Chapitre 5 :

L’éducation sexuelle

 

 

Dans l’école publique, la quasi-totalité des écoles séparent garçons et filles. S’il y a parfois des écoles mixtes, c’est par manque de moyen dans des zones pauvres. Le tabou de la sexualité est complet et la séparation des sexes est très surveillée. Les normes vestimentaires, contraignantes et peu hygiéniques, sont très strictes et visent à cacher le corps. La naissance de la psychologie appliquée à l’enfant à la fin du dix-neuvième siècle tend à remettre en cause certaines normes. La publication par W. Preyer en 1882 de « l’âme de l’enfant » agite certains milieux scientifiques. Dans ce sens est créé, par Ferdinand Buisson et Alfred Binet[1], la Société libre pour l’étude psychologique de l’enfant en 1899. Mais pour Robin, la coéducation des sexes et l’éducation sexuelle sont des évidences exprimées depuis 1869, dans la Revue de philosophie positive, et déjà auparavant dans ses activités éducatives en Belgique.

Mais l’éducation sexuelle n’est vraiment affirmée qu’après la période de Cempuis. Pour Robin, elle doit permettre le contrôle des naissances. Mais dans le même temps, l’intérêt pour la question se généralise et dépasse quelque peu puisqu’il atteint des personnalité comme l’abbé de Fonssagrives, directeur de l’école Massillon. L’intérêt pour l’éducation sexuelle est divers. En dehors des questions purement néo-malthusiennes, beaucoup y voit surtout un moyen d’éviter une curiosité malsaine qui aboutit à des maternités précoces et à des contaminations par des maladies vénériennes. Il faut donc expliquer scientifiquement et sereinement la sexualité aux enfants afin d'éviter que par leurs propres recherches, ils se fassent de fausses idées dangereuses. Pour Robin, l’une des protections est aussi d’offrir à l’enfant une enfance heureuse qui ne le pousse pas à vouloir grandir trop tôt[2]. Mais cela ne suffit pas, une vrai éducation sexuelle est nécessaire. Les projets et méthodes dans ce sens fleurissent. Bien qu’ils soient souvent relayés et discutés par les néo-malthusiens, ceux-ci proposent certaines particularités propres. Nous allons parler ici d’éducation sexuelle pour enfants et non, comme le terme est parfois employé, d’une éducation sexuelle au sens large, qui revient, pour les néo-malthusiens, à expliquer à des parents les moyens de ne plus avoir d’enfants. Toujours est-il que les néo-malthusiens attirent l’attention sur cette question et tentent de briser un tabou. Madeleine Pelletier en parlera pour répondre aux néo-malthusiens, dont elle pense qu’ils ne prennent en compte que le point de vue masculin. Elle leur reconnaît le mérite de vouloir responsabiliser l’homme par rapport aux naissances non-voulues[3].

Signe d’un intérêt institutionnel, mais marginal, pour la question, un Congrès international de l’enseignement primaire[4], tenu à la Sorbonne à Paris en 1910, s’est déclaré favorable à un enseignement général de l’anatomie humaine et des fonctions de reproduction pour éviter les fausses informations dangereuses pouvant se répandre[5].

 

Les néo-malthusiens mettent en cause la littérature qui participe de la mauvaise éducation sexuelle en excitant les jeunes avant l’âge normal. Cette précocité est très dangereuse car, les jeunes n’étant pas, ou mal éduqués, elle aboutit à des situations difficiles : maternités précoces, « filles mères », avortements, problèmes de santé. C’est ainsi que l’éducation sexuelle est évoquée pour la première fois dans Régénération, en mai 1901, par un auteur anonyme[6]. Paul Robin écrit lui-même sur cette question, mais sans jamais faire de références à Cempuis. Il estime qu’il est nécessaire, « dès l’approche de la puberté, d’informer sérieusement, scientifiquement jeunes garçons et filles de ce qui concerne l’appétit sexuel normal, de ses origines, de ses conséquences physiologiques et sociales, de ses dangers, des moyens d’éviter ces derniers »[7]. Comme souvent lorsqu’ils parlent d’éducation sexuelle, les néo-malthusiens se contentent d’insister sur la nécessité de celle-ci sans vraiment donner d’idées précises sur son contenu et la façon de la faire. Robin insiste surtout dans cet article sur la nécessité d’avoir une hygiène de vie saine dès l’enfance.

Mais il est intéressant de noter que Paul Robin donne aussi un autre but à l’éducation sexuelle. Elle doit permettre de changer les rapports sexuels, qui sont considérés comme un plaisir égoïste masculin. « L’amour est un art que quelques-uns uns devinent, mais que la plupart doivent apprendre »[8]. L’éducation sexuelle doit se faire, « vers l’époque de la puberté, dans un sage milieu, ayant pour but commun le parfait développement de l’être humain »[9], c’est à dire dans un milieu d’éducation intégrale. L’éducation sexuelle est considérée comme un simple enseignement théorique, d’une activité naturelle exigée par la physiologie.

En fait Paul Robin a peu écrit sur cette éducation sexuelle. Il s’est contenté d’en expliquer la nécessité et de critiquer la manière dont la jeunesse apprend les choses de la sexualité. Il s’est particulièrement attaqué à l’art, à la littérature, à la chanson dont l’unique objet est l’histoire d’amour et le romantisme.

