STADES DISPARUS DU FOOTBALL FRANCAIS
Pour
évoquer à la fois le football, les stades et la nostalgie, je vous propose de
présenter brièvement quelques stades qui furent occupés par nos équipes par le
passé.
Certains
ont eu un passé glorieux, d’autres plus anonymes, mais tous ont été les témoins
d’une partie de l’histoire du football français et pour les rares qui sont
toujours debout, si vous passez à proximité faite un petit détour, histoire de
leur rendre hommage !
Pour
cette première cap au sud avec les stades Jean Lluis d’Ajaccio, de l’Huveaune à
Marseille, et Du Pont Juvénal et Richter à Montpellier.
AJACCIO – Stade Jean Lluis
Avant
d’évoluer au stade François Coty en 1969, l’ACA a joué au stade Jean Lluis
situé dans le quartier de Salins (I salini) au sud de la ville.
Devant
la poussée des sociétés sportives en corse et à Ajaccio en particulier la
municipalité a commencé à réfléchir à la construction d’un stade omnisports
destiné aux sociétés sportives affiliées à différentes fédérations.
Depuis
sa création l’ACA a évolué sur plusieurs terrains dont un terrain vague (les
sablières) situé a coté d’un dépôt d’ordures ce qui rendait l’atmosphère
difficile a supporter pour les joueurs et le public.
Dés
lors l’urgence se faisant sentir, la municipalité et le club sous la présidence
de son nouveau président, Jean Lluis présentèrent en 1920 un projet de stade
pour activités sportives (football, course, lancers) mais aussi militaires
(lancer de grenades, combats de baïonnettes !!!).
Faute
de moyens, la municipalité va finalement jeter l’éponge et l’ACA décide de
poursuivre le projet seul afin que son stade soit homologué par la fédération.
Finalement
le club porte son choix sur un terrain situé au sud de la ville dans le lieu
dit des Salines et qui comporte plusieurs avantages :
-
situé quasiment
en ville
-
facile d’accès
et bien desservi par la route et le chemin de fer
-
situé au cœur
d’un quartier en plein développement (le site était prévu pour accueillir des
habitations bon marché)
Le
terrain appartenant au département, il fallut trouver les 20000 francs
nécessaires et en 1921 après diverses souscriptions, subventions et emprunts le
club put acheter le terrain.
La
construction fut achevée en 1922 et bien que l’ACA ait l’obligation de mettre
son terrain à disposition d’autres sociétés sportives associées à une
fédération, celui-ci devint essentiellement le temple du football ajaccien.
Ce
stade était situé dans une zone à relief ce qui permit d’aménager les buttes
avec des gradins et une tribune principale.
Surplombant
le terrain, un petit cabanon entouré de palmiers lui donnait un cachet unique
et par la suite, dans les années 60 le terrain commença à être entouré par les
constructions d’immeubles.
Comme
sa disposition l’indique les spectateurs étaient situés tout prés du terrain
derrière une rambarde en bois et le stade se vit attribuer une réputation de
stade plutôt difficile pour les visiteurs et pour les arbitres.
Prévu
a l’origine pour 5000 places il vit son record d’affluence établi en 1967
contre l’OGC Nice avec 7 784 spectateurs pour sa première saison en
première division.
Hélas
pour le stade des sablières (qui prit le nom du président Jean lluis qui fut à
l’origine de sa construction) il connut peu le football d’élite puisque le club
déménagea dans son nouveau stade dés 1969.
MARSEILLE – Stade de l’Huveaune
Le
stade de l’Huveaune fut le stade de l’Olympique de Marseille de 1904 à 1937.
Situé
entre le parc Borelli et les plages du Prado, le stade va prendre le nom de la
petite rivière qui longe le terrain : l’Huveaune.
Bien
que le stade ait été rebaptisé Fernand Bouisson du nom d’un ancien joueur de
rugby, le stade a continué d’être appelé communément l’Huveaune jusqu’à son
abandon.
Propriété
de l’OM, le terrain va se voir doter d’une tribune qui va porter la capacité du
stade à 5000 places dés 1908.
Par
la suite, le stade continuera d’être aménagé et en 1921 il accueille l’équipe
de France face à l’Italie devant 15000 spectateurs. Toutefois la dimension de
ce match met en avant la faiblesse des installations du club, et l’OM se lance
dans de lourds travaux d’amélioration du stade.
