Ferenc Puskás :
L'Adieu au Major Galopant

Fer de lance de l'Aranycsapat
hongroise, le Magyar Ferenc Puskás fut une véritable
légende de son vivant. Décédé hier, à l’âge de soixante-dix-neuf ans, dans
cette Hongrie qu’il avait bien cru ne jamais revoir après avoir connu l’exil.
Un génial attaquant qui vécut plusieurs vies : celle d’un jeune prodige dans le
club de l’armée d’un pays communiste, celle d’un attaquant du grand Real
Madrid, celle du maître à jouer d’une des plus fabuleuses équipes nationales de
l’histoire dont la formidable aventure collective se termina tragiquement,
celle enfin d’un homme à la destinée romanesque et presque romancée. Né à Kispest (une bourgade qui à l'époque n'avait pas encore été
englobée par Budapest) le 2 avril 1927, Ferenc Puskás,
ou plus exactement Purczeld selon son nom de
naissance puisqu'il était issu d'une famille souabe (germanique), a hérité sa
passion du football de son père, joueur semi-professionnel ayant évolué au
Vasas et au Kispest. Très tôt, le ballon rond est
devenu plus qu'un passe-temps pour ce garçon aux grandes qualités. D'ailleurs
la maison familiale jouxtait le stade, qui plus tard, prendrait le nom de József Bozsik. d'ailleurs,
les premières années du jeune Puskas furent bercées par le bruit du ballon dans
lequel on frappe et la clameur des supporters venus voir leur équipe, le Kispest AC. "Gamin, quand j'entendais ces bruits
magnifiques, je n'avais qu'une seule obsession : jouer moi-même", se
souviendra plus tard Puskas. Un souhait qui ne tarda pas à se réaliser car les
gamins du quartier n'avaient pas d'autres passe-temps que de taper dans le
ballon toute la journée. Parmi ses connaissances dès son plus jeune âge
figurait un certain József Bozsik,
qui allait devenir par la suite un inséparable compagnon de jeu de Kispest à l'équipe nationale hongroise. tout
gosses, ils avaient déjà un signe secret de ralliement. comme
ils étaient voisins, quand l'un frappait trois coups à la porte du copain,
celui-ci savait qu'il partait taper dans le ballon et qu'il était donc temps de
le rejoindre. En raison du nationalisme croissant en Hongrie durant les années
1930 (sous le régime de l'Amiral Miklós Horthy), le
petit Ferenc Purczeld, patronyme à consonance
germanique, devint Puskás. Mais sur sa première
licence, prise bien évidemment au Kispesti AC,
n'apparaît ni le nom de Puskás et encore moins celui
de Purczeld. L'explication ? Ferenc avait un an et
demi de moins que son grand pote Jozsef (né le 28 Novembre 1925) et n'avait
donc pas l'âge minimal requis (12 ans) pour intégrer le club. Quand Bozsik rejoint
l'équipe minimes, il ne voulut pas jouer sans son
grand ami. Résultat, Puskas fut engagé sous le pseudonyme de Miklós Kovács ! Quant il ne
jouait pas, le jeune Ferenc assistait rêveur aux matches et aux
entraînement de l'équipe fanion de Kispest.
Ses idoles avaient pour nom Nemes et Deri. Il dira souvent que, à part son père, ce sont ces
deux joueurs-là qui lui apprirent le plus en matière de football. Les gamins
qui composaient l'équipe minimes de Kispest avaient
tous un immense talent, au point que chaque minime deviendra plus tard joueur
professionnel en Première Division ! Leur équipe marquait au moins 130-140 buts
par saison. Vu leur talent, József Bozsik et Ferenc Puskás ne
tardèrent pas à effectuer leurs débuts chez les pros, profitant au passage de
la saignée opérée dans les milieux du foot par la Seconde Guerre
mondiale. Le 5 décembre 1943, à l'occasion d'un match contre Nagyvarad, les dirigeants de Kispest
furent donc obligés de faire appel à des
juniors. C'est ainsi que Puskás, âgé seulement de
seize ans, décrocha sa place dans le onze de départ. Pour l'anecdote, Kispest fut battu 3-0 et leur adversaire du jour, le Nagyváradi AC, sacré à la fin de la "saison"
1943/44 champion. Une carrière de joueur venait de commencer, et quelle
carrière ! Kispest, dès lors, ne put se passer de sa
jeune étoile qui, dès sa troisième apparition dans l'équipe fanion, marqua son
premier but face au Kolozsvári AC. Pour la
parenthèse, il faut noter que les villes transylvaniennes de Nagyvárad et Kolozsvár sont
désormais situées en Roumanie et connues sous les noms respectivement de Oradea et Cluj. Pour en revenir à Puskás,
il disputa dix-huit matches lors de sa première saison et inscrivit sept buts.