Sébastien Faure s’est un peu plus intéressé à la question. Mais dans son intervention à la conférence sur « le problème de population » le 16 novembre 1903, il se contente d’expliquer les dangers du manque d’éducation sexuelle scientifique. Il explique aussi qu’elle est nécessaire à la maternité consciente. Il en dit plus dans ses « Propos d’éducateurs ». Son paragraphe sur l’éducation sexuelle est d’ailleurs reproduit par Génération consciente. Afin d’éviter la gène créée chez les éducateurs par cet enseignement, il doit être fait « comme n’importe quel chapitre des sciences naturelles »[10]. Il faut à tout prix éviter les périphrases, précautions, sous-entendus et employer des termes scientifiques.

A partir de la création de la Ruche, Sébastien Faure intervient beaucoup plus par rapport à l’enfant, nous l’avons vu. Lorsque Génération consciente sera victime de la répression, un grand meeting de soutien est organisé à la salle des sociétés savantes, le 31 mars 1910. Nelly Roussel, le Docteur Sicard de Plauzolles, l’Abbé Viollet et Sébastien Faure prennent la parole. Une grande partie de l’intervention de Sébastien Faure concerne l’éducation sexuelle. Il se contente de souligner le danger des mystères faits autour de la sexualité. Il précise tout de même que l’objectif de cette éducation est de supprimer les naissances dues au hasard et rapports sexuels irréfléchis, avec tous les dangers qu’ils représentent pour la santé[11].

 

Génération consciente annonce et chronique les différents ouvrages traitant de la question, ce qui leur permet de placer des commentaires. Mais les d’articles traitant d’éducation sexuelle ne sont qu’au nombre de cinq sur les 77 numéros du journal. Le congrès d’enseignement primaire de 1910 relance l’intérêt pour la question. Gabriel Giroud rappelle que les néo-malthusiens ont déjà exprimé les mêmes positions que ce congrès depuis « belle lurette ». Mais il fait aussi remarquer que la plupart de ceux qui ont tenu ces positions au congrès sont des repopulateurs. Pour lui, l’éducation sexuelle va de pair avec la prévention sexuelle et doit préconiser l’emploi des moyens préservatifs, ne serait-ce que pour de simples raisons de santé. Les maternités nombreuses et répétées seront naturellement évitées par toute femme ayant appris dans sa jeunesse les règles d’hygiène sexuelle[12].

Deux mois après, Edouard Gauche traite de la question dans un important article[13]. Pour lui, l’éducation sexuelle est d’abord l’enseignement général de l’anatomie humaine, et notamment des fonctions de reproduction. Edouard Gauche regrette que les méthodes proposées du congrès d’enseignement primaire à la Sorbonne soient « trop brutales et trop longues ». Il établit donc sa méthode, strictement scientifique et progressive selon l’âge. La première étape est d’enseigner le fonctionnement de la nature et la reproduction des plantes. Cela permet de définir les différents rôles de mâles et des femelles. Ensuite, il faut parler d’embryogénie et donner des exemple de développement : fécondation des poissons, œufs, etc. La troisième étape concerne la copulation animale et permet d’étudier l’anatomie des mammifères et les organes génitaux. Enfin, la quatrième étape étudiera la génération humaine, « dans un langage sévère, technique, sans aucune allusion à l’amour et à la volupté ». Les enseignants devront avoir une formation médicale faite en faculté de médecine. L’auteur précise que les parents seraient meilleurs sur ce terrain, mais qu’ignorants, ils ne sont pas capables de donner cette éducation. Ce système se veut strictement scientifique. Il a le mérite d’exprimer pour la première fois dans Génération consciente ce que les rédacteurs entendent par éducation sexuelle pour enfants.

 

Dans le Malthusien, à part les chroniques et commentaires des nombreux ouvrages sur l’éducation sexuelle, le sujet est peu traité. Les deux premières pages illustrées sur la question ne marquent apparemment pas un intérêt particulier pour la question[14]. Seuls trois articles de fond sont consacrés à l’éducation sexuelle dans les 68 numéros du Malthusien. L’article  d’une certaine Mercedes Gaillaud, dans le journal niçois Luttes sociales, du 13 juillet 1909, est reproduit. L’auteur insiste surtout sur l’éducation sexuelle des filles pour leur permettre de jouer leur rôle de mère. L’éducation sexuelle comprend alors essentiellement l’enseignement des moyens contraceptifs et la puériculture[15]. Le deuxième article est la reproduction d’un chapitre du livre « De l’avortement. Est-ce un crime ? » du Docteur Klotz Forest. Là aussi il insiste sur le fait que cette éducation doit être prioritairement donnée aux filles. Elle doit leur permettre de « se protéger contre l’impulsion souvent invincible de l’homme » et de décider de leur maternité[16]. Le troisième est écrit suite au congrès international de l’enseignement primaire de 1910. Nous reviendrons dessus.

