L’OL, un club sans histoire(s) ?

 

 

L’OL, c’est l’histoire du cancre devenu prix Nobel. De sa création en 1950 à l’arrivée du Président Aulas en 1987, le club lyonnais a plus connu les désillusions et les défaites que les cimes himalayennes. Retour sur une (longue) période de construction…

 

 

I. Des débuts laborieux…. (1950-1962)

 

 

Pour tous ceux qui restent sceptiques quant à la réalité d’une culture footballistique à Lyon, la simple lecture de la fiche du match de la première finale de la Coupe de France devrait suffire. En 1918, le FC Lyon, club qui est l’émanation des très nombreux clubs lyonnais (AS Lyonnaise, le CS Terreaux, le LOU) passe les différents tours et affronte en finale l’Olympique de Pantin. Les Lyonnais seront donc de cette première finale qui deviendra une véritable institution… Si le parcours a été assez limpide, la finale est plus disputée. Surtout les joueurs lyonnais tombent sur des joueurs bien plus forts qu’eux… En effet, les Weber, Orvain et autres Salmsa avaient bien du talent. Ils furent juste battus par d’extraordinaires attaquants parisiens comme Freuet et Darques. Et puis les Lyonnais avaient indéniablement le sens de la sportivité. En effet, en première mi-temps de cette la finale, après une action litigieuse, le gardien parisien Decoux frappe d’une droite tonique la mâchoire de l’attaquant lyonnais Salmson. L’arbitre renvoie le gardien parisien au vestiaire. Mais le capitaine lyonnais Roger Ebrard se dirige vers l’arbitre et lui explique qu’une exclusion… gâcherait la fin du match !! Autre époque, autres mœurs…. L’arbitre obtempère. Le FC Lyon perd logiquement cette coupe. Il faudra attendre presque 50 ans pour voir un club lyonnais au même niveau…

Pendant l’entre-deux-guerres, le foot lyonnais se fait discret. Si les rugbymen brillent avec 2 titres de champion de France, si les basketteurs de l’ASVEL s’apprêtent à truster les titres, le football à Lyon vivote. Un moment professionnel, la section foot du LOU sombre dans les profondeurs du classement de la D2. Certains dirigeants de la section en sont persuadés : devant l’omnipotence rugbystique, il faut se démarquer. Ces mêmes dirigeants créent un nouveau club qui sera monté en quelques jours : L’Olympique Lyonnais.  Le Progrès de Lyon écrit un petit article, en bas à droite de sa page sportive et annonce les noms des responsables du club ainsi que les couleurs des maillots : Bleu et rouge comme ceux de la ville. Mais manifestement, la création de l’OL n’est pas vraiment l’événement de l’année… Mais le club n’en a cure. Avec des moyens très limités, l’Olympique Lyonnais remporte son premier match professionnel de D2 en août 1950, 3-0 face au CA Paris. C’est le début d’une longue histoire…

 

La première saison débute bien. Le jeune club signe victoires sur victoires. Mais au cœur de l’hiver, les matchs deviennent plus calamiteux. L’entraîneur de l’époque Heissesser, ancien pro, rechausse les crampons et fait des miracles : l’OL revient dans la course et en fin de saison accède à la D1 ! Cette première montée provoque la joie des 6 000 spectateurs présents qui envahissent le terrain. Qui a dit que le public lyonnais était froid et intolérant ??…

Mais l’aventure tourne court. Malgré le renfort de joueurs expérimentés (Lerard, Schultz, Bonvin,…) en 1951, les Lyonnais sont rétrogradés en D2…

Il faudra attendre la saison 1953-1954 pour connaître la remontée. Le 20 septembre 1953, le leader de la D2, le CS Sedan, vient se faire étriller à Gerland (6-0). Puis, les hommes de Heissesser s’imposent devant tous les gros calibres du championnat et l’OL devient champion devant Troyes. La remontée est acquise. A l’intersaison, le board lyonnais réussit à garder son champion du monde Schultz et s’offre l’international Jacky Fatton. Malgré cela, les débuts sont catastrophiques. Le 22 août 1954, pour la première journée, les gones encaissent un sévère 7-3 contre l’OGC Nice. Le club appelle alors le célèbre Julien Darui mais éprouve les pires difficultés à rester en D1. L’OL s’accroche et parvient à se maintenir in extremis.

L’année 1955 s’annonce sous de bien meilleurs auspices. Le club rhodanien se stabilise en milieu de tableau et grâce à des apports comme Camille Ninel, milieu technique et physique, parvient à enchaîner les tours en coupe. Au printemps 1956, grâce à un match héroïque, les Lyonnais s’imposent face au grand OGCN, ogre du championnat de D1. Les joueurs « bleu et rouges » se découvrent de l’appétit. Le 6 mai 1956, en demi-finale de Coupe, disputée à Colombes, l’Olympique Lyonnais rencontre le CS Sedan. Dans un match très serré, les gones s’inclinent d’un petit but. Il faudra encore attendre pour soulever un trophée…

La fin des années 1950 ne restera pas dans les souvenirs des supporters lyonnais. En 1956, l’OL engage Lucien Cossou. Cet attaquant athlétique mais pas toujours régulier doit symboliser cette nouvelle volonté lyonnaise. Hélas, les résultats ne sont toujours pas au rendez-vous. En Coupe, les Lyonnais sont régulièrement éliminé en 8ème. En championnat, ils n’arrivent désespérément pas à s’extraire du milieu de tableau. Pire, lors des saisons 1960, 1961 et 1962, l’OL ne se sauve de la relégation que dans les dernières journées…

