Je découvre
d’abord quelques poèmes qu’il m’envoie par e-mail. Survenus d’où,
je ne sais, puisque jamais soupçonnés d’être. Je
les lis, étonné, surpris des chocs de phrases, du rythme
du récit, de la chute des fins. Survenus d’on ne sait où.
D’autant plus difficiles à
juger qu’il est mon fils. Le risque étant d’être trop exigeant
ou de ne pas l’être assez. Avec ces questions au moins : est-ce nul?
non ce n’est pas nul. Est-ce bien, bon, intéressant? Est-ce de qualité,
quelle valeur littéraire, poétique, éditoriale?
Du caractère, il y en a. Je
retiens le choc des phrases. Je sais qu’existe une publicité
pour un magazine qui use de la formule du choc des mots. Ici je parle
de poésie. Ce qui me semble en effet définir la poésie,
c’est que des mots, des phrases, des expressions, des sonorités,
des couleurs s’approchent alors qu’ils ne l’étaient pas du tout
rapprochés. S’entrechoquant jusqu’à s’assembler pour produire
du sens non aperçu encore.
Voici qu’il m’adresse prés
de 80 poèmes au joli titre de Petit parc d’amour. Je les
lis comme si j’allais les lire dans leur intégralité, d’une
traite.
Mais non je m’arrête quand
il me plaît, c’est le moins qu’un lecteur de poésie puisse
s’accorder. Je les lis dizaine par dizaine…
Il arrive de m’arrêter trop
tard. Une petite fatigue de lecture me fait penser que le dernier que
je viens de lire est moins bon que les autres. Ou c’est une moindre concentration
qui provient de ce que cette poésie est compacte, presque compressée,
en tout cas pas délayée comme les romans à sujets
de société.
Le lendemain je ne le pense plus,
que le dernier était moins bon, et je continue…
Ensuite je lis sans me prendre la
tête, sans réfléchir à chaque mot, ainsi que
David le souhaite, même si chaque poème formant un ensemble
autonome, passer de l’un à l’autre équivaut à quitter
une séquence pour une autre…
Il arrive cependant à nouveau
un moment où l’on établit une hiérarchie, oui au
début ou au milieu il y avait quelques poèmes plus forts,
ce sont ceux que l’on mémorise….
Hier c’était Tarot,
puis Feuille, puis…
Il y a aussi ce qui se mémorise
de ces poèmes survenus d’on ne sait où.
Une formulation de la vie émotive.
Un regard détaché et
cruel.
Tendre aussi.
Il fait ce pas d’humanité
vers les autres
C’est le petit homme qui intervient
un jour.
C’est un petit homme conscient.
Conscient de sa lucidité qui
lui fait dire qu’il est étonnamment un petit homme.
Alors, pour composer un poème,
il élance son écriture qui s’aiguise à mesure qu’il
écrit.
juillet 2003