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Etude du film « L’homme qui
tua Liberty Valance »
« L’homme qui tua Liberty
Valance » est un film de
deux heures en noir et blanc réalisé par John Ford en 1962, basé sur le roman
de Dorothy M. Johnson. Les principaux acteurs en sont James Stewart, John Wayne, Vera
Miles, Lee Marvin, et Edmond O’Brien.
En 1910, un couple âgé, le sénateur
Ransom Studdart (joué par James Stewart) et sa femme Alice (jouée par Véra
Miles) se rend à Shinbone dans l’Ouest à l’enterrement de leur vieil ami, Tom
Donivon (joué par John Wayne). Un journaliste, Peabody, presse le sénateur de
lui raconter l’histoire du défunt dont plus personne à Shinbone ne se
souvient :
L’histoire débute par l’attaque
d’une diligence, au cours de laquelle Ransom Studdart, avocat à la cour en
déplacement, défend une veuve dépouillée par des bandits. Il s’ensuit une
altercation violente entre lui et le chef des bandits, Liberty Valance (joué
par Lee Marvin), durant lequel l’avocat est malmené et blessé. Recueilli par
une famille, il se fait soigner et reprend rapidement des forces. Il y apprend
à ses dépends la dure loi de l’Ouest, en contradiction totale avec la légalité
des Etats de l’Est. Epaulé par Paul Donivon,
tireur remarquable, il veut mettre fin aux agissements de Liberty
Valance par des moyens légaux. Liberty Valance le provoque pour finir en duel.
Miss Alice, la logeuse et future épouse de Ransom, le supplie de quitter la ville. Mais celui-ci refuse et se rend au
duel durant lequel est tué Liberty Valance. La ville est alors en
effervescence. Lors des élections sénatoriales Studdart, devenu célèbre grâce à
ce duel, est triomphalement élu.
Il est pourtant très affligé d’être l’auteur d’un crime. Alors, Tom Donivon lui
avoue qu’il a lui-même tué Liberty Valance lors du duel en profitant de
l’obscurité nocturne. tuddart a alors sa conscience soulagée et se lance sans
crainte dans une carrière politique prometteuse.
Les journalistes qui écoutent son
récit sont déçus et décident de ne point faire paraître l’article. Ainsi,
l’histoire véritable de Tom Donivon reste cachée pour toujours, mais c’est
grâce à cet acte que la légalité
a pu s’imposer et qu’une légende s’est construite : la victoire du droit
sur la force brute.
Dans ce film deux mondes
s’opposent : l’Est et l’Ouest. De nombreuses scènes telles que l’attaque
de la diligence font parfaitement ressortir ce contraste.
Dans cet extrait, les deux
protagonistes sont Liberty Valance, le bandit et Ransom Studdart, l’avocat. Il
y a un décalage dans leurs discours car ils n’appartiennent pas au même monde.
En effet l’Est symbolisé ici par Studdart est régi par la démocratie, c’est un
Etat de droit, un monde développé et civilisé où la parole est maître et où la
justice triomphe ; quant à l’Ouest représenté ici par Valance, il s’agit
d’une tyrannie où règne la loi du plus fort. D’ailleurs dans cette scène, le
code civil brandi par Studdart et le revolver de Valance illustrent
parfaitement ce contraste. Tom Donnivon pourtant ami de
l’avocat, s’accommode fort bien de cette tyrannie car il est fort et bon
tireur, ce qui lui offre une place importante dans cette société. Même le
shérif censé représenter la loi est incapable de l’appliquer vu qu’il est
peureux et qu’il n’incarne qu’une caricature morale et physique de celle-ci.
C’est justement là qu’intervient la
femme grâce à son rôle
temporisateur ; c’est par elle que peut être importée la démocratie à
l’Ouest grâce à sa volonté de changement dû à sa faiblesse dans la société.
C’est ainsi que ce monde évolue petit à petit vers l’état de droit.
L’une des premières étapes pour
l’évolution vers celui-ci est le vote des représentants du territoire qui
siègent au Sénat. Le président de séance est Ransom Studdart et le bar est
fermé car il est important d’être maître de soi en démocratie, mais le vote a
lieu à main levée ce qui révèle une imperfection car la force peut intervenir
sur l’issue du scrutin. De plus Studdart pour affirmer son autorité a besoin du
soutien de Donnivon qui symbolise la force mise au service de la liberté. Néanmoins
l’intervention de Liberty Valance au milieu de la séance montre l’impuissance
de cette force brute et Studdart en bon orateur qu’il est parvient à lui
résister et à faire taire ses menaces. Enfin la mort de Liberty Valance marque
définitivement l’avènement de la loi et l’établissement de la démocratie.
Mais une fois la démocratie établie,
il faut faire face à la manipulation exercée par les orateurs. Starbuckle,
vantant les mérites du candidat Langhome en est le parfait exemple :
celui-ci emploie tous les moyens pour présenter son candidat comme l’homme
incontournable. Tout d’abord il impressionne l’auditoire avec un
« rodéo », puis fait pression sur l’électeur en mettant l’élu sortant
en position de force grâce a l’emploi de métaphores, d’hyperboles et de
subjections, le tout avec une stature imposante et un rythme de parole
lent : ce qui montre qu’il est sûr de lui et de son choix. Mais Peabody,
l’autre orateur qui est aussi journaliste fait usage de la rhétorique, il
évoque les projets du programme qu’il soutient : l’instauration de la
démocratie libérale et la formation d’un Etat. Son discours apparaît honnête et
fait appel à l’humour avant d’évoquer les qualités de Ransom Studdart, son
candidat. Mais la réponse de Starbuckle est très stricte, il fait appel à de
nouveaux procédés tels que la diabolisation de l’adversaire afin d’agir sur les
sentiments des électeurs et d’éviter un débat dépassionné et raisonnable. En
somme Starbuckle souhaite donc que l’on vote en fonction d’un réflexe et non plus
d’un programme.
Cela nous amène donc à voir
l’importance de la presse dans la démocratie. Elle est avant tout un organe
d’information car elle provoque l’apparition de celle-ci, la divulgue,
l’analyse et la commente. Mais son principal pouvoir est de sélectionner les
informations. L’homme politique, à l’image de Studdart au début du film est
très courtisé par les journalistes car c’est lui qui détient la nouvelle. Mais
la presse a tendance a confondre la vie privée et publique du politicien :
lors de l’enterrement de Tom Donnivon, le journaliste ne respecte pas
l’intimité du sénateur car il ignore cette sphère privée. Et enfin l’objectif
de la presse n’est pas de dire la vérité mais de l’aménager selon les besoins à
l’image de cette phrase prononcée par le journaliste : « Lorsque
la légende dépasse la réalité, on publie la légende ».
Malgré un scénario classique, ce
western s’avère être fort intéressant grâce à tous les aspects politiques et
sociaux qu’il développe de façon parfois implicite. Le contraste saisissant
entre l’Est régi par les lois, et l’Ouest régi par les plus forts, apparaît au
début du film, avant que le droit ne prenne le dessus pour instaurer la
démocratie, qui est analysée
sous tous ces aspects.
Mais le XXème siècle n’est plus seulement celui du
règne de l’écrit. L’image y a pris une place de plus en plus grande à un point
tel qu’elle est devenue le véhicule du message démocratique.
Adrien Magnin
Guillaume Lahaye
Philippe Marchiset