Résumons donc. La colonne "passif" est saturée : Le club s’est vu infligé en 1958 une amende de un million de francs pour « manœuvre illicite » de recrutement, et l’année suivante, l’équipe explose pour sa première participation à la Coupe des villes de foire à Milan où l’Inter crucifie les Lyonnais 7-0. Rajoutons que les entraîneurs se succèdent, que les stars engagées à prix d’or (Cossou, Della Cecca,…) n’ont pas leur plein rendement et que des événements extérieurs (comme le fait de perdre un match sur tapis vert pour « défaut d’éclairage ») viennent gâter le tout. Dans la colonne "actif" ? Rien ou pas grand-chose. Enfin, pas tout à fait… car toute une génération de jeunes joueurs frappe progressivement à la porte de l’équipe première. On apprendra très bientôt à scander leur nom du côté de Gerland et s’appellent Combin, Di Nallo ou Rambert…

L’effectif de l’OL1958

 

II. Le temps de la renommée (1962-1976)

 

 

La saison 1962-1963 marque un tournant dans l’histoire du club. Les jeunes pousses arrivent à maturité. Parallèlement, un nouvel entraîneur est promu. Il s’agit de Lucien Jasseron qui va révolutionner les méthodes lyonnaises. Le 2 décembre 1962, l’OL bat à Gerland le Stade Français 1-0. Cette courte victoire propulse le club rhodanien pour la première fois de son histoire à la tête du classement de D1. Lyon est même champion d’automne mais termine finalement… 5ème du championnat. Mais c’est le parcours en Coupe de France qui impressionne. Les Lyonnais enchaînent les victoires sur  Epinal, le Stade Français, Marseille, Sedan et Toulon. Le club est pour la première fois en finale de Coupe de France… Le 12 mai 1963, l’OL et l’ASM proposent un match insipide et ennuyeux qui se termine par un… 0-0. Il faudra donc rejouer une belle 11 jours plus tard. Di Nallo, qui flambe depuis le début d’année est laissé sur le banc après un match très quelconque, selon son entraîneur,  lors de la première finale. Comme la première manche, le spectacle n’est pas d’un grand niveau mais les Lyonnais s’accrochent et obtiennent un penalty largement mérité. Thalée Polak tire… et loupe…Il n’en faudra pas moins aux Monégasques pour se ressaisir et obtenir la victoire grâce à 2 buts de Cossou (ancien lyonnais…) et Casolari. Polak est inconsolable et la qualification pour la prochaine coupe d’Europe ne redonne pas le sourire à des Lyonnais dépités…

Cependant, sur leur lancée et leur beau parcours en coupe de France, les Lyonnais sont invincibles. Fleury Di Nallo est le symbole de ces nouveaux succès. Lancé dans le grand bain de la D1 à 17 ans, le 21 août 1961, ce petit lutin vif et rapide s’impose rapidement dans l’équipe-type. Il effectue en effet 7 apparitions lors de sa première saison puis devient titulaire indiscutable l’année suivante. Il faut aussi dire que Gerland, il connaît ! Né à quelques centaines de mètres du stade, Di Nallo a usé ses shorts et ses crampons sur les terrains attenants au stade et se rend régulièrement au stade pour aller encourager « son » équipe. Très vite, le gone devient le chouchou de Gerland. Le public et les journalistes vont très vite lui trouver un surnom. Il sera « Le Petit Prince de Gerland ». Mais Di Nallo n’est pas seul. Il peut compter sur la paire Combin-Rambert. Tous d’eux d’origine argentine, ils cumulent technique et adresse. Ils seront même sélectionnés sous le maillot bleu et apporteront leur toucher de balle et leur intelligence technique. Di Nallo, Combin, Rambert certes mais aussi Aubour, Djorkaeff… Ils seront tous les piliers de la formidable saison 1963-1964… Le championnat d’abord. L’OL termine à la meilleure place de son histoire : 4ème du fait d’une saison, certes sans génie, mais régulière. En Coupe de France, le club rhodanien parvient, pour une seconde fois consécutive, à atteindre la finale. Pour parvenir à ce résultat, les Lyonnais ont éliminé en 32ème Nîmes, puis c’est Forbach qui doit rendre les armes le 9 février 1964 sur deux inspirations de Combin. Trois semaines plus tard, le 1er mars, l’OL se défait de Cherbourg (3-0). En quart, les  Lyonnais se débarrassent de coriaces Lensois puis, en demi, de leurs voisins valenciennois (2-0). Retour à Colombes face aux Girondins de Bordeaux cette fois. C’est un match âpre, rugueux où les défenses prennent le pas sur les attaquants. Mais dans ce match aussi opaque que la brume des Flandres, le rayon de soleil vient de Nestor Combin qui inscrit un doublé et  permet aux rhodaniens de remporter leur premier trophée. Ce match ne restera pas dans l’imaginaire collectif (sauf pour les vieux supporters lyonnais…) mais permet aux hommes de Di Nallo d’arracher un premier trophée. Et c’est bien là l’essentiel…

 

