Réflexions (dites d'octobre) de Paris des Halles sur la concertation concernant la rénovation.

Paris Octobre 2003

À la recherche des équilibres.
Pour que la refonte du site des Halles au cœur de Paris soit pertinente et durable l'association Paris des Halles pense qu'elle doit être menée avec ce souci permanent de recherche d'équilibres.
Les équilibres financiers : avec un partage équitable entre les différents acteurs :  la ville, la  RATP Unibail,  la région, l'État.
Équilibre commercial : petit commerce et grandes surfaces, commerce de proximité et grande distribution,
Equilibre entre les différents quartiers de la capitale, ne pas risquer l'apauvrissement de lieux comme Saint-Germain des prés, Italie II, Bercy, la butte aux cailles, mouffetard, bastille, Opéra,
Ne pas renforcer le déséquilibre entre Paris et sa banlieue (quid du projet de Saint-Denis)
Équilibre d'utilisation :
Entre les activités diurnes et nocturnes,
Entre les usagers occasionnels la majorité et les habitants en faible minorité,
Entre les lieux culturels et les lieux commerciaux,
Entre les espaces animées et les endroits calmes,
L'équilibre d'accueil pour tout les âges : les enfants, les familles, les personnes âgées...

Quelques réflexions générales.
Elles s¹inscrivent dans le droit fil des idées de notre contribution de juillet.
 
I/Félicitons la SEM et les architectes pour leur confiance et la qualité de la concertation même si il est évident que l¹ampleur du projet exige la mise en place de " relais " pour une information plus riche et plus continue.
 
II/Réflexions générales toutes équipes confondues :
 
a / Satisfaction :
- Heureux que les études prennent en compte la volonté de réduire la circulation automobile, et d¹augmenter la place du piéton et celle du vélo.
- Étonnes et surpris de la qualité, du sérieux, et du volume de travail effectué
     
b/ Manques :
Nous ressentons cependant un déficit de réflexion sur :
- Les problèmes liés à la rue Saint-Denis et à son nécessaire réaménagement.
- L¹anticipation des problèmes de " sécurité " de l¹espace central. (
En particulier : possibilité de se déplacer en sécurité partout, de rejoindre les espaces publics et les transports EN DEHORS des ouvertures des centres commerciaux ) ( Le Forum fut un lieu ouvert, il est aujourd¹hui
fermé la nuit ).

- La ventilation des passagers en sortie de gare ailleurs que vers le centre commercial
- Plus généralement, le fait de considérer ce quartier non pas seulement comme un capteur et répartiteur de passagers de la gare
ferroviaire vers les rues de Rivoli et vers le Centre des Halles, mais aussi sinon plus comme un lieu de vie et de passage en surface (déplacements de riverains sur le site,  de promeneurs sur l¹axe Beaubourg  Louvre ).
- La connexion avec les espaces de marché alimentaire.
- Et, last but not least, la place des enfants dans cet univers : des mondes parfois secrets, toujours accueillants et " protégés ".

C/  Inquiétude :
Elle concerne l¹augmentation ou la "densification" des surfaces
commerciales. En effet, le quartier est déjà envahi de visiteurs, de badauds et d¹acheteurs. On ne peut déjà plus y circuler de façon agréable et paisible. Une réorganisation de l¹espace et des flux pourrait redonner du confort à la circulation. Mais une augmentation des surfaces commerciales dans les proportions que nous pressentons à travers les études nous paraît compromettre totalement les équilibres de vie du quartier.
( C¹est l¹idée du temple commercial que nous avons déjà dénoncée) .
Il est possible que la contrepartie de l¹engagement d¹Unibail-Expansion
(et de son engagement financier) implique ce déséquilibrage du quartier, mais nous y sommes opposés.
S¹il est juste de dire que " le commerce, c¹est la vie ", nous pensons aussi qu¹un excès d¹enseignes aboutirait à l¹inverse du résultat escompté dans un petit quartier fragile du centre de Paris.
 
Considérant les récupérations
( ou reconversions ) de surface en sous-sol (bretelles, trémies, place basse, etc.) qui pourraient " presque " compenser la destruction des parapluies, nous nous interrogeons sur la nécessité (pour trois études sur quatre) de " bétonner " à nouveau et encore plus en surface ou en volume un espace dont aujourd¹hui l¹un des charmes ( le seul ? ) est précisément son aération
 
D/ Demande : 
Nous demandons donc que soit étudiée avec soin la position de la RATP ( à l¹initiative du projet pour raisons de sécuritéS) et de la région (impliquée par les retombées de création de flux et de synergies avec les
banlieues).
 
E/ Séduction
- Pour la récupération des trémies automobiles d¹accès et d¹une partie des bretelles souterraines.
- Pour ouvrir au sous-sol des transparences vers le ciel ( facilité des repérage, lumières, etc. dans l¹espace gare, dans l¹espace commercial et aussi dans la grande galerie de Chemetov).
- Pour remonter  espaces publics à la lumière ( et en particulier ceux liés aux enfants : conservatoire, etc.)
- Pour utiliser la Bourse du Commerce, même si sa récupération ne semble pas gagnée d¹avance !
  