 

Dans Rénovation, le problème est tout aussi peu traité. Albert Dejunst considère que le néo-malthusianisme est à l’origine de l’éducation sexuelle. Il établit cette formule étrange : « le néo-malthusianisme comme moyen, l’éducation sexuelle comme but »[17]. Mais une fois de plus, Rénovation se contente à peu près de souhaiter la fin des tabou sur la question et de dénoncer les dangers du silence. Les militants qui ont le plus écrit sur cette question sont Jean Marestan et Manuel Devaldes.

 

Jean Marestan est né à Liège le 5 mai 1874. Il est anarchiste, syndicaliste, néo-malthusien et franc-maçon. Il a dû interrompre ses études de médecine pour raisons financières. Après des collaborations au Libertaire, dès les premiers numéros, et à l’Anarchie, il rejoint Génération consciente en 1908. Après 1918, il se consacre totalement au néo-malthusianisme et écrit « L’émancipation sexuelle en URSS ». Il collaborera à l’encyclopédie anarchiste. Pendant l’occupation, il s’occupera d’accueillir des insoumis et des résistants. Après la libération, il rejoint la Fédération anarchiste et s’y occupe des questions d’éducation sexuelle. Il meurt le 31 mai 1951 à Marseille.

Jean Marestan, dans une optique de libre amour et libre maternité, pense à une éducation sexuelle plus complète. Il veut « enseigner à tous que la procréation peut être parfois condamnable, mais que l’amour du moins, est toujours digne de respect, qu’il se suffit à lui-même comme élément de bonheur »[18]. Il définit l’éducation sexuelle comme « l’ensemble des moyens ayant pour objet de déterminer, chez les humains de deux sexes, des habitudes d’hygiène rationnelle et de prévoyance sociale, pour ce qui concerne les organes de la génération et les fonctions de reproductions »[19].

Sa grande œuvre, « L’éducation sexuelle » est publiée en 1910 et sera vendue à près de 150 000 exemplaires[20]. Il y insiste sur le rôle de la chrétienté, qui n’a pas simplement évité de faire de l’éducation sexuelle, mais a aussi nié tout ce qui se rapporte à la sexualité, y compris dans les livres d’histoire naturelle. La séparation des sexes à l’école « ne réussit à faire des collèges, couvents, séminaires, [que] des pépinières de pédérastes et de lesbiennes »[21]. Sa vision de la sexualité est encore très normative. Il établit un programme complet d’éducation sexuelle à tous les niveaux, qui n’est pas spécifiquement fait pour des enfants. C’est pour cela que nous ne le détaillerons pas, mais il est intéressant de noter qu’il insiste sur le rôle de l’hygiène de vie, de l’air pur, du sommeil, de l’alimentation, comme des facteurs importants d’une sexualité saine. Il précise aussi que l’amour doit commencer par les respect des deux amants, ce qui nécessite une certaine égalité des sexes.

Une partie importante de cette éducation sexuelle doit concerner la génération, et pas simplement les rapports sexuels. Elle comprend donc la prévention des risques médicaux liés à la grossesse, à l’accouchement, les moyens de contrôler les naissances, l’exposé des problèmes de santé liés aux grossesses nombreuses. Il va encore plus loin en expliquant la loi de Malthus.

 

Il faut noter que dans un ouvrage daté de 1936, « la guerre dans l’acte sexuel », Manuel Devaldes prônera une éducation sexuelle intégrale, c’est à dire « qui ne se borne pas à l’enseignement des réalités anatomo-physiologiques d’ordre sexuel, mais entre profondément dans la psychologie particulière à chaque sexe. Il importe, par exemple, que la femme connaisse –donc que la jeune fille apprenne à connaître- la psychologie sexuelle masculine »[22]. Devaldes s’inspirera et citera Freud pour expliquer qu’il y a dans la sexualité masculine une impulsion violente, une agressivité et une volonté de domination. Cette conception de l’éducation sexuelle, sous son aspect psychologique n’est pas encore présente avant 1914, mais déjà, il y a l’idée de donner à la femme les moyens de ne plus subir les conséquences du plaisir égoïste de son amant. Il s’agit de neutraliser les tares masculines. Donc, pour Manuel Devaldes, il y a deux éducations sexuelles distinctes, une pour les garçons, une pour les filles, cette dernière étant plus importante. Cet égoïsme masculin oblige l’éducateur à exposer les moyens de contraception aux filles[23]. Mais il insistera aussi pour que ces deux éducations sexuelles spécifiques aient des caractères communs : connaissances des appareils reproducteurs des deux sexes, de leur fonctionnement, quelques notions des mécanismes de l’hérédité, connaissances des moyens d’éviter une maternité non désirable. Chaque sexe devra aussi connaître la psychologie particulière de l’autre. En fait le seul point sur lequel Manuel Devaldes exprime une différence dans le contenu de ces éducations sexuelles spécifiques, c’est l’ajout pour les filles de connaissances en puériculture[24].

Il fait de cette éducation sexuelle une tâche primordiale qui détermine le contrôle libertaire des naissances. Car si le contrôle des naissances ne doit pas être fait par l’État, ce sont les parents, éduqués en préparation de cette tâche, qui doivent limiter leur progéniture[25]. C’est donc « une condition sine qua non de la maternité consciente et de l’amélioration de la race »[26]. Il souhaite donc une étude de la nature tout d’abord, vers 6 ans, puis de la physiologie, de l’hygiène, et enfin de l’eugénique dès l’âge de la puberté.