Saison 1963-1964, acte III. Finaliste de la coupe de France la saison précédente, l’OL gagne son ticket pour la Coupe des Coupes la saison suivante puisque Monaco a réalisé le doublé Coupe-Championnat. Sur la scène européenne, l’OL est novice. Au premier tour, le club rhodanien est confronté à Odense. Le 9 octobre, les hommes de Jasseron entament bien la compétition en s’imposant 3-1 à Gerland puis récidivent sur le même score au Danemark. Qualification facile donc. Le tirage des 8ème est plus compliqué. Les camarades de Combin doivent rencontrer les Grecs de l’Olympiakos. Le match aller se déroule en terre rhodanienne et les bombardiers Combin et Di Nallo réussissent l’exploit d’empiler 4 buts à la défense grecque. Aubour n’ira chercher qu’une seule fois le ballon au fond de ses filets. C’est donc fort de cette avance que les Lyonnais pénètrent sur le stade grec de l’Olympiakos. Très vite, l’OL tangue et encaisse 2 buts. On craint le pire du côté des gones. Mais le bloc lyonnais se ressaisit. Pendant une heure, la défense tient bon. Mieux, à quelques minutes de la fin, Combin inscrit même un but. Ce match héroïque renforce incontestablement les liens du groupe lyonnais. Cependant, en quart de finale, le tirage désigne Hambourg et son redoutable attaquant Uwe Seeler. Au Volksparstation, les Lyonnais s’en sortent bien : 1-1. Au retour, devant près de 30 000 personnes, l’OL crée l’exploit et s’impose 2-0. Bonheur total ? Pas tout a fait puisque à quelques minutes de la fin, Combin se fait expulser. En effet, las du travail de sape et des tirages de maillot successifs, le jeune attaquant ne se retient plus : il frappe au visage son défenseur. La sanction est immédiate : les vestiaires… !! C’est donc sans sa vedette que le club lyonnais doit rencontrer en demi-finale le Sporting de Lisbonne qui vient d’étriller Manchester-United 5-0 ! Le 8 avril 1964, l’Olympique Lyonnais dispute donc sa première demi-finale de Coupe d’Europe de son histoire. Près de 40 000 spectateurs lyonnais ont fait le déplacement à Gerland. Jasseron reste fidèle à sa tactique : défendre coûte que coûte et jouer en contre. Le but de Di Nallo à la 23ème est annulé. Ce sera l’une des rares actions de ce match très fermé. Les spectateurs lyonnais ressortent frustrés. Pour beaucoup, l’OL a laissé passer sa chance. Le 21 avril, les Lyonnais et Portugais se retrouvent sur la pelouse du Stade Alvalade, devant plus de 60 000 spectateurs. Les affaires commencent bien : Di Nallo ouvre le score dès la 15ème minute mais en seconde mi-temps sur un penalty très discutable accordé par l’arbitre M. Tschencher, le Sporting refait son retard et égalise à un partout. 1-1 score final. Mais en 1964, le but inscrit à l’extérieur ne vaut pas double. Il faut donc passer par un match d’appui. Celui-ci se déroule le 5 mai à Madrid. Match encore une fois très fermé. Mais sur une erreur de Djorkaeff, le Sporting marque et prend la tête… pour ne plus jamais la quitter. L’OL est donc éliminé. A cette heure, cela reste encore le meilleur résultat du club en Coupe d’Europe…

 

Après une saison aussi mouvementée, la saison 1964-1965 va apparaître bien fade. D’abord, parce qu’à l’intersaison, Nestor Combin quitte le club pour renforcer la Juventus de Turin. Si l’OL remplit ses caisses, elle perd l’un des plus prolifiques buteurs de son histoire : 94 buts marqués, toutes compétitions confondues, entre 1960 et 1964 et surtout, cet attaquant longiligne et racé reste sur une dernière saison exceptionnelle : 23 buts en championnat, 8 en Coupe de France et 10 en Coupe d’Europe ! Le transfert est conclu pour 100 millions de lires soit 800 000 francs. Ce départ va causer la perte lyonnaise. Si l’OL réussit à terminer 6ème du championnat (malgré une claque monstrueuse lors du Derby et un retentissant 6-0), ils sont très rapidement éliminés en Coupe de France (32ème) et en Coupe d’Europe puisque le FC Porto s’impose au Portugal et à Gerland (0-1).

 

La saison 1965-1966 est pire : les Lyonnais sauvent de justesse leur peau en D1 en terminant 16ème du championnat

