Proche-Orient
Arafat demande l'arrêt total des opérations contre Israël
Dans un discours télévisé marquant la fin du Ramadan, le
président palestinien a lancé un appel à larrêt
des attentats anti-israéliens et à la reprise des négociations.
LUnion européenne le lui avait solennellement demandé dans
ses déclarations du 10 et du 14 décembre, Yasser Arafat la
fait ce dimanche à loccasion de lAïd el-Fitr, la fête
qui marque la fin du Ramadan. Une demi-heure durant, le président palestinien
qui sexprimait pour la première fois à la télévision
palestinienne depuis fort longtemps, a déclaré à ladresse
de son peuple quil appelait «à larrêt total de
toutes les opérations, et notamment les attaques suicide que nous avons
toujours condamnées, et leurs commanditaires auront à répondre
de leurs actes». Martelant le message, Yasser Arafat a ajouté :
«Je réitère aujourdhui la nécessité
de mettre fin totalement et immédiatement à toutes les opérations
armées ». Il en va de même pour les attaques au mortier contre
les objectifs israéliens, qui « ne servent quà donner
des prétextes à Israël pour lancer des attaques contre nous».
Dans un second temps, le leader palestinien a reproché au Premier ministre
israélien Ariel Sharon, de mener une guerre farouche» contre le
peuple palestinien, son Aurtorité, ses ressources et sa sécurité,
appelant néanmoins Israël à reprendre les discussions politiques
: Les négociations sont lunique moyen de résoudre le conflit»
et le cessez-le-feu, quil a demandé à ses compatriotes de
respecter, est le moyen de permettre le retour au calme et à la table
des négociations.
«Il devrait cesser de prononcer des discours»
Les formulations étaient fort éloignées des discours
habituels du leader palestinien et reprenaient, mot pour mot, les phrases que
les responsables américains et européens notamment le pressaient
demployer, en arabe, en direction de son peuple.
Mais à lheure précise où Yasser Arafat prononçait
ce discours annoncé depuis la veille, la conseillère américaine
pour la sécurité nationale, Condoleeza Rice déclarait :
La chose la plus importante, le premier pas, consiste à ne plus mener
des actions de terrorisme contre Israël». Quant au porte-parole du
Premier ministre israélien, Raanan Gissin, il a balayé lintervention
dArafat dune phrase : «Il devrait cesser de prononcer des
discours et faire juste ce quil a à faire et alors, il pourrait
redevenir un facteur dont on peut tenir compte».
Ce dernier point est cependant nouveau, dans la bouche dun représentant
dAriel Sharon qui, quatre jours plus tôt, avait proclamé
Arafat « hors-jeu », soutenant quil appartenait désormais
à lhistoire. Mais tel nest pas lavis ni des Européens,
qui lont dit énergiquement samedi à Laeken, ni des Américains
qui, par la voix notamment de Colin Powell le secrétaire dÉtat,
ont rappelé, tout en le critiquant, quArafat restait pour eux un
interlocuteur. Les services de renseignements de larmée israélienne
estiment aussi que les pressions militaires et diplomatiques commencent à
porter leur fruit et quArafat pourrait être réinséré
dans le jeu politique. Mais en ce domaine, le dernier mot revient à Ariel
Sharon, ainsi quà George Bush dont rien nindique pour lheure
quils partagent cette analyse.
OLIVIER DA LAGE
16/12/2001