu Min. On appréciait également les poissons, les viandes, les volailles, les oies, dont la graisse servait à cuisiner, les canards, les pigeons, quelques oiseaux sauvages et le boeuf. Les égyptiens restent d’ailleurs de grands consommateurs de viande.

 

 

La terre donnait aussi de savoureux fruits, comme la datte qui servait de sucre et dont le jus
Fermenté devenait vin, fruit servant de remède contre les maux d’intestins, de reins, et contre
la stérilité, comme les noix du palmier doum, les figues de sycomore dites aujourd’hui ;
gambiz, ou encore tine Faraoune (figue du pharaon), les jujubes, les caroubes, les grenades,
les pommes, les pastèques, les melons, quant au précieux raisin, mûri et pressurisé, il était
destiné à emplir les grandes amphores de vin. Autre substance très appréciée chez les
égyptiens ; le miel. On lui attribuait mille et une vertus. On en consommait beaucoup, on en
offrait aux divinités.

Les descriptions de certains égyptologues, laissent à penser que la salle à manger au temps
des Ramsès, est remarquablement distincte des autres pièces, bien équipée pour accueillir
convenablement les convives. L’espace aménagé sur les terrasses des maisons, était meublé
de sièges et de tables sur lesquels on déposait des plats de viandes et de légumes, des pains
et des galettes, des corbeilles de fruits, des coupes en cristal remplies de miel, de lait ou d’oeufs,
des jarres de vin et surtout de bière.



En Egypte, dit-on, nul ne peut mourir de fain, car la terre produit assez de nourriture pour
tout le monde. Les égyptiens s’accordent pour avouer qu’il vivent pour manger quand le
reste du monde mange pour vivre ! En Egypte tout est pretexte à fête, joie, offrandes. Si les
égyptiens ont toujours bien mangé, c’est parce qu’ils ont très tôt, découvert les bienfaits et
les richesses de la nature.

LA PECHE

Les territoires de pêche étaient innombrables dans l’Egypte ancienne. Les égyptiens pêchaient dans les marécages, les marais particulièrement poissonneux, les canaux, et dans le Nil. Les frêles embarcations n’étaient faites ni pour la mer, ni pour les hautes eaux et les courants forts.

La pêche était à la fois l’occasion d’une sortie familiale pour les nobles et un travail à plein temps pour les pêcheurs professionnels. On pouvait la pratiquer toute l’année dans
les zones marécageuses du Nil et presque toutes les espèces de poissons étaient comestibles.
On reconnaît sur certains bas-reliefs, le mulet, la perche, l’anguille, la carpe, la tanche, le chromis,
différentes variétés de mormyres, poissons-chats et le tétrodon du Nil, appelé encore hérisson de mer. Un zoologiste français à distingué 24 espèces encore connues aujourd’hui.


Le poisson était un mets très apprécié des Egyptiens, qui en consommaient beaucoup plus que de viande et le mangeaient frais, séché ou saumuré. Aujourd’hui encore, ils sont friands
d’une préparation de poisson salé plus ou moins décomposé qui remonterait à l’époque pharaonique. Quant à la boutargue, sorte de caviar fait à base d’oeufs de mulets compressés séchés et salés, on voit sur quelques reliefs de mastabas qu’elle était fabriquée sur les lieux même de pêche. Un tabou d’ordre religieux interdisait cependant au personnel des temples de consommer du poisson et conseillait au commun des mortels de s’abstenir d’en manger avant d’entrer dans un temple. On considérait que toute espèce de poisson, comme tout
animal d’ailleurs, était la représentation d’une divinité connue du Panthéon égyptien qui pouvait se révéler sous une autre forme et exprimer sa colère. Mais ces dispositions ne
touchaient qu’une petite partie de la population qui se régalait de poissons que les dieux leurs accordaient.



Les techniques de pêche sont au point très tôt, on suppose qu’elles étaient connues depuis la Préhistoire. La pêche à la senne est la plus fructueuse : 2 équipes embarquées sur 2 bateaux entraînent loin du rivage un très grand filet qu’ils retiennent au bord de la barque par un câble. Arrivés en eau profonde, les hommes lâchent le filet qui s’enfonce verticalement, entraîné par le poids qu’ils ont mis à l’autre bout du bateau. Ramant sans bruit, ils surveillent l’arrivée des poissons et le remplissage du filet. Le jugeant assez plein,
ils le ramènent au rivage en tirant sur les câbles. Parfois la charge est si lourde qu’il faut une bretelle de traction et faire porter l’effort par l’épaule, ce qui blesse la chair.



La pêche à la nasse est pratiquée couramment, elle demande moins d’effort mais est moins rentable.
Elle a l’avantage de se passer de bateaux ; il suffit de savoir nager. Fabriquée en osier, la nasse est comme une grande bouteille, comme le principe du casier de nos jours. Au goulot on dispose un bouchon ou un noeud coulissant, tandis que l’autre extrémité est obturée par un rideau de tiges qui laissent passer les poissons. Les pêcheurs glissent dans appâts à l’intérieur et le dépose dans l’eau muni d’un flotteur. On va à 2 récupérer les nasses, espérant les trouver pleines. Le contenu est vidé directement dans le fond de la barque, et elle est replongée immédiatement. 

La pêche à la ligne et à l’épuisette se fait seul. Généralement ces 2 formes de pêches sont les occupations de temps libre des hommes des marais. L’épuisette utilisée ressemble à celle que l’on utilise actuellement, elle se compose d’un cadre de bois rectangulaire auquel est attaché un filet profond. Le pêcheur se tient debout sur sa barque ou sur les berges ; silence et patience sont de rigueur. Pour la pêche à la ligne, le pêcheur est assis dans la barque , laisse filer dans l’eau une ligne munie d’un hameçon et d’appâts. Il sait
que l’attente est longue, aussi, a t-il amené son repas. Dès qu’il sent la prise, il sort sa ligne et assomme le poisson d’un coup de maillet.



Le traitement des poissons se faisait selon la distance qui séparait les pêcheurs du domaine ; soit sur le bateau, soit arrivé à terre. La majeure partie de la pêche n’étant pas destinée à la consommation immédiate, il faut fendre vite les poissons, les vider, les mettre à sécher avant de les empiler, déjà durcis, dans des cageots bien aérés. 
 

Le lac Menzaleh, riche en poissons au moment où se produit l'inondation, a toujours été, depuis la plus haute antiquité, un lieu où les riverains se livraient à la chasse, à la pêche et à l'arrachage du papyrus. Le lac jouissait des effets conjugués des hautes eaux de l'inondation et des vents de nord-est, au point que les eaux se trouvaient en suspension. Au cours de cette période, les poissons de mer entraient dans le lac par les graus pour frayer en eau douce, tandis que le restant de l'année les eaux y étaient plus saumâtres. Les riverains, auxquels les dauphins jouant aux ouvertures sur la mer apportaient une aide involontaire, vivaient de cette activité saisonnière, exprimée par la statue des génies de la pêche, chacun représentés sous les traits d'Amenemhat III, et portant des plateaux d'offrande où s'empilent des poissons. La région du lac Menzaleh se consacra aussi à la filature et au tissage du lin et du coton. C'est là, dans l'île de Tinnis, jusqu'au XVe siècle, au coeur du lac, que survivent les ateliers produisant les plus belles étoffes d'Egypte. La production manufacturière se maintient dans la région de Damiette jusqu'au XVIIIe siècle.