A l’intersaison 1966, beaucoup de changements interviennent au sein du club. C’est d’abord le départ de Lucien Jasseron. Celui qui avait donné ses premières lettres de noblesse à l’OL est remplacé sans ménagement par Lucien Hon. Ce dernier a déjà un passé d’entraîneur impressionnant, ayant coaché des équipes comme le Celta Vigo ou le Bétis Séville. Par ailleurs, certains cadres de l’équipe rhodanienne font leur valise comme Aubour, Djorkaeff ou Mignot qui s’occupera des jeunes du club. Tous ces changements provoquent des conséquences fâcheuses : le 21 août 1966, lors de la première journée du championnat, l’OL encaisse un retentissant 5-2 contres Nantes puis le 28 août, nouvelle débâcle avec un 4-0 contre Monaco. Cette saison qui s’annonçait comme celle de la transition devient vite délicate. Au final, les gones se sauvent de justesse et terminent à une bien modique 15ème place. Cependant, la Coupe va indéniablement sauver la saison des Lyonnais. Débuts 1967, l’OL s’impose sans trembler contre Saint-Dizier à Chaumont (3-1) puis rencontre l’ASSE. Victoire difficile mais qualification pour les 8ème (2-0). Petite mais importante victoire ensuite contre Rouen puis nouveau succès contre Angers, les deux sur le score de 1-0. L’OL s’est donc imposé sans coup férir jusqu’en demi. Le tirage semble assez facile : Angoulême, alors pensionnaire de D2. Début alors d’une demi-finale qui va rester dans les annales du foot français… Elle a lieu à Limoges, à quelques dizaines de kilomètres d’Angoulême. La foule est acquise à la cause des Charentais. Mais l’OL ne tremble pas. A la pause, Di Nallo (par deux fois) et Palka (36ème) pensent avoir plié le match. Erreur. Lors de la seconde mi-temps, les partenaires de Yves Goujon refont surface. Et reviennent à 3-3… ! Mais plus que le résultat, c’est la manière qui laisse perplexe. Lors de cette mi-temps, Angoumoisins et Lyonnais se sont livrés à une véritable guerre de tranchées et se sont échangé des coups très durs et déplorables. Lorsque l’arbitre siffle la fin du match, ce sont les insultes qui pleuvent, chaque camp accusant l’autre de malhonnêteté… Une belle est donc mise en place et elle se déroulera à… Saint-Etienne. On a connu mieux, côté lyonnais, comme terre d’asile… Les spectateurs prennent faits et causes pour Angoulême. Certains incidents sérieux ont même lieu dans les tribunes. Le deuxième match ne sera guère mieux que le premier. Plié en 8 minutes (but lyonnais par Robert à la 3ème et réplique angoumoisine à la 8ème), le reste du match ne sera que batailles, chamailleries, tacles au niveau des chevilles et des genoux… Chaque joueur veut venger son collègue. C’est donc à une parodie de football à laquelle  on assiste en ce 3 mai 1967. Match nul donc (au sens propre comme au figuré…) entre les deux équipes. Il faut donc se rencontrer une troisième fois ! Mais de toute manière, il n’y aura pas de quatrième fois car un obscur alinéa du règlement de la Coupe prévoit qu’en cas de troisième match, le vainqueur sera tiré au sort et l’utilisation de la technique de la pièce sera ainsi effectuée, comme dans toutes les cours de récréation du monde... Mais nous n’en sommes bien évidemment pas encore là. Le troisième acte a lieu au Stade Vélodrome de Marseille. Et cette fois, ce sont les joueurs d’Angoulême qui tiennent le bon bout : 1-0 à la pause. Mais à la 55ème, Di Nallo remet les pendules à l’heure. Prolongation et… match nul ! Il faudra donc passer par le terrible lancer de pièce… M. Vigliani, l’arbitre du match, convoque alors les deux capitaines dans son vestiaire. Et ce sont… les Lyonnais qui héritent de cette drôle de victoire. Di Nallo est fou de joie et Goujon, le capitaine angoumoisin, est dépité. Il demande à ses co-équipiers d’aller tout de même saluer le public. Ce dernier pense alors que ce sont les joueurs de D2 qui se sont qualifiés. Hurlements de joie chez les Charentais qui… déchantent très vite lorsque le speaker annonce la nouvelle : l’OL est en finale de coupe de France… Cette drôle de qualification restera dans l’histoire de l’Olympique Lyonnais en particulier mais dans celui du foot français en général ! Cet obstacle difficilement passé, les gones s’en vont jouer leur finale de Coupe au Parc des Princes, le 21 mai 1967. A leur arrivée sur la pelouse, certains spectateurs scandent « Angoulême ! Angoulême ! », preuve que visiblement, certains ont la rancune tenace… Peu importe. Les joueurs de Hon doivent rencontrer de féroces sochaliens qui sont donnés favoris. Mais les co-équipiers de Di Nallo restent sur leur tactique habituelle : une défense très hermétique et peu spectaculaire mais qui s’appuie sur un jeu en contre très rapide. Néanmoins, le début de match est emballant puisque Rambert ouvre la marque mais quelques minutes plus tard, le sochalien Leclerc égalise : un partout donc à la mi-temps. Reprise du match et ennui mortel dans les tribunes… Le cinquantenaire de la Coupe méritait sûrement mieux. Néanmoins, à quelques minutes de la fin, André Perrin frappe dans un angle mort… et marque. Il faut donc tenir. Les Lyonnais, fidèles à leur jeu, s’arc-boutent sur leur cage et défendent comme des morts-de-faim. C’est ainsi que Hector Maison dégage son camp et frappe le plus fort possible… en direction de la tribune présidentielle où le grand Charles de Gaulle récupère le ballon et le renvoie aux 22 acteurs. L’image fera le tour des rédactions et on oubliera très vite le troisième but de Di Nallo. Car l’OL remporte cette Coupe… la deuxième du club… La deuxième et pas la seconde car le temps des trophées n’est toujours pas mort…

Lors de la saison 1967/1968, l’OL s’engage donc dans 3 compétitions : championnat, Coupe de France et Coupe des vainqueurs de Coupes. Les deux premiers objectifs sont vite mis de côté : le club rhodanien termine une nouvelle fois dans le ventre mou du championnat (12ème) et éliminé en 8ème de finale de Coupe… par les amateurs de Quevilly ! Pas de quoi pavoiser. Non, le grand fait d’arme de cette saison reste l’aventure européenne. Au 1er tour, l’Olympique Lyonnais élimine sans forcer les Luxembourgeois d’Aris Bonnevoie (3-0 et 2-1 à Lyon). En 8ème, le tirage est moins favorable. Il faudra, pour se qualifier, terrasser Tottenham, vainqueur de la compétition quelques années auparavant. Le match aller se déroule à Gerland le 29 novembre 1967. Autant le dire tout de suite, ce match de football fut une véritable parodie de football ! Coups, expulsion, guerre de tranchée, tacles carotidiens… Les manchots rugbymen du LOU auraient été stupéfaits par tant de violence… ! Au final, l’OL s’impose 1-0. Mais la revanche promet d’être chaude, d’autant plus que dans la presse, les Anglais se répandent en discours bavards et orgueilleux. La qualification des Spurs ne devrait faire aucun doute. Du reste, le début de match retour, à White Hart Lane, confirme les propos londoniens. A la mi-temps, les Anglais mènent 2-0. Pire, sans les arrêts majestueux du gardien lyonnais Yves Chauveau, l’addition aurait pu être nettement plus salée. Mais au retour des vestiaires, les gones sont transformés. Ils marquent puis… encaissent un but… mais re-marquent dans la foulée ! Ce petit jeu du yoyo va poursuivre jusqu’à 4-3. Il reste 10 minutes. Il faut tenir, et çà, les Lyonnais savent faire. Depuis des années, ils pratiquent un jeu très défensif. Et cela paye. D’autant plus, que les buts inscrits à l’extérieur, désormais, comptent double. Face aux rudes attaques londoniennes, les gones tiennent bon. Au coup de sifflet final, les Lyonnais s’écroulent sur la pelouse. Il n’y a plus de chants anglais. Les hommes de Lucien Hon viennent de réussir leur premier exploit européen. En quart, l’OL doit affronter Hambourg, déjà rencontré quelques années auparavant. Au match aller, sur une grosse bourde de Bouana, les Allemands ouvrent le score par Dieckmann puis doublent par Doerfel. Le match retour s’annonce compliqué. Mais les Lyonnais s’accrochent : 1-0 par Di Nallo à la 18ème. Alors que l’arbitre semble siffler la fin du match et officialiser la qualification allemande, ce même Di Nallo réalise un exploit (encore un…) et bat Ozcan, le gardien du HSV. 2-0. Egalité sur l’ensemble des deux matchs. La règle des penalties n’est pas encore appliquée. Il faudra un troisième match. Il sera joué à Hambourg car les Allemands savent qu’ils feront recette. Ils proposent 20 % de celle-ci aux dirigeants lyonnais… qui acceptent. Les dés seront donc un peu pipés et le résultat évident : Hambourg s’impose 2-0 et l’OL sort piteusement de la Coupe d’Europe… une fois de plus…

