- Qu'est-ce qu'une œuvre d'art ? - 
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[ Problématique et plan ]
 
On peut s'interroger sur l'essence de l'œuvre d'art en raison de la multiplicité des arts et des œuvres : elles ne semblent pas avoir en commun des caractéristiques qui justifient qu'on leur donne le même nom et qu'elles partagent la même essence. 
Existe-t-il quelque chose de commun aux monuments de l'Acropole, à une symphonie quelconque, à une toile de Picasso, à un emballage de bâtiment public par Cristo, à une compression de César, à une pièce de théâtre de Boulevard, à un roman de gare et à la poésie de Baudelaire… ?
Rien en apparence.

Sauf que dans tous les cas, il semble qu'on ait toujours trois éléments : 

  • Une œuvre d'art est le produit ou l'effet de l'activité ou du projet d'un humain qu'on appelle un artiste
  • Elle a pour caractéristique de s'adresser à un public (grand ou choisi) sur lequel elle a certains effets, comme des émotions, des engouements, un plaisir et la production de discours, l'ensemble étant le plus souvent liés à la beauté des oeuvres.
  • Elle est un objet en rapport avec les autres objets du monde dont elle semble dire quelque chose : il est courant de soutenir que les œuvres d'art représentent et/ou expriment quelque chose. Ce qui voudrait dire qu'elles renvoient à quelque chose d'autre qu'à elles-mêmes.
Est-ce à dire qu'on a ainsi défini l'essence d'une œuvre d'art ? Ne faudrait-il pas soutenir qu'une œuvre d'art, c'est un bel objet, qui représente ou exprime quelque chose et qui est produit par un artiste en vue de créer une impression sur un public ? Auquel cas, elle serait faite de ces trois rapports : à un auteur, à un public et au réel.

Mais alors : 
Pourquoi certains objets réputés d'art aujourd'hui ne l'ont-ils pas toujours été ? Pourquoi certains objets qui n'étaient pas initialement des œuvres d'art, comme les peintures rupestres, des masques, des parures…, le sont-ils devenus ? Pourquoi certains, en perdant leur fonction initiale : rituelle, religieuse, magique, ont-ils acquis ce statut d'œuvre d'art et pas d'autres ? Qu'est-ce qui justifie ces changements de statut ?

Pourquoi des variations de jugements d'une époque à une autre ? Comment a-t-on pu refuser le statut d'œuvre d'art à des objets affirmés comme tels par leurs auteurs et que nous avons fini par tenir pour tels ? Pourquoi par exemple les premières toiles impressionnistes, les dernières statues de Rodin, Madame Bovary, Les demoiselles d'Avignon ou les graphes et le rock n'ont pas été ou ne sont pas tenus pour de l'art ? Pourquoi finir par le refuser à d'autres qui d'abord sont passées pour des œuvres d'art ? 

Pourquoi des variations de jugements d'un public à un autre ? Pourquoi certaines reproductions de peintures ou de dessins lassent-elles ou font-elles sourire les amateurs d'art ? Inversement, pourquoi certaines œuvres reconnues comme œuvres d'art en cela qu'elles sont dans des Musées ne passent pas pour telles auprès du grand public qui juge que ce n'est pas de l'art, mais de l'escroquerie ?

Pourquoi reconnaître comme artiste des individus qui ne se considèrent pas comme tels et par ailleurs refuser ce titre à certains de ceux qui le revendiquent ? 

Pourquoi tous ces malentendus entre auteurs et public, entre différents publics au sujet des œuvres, de leur beauté, de leur expressivité ou de ce qu'elles représentent ? 

En somme, si pour pouvoir dire qu'un objet est une œuvre d'art, il faut que les trois éléments que sont l'artiste, le public et un certain rapport de l'œuvre au réel soient présents, reconnaissons que ces trois éléments n'apparaissent pas de manière simultanée et harmonieuse.

C'est lorsque la présence de l'un des trois parvient à entraîner celle des deux autres qu'un objet devient d'art.

C'est parce que tel objet est beau qu'un public dira qu'il est une œuvre d'art et donc que son auteur est un artiste. C'est parce que l'auteur de telle œuvre est un artiste qu'on lui trouvera de la beauté ou des qualités esthétiques. C'est parce qu'un objet est expressif ou qu'il représente avec force quelque chose qu'il sera tenu pour une oeuvre d'art par un public et c'est parce qu'il a ces qualités qu'on va finir par le trouver beau.

Mais si l'un des trois suscite les deux autres, n'en est-il pas un qui soit déterminant ? Et si tel est le cas, lequel des trois éléments est-il décisif ? Lequel des trois détermine-t-il les deux autres ? L'artiste, c'est-à-dire la création artistique ? Le public, c'est-à-dire les appréciations d'un public ? L'œuvre en tant qu'elle représente ou exprime quelque chose, c'est-à-dire la nature de l'objet et son rapport au monde ?