 

Il faut aussi noter que Madeleine Pelletier a consacré à la question un chapitre de son livre sur « l’éducation féministe des filles ». Elle fixe comme but à l’éducation sexuelle de donner à aux femmes des connaissances permettant d’atteindre le même niveau que les hommes, afin de ne plus subir. Cela peut empêcher la transmission de maladies vénériennes. Elle pense donc à un système qui commence vers 6 ou 7 ans, lorsque l’éducatrice doit « laisser entrevoir la vérité sur la génération »[27]. Les relations sexuelles sont expliquées vers 12 ans. Toute la sexualité et ses dérives pathologiques doivent être expliquées vers 15 ans. A ce moment là, il faut aussi expliquer les pratiques de limitation des naissances, les maladies vénériennes et la prostitution[28].

 

Un ouvrage important paraît en 1911. Il s’agit de « L’initiation sexuelle. Entretiens avec nos enfants » de Georges Bessède[29]. L’auteur exprime totalement les vues néo-malthusiennes sur l’éducation sexuelle bien que n’étant pas militant de ce courant. L’auteur raconte l’éducation sexuelle de son fils et de sa fille. Il commence par utiliser l’exemple des animaux, vers 7 ans pour expliquer que les enfants viennent des parents. Puis, il utilise les plantes pour expliquer le rôle des mâles et des femelles. Dans le même temps, il insiste sur l’hygiène de vie, l’exercice physique, l’alimentation, qui doit éviter les excitants comme le café, le thé, l’alcool et la viande. A 14 ans, l’adolescent doit apprendre à avoir de l’emprise sur ses pulsions. A 16 ans, il explique les maladies vénériennes et conseil l’usage de préservatifs. Pour la fille, l’éducation diffère à partir de 12 ans. Il faut alors expliquer les modifications du corps. Les maladies vénériennes sont expliquées à 14 ans. Puis il faut expliquer l’accouchement. Georges Bessède insiste aussi pour que la maternité soit voulue et préparée afin que les enfants soient sains. Il fait référence aux néo-malthusiens et explique rapidement la théorie de la régénération humaine. Il cite le Docteur Georges Drysdale. La préparation d’une maternité doit être expliqué à la fille à 16 ans. Cet ouvrage remet aussi en cause le mariage et défend l’union libre. Il évoque sa possibilité dans une société solidaire, débarrassée du salariat. Pour Georges Bessède, l’ignorance sexuelle est la source de toutes les misères et de tous les crimes. On voit donc qu’il adhère aux théories néo-malthusiennes.

 

L’éducation sexuelle selon les néo-malthusiens tourne donc toujours autour des moyens d’éviter les naissances nombreuses, que ce soit justifié par des questions de santé ou par des lois de population. Pour Jeanne Humbert, c’est même l’eugénisme qui devrait être enseigné, c’est à dire, les moyens de n’avoir que des enfants sains et robustes[30]. Les projets néo-malthusien justifient aussi les relations sexuelles et le plaisir comme des nécessités pour la santé physique et mentale. Après 1918, un certain nombre de système d’éducation sexuelle de provenance néo-malthusienne iront encore plus loin en préconisant, comme André Lorulot[31], l’apprentissage de « la science des caresses » et des lois des désirs. Il y a là des particularités par rapport aux autres conceptions de l’éducation sexuelle venant d’autres bords.

 

 

L’intérêt institutionnel pour l’éducation sexuel ne débouche que sur une circulaire du ministère de la guerre en 1912 recommandant aux officiers d’instruire les jeunes soldats des dangers des relations sexuelles « et de leur fournir les moyens d’en éviter autant que possible les conséquences, quand ils y sont exposés »[32].

Le congrès international d’enseignement primaire de 1910 fait réagir les divers organes néo-malthusiens. Il est vrai que ce qu’il propose comme éducation sexuelle est assez restreint. Pourtant, plutôt que de s’intéresser aux différences de contenu, Gabriel Giroud fait simplement remarquer qu’il ne peut y avoir de barrière entre l’éducation sexuelle et le contrôle des naissances et que, par conséquents, les congressistes font malgré eux la propagande néo-malthusienne[33]. Cependant, le vœu qu’ils votent ne propose rien de précis : « Le congrès international, considérant que la morale de sexe asservit la femme, émet le vœu que la jeune fille soit scientifiquement préparée par l’éducation post-scolaire à connaître les fonctions génératrices et les pièges auxquels l’expose l’ignorance de la vie »[34]. Il faut noter que cette éducation sexuelle n’est destinée qu’aux filles et doit se faire hors de l’école. Le plus important reste sans doute que ce vœu soit exprimé par des personnes jouant un rôle important dans l’éducation d’État de plusieurs pays.