Sa petite taille, son visage rondouillard lui valurent un premier surnom, « Ocsi » (petit gars). Certains observateurs de l'époque
émirent l'idée qu'à la vue de son immense talent, le jeune Ferenc aurait pu
être international plus tôt. Seulement à ce moment-là, il n'y avait plus de
sélection ! La guerre avait déjà touché la capitale et l'on parlait de bien
d'autres choses que de football. La sélection magyare ne disputa aucun
rencontre en 1944 et durant une bonne partie de l'année 1945. Les premiers
matches d'après-guerre de l'équipe nationale se disputèrent les 19 et 20 août
1945 face à l'Autriche. C'est lors de la
deuxième rencontre que Puskás connut sa
première sélection. Une première accompagnée d'une victoire hongroise 5 buts à
2. Le novice ne tarda d'ailleurs pas à s'illustrer puisqu'il ouvrit le score
dès la 12ème minute de jeu en exploitant victorieusement une passe Gyula Zsengellér (grande légende d'Újpest).
le lendemain, le journal Népsport
ne consacra bien évidemment pas encore beaucoup de place aux premiers pas du
néophyte préférant salué la large victoire hongroise (les autres buts magyars
furent l'oeuvre de Zsengellér,
Szusza - une doublé et Vincze
II), mais il souligna tout de même "les bons débuts du jeune Puskás". Un jeune qui allait vite s’installer comme le
meneur d’une des plus fameuses périodes de l’histoire du football hongrois.
Le Kispesti AC connut un tournant
dans son histoire à la fin des années 1940. En 1949, il fut pris en main par le
Ministère de la Défense
et devint le club de l’armée hongroise. Il fut renommé Honvéd
(littéralement « défenseur de la patrie »). D’autres clubs de Budapest
connurent également les affres de ces changements de nom. Résultat de la
reprise en main de leur club par le régime communiste, Puskás
et ses camarades furent tous bombardés …
militaires. Le voilà pourtant « Major galopant » (« Et pourtant, ne
cessera-t-il de rappeler avec humour, je n’étais que commandant ! »). Il
n’avait évidemment de militaire que le nom et était plutôt fermé à toute
autorité. Protégé par son exceptionnel talent, il ne cessa de faire la nique
aux dignitaires d’un régime qu’il exécrait. Un jour, il demanda ironiquement et
publiquement, au ministre des sports, venu assister à une rencontre dans une
curieuse tenue rayée, ce qu’il fait au stade en pyjama. Ce qui lui vaut une
convocation au ministère, une leçon de morale et quelques menaces sans suite.
Dur de toute façon d’atteindre un joueur symbole de la réussite du Honvéd qui ne quitta pas les deux premières places du
classement de 1949 à 1955, alignant 5 titres de champion sur 7 saisons et échouant par deux fois en 1951 et 1953 à
la place de dauphin du MTK pour respectivement 4 et 3 points. En 1952, le club
resta invaincu sur les 26 matches de championnat, n’enregistrant que 5 matches
nuls. Il faut dire que outre les joueurs qu’il a formé,
le club monopolisait les meilleurs joueurs du pays grâce à des mesures plutôt
efficaces. L’armée se procura les
services des meilleurs joueurs du championnat en échange d'un grade d'officier.
Ceux qui refusaient devenaient de simples soldats et devaient faire leur
service militaire. Le club triomphait également sur les terrains d’Europe grâce
à de nombreux matchs de gala. L’un d’eux perdu face aux Wolverhampton Wanderers en 1954 (3 buts à 2 en Angleterre) fut un des déclencheurs de la
création d’une toute nouvelle compétition, appelé à un avenir fameux : la Coupe d’Europe des Clubs
Champions. Honvéd participa pour la première fois à la C1 lors de la saison 1956/57. Le
premier tour devait opposer les Hongrois aux Basques de l’Athletic
Bilbao. Ce fut le point de départ d’une grande odyssée…
Quand éclatèrent les évènements de Budapest, en octobre
1956, les joueurs se trouvaient toujours en Hongrie, à Tata. Ils se préparaient
pour un match contre la Suède
(rencontre annulée par la suite). Les joueurs étaient quelque peu isolés par
rapport au “monde extérieur” et ne réalisaient pas vraiment ce qui se passait.