La
tribune principale sera agrandie sur toute la longueur du terrain et les populaires
seront couvertes. Pour financer ces travaux, l’OM fera appel à ses membres et
supporters sous la forme d’un prêt.
En
1937, la ville se donne un stade à la hauteur de ses ambitions et de la
prochaine coupe du monde qui se déroulera en France en 1938.
Pourtant
l’OM ne rejoindra ce nouveau stade en traînant les pieds car les supporters se
sentent chez eux à l’Huveaune et jugent ce nouveau stade (qu’ils appellent le
stade de la mairie) trop froid et sans âme.
D’autre
part, alors que l’OM était propriétaire de son stade, il devient locataire au
stade vélodrome et doit donc payer la mairie de Marseille, propriétaire du site
pour pouvoir y jouer.
Abandonné
par son propriétaire, l’Huveaune sera occupé pendant la guerre par les armées
allemandes, françaises et américaines qui causeront de gros dégâts avec leurs
engins blindés, encore visibles de longues années après.
En
1965, Marcel Leclerc reprend l’OM et éponge les dettes sur ses fonds personnels.
En échange de ce geste, il va demander à la mairie que l’OM ne paie plus pour
pouvoir jouer au vélodrome et même que celle-ci
verse une subvention au club !
Le
refus de la mairie va provoquer ce qu’on appellera « la guerre des
stades », puisque le président Leclerc va décider que l’OM ne continuera
pas à jouer au vélodrome dans ces conditions, et le club retourne s’installer à
l’Huveaune.
Après
remise en état de son nouvel ancien stade, l’OM, alors en 2eme division va
remonter parmi l’élite en attirant bon nombre de spectateurs.
Devant
le succès sportif et populaire de l’OM, et l’inutilisation de son stade, la
mairie doit faire volte face et dés 1967, le club retourne au vélodrome.
Mais
alors cette fois c’est bien fini ? Eh bien non, car lors de la saison
1982-83, l’OM retourne une 3eme fois au stade de l’Huveaune, en raison des
travaux et du changement de pelouse du stade vélodrome en vue de l’Euro 84.
Aujourd’hui
bien qu’il n’en reste plus grand-chose, le terrain est toujours là
et en
se promenant autour, dans les étroites ruelles alentour, on peut encore voir
des anciens accès, des trous dans les murs pour les guichets et même une
inscription défraîchie à moitié effacée où l’on peut lire « OLYMPIQUE de
MARSEILLE - Stade de l’Huveaune ».
Comme
l’endroit ne se trouve pas très loin de l’actuel vélodrome, ça vaut le coup de
faire un petit détour pour rendre un dernier hommage à ce temple du football
marseillais, toujours là pour soutenir et dépanner son OM.
D’autre
part et comme je n’ai trouvé aucune photo valable du stade durant sa période
d’activité, je vous propose de revoir le film «Les rois du stade » avec
Raimu et Fernandel, durant le mythique match Canebière/ Montmartre où l’on voit
quelques plans.
MONTPELLIER – Stade du Pont Juvénal
C’est
en 1919 que fut créé le SOM (Stade Olympique Montpelliérain). A ses débuts, le
club évolue au Stade des Aubes, un terrain non clôturé qui ne permettait donc
pas de grosses recettes au guichet.
Dés
lors, l’équipe dirigeante du SOM se mit en quête d’un nouvel endroit pour le
club et jeta son dévolu sur un terrain situé sur l’avenue du pont Juvenal, à
Outre
sa proximité du centre ville, le terrain avait en outre l’avantage d'être desservi
par une grande artère et donc plutôt facile d’accès.
En
revanche, ayant auparavant appartenu à un fabriquant de tonneaux, le lieu
ressemblait plus à un vaste débarras qu’à un stade de football et de plus, le
sol étant jonché de débris de verre, le premier travail des dirigeants du SOM
fut de se mettre à quatre pattes pour enlever un à un tous les objets
dangereux.
Après
le nettoyage du sol, le club, désormais propriétaire du lieu commença
immédiatement les premiers aménagements.
Une
petite tribune centrale fut édifiée et un accès fut ouvert sur l’avenue qui
permettait au public d’entrer avec sa voiture.
Par
la suite la tribune principale fut prolongée sur toute la longueur du terrain
et une autre tribune construite en face.
