PARTI SOCIALISTE

Section Est-Chablaisienne

Texte d'orientation sur "l'Europe"

L'EUROPE INTEGREE : LA MONDIALISATION POUR TOUS

Pour les socialistes l'unification de l'Europe est, comme l'a dit, le socialiste et résistant André Philip, l'application régionale d'un internationalisme humaniste.

Léon Blum, dans "A l'échelle humaine" préconise le fédéralisme pour unir l'Europe et cite les modèles américain et helvétique.

Guy Mollet et Gaston Deffere étaient pour une Europe fédérale, intégrée et supranationale.

Dans le même esprit François Mitterrand a parlé de "souveraineté partagée" et a créé avec le Chancelier allemand Helmut Kohl la monnaie européenne gérée par une banque qui est très clairement supranationale.

Pierre Mauroy a joué un rôle historique, comme Premier ministre en 1983, lorsqu'il a, avec François Mitterrand, pris la décision de poursuivre l'engagement européen de la France, face à ceux qui voulaient l'en extraire, ce qui l'aurait isolée.

Les socialistes ont toujours dénoncé "l'Europe des patries" de Michel Debré ou le plan Fouchet du Général de Gaulle parce qu'ils ont estimé a juste titre qu'une Europe intergouvernementale, ou du plus petit commun dénominateur, ne pouvait fonctionner et encore moins unifier l'Europe.

Le dogme développé à Matignon de "l'Etat-Nation" est à l'opposé de toute conception socialiste.

La formule est issue d'une autre idéologie, enseignée à l'ENA, fondée sur un état national dominant où les hauts fonctionnaires qu'elle forme exercent sans partage la réalité du pouvoir.

Les finalités étatiques et nationales sont étrangères au socialisme démocratique.

Depuis Jean Jaurès, le socialisme a pour objectif de libérer l’homme y compris de l’oppression de l’Etat, ce qui explique sa différence avec le communisme totalitaire.

Le socialisme est fondé sur l’internationalisme qui n’a jamais érigé la nation en dogme.

La formule de "Fédération d'Etats-Nations", avancée à la fois par l'Elysée et Matignon lors de la troisième cohabitation de la Vè République, est une antinomie.

S'il peut s'agir d'une évolution européenne pour le chef de l'Etat, M. Jacques Chirac, issu de la famille gaulliste, c'est un pas dans le sens opposé, un recul, pour un Premier ministre socialiste.

Les socialistes ont toujours préconisé l'Europe des peuples, jamais celle des nations et encore moins celle des états-nations qui n'ont rien à voir avec une unification européenne impliquant des transferts de souveraineté dans les domaines, comme la politique internationale ou la défense, où l'Europe peut faire mieux que les pouvoirs nationaux.

Depuis un demi-siècle, la France a joué le rôle de pionnier de l'unification européenne, de Jean Monnet à François Mitterrand, en passant par Robert Schuman, Guy Mollet et Valéry Giscard d'Estaing.

Depuis la fin de la présidence de François Mitterrand, la France a cessé d'assumer ce rôle historique, même si elle a agi à la façon d'un honnête courtier pour faire aboutir le sommet de Nice de décembre 2000.

La cohabitation y est sans doute pour quelque chose et le manque d'ardeur européenne pour beaucoup.

Si le premier grand discours européen, prononcé par Lionel Jospin comme Premier ministre s'est fait attendre quatre ans, c'est bien que l'Europe n'était pas prioritaire.

Pire, la France s'est mise à freiner la construction européenne.

Elle s'oppose aux projets fédérateurs.

Elle ne propose plus une vision d'une Europe capable de peser sur l'évolution du monde parce que tout à coup, elle se bloque sur la souveraineté nationale.

Ce rôle négatif était tenu jusqu'ici par le Royaume-Uni.

Aucun pays du vieux continent ne peut prétendre avoir le poids nécessaire pour jouer un rôle important dans le monde.

Refuser l'unification de l'Europe, c'est rapetisser la place de la France.

C'est lui rendre, ainsi qu'à ses citoyens, le plus mauvais des services.

De plus, le France donne le meilleur d'elle-même, comme l'a souligné le Général de Gaulle, lorsqu'elle est engagée dans un grand projet.

L'Europe est un idéal qui peut répondre à cette recherche d'un rôle à sa dimension.