 

L’intersaison 1968-1969 voit encore une fois de plus des changements dans l’effectif lyonnais. Aimé Mignot, joueur emblématique de l’OL entre 1955 et 1966 reprend les rênes sportifs du club. A la mi-octobre, le club rhodanien accueille Jan Popluhar, ancien finaliste tchèque de la coupe du monde en 1962. Malgré ce renfort, la saison est moyenne du fait notamment de la blessure importante de Di Nallo, qui lors de la 4ème journée le 22 septembre 1968, se brise la jambe. Néanmoins, il est remplacé par André Guy qui marque 25 buts lors de cette saison et termine… meilleur buteur du championnat !! Mais l’OL se retrouve une nouvelle fois dans le ventre mou de ce même championnat (9ème) et se fait rapidement éliminer de la Coupe de France. La seule bonne nouvelle vient en fin de saison mais personne ne le sait encore : le 15 mai 1969, un jeune joueur signe son premier contrat. Son nom ? Serge Chiesa. On en reparlera plus tard dans les travées de Gerland…

La saison 1969-1970 démarre sur les chapeaux de roue ! Di Nallo, absent pendant 11 mois, fait sa rentrée. Et quelle rentrée ! Le 6 août 1969, contre Bastia, il inscrit un doublé puis 3 jours plus tard, le 9 août, il réalise un triplé contre Sedan… ! L’OL est co-leader du championnat avec l’ASSE… Va-t-on vivre une saison excitante du côté de Gerland ? Que nenni… L’Olympique Lyonnais rentre dans le rang et encaisse, début octobre 1969, un mythique 7-1 face aux Verts… ! Au retour, les gones en prendront 6… 13 buts au total… Encore actuellement, dans les tribunes de Gerland, certains vieux supporters frissonnent encore lorsque l’on évoque la saison 1969-1970. Cependant, à l’instar du jeune Chiesa, un autre jeune lyonnais signe son premier contrat et débute le 7 décembre 1969 contre le Red Star : Bernard Lacombe signe plus qu’un contrat… mais véritablement un bail… Le championnat se termine à la 15ème place pour les gones. Dure époque…

En cette saison 1970-1971, l’OL repart avec ses jeunes (Chiesa, Lacombe…) mais se renforce de manière spectaculaire. En effet, Lubjomir Mihajlovic, ancien finaliste de la C1 en 1966 (avec le Partizan Belgrade) et Mario Cluna, lui aussi ancien finaliste de la C1 en 1962 et 1963 avec Benfica posent leurs bagages entre Rhône et Saône. Cependant, le club rhodanien se sépare au mois de décembre de son buteur André Guy. Mauvaise pioche comme on le verra plus tard… En championnat l’OL végète mais réussi à terminer à une honorable 7ème place. Mais c’est en Coupe de France que les Lyonnais se ressaisissent. Ils éliminent successivement Bourges, Cuiseaux puis… l’ASSE ! En effet, le 4 avril 1971, les hommes de Mignot se battent comme des lions devant plus de 30 000 spectateurs et éliminent l’ogre vert 2-0… Les gones continuent leur petit bonhomme de chemin et s’imposent en quart contre Dunkerque et éliminent, en demi, dans un match très âpre, le FC Sochaux. La voie de la finale contre Rennes est donc ouverte. Mais ce sont deux Lyonnais, qui viennent de signer chez les Bretons, qui seront les héros de cette finale. Marcel Aubour d’abord. L’ex-gardien lyonnais fait le spectacle sur et hors du terrain. Sur le terrain en premier, car il arrête tous les tirs et réalise des parades exceptionnelles. Hors du terrain ensuite car il joue avec des artichauts posés derrière ses buts et s’amuse joyeusement, lorsque les actions sont arrêtées ou loin de ses buts, à shooter dedans. Le public est ravi…. Le second homme du match est André Guy, qui a été transféré 6 mois auparavant de Lyon à Rennes. Il se vengera de ce départ qu’il ne voulait pas en transformant un penalty à la 63ème minute. C’en est fini des espoirs lyonnais…. L’OL est certes une équipe de coupe… mais qui perd souvent…

La saison 1971-1972 est celle de la révélation de Bernard Lacombe. Grâce à ses 19 buts en championnat, le club rhodanien termine à une très honorable 5ème place.

