La Bête

Monstrueux nous sommes...
... Pour ne pas être des Monstres


La partie "animale" d'un Vampire est appelée "La Bête" dans ce qui me semble être une tentative pour la démoniser en la dissociant. Hélas, lui donner un nom monstrueux n'est pas suffisant pour amoindrir sa force.
On raconte qu'à la fin, la Bête l'emporte toujours. Si l'on survit assez longtemps en tant que Vampire, on fini toujours par être forcé par sa nature a agir de façon " obscène ". Et souvent on s'accoutume au fait de commettre ces atrocités, on passe au degré au dessus et toute trace d'humanité dans le Vampire meurt. Quand cela se produit - et une fois que vous avez été témoin de la disparition dans la poussière du Temps d'assez d'amis, amants et descendants , cela se produit, soyez en assuré - alors la Bête prend le dessus une fois pour toutes. Le Vampire devient un animal.
Si vous atteignez jamais ce point, le pire est que vous ne vous rendrez même pas compte du fait que vous n'êtes pas plus civilisé qu'un chien fou. Si votre volonté est assez forte, si vous possédez un sens assez fort de vous même, vous pourrez tenir durant des décennies. Des siècles même - J'ai parlé un jour a un Caïnite qui est âgé de plus de deux millénaires. Mais vous ne serez jamais libre de la peur qu'une nuit la Bête triomphe, et cette peur est ce que la Bête utilisera pour vous conduire à la faute.
Bien sur, le meilleur moyen de combattre la Bête est de rester dans la meilleure forme possible pour le combat, ce qui veut dire se nourrir régulièrement. Mais là encore, vous nourrir régulièrement signifie généralement que tôt ou tard vous finirez par tuer des Mortels, et le plus grand nombre de Mortels vous tuerez, plus facile le meurtre deviendra. La Bête est gagnante sur ce tableau là aussi.
Même si vous ne le vouliez pas, même si le processus démarre de façon accidentelle, tôt ou tard vous resterez insensible a la vue d'un cadavre tout frais, dont la responsabilité vous incombe, reposant à vos pieds. Après le dixième, centième, millième , ou plus encore, cadavre, cela cessera d'être une personne a vos yeux et deviendra un objet, un récipient. Une empreinte de pas dans votre traversée des âges.
Et vous, à ce moment précis, cesserez d'être fondamentalement humain.

La Bête se déchaîne constamment pour être libérée, et seule une volonté de fer peut la retenir. Parfois, elle brise ses chaînes et sème le désordre jusqu'à ce qu'elle ait été reprise. La tension pour la maîtrise de soi et les souvenirs honteux d'avoir perdu le contrôle sont suffisamment difficiles à supporter. Pire encore est la certitude, aussi constante que la Soif, que ces choses se reproduiront à nouveau. Durant des décennies et des siècles, cet état de conscience vous ronge l'esprit comme un rat le câble d'un navire.
Etre un Vampire c'est vivre au bord de la folie. La dévotion obsédante à quelque tâche que l'on se fixe soi-même peut aider à écarter le désespoir de l'esprit et, si la tache fixée relève d'une grande valeur, on peut se dire que la fin justifie les moyens. Certains cultivent délibérément des passions comme le jeu ou la collection d'œuvres d'art. D'autres vivent en reclus et restreignent leur terrain de chasse à une zone étroite et peu peuplée, se disant à eux-mêmes qu'ainsi, ils protègent le reste du monde. Tout ceci peut, peut-être, retarder le début de la folie, mais cela peut aussi en provoquer l'installation.
Finalement, aussi dur que nous puissions lutter contre elle, la folie nous attend. La flamme de l'Humanité brûle de plus en plus faiblement, jusqu'à ce qu'elle finisse par s'éteindre. Alors, la Bête est victorieuse, et nous sommes réellement devenus des monstres. La Bête s'installe dans notre cœur et nous dirige vers le mal, mais lorsqu'elle conquiert les dédales de notre âme, alors nous sommes mauvais.
Certains parlent de Golconda, le Salut du Vampire. Les légendes des mortels et celles de la Famille nous refusent la grâce du Paradis, mais en Golconda nous recherchons un échappatoire à l'Enigme. C'est la stase qui permet à l'individu d'équilibrer l'Homme et la Bête dressés l'un contre l'autre, ce qui rend la lutte inutile. La chute dans la folie est stoppée et, bien que l'individu ne puisse être reconnu humain dans ses pensées et dans ses actes, ce qui reste d'Humanité en lui est sauvegardé. On rencontre très peu de membres de la Famille ayant atteint cet état de grâce, mais tous le désirent comme les mortels désirent le Paradis.

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