Irak : GI dans l'enfer iraquien...
Sara Daniel, envoyée spéciale en Irak, juin2005.
Sara Daniel a vécu pendant deux semaines parmi les soldats du 2e bataillon de la Big Red One, une division de combat qui a participé aux deux guerres mondiales. Elle a partagé leurs patrouilles et leurs peurs, leur colère et leur désarroi devant cette guerre qu’ils ne parviennent pas à comprendre et qui continue à tuer .
Photos (c)06/2005. Stanley Greene, Agence VU. (cliquez sur les photos pour agrandir)
«Be safe»: c’est le tic verbal du soldat en Irak. La ponctuation
de chacune de nos rencontres. «Soyez en sécurité»,
«Ne prenez pas trop de risques», «J’espère vous revoir
sain et sauf». Marque d’affection, de politesse, on prononce la petite
phrase sur tous les tons. Vaine formule, aussi bizarre que si l’on vous souhaitait
de «rester au sec» au milieu d’une tempête. «Be safe
out there.» «Soyez en sécurité là dehors.»
Ils disent «là dehors» mais ils pensent dans ce bourbier,
dans cet enfer...
L’enfer pour les GI à Bagdad, c’est d’abord l’attente. Les soldats qui
ne sont pas affectés dans la capitale doivent trouver un avion ou un
hélicoptère qui les conduira dans leur base. On passe parfois
trois jours à camper sur le tarmac de l’aéroport, dans la poussière
ocre, brûlante, du vent de sable, à attendre un vol hypothétique.
Et puis il faut savoir où l’on va. Nous, nous essayons de nous rendre
à Tikrit, la ville natale de Saddam. Personne ne connaît. «Tikrit?
Vous pouvez épeler? C’est la même chose que Kirkouk? Mais c’est
où, en fait, dans quelle FOB [forward operation base]?»
Très vite, il faut apprendre la géographie de ce nouveau monde.
Pas vraiment américain. Certainement pas irakien. La carte des bases
qui quadrillent l’Irak occupé. Ici, il n’y a plus de Bagdad, de Bassora
ou de Kirkouk, mais des FOB Viper, Pale Horse ou Warrior. Depuis que les convois
routiers sont devenus bien trop risqués, les soldats font des sauts de
puce en hélicoptère Blackhawk entre ces petits morceaux d’Amérique.
A Bagdad, le camp est tellement étendu que des lignes de bus relient
ses différents quartiers. Une radio, Radio Freedom, diffuse les nouvelles
de ce monde. Ici, même la monnaie est spéciale. Quand les Pakistanais
ou les Philippins qui tiennent les boutiques de la base n’ont pas de monnaie
pour vos dollars, ils vous donnent de petits ronds en carton à l’effigie
de Humvee (véhicules tout-terrain de l’armée américaine)
ou de soldats. Quant à Tikrit, comme nous finissons par l’apprendre,
son nom est à la hauteur de sa réputation: FOB Danger.
On se tient sur la piste, casqué, équipé d’un lourd barda
comme ces tortues ninjas qui effraient les Irakiens. Il faut résister
aux bourrasques de sable brûlantes provoquées par les hélicoptères
qui atterrissent et qui décollent. Mais pour les soldats, c’est déjà
le bonheur. L’anticipation de la promenade. Une ivresse, fatale parfois. «La
balade en Blackhawk, je l’adore et je la déteste à la fois, explique
un colonel. Pour tous mes hommes, c’est la récompense. Une récompense
qu’ils paient toujours au prix fort en cas d’attaque.» Surtout l’été,
lorsqu’on vole toutes portes ouvertes, les pieds dans le vide et le casque au
vent. Il y a quelques jours, c’est un simple coup de fusil d’assaut dans une
turbine qui a eu raison du «Faucon noir»: une crêpe de tôle
calcinée écrasée au sol et aucun survivant.