La France doit retrouver sa fonction historique de pionnière de l'unification européenne.

Pourquoi laisser à l'Allemagne, d'abord à son ministre vert des Affaires étrangères, M. Joschka Fischer, puis au Chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, le soin de prendre les initiatives pour faire l'Europe.

L'entente franco-allemande a été à la base de tout le processus d'unification de l'Europe.

Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt, François Mitterrand et Helmut Kohl, n'ont pas été suivi par Jacques Chirac et Gerhard Schröder et encore moins hélas par Lionel Jospin et Gerhard Schröder.

C'est d'autant plus grave que la mésentente porte sur l'unification de l'Europe elle-même.

Certains des ministres du Gouvernement de 1997 à 2002, comme celui en charge des affaires européennes à l'époque, se sont même fait une spécialité de critiquer bêtement l'Allemagne.

Par exemple, en lui reprochant de prendre modèle sur son système fédéral pour faire ses propositions européennes.

C'est Montesquieu, une grand français, qui a le premier proposé une fédération pour l'Europe.

Ce sont les Alliés qui, à la fin de la Seconde guerre mondiale, ont imposé ce système, qui est devenu un grand succès, à l'Allemagne.

Système imposé afin d’éviter le danger d’une puissance germanique centralisée.

Le fait de voir les allemands proposer une fédération est une immense victoire pour la démocratie et la paix en Europe dont nous devons se féliciter tous le jours.

Surtout, le Chancelier Schröder a déclaré le 20 janvier à Berlin : "Entre une Europe intergouvernementale et une Europe intégrée, Paris et Berlin doivent se prononcer pour une Europe intégrée".

Faute d'une réponse favorable, le Chancelier social-démocrate a proposé une formule d'union qui ne répond pas, comme l'aurait fait une initiative conjointe, par exemple à nos très importants intérêts agricoles, ni à notre vision d'un noyau dur qui pourrait progresser plus vite que l'ensemble.

Ce refus de la vraie Europe se retourne contre les intérêts de la France, et ce n'est qu'un début si nous continuions à négliger l'entente franco-allemande et à refuser l'intégration européenne.

Le Sommet européen de Nice, des 11 et 12 décembre 2000, a démontré les limites de la coopération intergouvernementale pour faire avancer l'Europe.

C'était déjà difficile de prendre des décisions à six, puis à neuf, c'est devenu presque impossible à quinze, et cela le sera sûrement à vingt et plus.

Cette méthode de gestion de l'Europe se réduit à des affrontements d'égoïsmes nationaux et la recherche épuisante du plus petit dénominateur commun.

On finit par avancer au rythme du plus lent.

A l'heure de la mondialisation, l'inefficacité qu'elle engendre serait fatale au continent.

L'Europe a le choix entre l'intégration par la voie fédérale qui lui permettrait de maîtriser la mondialisation et de peser sur l'évolution du globe ou sa dilution par la voie intergouvernementale dans une vaste zone de libre échange sans âme où les sociétés transnationales, intégrées elles, détiendraient l'essentiel du pouvoir.

Nous souhaitons un engagement du parti socialiste pour l'intégration de l'Europe avec des caractéristiques supranationales comme les anciens premiers ministres socialistes, les idées socialistes au service de l'homme gardent toutes leurs chances, l'unification de l'Europe peut se poursuivre, la France retrouve son rôle et son influence, l'entente franco-allemande est relancée et les chances d'une mondialisation humanisée sont préservées.

Dans le cas contraire, le socialisme rétrograde de l'état-nation se fait l'allié objectif du libéralisme économique le plus dur, l'unification de l'Europe s'arrête, la France s'isole et perd sa capacité de jouer un rôle majeur conforme à sa vocation, l'entente franco-allemande se termine et la mondialisation se fait contre l'homme que l'idéal socialiste, la France, l'entente franco-allemande et l'Europe ont toujours voulu mettre au centre de leur projet.

Dans le cas positif, les français qui savent, avec l'intelligence qui les caractérise, que leur avenir est dans l'Europe nous suivront, dans l'autre ils ne pourraient que refuser d'aller vers un horizon qui se limite à "l'Etat-Nation".

Pour toutes ces raisons, nous proposons l'Europe intégrée, la seule qui vaille.

 

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