Rien à voir avec la saison 1972-1973 où l’OL retombe dans ses travers et termine 13ème championnat. Mais le club lyonnais retrouve de sa superbe encore une fois grâce à la Coupe de France. Surtout, c’est la triplette d’attaquants qui fait mouche. On connaissait Di Nallo. On découvre Chiesa et Lacombe. Chiesa est né le 25 décembre 1950. Son vrai nom est Nöel mais tout le monde l’appelle Serge. En 1967, il remporte le prix du jeune footballeur et devient le pilier de l’équipe de France juniors. L’ASSE lui fait les yeux doux. Mais il opte pour l’OL… Les raisons sont multiples mais c’est surtout son goût de la tranquillité qui le pousse à rester dans le Rhône. En effet, l’ASSE, ce sont les titres mais aussi les médias et leurs conséquences. Or le petit Chiesa préfère rester avec les siens, quitte à ce que sa carrière en pâtisse. Il refuse même l’Equipe de France ! Sifflé sur certains terrains français, il n’en démord pas. Et c’est tant mieux pour l’OL… qui peut compter sur ce joueur technique, rapide et vif. Et puis l’association avec le gone Lacombe fonctionne à merveille. Lacombe, qui n’osait bouger dans son lit, de peur de réveiller Di Nallo lors de chambrée commune les veilles des matchs, enfile les buts comme des perles. Leur entente permet de réaliser une formidable épopée. Mais pour l’instant, l’OL enchaîne les tours : contre Noeux-les-Mines (32ème), Bordeaux puis Marseille. 40 000 spectateurs viennent à Gerland pour voir ce choc. Dans une confrontation houleuse, l’Olympique Lyonnais s’impose face à l’autre Olympique. En demi, les Lyonnais expédient Avignon (4-1). La finale leur tend les mains. Sans leur défenseur central, Baeza, suspendu, les Lyonnais s’accrochent aux champions de France nantais. Mieux, l’OL ouvre le score puis le double sur une action litigieuse de Lacombe. Le FCN reviendra bien en fin de seconde mi-temps, mais l’exploit est là : le favori est à terre et l’OL soulève son trophée… le dernier avant très longtemps… A leur retour à Lyon, plus de 100 000 personnes selon Le Progrès attendent les joueurs. Dans les grands moments, l’OL peut toujours compter sur son public…

 

Ce succès lance l’équipe sur une très bonne saison 1973-1974. Les Lyonnais bénéficient du « bonus » qui permet aux clubs d’empocher un point à condition de marquer plus de 3 buts. L’OL parviendra à engranger  8 points de bonus grâce notamment à Chiesa (15 buts), Di Nallo et Lacombe (13 buts chacun). Cependant, en Coupe, les résultats sont moins fantastiques. Lyon se fait éliminer en 8ème de finale de la C3 par le PAOK Salonique et en quart de la Coupe de France par Sochaux. Mais les Lyonnais continuent sur leur rythme.

Lors de la saison 1974-1975, l’OL termine une nouvelle fois 3ème du championnat, parvenant à faire quelques coups : début janvier 1975, Bastia vient se faire étriller 8-1 à Gerland et les gones remportent le derby début avril. Mais une nouvelle fois, l’équipe de Coupe se prend les pieds dans le tapis : éliminé en 16ème de finale de la C3 par Möenchengladbach, l’OL ne passe pas les 32èmes de Coupe de France, éliminé par le Stade de Reims… On retiendra aussi de cette saison le départ de Di Nallo en novembre 1974 pour le Red Star… où il rejoint son compère Combin… la paire magique est reconstituée mais à Paris cette fois…

En juillet 1975, l’OL se remet au travail. Aimé Mignot déclare fièrement dans les colonnes du Progrès que « cette année, on joue le titre ». Six mois plus tard, Lyon est relégué dans les bas-fonds du classement et Mignot est remplacé par un joueur qui vient de terminer sa carrière à l’OL, Aimé Jacquet… Entre temps, l’OL s’est fait sortir de la C3 par Bruges, futur vainqueur de cette compétition (ce sera le dernier match des Lyonnais en Coupe d’Europe avant très longtemps…) mais a pris la tête du classement de la D1. Cependant, après quelques journées, les coéquipiers de Lacombe rentrent dans le rang. Plus grave, les dernières journées sont difficiles et Lyon ne se sauve que dans les dernières minutes de la dernière journée de championnat lors d’un match âpre contre Troyes à Gerland… C’est encore la Coupe qui va sauver la saison des gones. L’OL élimine successivement Saint-Symphorien (9-0), Brest (3-0 ; 2-1), Lille (2-0 ; 4-0) puis le PSG (1-1 ; 2-0) et enfin Metz (2-0). La finale voit s’opposer les deux Olympiques, Lyonnais et de Marseille. Deux clubs mal en points aussi en championnat. Dans un match où l’ennui règne, l’OL domine légèrement le match mais sur un centre hasardeux de Nogues, De Rocco laisse échapper le ballon : 1-0… Malgré les attaques lyonnaises, l’OM tient et inscrit même un autre but par Boubacar. L’OL aura perdu plus de finale qu’il n’en aura gagné. Dommage car ce match clôture aussi toute une époque…

 

 

 

 

 

 

III. Le lent mais irrémédiable déclin (1976-1987)

 

 

Certes, le début de saison est bon. En 1976-1977, l’OL occupe à la mi-octobre 1976 la première place du classement. Certes, Lacombe et Chiesa forment toujours une extraordinaire doublette. Mais l’OL n’arrive pas à tenir la distance. Européen à 6 matchs de la fin du championnat, ils perdent toute chance en accumulant défaites et matchs nuls. Les Lyonnais terminent finalement à la 6ème place.