 

Mais l’essentiel des efforts pour l’éducation sexuelle vient du milieu médical. Dès 1903, le Docteur Henri Fischer, membre de la Société d’hygiène de l’enfance, publie « De l’éducation sexuelle ». Il y fait un résumé des positions des catholiques, des protestants et des philosophes sur la question et place un long texte de Paul Robin sur la coéducation, tiré d’un Bulletin de l’orphelinat Prévost de 1890. Le docteur Fischer donne des conseils pour éviter une sexualité trop précoce. Il déconseille les excitants divers : bal, théâtre, excès de viande, excès de soleil, alcool[35]. Il reconnaît aussi que les mauvaises conditions de génération peuvent entraîner une dégénérescence physique qui peut aboutir à la criminalité. Proche en cela des néo-malthusiens, Fischer pense que l’éducation sexuelle doit rendre la procréation réfléchie. Mais il se garde bien de souhaiter une limitation des naissances. Le rôle principal de l’éducation sexuelle est de rendre la sexualité saine[36].

L’ouvrage du Docteur Fischer est assez mal reçu par Régénération[37]. Le chroniqueur anonyme de son ouvrage lui reproche d’avoir fait son livre par une simple compilation de textes hétéroclites, provenant de catholiques français, de protestants anglais, de philosophes, et même de textes provenant de Cempuis, pour parler de la coéducation. De plus, le Docteur Fischer commet une certain nombre d’erreurs sur les néo-malthusiens en prétendant, par exemple, qu’ils sont pour retarder l’âge du mariage, ce qui est faux. Il lui est aussi reproché de lier besoins sexuels et procréation, sexualité et mariage.

Régénération va jusqu’à reproduire des articles de provenances diverses favorables à l’éducation sexuelle, même s’il ne s’agit que de quelques lignes se contentant de souhaiter la fin du tabou. Le livre « Comment j’ai instruit mes filles des choses de la maternité », de Jeanne Leroy-Allais est sévèrement critiqué par Robin en 1907 car l’auteur, chrétienne, utilise des « trucs » pour conserver un certain tabou[38].

 

Chez les syndicalistes enseignants les plus avancés, regroupés autour de l’École émancipée, l’éducation sexuelle est aussi discutée. Ici, il n’y a pas vraiment d’unité autour d’un projet. C’est un débat libre où des positions très différentes s’expriment, le seul accord résidant dans le fait que cette éducation sexuelle soit nécessaire. C. Dacheville lance le débat en 1911. Il prône l’éducation sexuelle pour prévenir « la psychopathologie sexuelle et la prostitution »[39]. Marie Guillot, qui explique qu’elle doit son éducation sexuelle à une brochure néo-malthusienne, propose de commencer cette éducation à 14 ans pour les filles avec l’explication des organes féminins, de leur fonctionnement, de l’embryon. A 16 ans, les organes masculins sont expliqués, ainsi que les maladies vénériennes et l’accouchement. Elle ne parle pas d’une éducation pour les garçons, ni de l’endroit où doit se faire cette éducation[40]. E. Moulinier lui répond que cette éducation doit être discrète et doit être faite individuellement, en face à face, au moment de la puberté. De ce fait, c’est aux mères de s’en occuper et non à l’école car un enseignement scientifique en classe serait attaqué par l’Église. L’idéal pour Moulinier serait que l’éducation vienne de médecins et aboutisse à une égalité des sexes[41]. Pour C. Dacheville, cette éducation est de toute façon interdite de fait par les protestations qu’elle soulèverait chez les parents[42]. Pour parler du type d’éducation nécessaire, Dacheville citera de longs textes de Sébastien Faure, issus de ses « Propos d’éducateurs », mais aussi, il citera le Cardinal Perraud, un des rares ecclésiastiques à s’être déclaré favorable à l’éducation sexuelle. On voit que le débat n’est pas très avancé dans cette revue et qu’aucun projet concret n’en sort.

 

L’Église catholique s’est aussi intéressée à la question. Bien entendu, il ne s’agit pas pour elle d’encourager le contrôle des naissances ou l’union libre. L’Abbé Viollet est pourtant proche des néo-malthusiens, qu’il défend au moment de la répression, quoique plus favorable à la doctrine originelle de Malthus. Il intervient au sein de l’Église pour qu’elle s’occupe de ce sujet. En 1922, sortiront « Les initiations nécessaires » qui compile des textes du Père de Ganay, de l’Abbé Viollet et du Docteur Abrand. L’objectif est de contrer les projets qui veulent faire de l’éducation sexuelle scientifique, sans morale religieuse et collective[43]. L’éducation sexuelle catholique doit réaffirmer la possibilité et la vertu de la continence. Mais avant 1914, avec le Cardinal Perraud et l’Abbé Viollet, il n’y a que très peu de membres du clergé qui acceptent l’éducation sexuelle.

 

En 1918, le Docteur Doléris, de l’académie de Médecine et Jean Bouscatel compilent les textes de leurs conférences des années passées et publient « Néo-malthusianisme. Maternité et féminisme. Éducation sexuelle ». Ces textes sont globalement anti-malthusiens et anti-féministes. Ils établissent tout de même la nécessité d’une éducation sexuelle, faite en partie par la famille, en partie par un enseignement scientifique gradué. Il faut à tout prix garder à l’esprit que le but de la relation sexuelle est la procréation, sans nier l’amour, comme le font les religions[44]. Mais à aucun moment, le Docteur Doléris, qui traite cette question, ne fait référence ni aux néo-malthusiens, ni aux éducateurs libertaires. Il ne voit que quelques efforts dans les milieux médicaux pour l’éducation sexuelle. Doléris préfère que cette éducation soit, en partie, faite par les instituteurs, mais ceux-ci ne sont pas formés. Des cours devraient donc être organisés par des médecins en école normale. D’ici là, des institutrices âgées sont préférables[45]. Cette éducation doit comprendre l’explication de la procréation, un début de puériculture. Pour les filles, il veut y rajouter des conseils sur le choix d’un mari sain, des connaissances sur la gestation, l’accouchement, l’éducation physique et l’alimentation de l’enfant. Pour les garçons, il faut achever sa formation physique et le responsabiliser par rapport à son rôle de mari. Cela va avec une éthique de vie qui supprime l’alcool et donne l’habitude d’un travail physique. Des conférences faites par des médecins doivent compléter cette éducation pour mettre en garde les jeunes hommes par rapport aux maladies vénériennes[46].