Mais très vite on arrête de calculer les chances qu’on a de mourir
carbonisé dans une fournaise. Les pilotes survolent le pays à
une centaine de mètres d’altitude à peine pour ne pas permettre
à l’ennemi de voir arriver l’appareil et de se préparer à
l’attaque!
Vrombissement du rotor, défilement à toute vitesse du décor:
on a d’abord l’impression d’être dans un film de guerre plutôt que
dans la guerre elle-même. Les soldats prennent des photos. Même
le «Dark Vador» casqué de noir qui pointe sa mitrailleuse
vers le sol a l’air d’apprécier le paysage. Les rues de Bagdad, l’hôtel
Palestine. Puis les champs de tournesols, la luxuriance de la palmeraie de Baqouba.
Enfin l’enfilade des palais de Saddam à Tikrit. Les enfants jouent dans
les eaux émeraude des méandres du fleuve. A écouter les
vétérans du Vietnam qui servent aujourd’hui en Irak, à
cet endroit, le Tigre leur rappelle le delta du Mékong.
Photos Stanley Greene, (c) 06/2005 .Agence VU. Cliquez pour agrandir.
A Tikrit, le principal palais du dictateur déchu surplombe une colline. Aujourd’hui, c’est le quartier général de la 42e division d’infanterie. Pendant la guerre, le palais grouillait de soldats qui contemplaient, ébahis, l’opulence et le mauvais goût des appartements de Saddam. Désormais, il règne une étrange atmosphère dans les couloirs de marbre et de béton quasiment déserts. Il y a trois jours, un kamikaze s’est fait exploser à l’entrée de la base. Et la veille de notre arrivée, deux soldats , le capitaine Philip Esposito et le premier lieutenant Louis Allen , ont trouvé la mort dans leur chambre à 10 heures du soir, victimes de ce qui a semblé d’abord être un tir de mortier.
Un mystérieux silence entoure le drame, pourtant banal à l’aune
de l’Irak. Nous comprendrons plus tard pourquoi. Il s’agit d’un des premiers
cas de fragging en Irak. Un mot utilisé au Vietnam pour parler de ces
soldats devenus fous qui tuent leurs camarades. Le meurtrier, le soldat Martinez,
qui avait des problèmes d’argent, s’est-il vu refuser une permission
ou une avance par son supérieur? Secret-défense. Lorsqu’il nous
accueille dans le palais, le capitaine Giordano est choqué. Esposito
est mort dans ses bras. Il n’en peut plus de cet endroit où l’ennemi
est à la fois omniprésent et invisible. «Je déteste
la guerre», confie-t-il. Car depuis qu’un kamikaze a tué vingt-deux
personnes , dont quatorze soldats américains , et en a blessé
soixante-neuf au réfectoire d’une base à Mossoul en se faisant
exploser, les Irakiens ont disparu des camps américains. A la base Danger,
les soldats avalent leur repas en moins de cinq minutes pour limiter les risques.
Mais ce soir le colonel Boyd, réserviste et historien de l’armée,
qui a consacré sa thèse de doctorat à la neutralité
du Kentucky pendant la guerre civile américaine, prend son temps. Superstitieux,
il ne veut pas aller se coucher avant 10 heures. L’heure de la mort de son camarade,
hier soir. Nous empruntons le petit chemin qui mène du réfectoire
au palais à pied. Le colonel charge son revolver. Peste contre cette
règle qui dispense les officiers de son grade d’avoir un M-16 dans la
base. «Je n’aime pas ce chemin. Nous sommes une cible. Enfin, je pourrais
quand même les empêcher de nous emmener», dit-il en dégainant
son arme. «J’ai tout vu. Des gens que leurs morts renforcent dans la volonté
de se battre. Et ceux que leurs morts rendent désespérés.
Moi, j’étais volontaire pour venir parce que Jeff, l’un de mes étudiants
que j’adorais, a été tué à Bagdad. Sa tête
a été arrachée par un obus. Quand il est parti, je ne m’inquiétais
pas pour lui. Son frère s’était suicidé six mois plus tôt.