Nous avons là trois points de vue possibles et trois questions par lesquelles il sera peut-être possible de savoir en quoi consiste une œuvre d'art :

1 ) Point de vue de l'artiste, de la création. Et si une œuvre d'art, c'était tout d'abord et essentiellement ce que fait un artiste ? En somme, pourvu que celui qui produit une œuvre soit un authentique artiste, alors il ne fait pas de doute que ses œuvres seront belles et expressives et donc qu'elles finiront par être reconnues comme des œuvres d'art. 

Soit, mais alors qu'est-ce qu'un artiste ? Et qu'est-ce qui caractérise la création artistique ?

2 ) Point de vue du spectateur, de l'effet. Et si une œuvre d'art, ce n'était finalement que ce qui est socialement tenu pour tel ? Et si c'était les jugements des spectateurs qui décidaient de tout : des qualités qui font qu'une œuvre est d'art et donc de qui est un artiste ? Soit, mais puisqu'il n'y a pas de jugement sans critère et que ces critères ne sont ni arbitraires ni singuliers sans quoi les jugements des spectateurs ne seraient pas si souvent convergeants, sur quoi se fondent-ils ? Sur les effets que les objets ont sur le public ? Soit, mais lesquels ? Comment l'œuvre d'art parvient-elle à les provoquer ? Sa beauté ? Mais qu'est-ce la beauté d'une œuvre d'art ? Et est-elle réellement la cause des effets qu'on lui reconnaît ?

3 ) Point de vue de l'œuvre en tant qu'elle représente ou exprime quelque chose. Et si une œuvre d'art, c'était un objet, un quelque chose qui se signale par un rapport au monde, un rapport particulier avec les objets du monde ? D'accord, mais quels sont les rapports si particuliers que les œuvres entretiennent avec le monde en général, avec le réel ? Qu'est-ce qu'un objet doit représenter ou exprimer pour être une œuvre d'art ?

Mise en garde : il ne faut pas confondre le point de vue de l'essence et celui de nos appréciations, confondre les œuvres d'art dans leur ensemble avec celles qu'on aime, croire que les œuvres que nous n'aimons pas ne sont pas des œuvres d'art : on n'est pas obligé d'aimer tout ce qui se fait en la matière et on ne doit pas rejeter en dehors de l'art des œuvres pour la seule raison que nous ne les comprenons pas ou qu'elles nous heurtent.
En revanche, rien n'interdit, au sein de l'ensemble des œuvres d'art, d'établir une hiérarchie, de distinguer les œuvres d'art des chefs d'œuvre. Seulement, là encore, il faudra se garder de prendre nos appréciations immédiates pour un critère pertinent : le chef-d'oeuvre n'est pas nécessairement ce qui nous plaît, c'est l'excellence pour une œuvre d'art. Voilà qui nous ramène à la nécessité de définir l'essence des oeuvres d'art.

 
 
 
I ) Qu'est-ce qu'un artiste ?

    A ) Qu'est-ce que l'art ?
       1 ) Art et nature.
       2 ) Art et industrie.
    B ) Artiste et artisan.
       1 ) L'artisan travaille, l'artiste non.
       2 ) L'artiste : un artisan avec du génie en plus ?
           a ) Qu'est-ce que le génie ?
           b ) Le génie en question.
           c ) Le génie : une explication superflue ?
    C ) La création artistique.

II ) Quels sont les effets spécifiques des œuvres d'art ?

    A ) Qu'est-ce que le beau ?
       1 ) Le beau, c'est le parfait.
       2 ) Le beau, c'est ce qui me plaît.
       3 ) Le beau, ce n'est ni l'agréable, ni le bon.
    B ) Qu'est ce que la beauté d'une œuvre d'art ?
    C ) Les effets des œuvres d'art ont-ils leur beauté pour cause ?

III ) Quels sont les rapports qui existent entre les œuvres d'art et le réel ?

    A ) Les œuvres d'art imitent-elle la nature ?
       1 ) Est-il possible d'imiter la nature ?
       2 ) Comment peut-on représenter sans imiter ?
    B ) Les œuvres d'art n'expriment-elles que notre subjectivité ?
       1 ) La subjectivité de qui ?
       2 ) Comment les œuvres d'art parviennent-elles à exprimer notre subjectivité ?
       3 ) Les oeuvres d'art ne sont-elles pas sans aucun rapport avec le monde réel, purement fantaisistes ?

    C ) Les œuvres d'art ne représentent-elles pas malgré tout quelque chose ?
       1 ) Ne serait-ce pas la nature qui imiterait l'art ?
       2 ) Les œuvres d'art rendent visible.
 
 

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