 

Parmi les libertaires, il y a aussi des positions différentes à celles des néo-malthusiens. Lorsque Jean Grave soutien l’École libertaire, il dénonce l’ignorance sexuelle, « soigneusement entretenue » dans l’école religieuse ou la laïque[47]. Il remet en cause le tabou, sous-entend que l’École libertaire mettra en place une éducation sexuelle, mais il ne parle ni de la forme, ni du contenu d’une telle éducation. En fait, il agit comme la plupart des militants libertaire, y compris les néo-malthusiens, en défendant la nécessité d’une éducation sexuelle. Lorsqu’il s’agit de définir cette éducation, son contenu, ses formes, son public, ses objectifs, il n’y a que peu de personnes qui participent au débat. Parmi les néo-malthusiens, certains se sont particulièrement préoccupés de cela, ils ont de ce fait un poids un peu plus important et influencent nombre de libertaires et d’instituteurs syndiqués.

 

 

Mais en ce qui concerne les écoles libertaires, l’éducation sexuelle est encore à part. Même si Paul Robin et Sébastien Faure sont parmi les plus ardents défenseurs de l’éducation sexuelle, ils ne l’appliquent pas forcément dans leurs écoles respectives.

Dès sa révocation, Paul Robin défend la nécessité de l’éducation sexuelle. Lors d’une conférence faite en 1896, il explique l’intérêt de l’éducation sexuelle :

 

« Dans les cas ordinaires, quand, au lieu de cacher à la jeune femme pubère ce qu’elle a tout intérêt à connaître, on lui aura donné honnêtement, franchement, les notions de physiologie nécessaires, loin de laisser agir le hasard, elle saura employer les articles hygiéniques qui lui permettront de n’avoir d’enfants que dans les meilleures conditions, à tous les points de vue. »[48]

 

L’intérêt étant essentiellement celui de la limitation des naissances, Paul Robin privilégie l’éducation des jeunes filles. On peut penser que son opinion sur la question était la même, ou à peu près, pendant son passage à Cempuis. Il a connu le néo-malthusianisme avant Cempuis, donc on peut penser qu’il était déjà convaincu de la nécessité de l’éducation sexuelle lors de son séjour à Cempuis. Pourtant, Christiane Demeulenaere-Douyère affirme que Paul Robin n’a jamais osé faire de l’éducation sexuelle à Cempuis[49]. Il est vrai que le scandale provoqué par la coéducation des sexes a suffi à entraîner sa révocation, on peut donc penser que des cours d’éducation sexuelle, de plus dans des classes mixtes, auraient sérieusement hâté les choses. Mais si Robin ne put donner des cours d’éducation sexuelle par peur du scandale, Gabriel Giroud précise que « dans des cas spéciaux, par des entretiens particuliers, empreints de sérénité scientifique, il lui arriva de donner à de grands élèves les clartés nécessaires et salvatrices »[50].

Plus tard, Paul Robin donnera aussi un autre rôle à l’éducation sexuelle, celle d’apprendre « à recevoir, à rendre le maximum de volupté, à éviter ses excès, ses abus, les maux divers, notamment grossesses et maladies contagieuses »[51].

 

Sébastien Faure expliquait dans ses « Propos d’éducateurs » que la question de l’éducation sexuelle était posée par la coéducation. Il la considérait comme un simple chapitre des sciences naturelles. Il faut croire qu’il n’a pas été influencé par la position de Manuel Devaldes, qui proposait de tenir compte de la psychologie des rapports amoureux. Il a donc inscrit l’éducation sexuelle au programme de la Ruche. D’après Roland Lewin, elle se limita en fait à une étude très limitée des mécanismes de reproduction et ne dura pas longtemps. Roland Lewin suppose que Sébastien Faure à pu avoir peur de provoquer un scandale fatal à son œuvre, comme pour la coéducation à Cempuis, ou alors qu’il n’avait pas de collaborateur capable de donner une telle instruction[52]. Cela peut paraître étonnant étant donné les liens de Sébastien Faure avec le mouvement néo-malthusien, mais nous avons vu que peu de militants régénérateurs avaient travaillé cette question. Toujours est-il qu’en juillet 1907, Jeanne Humbert participe à une balade avec ses parents, les « ruchards » et le chansonnier Charles d’Avray. Elle note, après s’être intéressée à ce qui se passait à la Ruche, qu’il y avait une éducation sexuelle, « si négligée partout et pourtant si utile »[53]. C’est cette même année que sont publiés les « Propos d’éducateurs » de Sébastien Faure. On peut donc penser qu’il y a une éducation sexuelle à la Ruche au moment ou Faure écrit ce texte. Mais nous ne savons pas si elle contient un exposé des moyens contraceptifs ou une caractéristique néo-malthusienne.

