Avertissements :

Ceci est ma deuxième FF dans l'univers de "Le Diable s'habille en Prada" (le film), film produit par Fox 2000 Pictures, réalisé par David Frankel d'après un livre éponyme de Lauren Weisberger. Tous les noms, personnages et situations repris du film leur appartiennent. Aucun avantage financier n'en est tiré.

Genre : deathfic Allez voir la définition de ce mot (si vous ne le connaissez pas déjà) avant de lire ce court récit.

Violence : non

Subtext : non, maintext...

Situation chronologique : Ce texte n'est pas la fin de l'autre histoire en cours. C'est juste une possibilité dans un univers alternatif.

Spoilers : non

Orthographe : S'il y a des fautes, j'en suis responsable : Fanfan, mon estimée super-relectrice a retiré tout ce qu'elle a trouvé, mais je suis capable d'en avoir rajouté après son passage.

Commentaires à cette adresse : styx63 at noos.fr

 

 

Indicible bonheur

 

Il est probable que demain à la même heure, en ne nous voyant pas rentrer comme prévu et sans pouvoir nous joindre au téléphone, quelqu'un aura trouvé nos corps.

C'est une décision que nous avions prise très vite. Non. C’est une décision que Miranda avait prise très vite. Mais face à l'idée de vivre ne serait-ce qu'une journée sans elle après vingt-six ans d'indicible bonheur, il n'y avait aucune hésitation dans ma voix lorsque je lui ai dit que je partirais avec elle. Elle s'apprêtait à devoir défendre sa décision ; elle ne contesta pas la mienne.

Il y a deux ans, lorsque les médecins diagnostiquèrent ce nouveau fléau de nos sociétés modernes qu'est la maladie d'Alzheimer chez Miranda, nous sortions de six années difficiles où nous avions assisté, impuissantes, à la lente délitation de la personne qu'était mon père.

Miranda, même si elle n'est plus la rédactrice en chef de Runway, n'a pas changé pour autant. Tout doit toujours être parfait, elle la première. Cette inexorable déchéance, ce n'était pas pour elle. La maladie fut détectée rapidement et elle put bénéficier des derniers traitements. Mais ceux-ci ne font que ralentir la progression de la maladie. Et c'est ainsi qu'elle décida de partir selon ses propres termes.

Nous avons profité des deux dernières années au maximum. De ce que j'ai pu lire et discuter avec le neurologue qui a suivi Miranda, le traitement lui a particulièrement bien réussi. Mais ces dernières semaines, sa mémoire a commencé à lui jouer des tours et son humeur s'en est ressentie. Elle s'en est cependant vite rendue compte et un matin, elle m'a dit qu'il était temps, pendant qu'elle pouvait encore faire ce choix en parfaite connaissance de cause. Elle a modifié son testament, puisque je ne voulais pas lui survivre. J'ai aménagé le mien, même si mes possessions sont bien moindres. Nous avons préparé des lettres aux jumelles, organisé un dernier dîner avec elles et leur famille. Tout a été parfait. Miranda était dans un bon jour.

Puis nous sommes parties dans notre maison des Hamptons. Dernières promenades sur la plage, main dans la main. Dernières siestes dans les bras l'une de l'autre. Nous avions hésité sur la méthode, mais il était hors de question que celle-ci porte atteinte à l'intégrité du corps. Miranda a encore assez de puissance pour obtenir des bonnes sources la bonne molécule qui nous permettra de partir sans douleur.

Elle est déjà endormie et je sens mes paupières s'alourdir.

Je la prends dans mes bras une dernière fois.

Vingt-six ans d'indicible bonheur.

 

Fin

Paris - 4 juillet 2008

 

 

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