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 Sanza





 front cover

  Dans ce disque, plusieurs titres sont repris du répertoire de Francis Bebey, le père de Patrick (Engome, Didiye, Elimb' a noah, Sunny cript, ...). Patrick Bebey chanteur me fait penser à un classique, même si on le considère comme un représentant de la "junge Garde Afrika's". En effet, jamais Patrick ne force la voix, jamais il n'accélère le tempo : tout tient dans la chaleur de sa voix grave comme mue par un immense calme, un plein de forces que révèle une scansion que l'on ne connait qu'à quelqu'un comme Edu Lobo, en longue inspiration (Essok'am), en respiration comme dans une course ralentie (Oye Likmenbe). Patrick par son équilibre dynamique me laisse croire que j'entends le douala : c'est à peine, lorsqu'il revient au français pour une chanson (Sanza tristesse) qui fait penser à Duparc ou à Debussy (Beau soir) plus qu'à aucun autre artiste, que l'on réalise qu'on est passé par une autre langue, dont aucune syllabe ne nous a heurté, dont le jeu vocalique semble tout droit venu des douceurs de l'enfance. Le douala chanté par Patrick semble aussi dépourvu de dureté qu'il donne à la musique l'évidence d'un b a ba.


  Entouré de Luis Augusto Cavani, le choix du batteur connu comme un des sidemen de Tana Maria renforce mon impression d'un cousinage avec le Brésil, et de Marc Bertaux - qui referme le cercle de l'une des rythmiques préférées des pianistes-chanteurs. Patrick tend avec son jeu de Sanza les décors de ces chansons dont la trame est coloriée par les deux percussionistes (Moussa Cissoko et Mestre Carneiro) : quand le piano intervient tel qu'en lui-même, on retrouve la concision et le caractère rythmique et chantant de Luis Eça ou de Herbie Hancock (la pureté de son chorus sur Eyidi qui est son Maiden voyage).
  Tout ceci me remplit d'un sentiment de respect naturel (?) que je ne m'expliquerai que lorsqu'il me sera donné d'écouter Patrick avec Myriam Makeba, qu'il accompagne souvent, et avec John Williams, le guitariste classique par excellence qui a eu depuis longtemps la révélation de l'Afrique classique par la guitare de Francis (cf. The Magic Box).



- Liens -
  • Patrick Bebey en Allemagne
  • Patrick Bebey avec John Williams
  • © 2004 Pierre Isselin