Lorsque Henri Einfalt évoque l’éducation sexuelle dans le Bulletin de la Ruche, il dit qu’elle « aurait également à prendre place… », la présentant ainsi comme une innovation qui n’a pas encore été réalisée. Elle permettrait de renforcer les effets bénéfiques de la coéducation des sexes[54]. Effectivement, il faut croire que la Ruche n’a pas osé mettre en place une telle mesure, malgré l’intérêt qu’elle aurait représentée pour la propagande régénératrice.

Léon Rouget aborde vaguement l’éducation sexuelle en parlant de l’éducation physique dans le deuxième Bulletin de la Ruche, en 1914. Il évoque en fait une gymnastique pour les filles, spécifique à certaines zones de l’abdomen et du bas ventre. Les muscles renforcés par des flexions et des assouplissement protégeront mieux l’embryon et faciliteront l’accouchement[55]. Comme pour Cempuis, la partie la moins importante, et la moins audacieuse, de l’éducation sexuelle, celle qui touche à l’hygiène de vie, semble la seule appliquée à la Ruche.

 

Si les éducateurs libertaires français ont reculé, devant de possibles scandales, Maurice Dommanget nous apprend que Francisco Ferrer a mis en place des cours d’éducation sexuelle à l’École moderne. Bien entendu, le scandale fut grand dans ce pays catholique et royaliste. L’archevêché déposa une plainte. Le recteur déclara à Francisco Ferrer : « Vous avez deux cents ans d’avance »[56].

 

Toujours est-il que l’éducation sexuelle, considérée comme indispensable par les néo-malthusiens n’a pas, ou peu, été appliquée. Il faut croire que l’intérêt pour la question n’était pas suffisante pour risquer les problèmes éventuels. Il est vrai que l’on ne peut pas non plus comparer la situation de Cempuis et celle de la Ruche. Il y a plus de 10 ans d’active propagande néo-malthusienne entre la révocation de Paul Robin et l’ouverture de la Ruche. Les personnages compétents pour fournir une telle éducation étaient sans doute plus nombreux à l’époque de la Ruche. Les mentalités auraient sans doute été moins choquées par cette éducation au temps de la Ruche, dans une période où les projets d’éducation sexuelle sont plus nombreux et viennent de divers horizons. De plus, la Ruche avait une grande autonomie et Sébastien Faure n’avait pas à craindre la même répression que Paul Robin. Il faut aussi savoir que dans le même département, la Seine-et-Oise, l’inspecteur académique interdit à l’Avenir Social de donner des cours mixtes en 1909. Les enfants iront donc à l’école communale d’Epône. La coéducation est sanctionnée à Epône et ne l’est pas à Rambouillet. La structure plus personnelle, plus familiale, qui est celle de la Ruche la met à l’abri de certaines interventions des pouvoirs publics, incapables de classer la Ruche dans l’une des catégories d’écoles prévues par la loi. Ce n’est ni une école, ni un pensionnat, ni un orphelinat.

La décision de Sébastien Faure de cesser de donner une éducation sexuelle à la Ruche a sans doute des explications plus pédagogiques. Il est possible que cet enseignement n’ait pas atteint ses buts ou se soit mal passé. Il aurait été très intéressant d’avoir des informations sur la manière dont se sont passés ces cours d’éducation sexuelle, mais nous n’avons rien trouvé. Il est vrai que si l’expérience ne fut pas concluante, il était de l’intérêt de Sébastien Faure de ne pas en parler publiquement pour ne pas gêner la propagande néo-malthusienne.

La coéducation des sexes est un autre élément des écoles libertaires, qui suscite un intérêt de plus en plus large et qui tient une place dans les théories néo-malthusiennes.

 

 



[1] Alfred Binet (1857-1911), médecin et psychologue français, créé en 1905 un test de dépistage des enfants retardés mentalement. Ce test devient en 1911 la célèbre « échelle métrique de l’intelligence », utilisée pour le calcul du quotient intellectuel.

[2] Maurice Dommanget, Paul Robin, op. cit., p. 40.

[3] Madeleine Pelletier, l’éducation féministe des filles et autres textes, Paris, 1978 (1ère édition 1914), p. 110.

[4] Dans certains cas ce congrès est appelé par la presse néo-malthusienne « Congrès international d’enseignement primaire » et dans d’autres cas « Congrès d’hygiène scolaire », mais il s’agit bien du même. Pour faciliter la lecture, nous l’appellerons toujours « Congrès international d’enseignement primaire ».

[5] Georges Bessède, l’initiation sexuelle. Entretiens avec nos enfants, Paris, 1911, p. 15.

[6] « Prudence procréatrice contre pornographie » dans Régénération n°5, mai 1901.

[7] Extrait d’un article de Paul Robin dans la Raison, journal de la Libre pensée, reproduit dans Régénération n°16, septembre 1902.

[8] Réponse de Paul Robin à Jules Michelet, dans Régénération n°29, octobre 1903.

