Irak
Sanglante Achoura
À la veille de la commémoration par les chiites du martyre de
Hussein, de nombreux attentats ont ensanglanté lIrak.
Les responsables chiites sattendaient, comme lannée passée, à des violences à loccasion de lAchoura. Leurs craintes étaient fondées : cette année encore, des attentats anti-chiites ont endeuillé le deuil chiite, le moment le plus intense dans la vie des musulmans chiites.
Depuis treize siècles, ces derniers commémorent dans la douleur
la mort (le « martyre ») de Hussein, fils dAli,
le gendre du prophète Mahomet. Hussein a été massacré
à Kerbala en 680 par les soldats du calife omeyyade Yazid, l« imposteur »
pour les partisans dAli dépossédé de la succession
du prophète à la suite dun arbitrage contesté. Les
partisans dAli (chiat Ali) ont donné naissance au chiisme,
cet islam de contestation qui communie chaque année à la date
anniversaire de la mort de Hussein lors de la bataille de Kerbala, le 10 du
mois de Moharram, premier mois du calendrier islamique, autrement dit lAchoura
(de achara, « dix » en arabe).
Les auteurs dattentats nont pas attendu ce samedi, jour de lAchoura,
pour sen prendre notamment mais pas seulement à des
objectifs chiites. Dès la veille, six attaques menées par des
kamikazes en dépit des strictes mesures de sécurité ont
fait 34 morts et plus de 50 blessés dans la capitale Bagdad et dans dautres
localités.
Une signification particulière cette année
Le groupe dAbou Moussab Al Zarqaoui, qui se réclame dAl Qaïda, a ainsi revendiqué une attaque suicide commise vendredi à Baaqouba qui a tué deux Irakiens et fait trois blessés.
Les lieux saints de Najaf et Kerbala, cibles lan dernier dattaques
meurtrières qui avaient fait plus de 170 morts lors de lAchoura
précédente, ont été jusquà présent
préservés en raison des mesures de sécurité draconiennes
prises pour éviter le renouvellement de telles attaques. En revanche,
ce samedi, un autobus a explosé dans le quartier chiite de Khadamiya
à Bagdad, faisant au moins quatre morts et 22 blessés.
Entre temps, des dizaines de milliers de pèlerins chiites célébraient
le deuil de Hussein en se flagellant jusquau sang, conformément
à la tradition, en expiation collective de la faute des partisans dAli
qui nont pas su protéger Hussein lors de la bataille de Kerbala.
Cette Achoura et les violences qui laccompagnent ont une signification
particulière cette année dans la mesure où elle intervient
deux semaines après les premières élections libres qui
ont vu triompher la coalition chiite inspirée par le grand ayatollah
Ali Sistani tandis que se poursuivent les tractation pour la formation du nouveau
gouvernement, portant notamment sur le choix dun nouveau Premier ministre
et dun président.
OLIVIER DA LAGE
19/02/2005