PHARAON : SYMBOLE  DU POUVOIR

représentant divin 


La figure politique du pharaon a traversé les bouleversements de plus de trois millénaires d'histoire de l'Egypte ancienne.

Trois millénaires, 31 dynasties, 400 pharaons. La figure du Pharaon est d’une longévité impressionnante. Elle a traversé 3500 ans de l’histoire de l’Egypte. Elle a incarné l’unité d’un territoire assez immense sur une période exceptionnellement longue.

Pharaon est bien plus qu'un souverain : il est chef d'Etat mais aussi dieu, prêtre-roi, guerrier victorieux, tout comme il est homme et père vénéré bien après sa mort.

Khéops (IVe dynastie, 2551- 2528 av. J.-C.), Khéphren (IVe dynastie, 2520 – 2494 av. J.-C.), Akhenaton (XVIIIe dynastie, 1350 – 1333 av. J.C), Toutankhamon (XVIIIe dynastie, 1333 – 1323 av. J.C), Ramsès II (XIXe dynastie, 1279 – 1212 av. J.C), rares ont été dans l'histoire les souverains qui ont autant fasciné, fascination exercée tant par les empires qu'ils ont bâtis, que par la grandeur, la magnificence et le faste de leurs règnes : Pharaon, maître de la terre et de l'univers, Dieu parmi les Dieux et homme protégé des Dieux, roi aux pouvoirs sans limites sur les terres de la vallée du Nil, du Soudan à la Basse Egypte.


Le pays des pharaons, immense territoire unifié (les deux royaumes de la haute vallée du Nil et du Delta furent réunis autour de 3300 av. J.-C. ) est né au IIIe millénaire avant notre ère. Au sommet de cet empire règne le pharaon. Garant de l'équilibre du monde, il concentre tous les pouvoirs.

Héritier des dieux, il est le médiateur entre les mondes divin et terrestre. Ses emblèmes, ses couronnes spécifiques et ses apparences diverses (animal, enfant divin, guerrier victorieux) proclament son essence divine.

L'univers repose sur Pharaon, mandaté sur terre par les dieux pour s'opposer aux forces du mal et au chaos. Telle est la conception du monde dans l’ordre égyptien.

Pharaon gère le pays, l'administre, le préserve des troubles intérieurs comme des menaces extérieures. Il fait bâtir de nombreux temples aux facades imposantes ornées de statues impressionnantes à son effigie, celle d’un conquérant toujours victorieux.

Pharaon est également maître du temps car le début de son règne correspond à une ère nouvelle qui prend fin à sa mort. Le changement de règne prend une signification cosmique. Car si à la mort d'un roi le chaos menace l'ordre de l'univers, l'avènement d'un nouveau roi renouvelle la création originelle et rétablit l'équilibre de la nature.

Dieu parmi les dieux, Pharaon est aussi un homme à l’existence privilégiée partagée entre les arts et les plaisirs.


De nombreux textes et vestiges archéologiques relatent sa vie quotidienne à la cour, les voyages officiels qu’il entreprend le long du Nil, ses expéditions guerrières.

Dans l’intimité, Pharaon était entouré d'une vaste famille – chaque souverain avaient plusieurs épouses et plus encore d’enfants – ainsi que de nombreux courtisans et serviteurs. Pharaon évoluait dans le cadre fastueux et confortable de somptueux palais au sein de jardins fleuris et agrémentés d'étangs. Cela n’empêchait pas complots, intrigues de harem, et meurtres…
La rapide succession des rois, connue grâce aux archives de l’ancienne Egypte, démontre qu’en dépit de son aura, le souverain partageait avec le commun des mortels les aléas de l’existence.


Le terme de pharaon vient de l’égyptien « per-aâ », qui veut dire la grande maison. Après avoir désigné le palais, il a fini par désigner celui qui l’occupait. Mais en réalité, il ne s’est répandu en Egypte qu’à la fin de l’époque des pharaons, au premier millénaire avant JC.

Jusque-là, ce sont cinq autres noms distincts qui servaient de titre au souverain, cette ensemble se nommait titulature.



Né au IVe millénaire avant JC, le royaume des pharaons est le plus vieil Etat de l’humanité. Le pharaon a un pouvoir absolu sur un immense territoire unifié, alors qu’à la même époque, les petits Etats et les principautés d’Afrique et du Proche-Orient doivent côtoyer des tribus et des chefferies.

Pendant plus de trois millénaires, 400 pharaons, de 31 dynasties, se sont succédé. On distingue trois « Empires », l’Ancien empire (-2700-2200), le Moyen empire (-2033/-1710) et le Nouvel empire (-1550/-1069), séparés par des « périodes intermédiaires ».

Vers -3300,  alors que le pays est partagé en deux grands royaumes, Ménès soumet le nord, unifie l’Egypte et devient le premier pharaon de la Ire dynastie thinite.

L’Ancien empire est l’époque de la construction des pyramides, en particulier la IVe dynastie, avec les pharaons Khéops, Khéphren et Mykérinos, qui font construire les grandes pyramides de Gizeh.

Le Moyen empire est une époque troublée, qui se termine par 200 ans d’occupation par les Hyksos, venus de Syrie, de Palestine et d’Arabie. Un roi du sud, Ahmosis, fondateur de la XVIIIe dynastie, les chasse.

Le Nouvel empire, époque des XVIIIe, XIXe et XXe dynastie, est l’âge d’or de la civilisation égyptienne, avec un grand épanouissement des arts.