[9] « Une future loi scélérate » dans Régénération n° 35, avril 1904.

[10] Sébastien Faure, « l’Éducation sexuelle » dans Génération consciente n°25, avril 1910.

[11] Sébastien Faure, défendons-nous ! Pour le néo-malthusianisme contre l’immoralité des moralistes, Paris, 1910, pp. 9-19.

[12] G. Hardy, dans diverses brèves dans Génération conscientes n°31, octobre 1910.

[13] Édouard Gauche, « l’éducation sexuelle » dans Génération consciente n° 33, décembre 1910.

[14] Voir annexe n°5, p. 133.

[15] Le Malthusien n°9, août 1909.

[16] Dr. Klotz Forest, « L’éducation sexuelle » dans le Malthusien n° 14, janvier 1910.

[17] Albert Dejunst, « Psychologie sexuelle » dans Rénovation n°9, 15 décembre 1911.

[18] Jean Marestan, « Le règne de Tartuffe » dans Génération consciente n°62, mai 1913.

[19] Jean Marestan, « Éducation sexuelle » dans l’encyclopédie anarchistes, op. cit., pp. 640-641.

[20] Chiffre cité par Francis Ronsin, La classe ouvrière et le néo-malthusianisme, op. cit., p. 94.

[21] Jean Marestan, l’éducation sexuelle, Paris, 1910, p. 12.

[22] Manuel Devaldes, La guerre dans l’acte sexuel, dans Un en-dehors op. cit. p. 92.

[23] Manuel Devaldes, La brute prolifique, Paris, 1914, dans Un en-dehors op. cit., pp. 97-101

[24] Manuel Devaldes, La maternité consciente, op. cit., p. 125.

[25] Manuel Devaldes, La maternité consciente, op. cit., p. 20.

[26] Manuel Devaldes, La maternité consciente, op. cit., p. 116.

[27] Madeleine Pelletier, L’éducation féministe, op. cit., p. 111.

[28] Madeleine Pelletier, L’éducation féministe, op. cit., p. 113.

[29] Georges Bessède (1878-1917) fut secrétaire de rédaction du Libertaire.

[30] Jeanne Humbert, Deux grandes figures op. cit., p. 28.

[31] André Lorulot, Morale et éducation sexuelles basées sur la physiologie et sur l’expérience, Paris, 1922.

[32] Cité dans un article anonyme « Sur l’éducation sexuelle » dans Génération consciente n°54, septembre 1912.

[33] G. Hardy, dans diverses brèves dans Génération conscientes n°31, octobre 1910.

[34] Cité dans le Malthusien n°23, octobre 1910.

[35] Dr. Henri Fischer, De l’éducation sexuelle, Paris, 1903, p. 219.

[36] Dr. Henri Fischer, De l’éducation sexuelle, op. cit., pp. 280-283.

[37] Régénération n°31, décembre 1903.

[38] Régénération n°31 (2ème série), août 1907.

[39] C. Dacheville, « Quelques libres propos sur un sujet scabreux » dans l’École émancipée, n°19, 4 février 1911.

[40] Marie Guillot, « Éducation sexuelle » dans l’École émancipée, n°21, 18 février 1911.

[41] E. Moulinier, « L’éducation sexuelle » dans l’École émancipée, n°23, 4 mars 1911.

[42] C. Dacheville, « L’éducation sexuelle de l’enfance » dans l’École émancipée, n°25, 18 mars 1911.

[43] R. P. de Ganay, docteur H. Abrand, Les Initiations nécessaires. L'Éducation de la pureté et les Initiations nécessaires, Notions pratiques d'éducation sexuelle, Paris, 1922. Ces textes sont des rapports présentés à l'assemblée générale de l'Association du mariage chrétien, le 30 juin 1920.

[44] Dr. J.-A. Doléris et Jean Bouscatel, Néo-malthusianisme. Maternité et Féminisme. Éducation sexuelle, Paris, 1918, p. 119.

[45] Dr. J.-A. Doléris et Jean Bouscatel, op. cit., pp. 137-138.

[46] Dr. J.-A. Doléris et Jean Bouscatel, op. cit., pp. 145-150.

[47] Jean Grave, Enseignement bourgeois et enseignement libertaire, Paris, 1900.

[48] Paul Robin, La dégénérescence de l’espèce humaine, op. cit., p. 8.

[49] Christiane Demeulenaere-Douyère, op. cit., p. 8.

[50] Gabriel Giroud, Paul Robin, op. cit., cité par Nathalie Bremand, op. cit., p. 90.

[51] Paul Robin, La vraie morale sexuelle, le néo-malthusianisme, Paris, 1905, cité par Christiane Demeulenaere-Douyère, op. cit., p. 315.

[52] Roland Lewin, Sébastien Faure et la Ruche, op. cit., p. 108.

[53] La Ruche vue par Jeanne Humbert, dans Écrits pédagogiques, op. cit., p. 118.

[54] Henri Einfalt, « Essai d’éducation » dans le Bulletin de la Ruche, n°7, 10 juin 1914.

[55] Léon Rouget, « De l’éducation physique » dans le Bulletin de la Ruche n°2, 25 mars 1914.

[56] Maurice Dommanget, Francisco Ferrer, op. cit., p. 28.