Sa mère l’avait trouvé pendu. Je pensais: non, pas deux fois dans
la même famille! Aujourd’hui, ils reposent tous les deux au cimetière
militaire du Kentucky. A côté de Danny Boon.»
Le premier Irakien que nous finissons par rencontrer dans une des bases de Tikrit
est un soldat blessé à l’hôpital de la base. Il a sauté
sur une charge d’explosif. De son corps sortent des drains, des poches et des
tubes. Le respirateur fait un bruit de soufflet. Il tente dans un râle
déchirant de s’éclaircir la gorge. Voilà un mois qu’il
est ici. C’est cela qu’on appelle avec pudeur un «blessé de guerre».
Dans une petite salle à côté, deux soldats américains
viennent d’arriver, une charge d’explosif a touché leur Humvee. Ils ont
des brûlures et des contusions. Le lendemain, on opère un autre
GI, touché à la base du pénis. Il n’est pas passé
loin de la blessure des blessures, celle qui fait cauchemarder tous les soldats.
L’IED (improvised explosive device), la bombe artisanale, c’est la terreur du
soldat en Irak, mais aussi, s’il y survit, son heure de gloire. L’acte de bravoure
de cette guerre sans combat. Nous sommes à FOB Gabe, à Baqouba.
C’est le quartier général d’une des divisions d’infanterie les
plus prestigieuses de l’armée américaine. La fameuse Big Red One,
qui a participé à la Première Guerre mondiale puis au Débarquement
au cours de la Seconde. Ici, au sein du 2e bataillon de la 347e unité
blindée, ce sont les attentats à l’explosif qui font les héros.
Il n’y a que des soldats de métier. Et pas de femmes. Le Congrès
les a écartées des unités de combat parce que, selon une
soldate mécontente, «l’opinion publique américaine n’aurait
pas aimé voir des mamans rentrer au pays dans des sacs noirs».
A FOB Gabe, on est très loin du décor des anciens palais de Saddam.
Un petit camp de préfabriqués cachés derrière des
sacs de sable dans un désert brûlant. On est là pour combattre
les «bad guys», les salauds.
Photos (c)06/2005 Stanley Greene. Agence VU. Cliquez pour agrandir.
Le colonel Oscar Hall, qui commande les 493 hommes de la base, connaît
chaque recoin de «son» territoire. Il a essuyé cinq attaques
à l’explosif, un record. Parce que chaque fois il en a réchappé
indemne, il a fini par se sentir invulnérable: «Je me bats agressivement
contre l’ennemi. Ici, ils comprennent le langage de l’argent et celui du pouvoir.
Et avec mes trente chars de combat, j’ai du répondant.» Hall est
de tous les raids, de toutes les sorties out there. Ce monde hostile qui commence
après les chicanes en béton du camp, sur lesquelles est écrit
en grosses lettres blanches «FEAR GOD», «Craignez Dieu»,
la devise de la brigade.
On le suit, mal à l’aise, alors qu’il arpente crânement les checkpoints
et se promène à pied entre les postes de police et les centres
de l’armée irakienne. «Il faut qu’ils voient nos bottes sur le
sol», explique le colonel. Après chaque visite, chaque sortie «là
dehors», on constate, reconnaissant et un peu surpris, qu’on est encore
en vie. «Si je meurs, dites bien à ma femme que c’est la faute
du colonel», persifle un soldat mi-admiratif mi-agacé par le courage
de son chef. Et pourtant, malgré cette mort sans combat qui les guette
à chaque instant, tout le peloton qui escorte le colonel se bat pour
ce shoot à l’adrénaline qu’est la patrouille en Humvee. «Hé,
Jeff, il te reste pas une place? Il paraît que ça chie là
dehors!» Affronter les bombes et les kamikazes, prendre son fix de danger
pour échapper à l’ennui désespérant du camp. «Foutre
des coups de pied dans les portes, se trouver au beau milieu de ce merdier:
tout plutôt que de rester le cul assis dans mon Humvee», explique
un soldat. Alors dans la division, on saute sur des explosifs simples, sur des
bombes surperposées. Des mécanismes cachés dans des chiens
morts ou dans des vaches. Le dernier à avoir été touché,
c’est Dobson, un gentil capitaine au visage rond qui ressemble à Charlie
Brown. «Il se tenait exactement au-dessus de l’explosif qui l’a envoyé
en l’air», raconte, admiratif, Ladisic, le sergent-chef. «Il est
tout ce que vous croyez et plus encore.» Sans se plaindre, Dobson est
revenu au camp, il y a deux semaines à peine, après plus de trois
mois d’hospitalisation aux Etats-Unis. Il boite toujours. «C’était
le 2 mars. Oh mec, cette date est devenue plus importante que mon anniversaire.»
