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Genèse du projet
Peine perdue. Le lendemain, à deux kilomètres d’Arleuf, au lieu-dit " Les Malpeines ", hameau blotti à cinq cents mètres en contrebas de la nationale 78 Autun - Château-Chinon, nous nous arrêtions devant une ancienne fermette. " Tomber en arrêt " serait la bonne expression en ce qui me concerne. Au fond d’une courette close d’un portail, un bâtiment abritait deux logis qui encadraient une grange avec, en vis à vis, une écurie. Sur un côté, une petite construction était destinée à la basse-cour. Un peu plus loin, là où la terre devait être plus fertile, se situait le jardinet. L’agence qui nous avait indiqué cette
" affaire ", mise à prix à 44.200 euros, n’avait pas les
clefs. Cependant, un autre marchand de biens d’Autun nous en ouvrit les portes, nous laissant entrevoir
ainsi une possibilité de négociation. Nous avions commencé
à discuter des modalités d’une acquisition en commun avec nos amis. Nous en
étions encore à réfléchir à la question lorsqu’une nouvelle y apporta une
réponse définitive. La fermette faisait déjà l’objet d’une promesse de
vente. Avec cette promesse, nos espoirs s'étaient envolés. L’hiver mit fin à nos investigations. Moulin hallucinogène. En mai 1991, nous parcourions, chaque semaine, la rubrique " Fermettes et granges " d’un journal de petites annonces. C'est ainsi que nous nous arrêtons sur le texte suivant : "LORMES Ancien moulin à huile 33 x 7 mètres 1er étage 85 m2 habit. tout confort, garages, grenier et écurie 300 m2 aménageables, pierres apparentes + toitures refaites, ruisseaux, 200 m2 - 270.000 francs" (41.161,23 euros). Certes, cette description ne correspond pas au portrait robot que nous avions établi, mais il s'agit d'un moulin et ses installations en occupent toujours le rez-de-chaussée. Nous trouvons là une bonne occasion pour découvrir la bordure ouest du Morvan. Les clefs du moulin ont été confiées à une agence immobilière de Lormes qui nous dévoile les lieux (on n’y entre donc pas comme dans un moulin !) D’un côté, un mur aveugle longe le cours étroit du ruisseau. De l’autre, une façade lorgne ses voisines massées le long d’une cour étroite. Nous pénétrons à l’intérieur du bâtiment. Le
rez-de-chaussée a conservé l’aspect d’un ancien atelier avec des poulies
en bois reliées par des courroies de chanvre. Nous avons beau chercher, il n’y
a pas la moindre trace de meules ni de roue à aubes. Nous nous trouvons dans la dernière huilerie à avoir été exploitée à Lormes jusqu’en 1974.
Ici, la navette (plante proche du colza) était écrasée puis chauffée avant d’être
pressée. L’huile ainsi obtenue était d’assez mauvaise qualité et sa
production fut abandonnée à partir de 1870.
Le lendemain, nous reprenons la direction de Lormes. Au lieu d’enfiler tout droit les lacets qui se lovent autour des croupes et des mamelons, nous suivons les courbes lascives qui épousent les rives du lac de Chaumeçon. Sa surface, au dessus de laquelle flotte un voile de tulle, frissonne sous la caresse des premiers rayons du soleil. Nous apercevons bientôt un hameau, puis quelques maisons éparses. La route, plus étroite, s’enfonce à présent dans un sous-bois pour remonter plus loin vers un maigre groupement d’habitations de pierres. Soudain, nous nous immobilisons devant une ferme aux volets clos. Sur la porte de la grange, une pancarte annonce : " A vendre ".
Coup à l'estomac
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