Le club de Honvéd quitta le pays le premier novembre
sur les conseils du Premier ministre Imre Nagy, (qui avait tenté en vain
d’imposer un régime à visage plus humain suite au soulèvement populaire), trois
jours avant la fin de la révolution, pour aller jouer un match de Coupe
d’Europe des Champions. La première rencontre devait se dérouler à Budapest
mais les circonstances ne le permettaient évidemment pas. Le club joua donc le
premier match à Bilbao en espérant que la situation dans la capitale hongroise
s’améliorerait, Le match retour aurait ainsi peut-être lieu à Budapest. Lors de
ces rencontres disputées à l´étranger, les joueurs du Honvéd
prirent l’initiative de porter des brassards noirs en hommage aux victimes de
la révolte. Bilbao gagna 3-2 à domicile, le match retour fut joué à Bruxelles,
sur terrain neutre. Pas moins de 50 000 spectateurs avaient répondu présent !
Les deux formations se séparèrent sur un match nul 3-3 dans un terrible et
symbolique brouillard. Dans l’intimité des vestiaires, les joueurs se firent
des adieux déchirants après le dernier match « officiel » de cette équipe.
Entre ces deux matchs face à Bilbao, le Honvéd avait
joué plusieurs matchs amicaux afin de payer ses frais de voyage. Ils
triomphèrent en Italie à San Siro contre le Milan AC
avec un doublé de Puskás, contre Palerme (6-2 et 7-1
!) et contre Catania (9-2 !). Les informations que
recevaient les joueurs de la situation dans leur pays étaient très confuses.
Les médias parlaient d’un pays plongé dans le chaos. L’inquiétude et le doute
constituaient les sentiments dominants entre les joueurs. Pire encore, ils
n’avaient aucune nouvelle des membres de leur famille. La situation était dans
un sens très rocambolesque : le Mexique alla même jusqu'à proposer l'asile au club en lui offrant
de disputer son championnat. Le nouveau
pouvoir en place en Hongrie après la répression sanglante de fin 1956 exigeait
le retour des fuyards. Deux seulement (dont József Bozsik) obtempèrent immédiatement. A cette époque, à l’exception de Zoltán Czibor, aucun joueur ne
souhaitait pourtant poursuivre sa carrière à l’étranger, mais ceux qui
finalement réussirent à faire sortir leur famille de Hongrie restèrent à
l’étranger. Les joueurs qui, quelque temps après, revinrent en Hongrie (Bányai, Rákóczi, Faragó, Budai II, Kotász, …) furent suspendus pendant trois et six mois.
Ferenc Puskás avait lui choisi la liberté et refusé
le diktat des dirigeants communiste après avoir appris que sa femme et ses
filles avaient pu rejoindre clandestinement l’Autriche à pied. Fin 1956, un
vrai démêlé politique s'installa durant plusieurs semaines entre l'UEFA, la FIFA et Budapest quant au
retour de l'équipe en Hongrie. Finalement le club fut déclaré hors-la-loi par
la fédération internationale et Puskás désormais
considéré comme un banni. Il fut suspendu dix-huit mois à la demande de la Fédération Hongroise.
Privé de son travail, il vit misérablement dans un camp de réfugiés en
Autriche, avec pour tout soutien financier les mandats que Laszlo Kubala, qu’il avait croisé au cours de sa carrière, lui
envoyait de Barcelone, où il s’était réfugié dès 1951. Puskás
a grossi de vingt kilos et a sombré dans l’alcool quand l’ancien entraîneur du
Honved, Emil Osterreicher, désormais directeur
technique du Real Madrid, vient le chercher. Le sauver à vrai dire puisque plus
grande monde ne voulait de ce joueur considéré comme décadent et has-been. Une
situation qui rebuta le Milan AC et la Juventus Turin, un
temps intéressés.
L’annonce de la signature d’un « major bedonnant »,
désormais âgé de plus de 30 ans et qui n’en a même pas terminé avec sa
suspension, déclenche un véritable tollé à Madrid. « Il a été accueilli avec
scepticisme parfois avec méchanceté, expliquait à l’époque un autre Madrilène
Raymond Kopa. La classe, il l’a. Ce qu’il lui manque, c’est la condition
physique. Donnez-lui du temps, il fera un malheur. » Kopa ne s’était pas
trompé. « Sancho », le nouveau surnom qui lui trouvèrent ses équipiers, rapport
à ses rondeurs, suit un régime d’enfer et perd son excédent de poids. Il va
pouvoir devenir « Cañoncito Poum
» surnom choisi par les supporters du Real, rapport à sa frappe phénoménale.