«C’est surtout le jour où tu t’es mis à crier comme une
petite fille», s’amuse le colonel. Pour le sergent-chef Jeffrey Ladisic,
23 ans, son grand jour à lui, c’était le 7 avril dernier. «Je
me suis évanoui. "Sergent! Sergent!" Mes hommes me secouaient
comme un prunier.» Le Humvee dans lequel nous circulons garde encore la
trace des éclats d’obus qui se sont fichés dans son flanc droit.
La porte ne ferme plus complètement. On a réparé comme
on a pu. Seul le colonel circule dans un Humvee blindé.
Alors pour conjurer le sort, les soldats ont toute une panoplie de porte-bonheur.
Des bracelets en plastique, des images pieuses, des peluches. Patterson, 20
ans, le mitrailleur, a même accroché au canon de sa mitrailleuse
un hochet de bébé. Cet autre qui fait le tour des prisons comme
Abou Ghraib a équipé son ours en peluche de menottes et d’un bandeau
sur les yeux. A entendre les soldats, il y a des Humvee qui portent la poisse.
Lorsqu’on monte dans celui qu’ils ont surnommé «l’aspirateur à
explosifs» parce qu’il a sauté cinq fois en deux mois, on caresse
sans se faire prier une médaille de Jésus. Plusieurs fois par
jour, il faut s’engouffrer dans les véhicules, se rendre d’un attentat
à la bombe à une opération suicide. D’un charnier à
une voiture suspecte. Regarder les Irakiens ramasser leurs cadavres. A Baqouba,
pendant notre séjour, la violence s’est déchaînée
à un tel rythme que toutes les opérations de «ratissage»
prévues ont dû être annulées. Il a fallu parer au
plus pressé. Aujourd’hui, neuf soldats viennent d’être tués
dans une fusillade à un checkpoint. Il faut remplacer les survivants
qui craquent. Le sergent-chef donne ses consignes de sécurité
en s’engouffrant dans le Humvee criblé de trous de shrapnels. Tout le
monde l’écoute. Ce n’est jamais une formalité. «Faites ce
pourquoi vous êtes entraînés.» «Et si on est
touchés?», demande un soldat. «Je ne sais pas, demande à
Dieu.» «Putain! Garde le canon de ton arme droit! », hurle
Ladisic, la bouche pleine de petits nounours en gomme multicolores. Le tireur
du Humvee passe son temps à faire des génuflexions pour se mettre
à l’abri lorsque le danger est trop grand. Au checkpoint de Mohammed
Sacran, il y a des cadavres criblés de balles, des policiers qui pleurent,
d’autres qui vomissent, les tripes soulevées par la violence de la scène.
