Proche-Orient
Arafat accepte «avec réserves» le plan Clinton
Trois heures d'entretiens à Washington entre Yasser Arafat et Bill Clinton n'ont pas permis de produire la percée diplomatique de dernière heure espérée par le président américain. Toutefois, le porte-parole de la Maison Blanche, au lendemain de la rencontre, a affirmé que le leader palestinien aurait accepté «avec réserves» le plan Clinton. Yasser Arafat devrait rendre publique sa position dans la journée de jeudi au terme d'une réunion du comité de suivi de la Ligue arabe au Caire.
On avait rarement vu Yasser Arafat aussi peu lokace. Le chef de l'OLP, qui
habituellement ne rate jamais une occasion de prononcer quelques mots devant
les journalistes est obstinément resté muet à l'issue de
ses entretiens avec Bill Clinton à la Maison Blanche.
Trois heures d'entretien au total en deux fois : plus de deux heures au cours
de l'après-midi dans le Bureau ovale d'où le président
palestinien est sorti en passant devant les journalistes pour s'engouffrer dans
une limousine, puis à nouveau une heure, cette fois dans les appartements
privés de Bill Clinton d'où Yasser Arafat est sorti par une porte
dérobée. En l'absence de commentaires palestiniens, il faut se
contenter de celui du porte-parole de la Maison Blanche, Jake Siewert, pour
qui le président Clinton a jugé ces discussions « utiles
» et « productives ».
Pessimisme partagé
Yasser Arafat aurait également promis d'intensifier ses efforts pour
réduire la violence et de reprendre la coopération avec Israël
en matière de sécurité. De son côté, le président
Clinton aurait répondu aux questions du président palestinien.
Venant d'Egypte, où il avait longuement rencontré le président
Moubarak, celui-ci était en effet venu demander des éclaircissements
sur le «Plan Clinton». Une liste de vingt-cinq points jugés
insuffisamment précis avait été dressé en commun
par les Palestiniens et les Egyptiens, qui comme souvent dans le passé,
servent non seulement de médiateurs dans ce conflit, mais aussi et surtout
de conseillers diplomatiques aux négociateurs palestiniens.
En Israël, les proches d'Ehoud Barak ne dissimulaient pas leur appréhension
devant les résultats des entretiens Barak Clinton, sans cacher non plus
leur pessimisme. Une percée à la Maison Blanche aurait représenté
pour le candidat travailliste aux élections du 6 février un coup
de pouce inespéré alors que son rival du Likoud Ariel Sharon,
qui caracole en tête dans les sondages, vient de surcroît de recevoir
le soutien de l'ancien chef de l'Etat travailliste Ezer Weizmann.
Le pessimisme est d'ailleurs partagé du côté palestinien.
Le ministre de l'information Yasser Abed Rabbo, l'un des hommes-clé de
l'équipe des négociateurs palestiniens, a qualifié d'«
acte de guerre » le projet d'Ehoud Barak de procéder à une
« séparation unilatérale » entre Israël et l'entité
palestinienne.
De quelque côté que l'on se tourne, les dernières semaines
du mandat de Bill Clinton, qui devait ûdu moins l'espérait-ilû
se terminer en apothéose par la signature d'un traité de paix
israélo-palestinien, prend chaque jour davantage l'allure d'une veillée
d'armes.
OLIVIER DA LAGE
03/01/2001