Irak
La contagion de Fallouja
décembre 2004
Selon des sources militaires américaines, il faudra plus d’un an pour
reconstruire la ville de Fallouja, dévastée par une bataille de
trois semaines. Alors que les marines poursuivent le «nettoyage»
du bastion des rebelles sunnites, d’autres villes d’Irak sont depuis quelques
jours le théâtre de violents accrochages, comme si l’assaut de
Fallouja avait donné le signal de l’embrasement. Résultat: les
forces de la coalition doivent désormais faire face à plusieurs
fronts à la fois.
Depuis le 23 novembre, les marines sont engagés dans l’opération
Plymouth Rock destinée à «nettoyer» le sud de Bagdad,
ce «triangle de la mort» où Christian Chesnot et Georges
Malbrunot ont été enlevés. Samedi dernier, une centaine
d’insurgés ont pris le contrôle de la mairie et de deux commissariats
de la ville de Khalis, au nord de Bagdad. A Mossoul, où l’on a retrouvé
50 corps de soldats ou de policiers irakiens, la police a pris la fuite ou rejoint
le camp des insurgés. On voit mal dans ces conditions comment la sécurité
des élections pourrait être assurée dans la troisième
ville du pays. Faudra-t-il différer la consultation prévue pour
le 30 janvier? La question n’en finit pas de diviser les communautés
chiites, sunnites et kurdes. 17 partis majoritairement sunnites et kurdes ont
demandé un report des élections de huit mois. Mais les grands
chefs religieux chiites de Nadjaf, qui espèrent voir les chiites majoritaires
dans le pays remporter ce scrutin, estiment, eux, que tout report serait «inacceptable».
Un avis que partagent le gouvernement d’Iyad Allaoui soutenu par Downing Street
et la Maison-Blanche. Personne ne peut d’ailleurs garantir l’amélioration
de la situation dans huit mois. Reste à évaluer la légitimité
de représentants élus sans les voix de la minorité sunnite
du pays. Et les risques de guerre civile qu’une telle décision pourrait
entraîner.
SARA DANIEL