«Encore un jour merveilleux en Irak», soupire le colonel. «Ne
touchez aucun bout de cadavre sans vos gants.» «Putain, ça
pue la mort», peste un des soldats. «Vous vous demandez ce que vous
allez manger au dîner ce soir, pas vrai?» «Et ces têtes
de noeud qui n’avaient même pas leur gilet pare-balles!», s’énerve
un autre. La colère des soldats traduit leur frustration. Ils voudraient
se battre contre l’ennemi. Etre en première ligne à la place des
soldats et des policiers irakiens. «Et c’est sur eux qu’on doit compter
pour sécuriser le pays, explose un autre. Alors on y est pour toujours,
dans ce merdier. Ces mecs, ils vous niqueraient un rêve érotique!»
On repart dans les Humvee à la recherche des « bad guys ».
«En Afghanistan, nos ennemis, on pouvait leur donner des noms comme au
Vietnam. Ici, on peut pas le faire. Le monde entier a les yeux sur nous. Ces
types qui assassinent leurs enfants, ce sont des Terminator religieux.»
Le colonel arrête un corbillard. Même les morts sont suspects. «Sorry
for your loss», «condoléances.» Le lendemain, une voiture
piégée explose devant le poste de police. Des viscères
sont collés sur le pare-brise. Les survivants sont les policiers qui
s’étaient absentés pour aller à des enterrements. Le colonel
compte les morts avec le chef de la police. «Faites attention à
vous, mes condoléances.» Les mêmes phrases encore et encore.
Et puis le coup de gueule: «Prenez vos responsabilités! Vous ne
me livrez jamais aucune information sur les bad guys!» Hall engueule le
maire, qui se met à pleurer. Un peu plus loin, c’est encore un engin
explosif qui a tué une petite fille et deux moutons sur une route. Le
colonel retient ses hommes: «Ne vous précipitez pas. Je vais désigner
quelqu’un. C’est pas la peine qu’on se fasse tous sauter en même temps.»
Une séance de «coups de pied dans les portes». On fouille
les maisons du voisinage. Un habitant a caché deux kalachnikov. «Pourquoi
tu nous as menti?», hurle Abraham, l’interprète du colonel, un
chrétien de Bagdad. Avec un sourire impassible, l’homme répond
qu’il n’a pas compris ce qu’on lui avait demandé. Le colonel Hall rend
les armes à son propriétaire et lui demande son aide pour sécuriser
la route.
Dans la base, le soir après le dîner, Patterson nettoie son arme
dans les 3 mètres carrés de son préfabriqué, au
rangement si peu réglementaire que son sergent l’a baptisé «le
petit Fallouja». Originaire de Californie, ce gosse de 21 ans est un acteur-né.
Il roule des yeux. Mime ses amis. Lit à haute voix pour ses camarades
les lettres que sa grand-mère lui envoie. Il a tatoué le nom de
sa petite amie sur son bras, mais elle l’a quitté depuis qu’il est en
Irak: «Ce pays? J’y pige que dalle. Pourquoi ils nous détestent?
Pourquoi ils nous en veulent alors qu’on a viré leur saleté de
dictateur? Pourquoi ils continuent à se battre? J’en ai pas la moindre
idée.»
D’autres GI tombent l’uniforme pour jouer aux cartes en sirotant leur Gatorade,
la boisson des soldats. Le sergent Mike Billings discute avec ses copains en
perdant au poker. Il adore son job quand il conduit le char du colonel lancé
à toute vitesse sur les chemins. Le bruit de la ferraille, les crépitements
de la mitrailleuse. Et pourtant il voudrait faire quelque chose de plus utile
dans la «vraie vie». Malgré le dîner en tête-à-tête
avec les pom-pom girls que l’armée fait miroiter aux soldats pour qu’ils
«signent le papier», malgré la prime de 10000 dollars, il
ne va pas se réengager. Il pense au retour. Il ne porte pas son écusson
de combat, une distinction qu’il a pourtant bien méritée: «A
quoi ça sert? Moi, je sais ce que j’ai fait. Quand je vais rentrer au
pays, pour certains, je serai un héros. Pour d’autres, un salaud. Mais
je ne suis rien de tout cela. Juste un soldat.»
Sara Daniel
Photos Stanley Greene, Agence
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