Durant sa première saison en Liga (58/59), il marque
notamment quatre triplés dont un dès son deuxième match face au Sporting de Gijón le 21 Septembre 1958. Il allait former un
fabuleux duo avec Alfredo Di Stefano, patron du jeu madrilène. Au passage, il
faut noter que deux autres anciens joueurs de Honvéd
avaient rejoint au final le championnat espagnol. Zoltán
Czibor et Sándor Kocsis avaient trouvés
refuge au Barça après pour eux aussi de longs mois de
galère. Puskás allait redevenir un buteur en or sous
les couleurs merengues. En 180 matches de Liga, le
Hongrois allait marqué 156 buts ! En 1960/61, il
réalisa un fabuleux quadruplé face à Elche et la saison suivant un quintuplé
face au même club ! En 1963, il réalisa deux triplés face au Barça, un à Bernabéu et un au Camp Nou.
Des statistiques exceptionnelles qui lui permirent de remporter à 4 reprises le
titre de Pichichi : en 1960 (avec 26 buts), 1961 (27
buts), 1963 (à nouveau 26 buts) et enfin 1964 (20 buts). Les performances de
Ferenc Puskás ne furent pas pour rien dans les cinq Ligas d’affilées remportées par les Castillans entre 1961
et 1965, sans oublier une Copa del
Generalísimo décroché en 1962 face au FC Séville
grâce à une victoire 2 à 1 avec deux buts de … Puskás
bien sûr. La réussite du Real s’étendait également sur la scène européenne. Puskás manqua la finale de la Coupe d’Europe 1959 que le
Real enleva contre Reims (2-0), au Neckarstadion
de Stuttgart. Les Allemands ne lui
avaient pas pardonné des allusions à un éventuel dopage de la Mannschaft
en 1954 et lui avait refusé le visa d’entrée sur leur sol. Il prit sa revanche près d’un an plus tard. En
1960, à l’Hampden Park de Glasgow, le Real disputa et remporta sa cinquième
finale européenne de rang en atomisant les … Allemands de l’Eintracht
Francfort (7-3). Ferenc Puskás, époustouflant, marqua
quatre buts, un de plus que son camarade Di Stefano. C’était son chef d’œuvre.
La même année, il marque le premier but de l’histoire de la Coupe Intercontinentale
lors du succès des Madrilènes (5-1) face au Peñarol
Montevideo lors de la finale aller. Le retour à l’Estadio Centenario de Montevideo
se solda par un 0-0, un nouveau titre dans cette année exceptionnelle pour le
Magyar. Et pourtant, il échoua à la deuxième place avec 37 points lors de
l’élection du Ballon d’Or qui revint finalement au joueur du FC Barcelone, Luis Suárez (54 points). Une récompense
individuelle qu’il n’obtint jamais au cours de sa carrière. A trente-cinq ans,
en 1962, il inscrivit encore trois buts en finale européenne mais le Real
s’inclina 5 à 3 contre le Benfica d’Eusébio. Adoré du
public, le crépuscule de sa carrière durera jusqu’en 1966, où âgé de près de 40
ans, il disputa son dernier match sous le maillot blanc, terme d’une carrière
ahurissante au course de laquelle il a inscrit 418 buts en matchs officiels et,
sans doute, plus de mille tous matches confondus. On compterait ainsi 1 176
buts pour 1 300 disputés selon certains historiens du ballon rond. Quant on
sait que Ferenc Puskás empila 358 buts en 359
rencontres sous les couleurs de Kispest, on se rend
compte que ces chiffres sont plus que crédibles.
Certes, Ferenc Puskás fut sans
doute un des plus grands joueurs de l’histoire de Honvéd
et du Real Madrid mais il ne faut pas oublier qu’il fut surtout le meneur d’une
des plus fameuses équipes de tout les temps : la Hongrie des années 1950.
Comme nous l’avons vu, il débuta sous le maillot hongrois en 1945 face à la Hongrie avant de devenir
très vite un titulaire indiscutable. Entre 1950 et 1956, les Hongrois de
l’entraîneur Gusztav Sebes
disputèrent 55 matches et ne concédèrent qu’une seule défaite, ô combien
cruelle. En 1952, la Hongrie
dispute le tournoi olympique en Finlande. A Helsinki, Puskás
et ses coéquipiers vont montrer toute l’étendue de leur talent avec un bilan de
cinq victoires en cinq matches, de vingt buts marqués contre deux encaissés.