F / Opposition :
Non à un jardin en petits bouts, éparpillé ou émietté façon campus ou en " jardins précieux" qui ne soient pas " à vivre ". Nous souhaitons conserver l¹intégrité d¹un jardin dans sa globalité et dans son étendue.
Bonzai/ rocher tombés du ciel/ Graviers ratissés, bantoustans de pelouses, nous disons non.

III / Notre position en l¹état pour ce qui concerne :
 
A/  l¹analyse du quartier aujourd¹hui, de ses défauts et de son inscription dans l¹histoire
Nous sommes intéressés et séduits  par la variété des points de vue.
Étonnes que personne ne fasse pratiquement référence ( positive ou négative) à Baltard, pas plus d¹ailleurs qu¹aux trois fonctions qu¹assure le quartier depuis le moyen-âge : habillement, alimentation et sexualité. ( En effet, la difficulté à dépasser ces trois fonctions semble grande si l¹on en juge par leur pérennitéS)
 
B / les aménagement de la Gare et des espaces : toutes réflexions intéressantes, que ce soit de la grande gare aux vestibules Mais il convient de s¹intéresser à l¹irrigation du quartier. La concentration actuelle sur l¹axe Pierre-Lescot/Saint-Denis/Châtelet n¹est-elle pas à plus ventiler vers l¹Ouest ?
 
C / Le phasage des travaux : les points de vue sont très techniques, mais nous concernent au premier chef. Merci de cette prise en compte.
 
D:/ Les études d¹améngement en surface.
 
1/ L¹ idée d¹aménagement en " terrasses ". ( monter, descendre, foncer, flâner)
Nous sommes très réticents sur :
 - La perte des perspectives.
 - Le bétonnage de l¹espace ( même si on construit léger)
 - L¹éparpillement du jardin et donc sa suppression en tant qu¹unité globale et cohérente. ( A noter à ce sujet : un jardin ce ne sont ni des arbres plantés dans du béton, ni des arbres plantés en l¹air à 20 mètres)
 - La difficulté de concevoir une vie sûre et nocturne dans de tels espaces.
-  L¹élévation générale, globale et importante de la surface édifiée.
 
Notre appréciation est  fortement négative.
 
2 / Idée du jardin à moitié ceinturé d¹immeubles à hauteur de ceux existants et de rues "parisiennes"
Là aussi, blocage des perspectives.
Parc intérieur non ouvert vers le quartier.
L¹ombre envahit un quartier aujourd¹hui ensoleillé.
Intérêt cependant pour la notion du parc " à vivre ".
Appréciation fortement négative.
 
3 / Idée du jardin campus avec Arène centrale circulaire " médiatique " et autres bâtiments disposés sur l¹espace ( et jumelage avec les JO de 2012) .
L¹idée respecte mieux la conservation de la luminosité du lieu.
Mais on ne veut ni stade ni Rolland Garros ni salle de concert.
D¹autre part on émiette le jardin qui devient simple environnement ou parvis des bâtiments.
Appréciation moins négative mais négative quand même.
 
4 / Étude dite du drapeau vert-grand parc avec nouveau Beaubourg sur l¹îlot Berger.
Séduits par l¹approche radicale, sérieuse, cohérente, et inventive.
Séduits par l¹idée de donner à un immense jardin toute son ampleur et la possibilité de le faire " déteindre " sur la rue Saint-Denis et le Sébasto.
Séduits par la possibilité de voir émerger des trémies piétonnes d'accès au monde souterrain  matérialisées en surface par de légères constructions ou du type des "belles" portes " Berger " ou " Bourse ".
En attente devant l¹essentiel : la forme de la chose, sa matérialisation ainsi que toute la conception du jardin. ( A ce titre, cette étude gagne en radicalité ce qu¹elle perd en précisionS).
Séduits par l¹idée de faire disparaître les façades et les abords de l¹ilôt Berger du quartier.
Inquiets quant au traumatisme ( c¹est peu dire) induit sur le " relogement " (où, comment ? ) des habitants. Il faut les consulter. Nous ne pouvons soutenir une étude de ce genre qui ne prendrait pas en compte cet aspect du problème
Inquiets quand même sur la hauteur de l¹édifice, en particulier à cause des proximités de logements sur ses faces ouest et sud plongés dans l¹obscurité.
Inquiets sur l¹ombre portée sur le jardinS
Inquiets sur la pérennité des constructions centrales de substitution provisoires
Inquiets aussi sur la nécessité affichée de raser les arbres : nous pensons qu¹il y a des secteurs du jardin assez ratés ( notamment près de la Bourse) mais des espaces comme ceux des boulistes, à l¹ombres des tilleuls et des châtaigniers de la rue Berger sont fort prisés.
Inquiets sur la nécessité de définir, au pied d¹un tel objet, un parvis d¹accès qui n¹ait plus rien à voir avec un jardin.
Bref : un tel bâtiment, afin de ménager un peu perspectives et espace n¹est pas " forcément " un parallélépipède rectangle mais pour le moment, il est représenté ainsi !
 
Position donc  : grande séduction d¹emblée sous grosses réserves.

Il est à noter pour conclure qu'il existe au sein de notre association un courant toujours vivace qui s'interroge encore sur la nécessité, toutes études confondues, d'un remaniement du quartier aussi important... ( coût énorme, besoins réels, bouleversements durables sur l'équilibre du quartier etc.)