            Rebelote lors de la saison 1977-1978. Le début de championnat est plutôt bon mais les difficultés apparaissent vite. Surtout financières. Les caisses sont vides. Les dirigeants historiques sont inquiétés et Roger Michaux et Guy Zerbib prennent alors les rênes du club. Mais il faut résoudre ce problème et faire rentrer au plus vite de l’argent : Domenech est transféré à Strasbourg. On parle de Chiesa au PSG. Mais les supporters lyonnais manifestent leur opposition… et le petit auvergnat reste finalement à l’OL. Mais, bien évidemment, toute cette agitation ne permet pas aux joueurs de s’exprimer sereinement. Les rhodaniens terminent 17ème du championnat, seulement sauvés de la relégation par un meilleur goal-average face à leur concurrent lensois. Fin mai, une nouvelle page se tourne avec le départ de Bernard Lacombe… chez l’ennemi stéphanois !! Il aura marqué 148 buts toutes compétitions confondues  sous le maillot bleu et rouge…

            Lors de la saison 1978-1979, l’OL se bat avec ses moyens. Si le début du championnat est catastrophique, les Lyonnais refont très vite surface : en 5 matchs, l’Olympique Lyonnais revient à la 4ème place. A deux journées de la fin, les rhodaniens peuvent encore jouer l’UEFA. Mais comme lors de la saison 1976-1977, les Lyonnais s’écroulent sur la fin. Ils terminent finalement 7ème… L’entraîneur de l’époque, Aimé Jacquet se démène comme un damné, essaye  de canaliser les énergies mais se bat contre les moulins. Les finances sont toujours aussi catastrophiques et le maintien est toujours l’objectif prioritaire du club.

Le maintien donc, surtout lors de cette saison 1979-1980. Les gones restent englués entre la 16ème et la 18ème place. Les défaites s’accumulent et la fébrilité apparaît. L’OL doit se sauver lors de la 33ème journée. C’est la revanche de la Coupe 1976 puisque les Lyonnais sont opposés aux Marseillais. L’équipe qui perd cette rencontre ira directement en D2. Des deux côtés, on le sait. Dès lors, le match est tendu et dur. Lyon ouvre le score sur un penalty de Olio. S’appuyant sur ses valeurs défensives, l’Olympique Lyonnais tient bon. Coup de sifflet final. Les gones sont sauvés… enfin ils doivent jouer… les barrages ! Ce sont les Avignonnais, deuxièmes de D2, qui se présentent à Gerland. Contre toute attente, Jacquet titularise Zivaljevic, buteur peu prolifique en cette saison 1979-1980 puisqu’il n’a inscrit que 5 malheureux buts lors du championnat. Mais en ce soir du 3 juin 1980, Zivaljevic est intenable : il claque 3 buts et se trouve dans tous les bons coups. Résultat : l’OL remporte cette rencontre 6-0 ! Le match aller ne sera qu’une simple formalité et malgré une défaite 4-2, le club olympien se maintient en D1… mais perd son jeune entraîneur Aimé Jacquet… qui part vers Bordeaux ou l’attendent de nouvelles et excitantes aventures…

 

La saison 1980-1981 s’annonce comme celle du changement. La présidence d’abord. Après moult tergiversations, Jean Penot reprend les commandes du club. Dans le même temps, Destrumelle accède au poste de coach et les départs et arrivés sont nombreux : Amouret, Carrié, Genet, Bandéra, Paillot, Zivaljevic et Valadier quittent le Rhône alors que le récent Directeur Technique  Di Nallo fait signer un jeune joueur , pourtant sociétaire d’un club de D2 ( !) yougoslave, Sima Nikolic. Par ailleurs, Jean-Marc Furlan et André Ferri déposent leurs valises à Lyon.  Avec tous ces changements, on pense, du côté de la place Bellecour, que la saison va être difficile. Et c’est le contraire, dans un premier temps, qui va se passer. Le milieu de terrain exceptionnel (Moizan/ Tigana/ Chiesa) force le respect et dès la 3ème journée, l’OL prend la tête du classement. Les gones ne lâcheront leur place qu’après le derby du 9 septembre 1980. En effet, devant une affluence record (48 831 spectateurs… auxquels il faut rajouter quelques centaines de resquilleurs…) qui tiendra d’ailleurs au niveau national jusqu’en 1998 et l’agrandissement du Stade Vélodrome, Olympiens et Stéphanois se disputent un match très serré. Platini est muselé par Tigana. Les deux équipes se rendent coups pour coups. Au final, les deux équipes se quittent sur un honorable match nul (1-1). La suite du championnat est plus difficile mais l’OL retrouve de l’appétit entre les mois de février et mai 1981 pour, finalement, terminer en 6ème position. Lors de cette saison, la moyenne des spectateurs à Gerland, était d’environ 22 000. Il ne faut donc pas grand-chose pour mobiliser le public lyonnais…

La saison 1981-1982 marque définitivement le début de la fin… Beaucoup de joueurs s’en vont (Tigana, De Rocco, Desbouillon, Muller, Maroc, Xuereb,…) et Topalovic, Emon ou Gianetta, entre autres, signent à Lyon. Mais l’atmosphère est lourde. Les mauvais coups se font nombreux. Destrumelle est viré et est remplacé par Kovacevic qui ne va pas rester à son poste très longtemps. Le comité de direction rejoue « La nuit des longs couteaux ». Perot doit se retirer de la présidence sous l’influence de quelques membres importants du staff lyonnais qui met en place, Raymond Rovet, qui n’avait strictement rien demandé… ! Les résultats sportifs sont catastrophiques. L’OL termine une nouvelle fois 16ème du championnat et se sauve une nouvelle fois lors de la dernière journée…