Ferenc marquera quatre buts dont le
premier but de la finale remportée 2 à 0 face à la Yougoslavie. Après
avoir difficilement battu la
Roumanie au premier tour (2-1), les Hongrois passèrent à la
vitesse supérieure. Ils éliminèrent l'Italie au second tour 3-0, écrasèrent la Turquie pendant les quarts
de finale 7-1, et crucifièrent la
Suède en demi-finales sur le score de 6-0. En finale, face à la Yougoslavie, Puskás ouvrit le score en marquant son quatrième but du
tournoi avant que Czibor ne complète le succès
hongrois 2 à 0. Un premier titre majeur pour l’équipe nationale magyare qui
avait jusqu’alors comme référence une finale de la Coupe du monde 1938 perdue à
Colombes face à l’Italie 4 buts à 2 du temps où les héros s’appelaient György Sárosi ou autres Gyula Zsengellér. Après être devenue championne olympique en 1952,
l’équipe en or hongroise allait marquer l’histoire l’année suivante en 1953 en
devenant la première nation non britannique à faire chuter sur son terrain
l’orgueilleuse Angleterre. En ce 25 novembre, Ferenc Puskás
montra à la face du monde toute l’étendue de son talent en inscrivant un doublé
avec en prime un but phénoménal : râteau du droit, puis frappe croisée du
gauche imparable. Un joueur anglais indéterminé avait osé déclaré
au sujet de Puskás, avant le coup d'envoi
"Regardez le petit gros là-bas. On va les massacrer". Bien mal lui en
a pris puisque outre le doublé de Puskás, Nándor Hidegkuti inscrivit un
triplé et József Bozsik y
alla également de son but pour un 6-3 final à l’allure de déroute pour les suffisant sujets de sa Gracieuse majesté. Après ce
formidable succès, l'Aranycsapat continua sur sa
lancée. 6 mois plus tard, le 23 Mai 1954, la Hongrie accueillit l'Angleterre au Népstadion (désormais appelé … Puskás
Ferenc-Stadion) de Budapest pour une revanche de l'affront de Wembley. Cette
rencontre tourna à la déroute pour les Anglais. Comme s’ils ne voulaient
laisser aucune place au doute, les Hongrois leurs infligèrent une nouvelle
punition (7-1 avec des doublés de Ferenc Puskás, Sándor Kocsis et des buts de Mihály Lantos, József Tóth II et Nándor Hidegkuti), un score qui
reste encore à l'heure actuelle comme la pire défaite de l'histoire de la
sélection anglaise. Avec ce nouveau succès, les Hongrois étaient logiquement
présentés comme et les grands favoris de la Coupe du Monde 1954 en Suisse. Personne
n’imaginait alors que le titre puisse échapper aux Hongrois. Un statut confirmé
par un début de compétition en grande trombe : victoires 9-0 contre la Corée du Sud et 8-3 contre la RFA au premier tour.
Malheureusement au cours de la rencontre face aux Allemands, Puskas fut blessé
sévèrement par le défenseur de la Mannschaft Werner Liebrich, auteur d’une véritable agression sur le maître à
jouer magyar. Sans leur capitaine, les Hongrois atteignirent tout de même bon
gré mal gré la finale grâce à deux victoires 4-2 sur le Brésil et l’Uruguay
(jusqu’alors invaincu en phase finale de CdM). Une finale qui allait se révéler
tragique pour cette grande équipe... La Hongrie retrouve la RFA en finale au Stade Wankdorf de Berne. Puskás n’est
pas vraiment rétabli mais il ne veut rater à aucun prix cette apothéose
programmée. Sur une jambe et demie, il ouvre le score dès la 6ème minute. Czibor double score deux minutes après. La Hongrie mène déjà 2-0.