Enfin,
derrière les buts, 2 buttes en terre furent érigées pour pouvoir accueillir des
spectateurs debout.
Dés
lors le stade sera opérationnel et pourra accueillir plus de 18 000
spectateurs ce qui en fait un des plus vastes du grand sud.
Plus
tard, le club aménagera le hangar situé prés de l’entrée pour ses bureaux ainsi
qu’une buvette et la barrière d’entrée fut remplacée par une lourde porte
bretonne aux couleurs du club.
L’inauguration
du Parc des Sports du pont Juvénal 1923 lors d’un match remporté par le SOM
contre l’AS Cannes l’une des meilleures équipes de l’époque.
Fort
de ce nouvel outil, le SOM va se sentir pousser des ailes : le club
remporte la coupe de France 1929 à Colombes dans un derby 100% héraultais
contre le FC Sète, pourtant largement favori sur le papier !
En
1931, le club se retrouve à nouveau en finale mais est sèchement battu par le
Club Français 3 à O.
Au
moment où va débuter le premier championnat professionnel en 1932, tous les
espoirs sont permis, mais loin de truster les titres et le haut du tableau, le
SOM n’aura de cesse de faire l’ascenseur entre 1re et 2eme division,
la meilleure place obtenue étant 8éme en 1961-62.
Toutefois
le stade du pont Juvénal continuait de vibrer pour son club comme en atteste le
record d’affluence établi cette saison là contre le futur champion rémois avec
plus de 20000 spectateurs.
Hélas
cette saison sera aussi le début de la fin pour le club et son stade, puisque
le premier redescendra en 2eme division la saison suivante et celui-ci sera en
grande partie détruit par une tempête en 1963.
Sans
stade, sportivement et financièrement au bord du gouffre, le club se résout à
rejoindre le nouveau stade Richter situé à quelques centaines de mètres
seulement du stade du pont Juvénal comme on peut le voir sur la photo suivante
où l’on aperçoit dans l’axe de la flèche de l’église les 2 stades (le stade du
pont Juvénal se trouve à droite de la grue orange et Richter au fond).
Pour
le Pont Juvénal l’heure de la fin a sonné et celui ci sera rapidement rasé pour
construire des logements et un centre commercial.
MONTPELLIER – Stade de Richter
Peu
de stades auront aussi peu de chance que le stade Richter de Montpellier. En
effet lorsque le SOM s’y installe il végète au fin fond de la 2eme division.
De
plus, les supporters regrettent leur ancien stade proche du terrain et trouvent
cette enceinte de béton ouverte au vent plus que glaciale.
Enfin
on ne peut pas dire que beaucoup ‘efforts aient été faits pour la beauté du
site, l’enceinte se résumant à une ellipse de béton creusée à même la terre
avec 4 pylônes et aucune couverture !
Il
faut dire également pour la défense de Richter que vu la situation sportive du
club celui-ci ne sera jamais véritablement achevé.
Le
SOM continuant sa lente agonie finira par s’éteindre et disparaître à coups de
fusion pour devenir Montpellier Littoral FC puis à la suite d’une nouvelle
série de fusions Montpellier Paillade Sport Club en 1974.
Le
club étant désormais exilé à l’autre bout de la ville, s’en est fini du
football pour le pauvre stade de Richter qui n’aura connu durant 11 petites
années que les heures les plus noires du football Montpelliérain.
Pour
autant le stade ne sera pas détruit mais reconverti en espaces de spectacles et
de concerts.
Faute
de Platini, Milla et Laurent Blanc, il verra passer des Michael Jackson, Bruce
Springsteen, U2 et autres Pink Floyd.
D’autre
part il accueillit également le marché aux puces de Montpellier durant des
années et fera également le bonheur des joueurs de boules du quartier.
Finalement,
ce stade mal aimé aura tout de même fait sa petite carrière mais un peu par
défaut. Il sera rasé au début des années 90 pour construire une nouvelle
université et un quartier étudiant.
Quand
aux puces, elles seront délocalisées tout en bas de
Une
dernière photo du stade Richter le long du Lez. Pour info, le premier pont en
remontant la rivière est le pont Juvénal.
C’est
donc sur la rue qui remonte vers la ville que se trouvait l’ancien stade du
SOM.
Ziober
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