La saison 1982-1983 repart sur les mêmes mauvaises bases. Les défaites appellent les défaites. Le 13 janvier 1983, l’Assemblée Générale du club remplace Ravet par Mighirian. Ce dernier tente un coup de poker. Il appelle à la barre du bateau ivre… Robert Herbin. Le mythique vert a été lâché par l’ASSE après l’affaire dite de « la Caisse Noire ». Ce n’est pas en Coupe que Robbie viendra donner de l’air aux gones. Depuis 1977, l’OL se fait régulièrement sortir, au pire en 32ème, au mieux en 8ème. Mais l’objectif prioritaire est de sauver une nouvelle fois le club de la relégation. Comme la plupart des années précédentes, Lyon joue son avenir lors des dernières journées. Le 24 mai 1983, l’OL doit impérativement gagner contre le FC Sochaux pour sauver son avenir. Les Lyonnais y parviennent mais la 38ème et dernière journée de championnat a lieu à Auxerre. Herbin annonce dans les colonnes du Progrès que « les chances sont infimes ». Pourtant, N’Dioro ouvre le score mais les hommes de Guy Roux reviennent puis s’imposent 3-1. Il pleut sur Auxerre et les Lyonnais sortent la tête basse. Chiesa plus particulièrement puisqu’il quitte l’OL : ce match qui aurait dû être joyeux fut sûrement le plus triste de sa carrière… Après 29 ans de présence en D1 et après avoir disputé 1070 rencontres de championnat de Division 1, l’Olympique Lyonnais doit descendre d’étage et se retrouve au purgatoire, en D2…

 

Comment reprendre ? Comment se remotiver ? Comment retrouver le goût du combat ? Et pourtant cette première saison de D2 (1983-1984) se passe plutôt bien. Malgré la pancarte de favoris dans le dos, les Lyonnais parviennent à s’imposer et terminent 3ème du championnat. Ils peuvent donc jouer les barrages mais tombent sur la « machine Matra ». Mauvaise pioche. L’OL reste en D2…

 Herbin en est sûr. Pour passer à l’étage supérieur, il faut que les Lyonnais se renforcent par des joueurs expérimentés qui pourraient ainsi encadrer les jeunes. Le Président Mighirian n’est pas très chaud mais Herbin insiste ! Le Boss cède. L’ancien Vert va chercher la veille garde stéphanoise, Larios et Lacuesta en tête et fait signer aussi Olivier Rouyer. Mais les résultats sont catastrophiques. Si les jeunes (Fournier, Fréchet, Spadiny, N’Dioro…) se donnent à fond, les kilos supplémentaires de Lacuesta et la désinvolture de Larios mettent à mal un groupe pourtant talentueux. Cette saison 1984-1985 voit donc l’OL flirter un temps avec la relégation avant de se stabiliser à la 7ème place. Lacuesta ne terminera pas son contrat. Il est licencié. Son ami Herbin suivra le même parcours. Il partira en Arabie Saoudite… sûrement pour la qualité du championnat…

Lors de cette saison 1985-1986, Mighirian change radicalement de politique. Il appelle Nouzaret à la rescousse qui fait, lui, confiance à la jeune garde lyonnaise. En fin de saison, l’OL est une nouvelle fois convié à participer aux barrages. Mais l’OL tombe sur une bonne équipe de Mulhouse qui l’élimine. Retour à la dure réalité de la D2…

Cependant, la saison 1986-1987 débute mieux. Les renforts (Orts, Priou, l’Allemand Remark…) sont de qualité et les Lyonnais obtiennent une nouvelle fois le droit de jouer les barrages. Au 1er tour, ils sont opposés à… Mulhouse, le match se disputera à Gerland cette fois-ci… Mais les Lyonnais ne laissent pas passer leur chance et s’imposent 4-2. Il ne reste plus qu’un adversaire et l’OL retrouvera la D1. Cet adversaire se nomme Cannes. Le match aller est âpre. Les coups fusent. Thomas Remark y laisse sa mâchoire… Au final, l’AS Cannes s’impose par le plus petit des scores, 1-0… Les noms d’oiseaux volent dans les vestiaires. La revanche à Gerland s’annonce assez « chaude ». Elle le sera mais les Cannois arrivent à arracher le match nul, 1-1. Le 5 juin 1987, l’OL est encore tombé de haut. Mais ce jour-là, Charles Mighirian laisse la destinée du club à un jeune entrepreneur, ex-bon joueur de handball, Jean-Michel Aulas. Le tour d’honneur que s’offre Mighirian avant le match est plus que symbolique. Avec Aulas, l’OL entre dans une nouvelle ère…

 

 

Comment résumer 35 ans de football à Lyon en quelques lignes ? Prenons l’histoire à rebrousse-poil et intéressons-nous aux clichés. L’OL serait donc un club sans passé. La petite rétrospective qui vient d’être faite prouve le contraire : une demi-finale de C2, sept finales de Coupe de France dont trois victoires. D’autres clubs signeraient pour avoir le même palmarès… Mais celui-ci s’est construit en plusieurs périodes : la première débute avec la création du club et se termine au début des années 60 avec l’apparition des premiers résultats importants. Ces derniers permettent de redorer le blason du club sur la scène nationale. Mais au milieu des années 70, les succès se font plus rares... Certes ce palmarès est pauvre au regard de ceux construits par Marseille, Nantes ou Saint-Etienne. Mais le club est jeune et ces (maigres) succès ont le mérite d’exister…

Second cliché : l’OL n’aurait pas de public. Un public de spectateurs, dit-on pudiquement, pas de supporters. Certes, le public de Gerland, à l’image de Lyon, est plutôt calme et serein. Mais lorsque des frémissements de résultats apparaissent, ce public de connaisseurs réapparaît… En 1985, alors que Lyon se bagarre contre Ales ou Gueugnon, ils étaient encore près de 10 000 à investir les travées de Gerland…

Entre 1950 et 1987, l’Olympique Lyonnais a connu des désillusions et des bonheurs. Plus de désillusions que de bonheurs… Mais certains grands noms se sont installés entre Rhône et Saône et le futur président lyonnais Aulas ne les oubliera pas lorsqu’il devra remonter le club… Preuve que passé et présent font bon ménage du côté de l’OL…

 

ANSELMINI

 

Bibliographie :

Jean-François Mesplede et Marc Naville, L'Histoire de l'Olympique Lyonnais, Editions Horvath, 1987.

Légendes du Foot, Coeur de Lyon, numéro 6, avril 2002

Le Progrès

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