Pourtant, elle va perdre. La pluie incessante, qui alourdit le terrain, le
ballon et ralentit le jeu, avantage les Allemands et nivèle les différences
techniques entre les deux équipes. La
RFA réussit le tour de force d’inscrire trois buts par Max Morlock (10ème) et Helmut Rahn
(18ème et 84ème). Les Magyars ne seront jamais champion
du monde et Ferenc Puskás ne connaîtra jamais cette
consécration suprême. Sa carrière terminée, il avouera : « Il ne pouvait pas
m’arriver quelque chose de plus graver sur un terrain de football que cette
finale perdue. Et il ne pouvait rien m’arriver de plus merveilleux que la
victoire à Wembley huit mois plus tôt. » Quelques mois plus tard, les tanks de
l’armée rouge pénétrèrent dans la capitale hongroise, Puskás
et quelques autres passèrent à l’ouest, et la Guerre Froide finit
de brouiller le sort de la majorité des membres de cette grande équipe de
Hongrie. L’exil du Honvéd et de Puskás
marqua la fin prématurée de sa carrière internationale sous le maillot
hongrois. Sa dernière sélection pour son pays natal, il l’obtint le 14 Octobre
1956 face à l’Autriche lors d’une victoire 2 buts 0 où bien sûr il inscrivit un
but. Quoi de plus normal pour un joueur qui en 85 matches matchs avec la Hongrie totalisa la
bagatelle de 84 buts, soit une moyenne ahurissante de 0,99 buts/match ! Bien
plus tard, lors de son exil en Espagne, il obtint la nationalité espagnole et
fut sélectionné à 4 reprises pour la Selección. Il fit ses
débuts sous le maillot espagnol à un âge déjà bien avancé lors d’un match de
qualification pour la CdM
1962. C’était le 12 Novembre 1961 à Casablanca face au Maroc. L’Espagne
s’imposa 1-0 avant de faire match nul au retour à Madrid (sans Puskás cette fois-ci) et de se qualifier pour la CdM au Chili. Le « Hongrois »
participa aux trois matchs de l’Espagne au pied des Andes. 3 matchs à Santiago
du Chili conclu par une victoire et deux défaites et une élimination dès le
premier tour de la compétition. C’est ainsi que c’est terminé la deuxième
carrière internationale de Ferenc Puskás après 4
matchs sous les couleurs espagnoles sans avoir inscrit le moindre petit but.
C’est certainement bien le seul impair parmi les statistiques de ce géant du
football mondial.
Au terme de sa carrière de joueur, il devint entraîneur et
écuma de nombreux clubs sur tous les continents : Vancouver Royals,
Colo-Colo, l’AEK Athènes ou encore South Melbourne Hellas...
Son plus grand fait de gloire reste d’avoir emmener le Panathinaïkos
en finale de C1 en 1971. Une finale perdue 2 buts à 0 face à l’Ajax de Cruijff,
Neeskens et Michels devant 83 000 spectateurs regroupés
dans le stade de … Wembley. D’ailleurs (légende ou réalité ?) l’on dit que lors
des discussions concernant son contrat d'entraineur, Puskás
demanda, en guise de boutade, combien il toucherait s'il parvenait en finale de
coupe d'Europe. Les dirigeants grecs, le prenant au mot, ajoutèrent un
paragraphe à son contrat lui promettant une énorme prime dans ce cas de figure.
Cependant dans l’ensemble, après l’apogée de 1971, la suite de sa nouvelle
carrière d’entraîneur sera moins heureuse malgré quelques titres comme le
championnat de Grèce (remporté avec le Panathinaïkos
et avec l’AEK Athènes) ou le quelque peu moins prestigieux championnat
d’Australie (avec South Melbourne Hellas), ce qui ne
ternira évidemment pas la formidable image de celui fut l’un de plus grands
joueurs de tous les temps. En 1979, son grand ami József
Bozsik décéda d’une crise cardiaque mais à son grand
regret il ne put se rendre à son enterrement, toujours considéré comme un
déserteur par l’armée depuis sont départ en 1956. Il dût attendre 1981 pour
pouvoir remettre les pieds à Budapest. Au début des années 1990, il assura même
un intérim, sans grand succès certes, comme sélectionneur de sa chère équipe de
Hongrie. Lui, l’idole de tout un peuple, le symbole des plus grandes heures du
football magyar. Souffrant de la maladie d'Alzheimer depuis plusieurs années,
il était resté le même, proche du gamin malicieux qui tapait la balle dans les
rues de Kispest dans les années 1930. C’est donc le
plus grand joueur magyar de tous les temps que pleure depuis hier toute la Hongrie en même temps que
l’homme qui dans un sens refusa l’oppression communiste. Un joueur au pied
gauche magique, au sens du démarquage hors du commun, à la technique
remarquable, l'un des derniers héros des années 1950/60, une légende tout
simplement...
Par Xav73
Retour à http://www.culturefootball.com
Vous souhaitez réagir à cet
article… ? rejoignez nous sur
http://www.footnostalgie.com/forum
Pour contacter l’auteur de cet
article… ? envoyez un mail à magfootnos@yahoo.fr