LE JOUR NE

SE LEVE PAS

POUR NOUS

de Robert Merle

Pour la France, paru aux

Editions de Fallois en 1987.

    Il existe deux sortes de sous-marins : les grands et les moins grands. Ces derniers sont les sous-marins d'attaque. Les plus grands sont les SNLE : sous-marins nucléaires lanceurs d'engins. Ainsi Robert Merle entame-t-il son récit d'une patrouille ordinaire à bord d'un de ces bâtiments, sur les pas d'un jeune médecin militaire, parmi ces marins pour qui, des semaines durant, le jour ne se lève pas.

   Leurs missions, leurs compétences, leur langage, les problèmes humains singuliers auxquels les confronte leur étrange métier : rien n'a échappé à son regard passionné, chaleureux, désireux de tout voir et de tout comprendre. Rigoureuse et précise comme un reportage, cette chronique est captivante de bout en bout. Car ces hommes sont comme nous, ils ont leur caractère, leurs soucis, leurs moments de gaieté ou leur mal de dos... Et, en même temps, ils vivent le doigt sur la détente, prêts, à toute minute, à déclencher le feu nucléaire.

   Je ne connaissais Robert Merle qu'au travers de Fortune de France et du fameux La Mort est mon Métier que tout collégien a sûrement dû retrouver sur sa liste de "livre-à-lire-pendant-les-vacances". Je dois donc dire qu'en me procurant ce roman je me suis demandé quel était le rapport entre Merle et les sous-marins !

   Ceux qui s'attendent à un DiMercurio à la française risque d'être très déçus car il ne s'agit pas du tout d'un roman à suspense mais d'une profonde histoire humaine racontée à travers une mission de 70 jours dans un SNLE français. Cependant je peux vous assurer qu'ils y gagneront au change. A ceux, j'espère nombreux, qui liront le livre, ils apprendront comment techniquement un sous-marin navigue, ce que sont les assiettes de pesée, comment les missiles sont expédiés sans être mouillés et encore beaucoup d'autres choses...

   Mais l'essentiel du livre n'est pas là. L'essentiel du livre réside dans la façon de vivre de ces 130 hommes coupés de tout, même de la lumière du jour. Une phrase  décrit bien les rapports humains à bord de l'Inflexible: "C'est une caisse de verre transparente où tout se voit et tout se sait et c'est aussi une caisse de résonnance où tout s'amplifie". On se prend à aimer ces sous-mariniers au fur et à mesure de la lecture du livre tant ils font preuve d'humanité entre eux.

   Peut-être est-ce dû à la gravité de leur objectif primaire: mission obscure et périlleuse à bord d'un engin pouvant atomiser un continent entier et où la réalité dépasserait la fiction si par malheur ordre était donné de tirer. Certains passages abordent des sujets étonnement dérangeants pouvant remettre en cause tout le principe de la dissuasion nucléaire.

   Ce livre, qui est aussi un cri d'alarme, se termine sur une réflexion merveilleuse mais devenue tellement banale: lorsque le sous-marin refait surface en pleine nuit au large de Brest, le narrateur et le commandant en second regardent le ciel et les nuages avec des yeux de nouveaux-nés et se rendent compte de la beauté simple de notre terre, mais une beauté parfois si fragile...

   Certes cette chronique, qui se parcourt rapidement, ne vous tiendra pas en haleine mais elle vous donnera une vision de ce qu'est -sans doute- la réalité.

MON JUGEMENT FINAL:

--- DEBUT DE TRANSMISSION ---

23/10/04
De: Jean-Marc - La Ferté-Alai (France)


Cet ouvrage fut à l'origine d'une passion de jeune homme pour la marine et pour les sous-marins de la Royale.

J'avais vu Robert Merle à APOSTROPHE et j'avais acheté le livre peu après. Il n'y a qu'un embryon d'histoire et quasiment aucune action, mais j'avais aimé la description de la vie quotidienne à bord d'un SNLE décrite avec beaucoup de psychologie. Je ne me prononcerai pas sur le côté réaliste des descriptions techniques, n'ayant jamais effectué de patrouille sous-marine.

Depuis lors, je lis beaucoup sur le sujet; sur les SM à toutes époques.

NOTE: *****

20/04/04
De: André - Marseille (France)


Personnellement j'ai beaucoup aimé l'écriture, la narration, l'accent sur les hommes et la technologie. Tout ceci semble vraisemblable même s'il ne s'agit que d'un roman, et Emrys devrait dire pourquoi ce roman l'a déçu, en tant que professionnel... .

NOTE: ****

10/04/04
De: Julie-Audrey - Paris (France)


Ce livre est fantastique, car il montre un autre visage d'un corps de l'armée méconnu. Au lieu de nous montrer des militaires répressifs, on nous brosse le portrait de sous-mariniers sympathiques et attachants, on comprend mieux l'importance de leur rôle.

Effectivement, ce livre ne tient pas en haleine, mais il n'a pas besoin de ça pour être captivant.

NOTE: *****

28/02/04
De: prd_cv1 - Paris (France)


Bonjour,

Passionné par le domaine des sous-marins, j'ai trouvé votre site pas mal du tout, en particulier la rubrique "top secret"!

En ce qui concerne "Le Soleil ne se Lève pas Pour Nous", mon jugement sera moins dithyrambique...

La vision qu'offre Robert Merle à travers ce récit est faussée car de toute évidence, limitée à quelqu'un qui n'a visiblement pas beaucoup quitté le "carré off" et les officiers car il n'est pas beaucoup fait mention de l'équipage.

On ne trouve curieusement pas de description du compartiment machine (il a pas eut le temps de le visiter?) et de pas mal de "rites" ayant cours à bord d'un sous-marin (il a pas été baptisé à 300 mètres en deux mois de patrouille... inconcevable!!!)

Pour tempérer cela, je dirai que j'ai par contre trouvé interessante la mise en relief de la contradiction de la condition des sous-mariniers. Passer son temps à attendre un ordre qu'on espère ne jamais recevoir et qui marquera la fin. Malgré tout, ce roman peut quand même être considéré comme un "classique" d'un sujet assez confidentiel en littérature.


NOTE: **

16/02/04
De: Sylvie - Chambourcy (France)


Formidablement bien documenté et remarquablement bien écrit.


NOTE: *****

16/02/04
De: Emrys - Brest (France)


Sous-marinier moi même, j'ai eu l'occasion récente de lire ce livre; alors autant j'ai aimé les Fortunes de France (surout les premiers...), autant M. Merle est ici décevant; et n'a de la vie à bord d'un sous-marin qu'une vision extrêmement parcellaire; son ouvrage est très très naïf et d'un intérêt limité; je le regrette car j'ai une certaine admiration pour M. Merle...


NOTE: *

--- FIN DE TRANSMISSION ---