 

Le pharaon, héritier des dieux

Le pharaon règne sans partage sur l’Egypte. La société tout entière s’organise autour de la figure du souverain, héritier des dieux, intermédiaire entre le monde terrestre et l’univers des dieux. Le pharaon est installé sur Terre par le dieu créateur pour assurer l’harmonie entre les dieux et l’humanité.

La nature divine des pharaons se traduit notamment par les représentations grandioses auxquelles ils ont donné lieu. Quinze statues nous renvoient l’image de 3500 ans de souverains.

A l’époque prédynastique, une statuette de schiste étonnante, très stylisée, porte déjà la couronne de Haute Egypte, qui sera l’un des attributs des pharaons, et la barbe. Elle mesure 31 centimètres de haut
.



Rien à voir avec la statue monumentale de Toutankhamon, qui fait 3 mètres de haut et pèse 4 tonnes. Une taille qui reflète l’importance du pharaon dans la culture égyptienne. Ce jeune souverain n’a pourtant régné que dix ans, et il est mort à 18 ans.

De l'Ancien empire (2700-2200 av. J.C), on retient surtout une petite statue en albâtre de Khéphren trônant en majesté, dans une attitude qui personnifie  l'assurance du souverain.

Ces statues sont sculptées dans des matériaux divers, quartzite, albâtre, granit...

La tête colossale d’Akhénaton (Aménophis IV) est aussi particulièrement frappante. Ce pharaon de la XVIIIe dynastie s’est lancé, dès le début de son règne, dans de grandes réformes en abolissant le culte d’Amon pour lui substituer celui d’Aton, le disque solaire, dont il souhaitait faire un dieu unique.
Les traits de son visage, fins et proéminents, marquent une époque particulière.

 

Les attributs des pharaons

Signe de la longévité exceptionnelle du régime des pharaons, les souverains ont eu des attributs qui ont traversé les dynasties.

Les pharaons portent une double couronne, le pschent, qui symbolise l’unité du royaume : l’une, une mitre blanche avec un bulbe au sommet, est l’emblème de la Haute Egypte (sud), l’autre, ornée d’une volute, représente la Basse Egypte (nord).

Ils portent aussi sur la tête un cache-perruque en tissu rayé et empesé, le némès, qui couvre le front et descend pour revenir devant, sur les épaules. Apparue à la IIIe dynastie, cette coiffe est encore portée à l’époque romaine.



Autre attribut important, l’uraeus : il s’agit d’un cobra femelle qui se dresse sur l’avant de la tête du pharaon. Depuis la IVe dynastie, il symbolise la force.

Dans les représentations qu’on en a trouvé, les pharaons portent aussi un sceptre en bois terminé par un crochet, le héqa. Le souverain reçoit ce bâton de commandement le jour de son intronisation.et un flagellum. Ils portent également une longue barbe postiche, fine et tressée.

Le pharaon, garant de l'ordre

Pour gouverner le vaste territoire de son royaume, le pharaon s’appuie sur une armée, toujours représentée victorieuse, et une importante administration, ainsi que sur des prêtres.

Sur les bas-reliefs des temples, le pharaon était souvent représenté en train de terrasser ses ennemis, faisant de nombreux morts. Dans une peinture du Nouvel empire, on voit le souverain, sous les traits d’un lion, qui dévore un ennemi. Cette représentation ne reflétait pas forcément la réalité. Mais elle avait des vertus conjuratoires. Elle affirme et renforce la mission du pharaon, qui est le garant sur terre de l’ordre établi par les dieux.



Le vizir était le chef d’une administration très centralisée. Il avait droit à une noble sépulture. Témoin la statue de granit de Paser, vizir pendant le règne de Ramsès II, retrouvée dans le temple de Karnak. Les provinces étaient administrées par des gouverneurs.

 

L'héritage des pharaons

Sur 400 pharaons, seuls quelques-uns nous sont connus. Il ne s’agit pas forcément des plus importants dans l’histoire de l’Egypte. Mais de ceux qui ont laissé des traces.

Ce sont les monuments qu’ils ont fait édifier ou leurs sépultures qui ont pu nous les faire connaître, comme les pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos.

Aménophis II, dont le règne a duré 40 ans, a laissé les fameux colosses de Memnon.

Hatchepsout s’est fait construire un temple à Deir el-Bahari. Elle est l’une des rares « pharaonnes ». Seuls les hommes étaient généralement amenés à régner, mais à la mort de son mari, Thoutmosis II, son fils était trop jeune pour lui succéder, et elle a assuré la régence pendent une vingtaine d’années. Elle porte même la barbe postiche, l’un des attributs royaux, sur une statue en granit la représentant.



Outre les monuments, les pharaons nous sont connus par leurs sépultures. Les palais royaux, le mobilier et les objets qu’ils abritaient ont disparu avec leurs murs de brique crue, qui n’ont pas résisté au temps. Mais les sépultures royales, très élaborées, devaient permettre aux pharaons de renaître éternellement comme le soleil.

Pour leur assurer l’éternité, les tombes des rois renfermaient tout ce qui était nécessaire à la vie quotidienne après la mort. Ce sont de véritables trésors qu’elles abritaient. Des trésors qui sont rarement arrivés jusqu’à nous, car les sépultures ont été pillées pendant des siècles, parfois peu de temps après la mort du pharaon.