CONTRIBUTION DE PRINTEMPS

Depuis le début de la concertation sur le Projet des Halles, nous avons écrit et diffusé, comme d’autres, plusieurs textes, reflets à la fois de nos réflexions et de notre « écoute » du quartier.
Aujourd’hui, brisant net cette concertation, un petit groupe de pression tente d’imposer le « projet Mangin » à travers une pétition… signée par quelques conseils syndicaux d’immeubles.
Paris des Halles s’interroge sur cette démarche et surtout ses bénéficiaires : quels intérêts privés ?

Pour nous la logique des « marchés d’études de définition », c’est de poursuivre jusqu’au bout la concertation , garante de transparence et de démocratie, et de proposer de chaque projet ce qu’il a de meilleur afin de créer une œuvre cohérente mais composite, ambitieuse mais à dimension humaine.
Selon des principes que nous défendons et partageons avec de très nombreux riverains :

Oui
- à l'espace, à la lumière, à la transparence et à la liberté du regard.
- aux plus grands espaces possibles libres, gratuits, et non marchands.
- à la liberté d'aller de venir et de flâner, de circuler librement.

Non
- aux 15.000 M2 de commerces « supplémentaires » exigés par Unibail -Expansion.
- au pillage d’un espace de liberté pour l'intérêt d'un groupe privé.
- à la captation des piétons au profit d'un hypercentre commercial.

Les projets de Koolhaas et de Winy Maas
ont fait l’objet de critiques trop sévères et expéditives.

Ces deux projets, pour beaucoup d’entre nous, ont :

Séduit par leur modernité, leur audace, leur approche contemporaine de l’espace urbain, leur approche de la ventilation des flux et des accès, leur désir de lumière comme moyen de communication entre ceux d’en-bas et ceux d’en-haut.
Attiré par leur générosité sociale qui n’enferme pas les usagers et les employés du forum sous un couvercle étanche, réduisant les fractures entre les populations du quartier, autorisant cette mixité et cet accueil que nous revendiquons.
Convaincu par leur aspect modulaire, leur adaptabilité conforme à la poursuite de la concertation et par leur souplesse future.

Ils nous ont aussi parfois inquiété et pour cela, il conviendrait de limiter :

• ici ou là les hauteurs des pyramides de Kool Haas.
• leur nombre et leur concentration (excessives à l’emplacement de l’ancien forum) et plus particulièrement dans l’espace dédié au jardin afin de respecter sa continuité et son calme.
• Le projet de Winy Maas, dans sa radicalité aérienne, plateau entièrement dégagé, libre de toute entrave, avec ses 60 % de surfaces de verdure traversée d’allées translucides (le plus grand espace-jardin public de tous les projets) demande à ce que les accès en pente douce à son plateau soient multipliés afin d’ouvrir davantage ses perspectives.

Tout ceci vaut largement un effort de recherche technologique afin de garantir l’entretien des vitraux, des parois des pyramides, ou de proposer des innovations phares et écologiques pour la climatisation des espaces vitrés.


Parce que nous avons, depuis deux ans, défendu nos droits :

• Droit à autre chose qu’un hypermarché géant source de tous les déséquilibres.
• Droit à un jardin, espace de liberté, de flânerie et de jeux
• Droit à la préservation de l’espace, de l’air et des perspectives.
• Droit à des espaces publics élargis
• Droit à une meilleure « ventilation » des flux de visiteurs et de voyageurs.
• Droit au développement durable.
• Droit à une ambition et une esthétique dignes du cœur de Paris.

Nous rejetons le pavé gigantesque du projet Nouvel

Avec près de 60.000 m2 de surfaces bâties, le quasi doublement des surfaces commerciales existantes, la diminution des surfaces non marchandes et libres d’accès, le leurre d’un jardin-piscine à accès nécessairement « réservé », la provocation d’un Hôtel 4 étoiles à la Bourse du Commerce, le concept d’un projet fermé et non modulable, un jardin « public » amputé et pavé, ce projet « mastodonte » nous broie, nous assomme, et nous étouffe.

Mais pourquoi ne pas garder ses aménagements périphériques sur le quartier : Bibliothèque Turbigo, bâtiment RATP rue de Rivoli, passerelle Sébastopol, prise en compte de la rue Saint-Denis, place Marguerite de Navarre, efforts réels sur les trémies, qu’il est le seul à proposer) ?

Nous refusons le couvercle géant du projet Mangin

Sous l’argument trompeur de respecter le quartier, il édifie près de 21.000 m2 d’emprise au sol au profit d’un hypermarché géant coiffé d’un « couvercle ». L’espace dédié au jardin, déjà limité par le bâtiment, est amputé d’une allée à la Moulinsard, faisant de trois maigres pelouses une peau de chagrin. Plus grave : par sa « platitude » affichée il renvoie à sa vraie fonction : garantir la seule vocation commerciale du forum ! Le projet apparemment le moins cher le restera-t-il lorsqu’après 15 ans, tout comme les « parapluies » d’aujourd’hui, on le démolira en disant qu’il ne correspond plus à l’ambition artistique d’une capitale comme Paris ?

Pourquoi gaspiller notre argent et notre tranquillité au profit d’un projet aussi faible ?

Encore une fois, c’est en exigeant la non-augmentation des surfaces commerciales afin de rendre toute leur humanité aux projets « Européens », en les amendant dans le sens de la légèreté, de la dispersion, et du libre accès que les riverains pourront retrouver un enthousiasme en sommeil.

Ce sont les seuls projets susceptibles à nos yeux de défendre le rayonnement artistique de la capitale et d’offrir « un autre projet urbain, une autre identité urbaine ».

Pour que la concertation continue…